Marcellin Massila Akendengue : « Il y a eu un déficit d’investissements dans les équipements. »

Electricité
vendredi, 30 mars 2018 13:59
Marcellin Massila Akendengue : « Il y a eu un déficit d’investissements dans les équipements. »

(Le Nouveau Gabon) - La rupture du contrat de concession de Veolia au mois de février a créé émotions, craintes et polémiques sans compter le feuilleton judiciaire à venir.

Le nouveau directeur général de la société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), Marcellin Massila Akendengue (photo) parle des insuffisances dans la production, des déficits dans la maintenance des équipements et de la dégradation des ouvrages de production, conséquence du manque d’investissements des concessionnaires.

Après le départ des concessionnaires voici plus d’un mois, comment se porte la SEEG ?

La rupture de la convention avec Veolia a laissé place à de nombreuses interprétations. La désinformation a nourri les craintes des usagers et des populations de voir le service public se détériorer. Il est important de rassurer nos clients sur le fait que la SEEG continue d’assurer ses missions régaliennes de service public de l’eau et de l’électricité, en reposant sur des équipes compétentes, expérimentées et motivées. Celles-ci œuvrent au quotidien pour garantir la continuité du service public.

Nous souhaitons rassurer les consommateurs et les opérateurs économiques sur la continuité des services de fourniture d’eau et d’électricité.

A vous entendre on croirait que tout va pour le mieux pour les consommateurs qui continuent pourtant de vivre des coupures d’eau et d’électricité. Comment expliquez-vous cela ?

Il est utile de rappeler que le déficit d’investissements dans les équipements a eu un impact sur la qualité du service. Aussi bien dans le domaine de l’eau potable que de l’énergie électrique, nous avons constaté de nombreuses faiblesses liées pour la plupart au fonctionnement des équipements et ouvrages en général au-delà de leurs capacités nominales et au manque de maintenance ou de renouvellement.

Ces problèmes qui sont présents sur l’ensemble du périmètre concédé, sont perceptibles notamment sur les sites de Port-Gentil, Ndjole, Makokou, Gamba et Lambarene. Il est essentiel de rappeler à notre clientèle que la situation actuelle ne connaîtra pas de dégradation.

Le tableau que vous décrivez n’est pas des plus reluisants pour cette entreprise ; que comptez-vous faire pour résoudre cette situation ?

Le travail d’inspection que nous avons mené sur le terrain ces dernières semaines, nous a permis de bâtir un plan d’actions dont les plus urgentes ont déjà été engagées.

Par exemple dans l’Ogoooue Ivindo, nous avons pris la décision de commander et de faire installer un groupe électrogène neuf pour renforcer les capacités existantes. Ceci a permis d’arrêter les délestages régulièrement observés dans cette capitale provinciale.

En matière d’eau potable, nous avons engagé des actions liées à la mise en place des stations de traitement dont les travaux étaient suspendus depuis le mois d’octobre 2014, notamment à Bakoumba dans le Haut-Ogooue.

Mais il y a eu des coupures d’eau et d’électricité qui ont occasionné un mécontentement de la population à Port-Gentil et Gamba…

A Port-Gentil, le plan de maintenance de la centrale dite PG3, principalement équipée de deux turbines à gaz de 20MW de puissance unitaire, n’avait pas été réalisé depuis 2015.

Les révisions de cette centrale à gaz devraient avoir été réalisées avant la fin de cette année. Ce manquement qui a conduit à l’arrêt des turbines, limite nos capacités de production de l’électricité à Port-Gentil.

Pour remédier à cette situation, nous avons pris la décision de lancer ces travaux de maintenance dès réception des pièces de rechange commandées. Fort heureusement, l’Etat gabonais à travers la société de patrimoine, a mis en place la centrale du Cap Lopez qui contribue pour 28MW à la charge actuelle du réseau de Port-Gentil qui est de l’ordre de 46MW.

Et concernant l’eau potable, qu’avez-vous entrepris ?

S’agissant du service de l’eau, les dernières perturbations au niveau de la distribution sont dues aux défaillances, par manque d’entretien, de la ligne électrique alimentant le site de prélèvement de l’eau brute à Mandove situé à 32 kilomètres de la ville. Afin de fiabiliser l’alimentation électrique de ce site stratégique, pour l’adduction potable de Port-Gentil, nous avons planifié une opération d’entretien de cette ligne.

En ce qui concerne Gamba, nous avons effectivement constaté quelques difficultés d’alimentation d’électricité qui ont aussi affecté la distribution de l’eau potable dans cette localité.

Bien que l’alimentation en eau potable soit rétablie, les problèmes liés à l’insuffisance de la ressource en eau demeurent dans cette ville. Les difficultés d’alimentation en électricité de Gamba étaient dues à un malheureux concours de circonstance pendant une opération de maintenance programmée sur un groupe de production réduisant de fait la capacité de la centrale à Gaz de Gamba, et entraînant les délestages constatés.

Nous avons tout de même été réactifs pour rétablir la situation avec l’aide de notre partenaire local. De manière générale, la situation des différents centres se caractérise par la saturation des ouvrages existants, très souvent aggravée par un gros déficit de maintenance. Ces conditions amènent à des déséquilibres fréquents des systèmes de production et de distribution, cause de manque d’eau et d’électricité.

Qu’en est-il des travaux et projets entrepris pour Libreville qui est le poumon du pays ?

L’équilibre entre l’offre et la demande en eau potable dans l’agglomération de Libreville est rompu depuis les années 2005-2006. A ce jour, nous avons une production moyenne de 230 000 m3/j pour des besoins estimés entre 280 000 et 300 000 m3/j.

Pour rétablir cet équilibre de manière durable, la pose de la canalisation DN 1200 entre Ntoum et Libreville et la construction de la future station de Ntoum 7 devant fournir près de 140 000 m3/j, sont indispensables.

La canalisation DN 1200 entre le site de production de Ntoum et Libreville a été mise en exploitation en 2014 pour un coût de 76 milliards de francs CFA, entièrement financée par l’Etat gabonais. Les travaux de construction de l’usine de traitement d’eau potable Ntoum 7, toujours sur financement de l’Etat, ont été lancés mais restent suspendus à ce jour. Des solutions sont à l’étude pour la reprise de ces travaux.

Pouvez-vous dérouler ces solutions M. le directeur général ?

Dans l’intervalle, en attendant la fin du programme Ntoum7, des actions relevant du court terme sont entreprises. Il s’agit notamment de la  réparation des fuites : une organisation dédiée à cette opération est mise en place et, dans les tout prochains jours, des moyens supplémentaires par l’embauche de jeunes gabonais viendront compléter ce dispositif.

Et enfin, il y a la remise en état des forages et des équipements de pompage qui sont à l’arrêt depuis quelques temps. Ces deux actions fortes devraient nous permettre d’améliorer progressivement l’alimentation en eau des quartiers mal desservis à Libreville et de relever le rendement technique en eau qui est inférieur à 52%, loin des standards du métier qui se situent en général aux environs de 75-80%.

A titre d’illustration, aujourd’hui sur 100 m3 produit, seuls 52 m3 sont facturés aux clients. Par ailleurs, un investissement est prévu dans la zone de l’ancienne carrière de CimGabon près de Ntoum. Il s’agit de récupérer les eaux sur ladite zone et de les traiter avec une station dédiée. Cette production viendra accroitre de près de 18 000 m3/j, nos capacités actuelles.

« Mais une fois de plus, la réponse véritable et durable à cette situation réside dans la mise en route de la future station de Ntoum7 qui devrait apporter l’équivalent de 140 000 m3/j, afin de couvrir et sécuriser pour la prochaine décennie l’alimentation en eau de la capitale.», a-t-il souligné.

Une idée sur la remise à niveau de la production et de la distribution électrique à Libreville ?

Aujourd’hui à Libreville, la demande est couverte via nos moyens propres, les groupes de location et l’apport de la centrale d’Alénakiri financée par l’Etat gabonais et opérée par la Société de Patrimoine.

Les coupures que nous constatons dans l’agglomération de Libreville et ses environs ont principalement pour origine les perturbations atmosphériques causées par des décharges de foudre sur les lignes de transport à très haute tension (90 et 225 kV) et le fonctionnement du système de protection des réseaux.

Ces équipements de protection ont pour fonction de protéger et de sauvegarder nos ouvrages tels que les transformateurs de puissance ou les groupes de production, mais également les installations des clients par leur mise hors-tension automatique et l’élimination du courant de défaut. Dans cette période orageuse, le réseau est susceptible d’être perturbé à tout moment.

Sur la distribution, plusieurs postes et lignes sont en contraintes de charge ou de tension depuis plusieurs années. Dans le cadre du plan détaillé que j’ai évoqué plus haut, nous nous attelons à la levée progressive de ces contraintes qui vont dans le sens de l’amélioration de la qualité de service au client.

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