Le Club de Libreville « constitue un électrochoc pour la relance de l’économie gabonaise »  

Gouvernance
jeudi, 15 février 2018 09:53
Le Club de Libreville « constitue un électrochoc pour la relance de l’économie gabonaise »  

(Le Nouveau Gabon) - Après la signature du « Club de Libreville », les Directeurs généraux du Budget et des Finances publiques, Fabrice Andjoua Bongo Ondimba (à gauche) et de la Dette, Hugues Mbadinga Madiya (à droite) ont tenu à édifier l’opinion sur les contours de ce mécanisme, la situation de la dette du pays et la crise de trésorerie que traverse le Gabon.

Le Nouveau Gabon : Depuis près de quatre ans déjà, le Gabon traverse une forte crise de trésorerie que certains assimilent à un problème de gouvernance. Quel est votre avis sur cette lecture ?

Hugues Mbadinga Madiya : A propos de la crise que traverse le Gabon, il faudrait au préalable relever que depuis juin 2014, le Gabon fait face à un certain nombre de chocs extérieurs, du fait de la baisse des prix des matières premières et notamment du pétrole, qui ont entrainé des déséquilibres relativement importants pour notre économie. Ainsi au plan interne, ces déséquilibres ont eu un impact sur les réserves du pays au plan budgétaire.

Face à cette situation, le gouvernement avait mis en place un Plan de relance de l’économie qui est soutenu par plusieurs organismes financiers internationaux tels que le FMI, la Banque mondiale, la BAD et l’AFD.

Ce plan avait pour objectif d’essayer de mettre un frein à ce qui aurait pu être une baisse drastique de l’activité économique. Et grâce à ce plan, l’économie gabonaise contrairement à d’autres pays qui vivent ce genre de situation, fait preuve d’une importante résilience.

Quel a été l’impact de ces déséquilibres sur l’économie ?

Hugues Mbadinga Madiya : L’année dernière, le pays a enregistré un taux de croissance positif de 0,4% du PIB. Très faible mais positif. Ces déséquilibres au plan budgétaire se sont également traduits par des crises de trésorerie. Lesquelles ont fini par créer d’importants arriérés de paiements provoquant l’augmentation de l’encours de la dette tant au plan extérieur qu’intérieur.

A propos, quel est l’encours de la dette gabonaise aujourd’hui ?

Hugues Mbadinga Madiya : Selon la dernière revue du FMI, le taux d’endettement du Gabon est de 59% du PIB. C’est vrai qu’il y a trois ans, il était de l’ordre de 37 - 39% du PIB. De manière chiffrée, cela représente près de 4 100 milliards de FCfa dont, près de 60% de dette extérieure et le reste de dette intérieure.

Qu’est ce qui explique cette fulgurante progression ?

Hugues Mbadinga Madiya : Pour des raisons de transparence dans le cadre du programme avec le FMI, nous avons comptabilisé des éléments que nous n’intégrions pas à l’époque dans la dette. Je voudrais parler par exemple des instances du trésor, des éléments qui relevaient de la dette TVA et les avances statutaires de la BEAC. Ce sont donc tous ces éléments consolidés qui constituent l’encours de la dette gabonaise aujourd’hui.

C’est quand même énorme...

Hugues Mbadinga Madiya : Oui ! Mais ce taux reste raisonnable au regard des critères de convergence de la zone Cemac qui sont de 70%. Il ne s’agit nullement d’une satisfaction, mais c’est tout simplement pour dire que la situation est sous contrôle. Et qu’en outre, elle n’est pas catastrophique. Mais en réalité, notre objectif est de revenir à un seuil stratégique qui avoisinerait les 40%.

Le gouvernement et le Groupement d’intérêt économique des entreprises créancières de l’Etat, viennent de signer une convention d’apurement de la dette intérieure d’un montant de 310 milliards FCfa. Qu’a ce mécanisme de particulier, par rapport à toutes les autres initiatives que le gouvernement a déjà engagées dans le règlement de la dette intérieure ?

Fabrice Andjoua Bongo Ondimba : Il faut retenir que ce principe n’est pas une nouveauté. Nous sommes aujourd’hui à la 7e tranche de ce club. A travers cette initiative, un certain nombre d’entreprises créancières de l’Etat ont décidé de se mettre ensemble sous la forme d’un Groupement d’intérêt économique (GIE). Ainsi, au lieu d’avoir plusieurs interlocuteurs face à l’Etat, l’on aura désormais un seul, qui est ce GIE à qui l’Etat va pouvoir payer la dette due aux entreprises.

Quelles sont les créances concernées par le « Club de Libreville »?

Fabrice Andjoua Bongo Ondimba : L’audit intérieur de la dette nous a permis d’arrêter un certain nombre de créances dans le cadre du Comité interministériel d’audit et de certification de la dette intérieure de l’Etat (CIADCIE).

Ce comité avait pour mission d’évaluer la dette intérieure, de vérifier sur le terrain, le service fait. A cet effet, les créances qui entrent dans le champ du « Club de Libreville » concernent celles qui sont déjà conventionnées à la Direction générale de la dette, et ayant fait l’objet d’un audit évalué sur papier. De manière précise, elles concernent la dette moratoire, les instances du trésor et la dette conventionnée dans le cadre du CIADCIE.

Quel sera le mode de règlement ?

Fabrice Andjoua Bongo Ondimba : Le mécanisme est simple. Les entreprises référencées ayant les créances sur l’Etat, sont validées par les Directeurs généraux du Budget et des Finances publiques et de la Dette. Ces créances validées donneront ainsi lieu au règlement instantané ou de façon échelonnée, selon la stratégie économique définie par l’entreprise. Encore une fois, Il ne s’agit pas d’un chèque en blanc qu’on remet aux entreprises.

Les entreprises seront-elles soumises à certaines obligations ?

Fabrice Andjoua Bongo Ondimba : Bien sûr, les entreprises qui percevront les règlements auront pour obligation, d’achever les travaux qu’ils avaient commencés au cas où ceux-ci n’étaient pas allés à terme. La DGBFiP sera particulièrement active dans le contrôle de l’achèvement desdits travaux, à travers la Direction des marchés publics. Nous allons signer un protocole interne DGBFiP-Entreprise dans lequel, chaque entreprise s’engagera à finaliser les travaux qui auraient dû l’être.

Comment est-ce que l’apurement de la dette peut-il relancer l’économie ?

Hugues Mbadinga Madiya : Le gouvernement fait du paiement de la dette intérieure, un enjeu majeur. Cela a clairement été décliné lors de la présentation des vœux du chef de l’Etat à la nation. Ce paiement revêt deux principales raisons. La première entraine un effet d’enrichissement. Car, en des termes précis, le paiement de la dette intérieur vient restaurer la confiance vis-à-vis du tissu économique.

L’autre objectif visé par le gouvernement à travers l’apurement de la dette, c’est la relance de l’économie. Car, en injectant de l’argent frais dans le système, l’on contribue à la relance de l’économie. Le paiement des créances aux entreprises crée des marges de trésorerie qui permettent de réinvestir et créer des emplois.

Pour boucler notre entretien, le « Club de Libreville » en un mot ?

Hugues Mbadinga Madiya : Le « Club de Libreville » est une solution globale. C’est une solution d’empileur. Car, depuis trois ou quatre ans, le tissu économique éprouve d’énormes difficultés. Face à une telle situation, il fallait un électrochoc. Autrement dit, le « Club de Libreville », vu son importance, constitue cet électrochoc, qu’il fallait pour relancer l’économie. L’objectif étant de pouvoir stimuler l’embauche et l’investissement. Car, il s’agit de relancer véritablement l’activité économique, de veiller à la livraison des projets et au fait que les entreprises réinjectent cet argent perçu dans le circuit économique.

Stéphane Billé

 
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