Christian Magnagna : le Gabon a perdu 1 000 milliards de FCfa de recettes budgétaires

Mining
mercredi, 27 septembre 2017 14:34
Christian Magnagna : le Gabon a perdu 1 000 milliards de FCfa de recettes budgétaires

(Le Nouveau Gabon) - Le plan de relance de l’économie du Gabon vient de connaître un lifting avec des mesures qui permettront de réaliser des économies et de dynamiser certains secteurs. Pour Christian Magnagna (photo), le ministère des Mines, la stratégie passe par la diversification des partenaires, l’identification des gisements et des minerais à développer et exploiter.  

Le Gabon vit une crise économique sévère depuis bientôt deux ans. Le ministère des Mines a-t-il une stratégie propre qui permet de relancer l’économie ?

D’abord il faut souligner que les objectifs visés par ce séminaire gouvernemental sont de rappeler l’intérêt pour tous les membres du gouvernement et les administrations, de s’approprier le Plan de relance économique (Pre), qui est l’instrument que le gouvernement a mis en place, à la demande du chef de l’Etat, pour nous permettre de sortir de la crise. Le Gabon souffre comme la plupart des pays d’Afrique, des méfaits de la crise internationale. Elle se traduit chez nous par la baisse des cours du pétrole donc une récession économique, plutôt qu’une contraction de la trésorerie.

Il y a aussi, de moins en moins d’argent pour nous permettre de poursuivre les efforts de développement tels que lancés depuis 2015. Il faut rappeler qu’entre 2013 et 2017, nous avons perdu du simple fait de la crise internationale, plus de 1 000 milliards de FCfa. Sur le budget de l’Etat, on avait à l’époque 2 700 milliards de recettes budgétaires pour nous permettre de financer l’action publique. Aujourd’hui on n’en a plus que 1 700 milliards. Il y a nécessité de s’adapter à cette conjoncture qui n’est pas facile, qui n’est pas favorable. Mais l’action publique doit se poursuivre. Et c’est l’objet du Pre qui a identifié les secteurs majeurs qui doivent permettre de booster de nouveau l’économie.

Avec cette érosion des ressources budgétaires, de quelle manière peut-on efficacement redynamiser l’économie?

On redynamise l’économie avec des niches économiques que nous n’avons pas toujours exploitées. C’est le cas de l’agriculture qui se déploie, des services, du tourisme notamment, que nous devons évidemment impulser afin qu’il attire de plus en plus de personnes et participe à la croissance économique. C’est le cas des mines. À ce sujet, il faut rappeler que jusque-là nous avons reçus très peu d’investissements pour la valorisation de notre potentiel minier. Pour coller aux impératifs de la relance économique et surtout de la croissance inclusive au niveau de notre pays, la stratégie est simple. Dans un premier temps, nous devons mieux connaître notre potentiel minier. Nous avons le manganèse ; l’or est aujourd’hui, un potentiel identifié et pour lequel nous avons managé une exploitation industrielle. Mais nous avons également l’orpaillage qui a commencé dans les zones de l’Ogooué-Ivindo dans le Nord, de l’Ogooué-Lolo. Il existe surtout d’autres gisements que nous gagnerons à connaître. 

La connaissance du potentiel peut-elle à elle seule suffire pour créer de la richesse et de la valeur ajoutée dans ce secteur ?

Nous devons accentuer la connaissance de notre cadastre minier. C’est-à-dire où est-ce que nous avons des indices miniers intéressants à valoriser et quelles sont les autres matières que nous gagnons à valoriser. Nous avons un gisement emblématique qui s’appelle Belinga. Un gisement de fer de classe mondiale sur lequel nous sommes en train de travailler afin d’attirer des investisseurs directs étrangers pour nous aider à valoriser ce gisement qui va apporter une grande contribution dans le PIB. Nous avons également aux abords de Lambaréné, le gisement de Maboumine qui est un gisement polymétallique contenant des terres rares, du niobium et un peu d’uranium mais pour lequel nous sommes en train de chercher des partenaires pour le valoriser permettant ainsi à cette partie du Gabon de profiter de l’industrie minière et contribuer à apporter à l’Etat les ressources dont il a besoin pour son développement.

De quoi avez-vous besoin pour accomplir cette tâche?

Nous avons besoin que la mine nous apporte de l’emploi. Et c’est pour cela que nous avons mis en place au niveau de l’Ecole des mines et métallurgie de Moanda un cadre de formation au développement du Gabon mais surtout à l’emploi des jeunes. C’est pour cela que nous invitons la plupart des jeunes à se former parce que le secteur minier a de plus en plus besoin de jeunes qualifiés.

La contribution du secteur minier à l’économie reste marginale. Quelles sont vos ambitions pour augmenter cette contribution ?

On a eu très peu d’investissements dans le secteur minier. La mine pèse à ce jour, un peu moins de 4% du PIB. L’objectif pour nous c’est qu’à terme, c’est-à-dire dans deux ans, on puisse doubler cette contribution ; c’est-à-dire avoisiner 6 à 8% du PIB. Mais le gouvernement ne sera satisfait que si la stratégie mise en place pour le développement du secteur minier amène ce secteur à occuper une place beaucoup plus importante voire une contribution de deux chiffres, d’un peu plus de 10% du PIB. Et c’est ce sur quoi nous travaillons, avec une expertise internationale pour nous aider à mieux connaître notre potentiel minier afin d’en finaliser le cadastre.

C’est également faire venir les investisseurs directs étrangers, qui ont la force du capital, pour aider à investir. Ce qui aura l’avantage de faire rentrer des devises, de participer à la consolidation de nos équilibres macroéconomiques et la monnaie du Gabon. Et surtout, de générer de l’emploi pour les Gabonais, notamment les jeunes.

SeM avec Matin Equatorial

 

 
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