Christian Magnagna : la production aurifère du Gabon doit peser dans la sous-région

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mardi, 31 juillet 2018 18:16
Christian Magnagna : la production aurifère du Gabon doit peser dans la sous-région

(Le Nouveau Gabon) - Le Gabon, après la tenue de la première journée dédiée à l’or, entend, dans les années à venir, constituer des réserves de cette ressource minérale qui lui permettront de jouer un rôle majeur dans l’économie aurifère de l’espace communautaire. Aussi le ministre des Infrastructures, de l’Equipement et des Mines, Christian Magnagna (photo), pense-t-il que le pays doit pour cela organiser et structurer la filière, créer une synergie entre les acteurs et aboutir à la transformation locale de l’or. Interview avec la presse locale.

Comment se porte la production de l’or ?

L’or se porte bien et la production est en progression. Pour l’année 2017, nous avons produit 500 kilogrammes d’or ; les années antérieures, on dépassait les mille tonnes de production et les perspectives dans cette filière sont très intéressantes pour notre pays. C’est d’ailleurs, pour cette raison, que nous avons organisé une journée consacrée à la filière dont les objectifs visaient à redéployer tous les acteurs de la filière, notamment l’administration, les petits producteurs, spécifiquement, en vue de relever le niveau de production, permettre que l’or offre des emplois, contribue au développement et à la stabilité économique et qu’il puisse également permettre de constituer une réserve pour l’économie nationale et de peser dans la sous-région.

Qu’est-ce qui a motivé l’organisation de la journée de l’or qui vient de se tenir au Gabon ?

C’est une initiative du chef de l’Etat qui va se tenir, tous les ans, au Gabon, afin que les acteurs étudient ensemble les performances de notre filière. Donc c’est une journée utile qui permettra également de déboucher sur des recommandations utiles sur la révision du cadre réglementaire et légal, une meilleure synergie des acteurs, le tout en associant les orpailleurs qui travaillent tous les jours pour leur survie. Parce qu’il est question de traduire l’exploitation artisanale en activité formelle pour qu’elle soit une source de création d’emplois et de sécurité sociale.

Quels sont aujourd’hui les grands bassins de production de l’or au Gabon ?

L’or constitue un potentiel énorme pour le Gabon. On retrouve l’or sur toute l’étendue du territoire et il est essentiellement exploité dans les provinces de l’Ogooue-Ivindo, de l’Ogooue-Lolo, le Moyen-Ogooue à Ndjole ainsi que dans le Haut-Ogooue. C’est pour cette raison que, dans le programme d’action du ministère, nous allons poursuivre les investigations pour identifier toutes les zones qui peuvent receler des gisements d’or.

L’objectif n’est pas de s’arrêter à l’or alluvionnaire, mais d’aller chercher l’or primaire parce que si on retrouve de l’or en surface, c’est la preuve de l’existence de l’or dans le sous-sol. Nous invitons donc tous les investisseurs étrangers à nous accompagner dans ces projets de recherche afin de mieux structurer l’exploitation de l’or autour des gisements porteurs, à l’image de ce que nous avons connu avec Managem sur le gisement de Bakoudou dans le Haut-Ogooue. On a également un gisement identifié à Eteke dans la Ngounie et le travail va se poursuivre en ce qui concerne l’exploitation. Parce que, comme vous le savez, on exploite l’or au Gabon depuis 1932 et il est donc question de mieux organiser la filière et faire en sorte que cette activité entre dans le schéma formel de l’économie gabonaise.

Qu’est-ce qui est fait pour vulgariser la législation sur l’or ?

Avant de faire la vulgarisation, il faut d’abord se connaître. C’est pourquoi nous faisons tout ce qu’il faut pour que les acteurs soient ensemble et que l’activité s’organise en grandes mines, petites mines, mais également l’orpaillage regroupé en coopératives.

Donc il y a des concepts nouveaux que nous souhaitons porter à l’attention des opérateurs afin que ça devienne une chaîne unitaire, dynamique avec pour objectif, à terme, l’augmentation de la production nationale de l’or et le poids sur la balance économique, ainsi qu’en matière d’opportunités d’emplois pour la jeunesse. Cela permettra donc de vulgariser les concepts liés à la  législation.

Vous parliez tantôt de vouloir influencer l’économie de la zone Cemac. Comment comptez-vous vous déployer ?

Il s’agira pour nous d’organiser au plan local notre production : qui sont les acteurs ? Quel est le poids de la production ? Ensuite, il faudra qu’on sache quel est le poids de l’économie aurifère dans cette zone et cela se traduit par ce que nous sommes capables de constituer en matière de réserves d’or pour peser sur la balance d’échanges. Parce qu’il y a beaucoup de pays qui capitalisent leur production en constituant des réserves d’épargne dans les banques. Et l’or au niveau international constitue une valeur refuge sur laquelle l’ensemble des acteurs gagnerait à aider le pays à constituer son stock afin de peser dans la sous-région.

Est-ce que le pays a réfléchi à transformation locale de l’or ?

La stratégie d’industrialisation de nos ressources minières vise également la transformation de l’or en produits finis, en lingots, en des produits exportables et à haute valeur ajoutée. Donc le processus est en train de se mettre en place, parce que le jour où on met en place une usine de transformation de l’or au Gabon, ce sera aussi l’occasion pour les acteurs de la filière de venir mettre en valeur leur production. Cela permettra de tirer meilleur profit de cette production plutôt que la vendre à l’état brut comme ça se fait aujourd’hui. Donc la transformation est un sujet majeur à l’ordre du jour dans la filière.

Comment comptez-vous identifier tous les exploitants qui opèrent dans le pays ?

Les expatriés qui exploitent l’or sont, pour l’essentiel, connus parce qu’ils reçoivent une autorisation de travail des autorités. Je comprends que la question s’adresse à ceux qui entrent dans la filière par le réseau du braconnage qui constitue une gêne pour le développement de note filière. Parce que le braconnage expose nos ressources minérales, notre activité artisanale, parce que ceux-là arrivent en forêt pour détourner notre production à des fins indélicates. C’est un phénomène banni au Gabon et l’ensemble de la communauté aurifère gagnerait à lutter contre cela.

PcA avec la presse locale

 
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