« Au Gabon, nous comptons sélectionner les premiers jeunes porteurs de projets en août 2015 »

Télécom
samedi, 11 juillet 2015 09:05
« Au Gabon, nous comptons sélectionner les premiers jeunes porteurs de projets en août 2015 »

(Le Nouveau Gabon) - D’après le ministre gabonais de l’Economie numérique et de la Poste, le Gabon a pour ambition de positionner son incubateur de projets du secteur des TIC comme un pôle numérique de rencontre.  Entretien avec le ministre Pastor Ngoua N'Neme qui en profite pour faire le point sur l’évolution des TIC et télécommunications dans son pays, côté infrastructures notamment.

Monsieur le ministre, le projet Gabon numérique du Plan stratégique Gabon émergent (PSGE) du président Ali Bongo prévoit de faire du Gabon à l’horizon 2016 un pays disposant d’une infrastructure numérique sur l’ensemble de son territoire, permettant le développement d’une large gamme de services « favorisant un saut qualitatif majeur dans les services sociaux et l’éclosion des piliers du Gabon Émergent ».  2016, c’est dans quelques mois. Pourrait-on à ce jour dire que le Gabon dispose de la fibre optique sur l’ensemble de son territoire ?

Le projet fibre optique est un vaste projet qui vise premièrement à accroitre la capacité internationale en haut débit du pays et deuxièmement à déployer un réseau de fibre optique sur toute l’étendue du territoire national. A ce jour, le Gabon s’est doté d’une connectivité internationale importante en se connectant au câble ACE (African Coast to Europe) d’une capacité allant jusqu’à 5,6 Térabits/s. Il s’ajoute au câble SAT3 déjà en exploitation par Gabon Télécom et qui propose une capacité de 800 Mégabits/s. Ces deux câbles garantissent au Gabon une capacité internationale de premier choix.

Pour ce qui est du réseau national (Backbone national), le projet se développe de manière graduelle. Toutes les capitales provinciales sont aujourd’hui dotées d’un réseau de fibre optique reliant les principales administrations, tandis que le réseau à Libreville, la capitale, est en cours de déploiement (50%). Il reste désormais à relier toutes ces « cellules » pour réaliser le maillage total. Et pour cela, nous avons déjà connecté Libreville, la capitale politique, à Port Gentil, la capitale économique. Nous venons de lancer la construction d’une ligne reliant Libreville à Lekoko (frontière avec le Congo) en passant par Franceville (dorsale phase1 du projet CAB4). Cette phase est déjà entièrement financée et sera livrée dans 15 mois. Nous recherchons aujourd’hui des financements pour relier la ville de Bouée située au centre du pays à Meyokyé (frontière avec le Cameroun au nord) et aussi Bouée à Mayumba dans le sud-ouest (Phase2 CAB4).C’est à la suite de la réalisation de ces deux phases qu’il ne restera plus qu’à connecter les capitales à la dorsale.

Quel est à ce jour le nombre de km de fibre optique installé dans le pays ?

Nous avons installé un linéaire en fibre optique à Libreville (50%) et dans chaque capitale provinciale. Par ailleurs, nous avons initié un câblage des bâtiments administratifs en fibre optique, soit un total de  130 Km dont 93 Km à Libreville. Les 1300 Km de la phase1 du CAB4 en cours de déploiement et entièrement financés doivent venir renforcer rapidement cette capacité pour aller à plus de 1500 Km de fibre optique en fin 2016.

Le 22 janvier 2014, à l’initiative de l’Agence nationale des infrastructures numériques et des fréquences (ANINF), 14 acteurs majeurs des télécommunications se sont réunis au sein d’un groupement pour mettre en place un point d’échange Internet qui permettra la réduction des coûts de l’Internet et évitera à ce que les internautes voient leur trafic Internet transiter vers d’autres pays. Vous aviez alors déclaré : « comme vous l’avez si bien souhaité, le futur point d’échange sera géré sous forme d’un Groupement d’intérêt économique (GIE). Je me permets pour cela d’inviter tous les acteurs appelés à gérer la future structure à jouer chacun sa partition afin que nous puissions exécuter de façon coordonnée, les mesures que nous avons convenues ensemble.» Où en est-on aujourd’hui avec ce point d’échange Internet et ce GIE ?

Dans le cadre de ce projet, nous avons bénéficié du soutien de l’Union africaine à travers le projet AXIS et du prêt de la banque mondiale dans le cadre du financement de la phase 1 du CAB4. L’architecture du point d’échange comporte deux nœuds redondants à Libreville pour sécuriser l’infrastructure et garantir la continuité de service.

Après la signature de la convention cadre le 22 janvier 2014, le GIE a été enregistré au RCCM et aux Impôts et a obtenu un bloc d’adresses IP ainsi qu’un numéro de système autonome (ASN) auprès de l’AfriNIC, le registre sous-régional. Il faut noter, en amont, que l’installation des équipements fournis par l’Union africaine à la station ACE a été faite du 19 au 22 octobre 2014. Ce qui a abouti à l’interconnexion de l’ANINF et des opérateurs comme Airtel Gabon, IPI9 et Gabon Télécom SA. Tout comme le lancement officiel des activités du premier nœud a été effectué le 02 décembre 2014 en présence de la Commissaire aux Infrastructures et à l’Energie de l’Union africaine.

Lors de la deuxième assemblée générale du GIE GAB-IX du 30 avril 2015, les membres ont adopté des résolutions pour la signature d’accord de partenariat avec Google et PCH afin de dynamiser le point d’échange. Aussi, le ministère de l’Economie numérique et de la Poste, appuie la candidature de Gabon Internet Exchange (Gab-IX), à l’appel d’offre de l’Union africaine pour le développement et la transformation en Point régional d’échange Internet. En fait, la transformation de Gab-IX en nœud régional d’échange Internet contribuera grandement à l’objectif du gouvernement gabonais de construire des infrastructures numériques de rang mondial et surtout de faire du Gabon un pôle régional des services à valeur ajoutée.

A ce jour, les tarifs de l’Internet sont encore jugés élevés par les populations gabonaises. Que fait le ministère pour baisser la tendance ?

Il n’existe aucun miracle pour faire baisser les tarifs de connexion en dehors du renforcement des capacités, c'est-à-dire des infrastructures. Aujourd’hui par exemple, au Gabon, le tarif d’un appel à l’international est pratiquement égal au tarif local ! Le tarif a considérablement baissé depuis 2002. Cela s’explique par la grande capacité internationale que nous nous sommes dotés (SAT3). La connexion Internet n’échappe pas à la règle, nous venons de rendre opérationnel la connectivité internationale avec ACE, qui vient renforcer SAT3. La société Axione Bouygues a été choisie pour gérer l’exploitation de cette infrastructure. Nous devons très bientôt percevoir une baisse significative dans la région de Libreville et de Port-Gentil avant que cela ne suive à l’intérieur du pays avec la dorsale CAB4 en cours de déploiement.

Le Gabon a accueilli le colloque mondial des régulateurs télécoms (GSR15) en juin 2015. Au cours de cette rencontre, vous avez déclaré que le Gabon sera toujours prêt à accompagner l’UIT dans la marche vers la modernité et que le Gabon s’emploie à mettre en œuvre l’initiative Smart Africa lancé par les chefs d’Etat. Comment comptez-vous le faire ?

Le Gabon est un membre de l’UIT depuis plusieurs décennies, il apporte régulièrement ses contributions lors des différentes réunions organisées par cette institution. L’ambition de notre pays à se doter d’infrastructures de rang mondial et d’en faire un pôle sous régional des technologies de l’information nous oblige à travailler en étroite collaboration avec l’institution mondiale en charge des questions sur les TIC. En plus du GSR15, nous avons aussi organisé le premier Atelier national des parties prenantes pour la protection de l’enfant en ligne.

Pour sa part, l’initiative Smart Africa lancée par les chefs d’Etat est en cours de matérialisation. Un projet de décret mettant en place un comité de pilotage est en cours d’élaboration. Il se chargera d’appliquer la feuille de route mise en place par les chefs d’Etat. L’objectif étant l’accélération du développement socio-économique durable de l’Afrique à travers l’accès équitable de tous aux moyens et services TIC large bande et leur utilisation appropriée.

Parlant de ce GSR15, quels enseignements avez-vous en tirés ?

Le GSR est le colloque mondial le plus important réunissant tous les régulateurs tous les quatre ans. C’était un honneur pour Gabon d’avoir organisé cet évènement. Car, c’était l’occasion pour tous les plus grands experts mondiaux de se réunir et de proposer une série de lignes directrices visant à susciter l’inclusion numérique et par conséquent la réduction de « la fracture numérique »  entre les pays industrialisés et les pays en développement. Mais, c’était aussi pour le Gabon, l’occasion de réaffirmer son engagement à participer activement au développement du numérique qui représente aujourd’hui un véritable levier de croissance et d’intégration sociale.

Vous avez récemment reconnu que les jeunes sont au cœur de l’innovation. Quelles sont les mesures que prend le gouvernement pour soutenir les jeunes Gabonais qui ont des projets dans le secteur des TIC et des télécommunications ?

Le chef de l’Etat, Son Excellence Ali Bongo Ondimba, fait de l’investissement humain durable une priorité. Les jeunes et les femmes occupent une place de choix dans cette stratégie. De plus, le Gabon est membre de l’alliance Smart Africa et est en charge de l’innovation et du développement de l’industrie TIC. C’est dans ce cadre que le président de la République à fait la promesse de créer au Gabon des incubateurs d’entreprises du numériques. Cette promesse est actuellement en cours de matérialisation et nous comptons sélectionner les premiers porteurs de projets en août 2015. Cet incubateur va concentrer toutes les actions nécessaires au soutien des jeunes par l’accompagnement des porteurs de projets innovants en leur apportant un soutien, structuré et suivi afin de permettre ou de faciliter l’innovation et la créativité dans le secteur des TIC. Notre ambition est de positionner l’incubateur comme un pôle numérique de rencontre entre éducation, recherche et entreprenariat.

Une dernière question monsieur le ministre, concernant la régulation. Dans certains pays, des régulateurs télécoms se plaignent parfois des ministères qui font une ingérence dans leurs affaires. Au Gabon, comment travaillent l’Arcep et le ministère de l’Economie numérique que vous pilotez ?

Le ministère dont j’ai la charge entretient d’excellentes relations avec l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes. Chaque partie s’attache à accomplir les missions qui lui sont assignées dans une parfaite complémentarité.

Propos recueillis par Beaugas-Orain Djoyum

 
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