Arielle-Aurore Ambengat : « Programme ’’Un Jeune = Un métier’’, je leur dis essayez ! »

Formation
samedi, 12 mars 2016 02:53
Arielle-Aurore Ambengat : « Programme ’’Un Jeune = Un métier’’, je leur dis essayez ! »

(Le Nouveau Gabon) - La Direction générale de l’Insertion et de la Réinsertion sociale (DGIRS) du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle du Gabon a mis en place avec des partenaires locaux le programme « Un jeune = Un métier » qui vise à former les jeunes désœuvrés de 16 à 35 ans à 52 métiers au choix. Du 22 février au 14 mars 2016, une caravane d’inscription sillonne les six arrondissements de Libreville pour les inscriptions. A la Mairie de Nzeng Ayong (sixième arrondissement de Libreville), dernière étape où la caravane se trouve depuis le 08 mars 2016, l’affluence est plus prononcée. Responsable du comité d’organisation de la caravane d’inscription de ce programme « Un jeune = Un métier », Arielle-Aurore Ambengat explique les contours du projet ainsi que les modalités pour cette campagne de formation des jeunes désœuvrés qui recevront 50 000 francs Cfa tous les mois durant la période de la formation.

Le Nouveau Gabon : Comment se passe le processus d’inscription des jeunes gabonais au programme Un jeune, un métier ?

Arielle-Aurore Ambengat : Les caravanes d’inscription ont commencé depuis le 22 février 2016. Nous avons commencé par les premiers arrondissements de Libreville. Owendo et Akanda. Nous sommes en ce moment au sixième arrondissement. Nous y sommes du08 au 14 mars. Ce que nous constatons sur le terrain, c’est qu’il y a un fort engouement des jeunes. C’était un programme prévu pour recevoir 2 500 jeunes. Nous nous sommes rendus compte qu’il y a beaucoup de jeunes dans des situations de déscolarisés. Il y a également les enfants de la rue dans la rue. Nous enregistrons tout le monde. Et nous verrons dans quelle mesure faire plusieurs sessions de formation. Initialement, la formation était prévue pour 2 500 jeunes seulement.

LNG : Comment se déroulent les formations ?

AAA : Ce sont des formations courtes et qualifiantes de trois mois. Nous formons des aides mécaniciens, des aide-cuisiniers. Si ces jeunes par la suite veulent devenir des véritables mécaniciens par exemple, ils pourront intégrer nos écoles sans besoin de passer par un concours.

LNG : Certains jeunes, dit-on, auront la possibilité de recevoir 50 000 francs Cfa au terme de la formation. Comment ces montants seront-ils distribués ?

AAA : Tous les jeunes que nous allons sélectionner pour les formations que nous allons dispenser, pour les jeunes qui suivront la formation, auront tous les mois 50 000 francs Cfa qui va leur permettre de venir au centre pour apprendre le métier. Il ne faut pas qu’ils posent plus tard le problème de manque d’argent de taxi pour se rendre au centre de formation. C’est uniquement pour la période de la formation, soit pendant trois mois.

LNG : Où se tiendront ces formations ?

AAA : La formation va se dérouler dans nos centres de formation et de perfectionnement professionnel (CFPP). C’est-à-dire à Basile Ondimba, au centre de Nkembo, au CIADFO, à l’Institut de la jeunesse et des sports, à l’Enam. Nous travaillons également avec deux Ong qui feront également des formations. Il s’agit de l’ONG CIADFOR et l’ONG Malachie.

LNG : Qui seront les formateurs ?

AAA : Ce sont nos formateurs qui sont déjà en fonction. Ce sont d’ailleurs ces formateurs qui enregistrent les candidats ici dans les centres d’enregistrement et orientent les jeunes dans les filières qu’ils choisissent.

LNG : Quel était l’objectif du programme « Un jeune, un métier » au départ ?

AAA : Au départ, nous avions prévu d’enregistrer 2 500 jeunes. C’est-à-dire 2 500 jeunes en chômage, qui ne font rien, qui n’ont aucune occupation et aucune qualification. Nous voulions donner à ces personnes un métier. Mais avec 2 500 jeunes, nous nous sommes rendus compte très vite que le nombre était réduit. Nous avons dépassé ce nombre et percé les plafonds. Nous avons déjà dépassé 6 000 enregistrements. Nous sommes encore là jusqu’à la journée du 14 mars pour les enregistrements. Nous ne nous attendions pas à avoir autant de jeunes. Nous ne pouvons pas arrêter. Nous allons poursuivre et voir par la suite comment organiser les formations. Au lieu d’une session de formation d’avril à juin 2016, peut-être nous allons prendre une cohorte de 2 500 jeunes pour une autre session de formation. Et ainsi de suite jusqu’à ce qu’on termine ces formations.

LNG : Parmi ces 6 000 candidatures déjà enregistrées, tous les dossiers ne seront pas retenus, j’imagine…

AAA : Evidemment, il y a des jeunes dont les dossiers seront rejetés. Par exemple, les élèves qui sont dans les lycées en situation d’apprentissage ne sont pas concernés. Certains lycéens se sont inscrits. Il en est de même pour les étudiants qui sont à l’Université d’Omar Bongo et qui se sont inscrits. Nous allons sélectionner uniquement ceux qui ne font rien.

LNG : Si un jeune a déjà une compétence, peut-il venir s’inscrire dans ce programme pour renforcer son savoir-faire ?

AAA : Pour avoir une attestation, oui, il peut venir s’inscrire. Car à la fin de la formation, nous délivrons des attestations sur les métiers que nous avons enseignés. Ceux qui travaillent déjà sans certification peuvent également s’inscrire. Car il faut penser à demain. Les choses changent. C’est bien beau de faire un business, mais un business sans papiers n’a pas trop de valeur. Un pâtissier par exemple qui n’a pas de certification peut venir et en trois mois, il obtient sa certification, en faisant sa formation directement en entreprise. Si un jour, une grande boulangerie s’installe dans le pays, avec sa certification, il aura plus de chance d’être recruté que ceux-là qui n’ont pas de certification.

LNG : Certains jeunes sans emploi également n’ont pas d’acte de naissance. Des dispositions, dit-on, ont été prises pour que ces jeunes désœuvrés ne soient pas disqualifiés parce qu’ils n’ont pas d’acte de naissance. Quelles sont ces dispositions ?

AAA : La caravane d’inscription a prévu tout cela. Avec la participation du ministère de la Justice et des Mairies de Libreville, nous enregistrons tous les jeunes qui sont sans acte de naissance. Et s’ils sont inscrits à nos formations, au terme de la formation il leur est délivré un acte de naissance. Surtout pour ceux qui sont nés à Libreville, parce que ce sera plus facile. Pour ceux qui sont nés à l’intérieur du pays, ce serait un peu compliqué, parce qu’il faut toujours repartir dans les mairies où ils sont nés pour faire les actes de naissance. L’objectif est de donner une existence à chaque jeune qui sera formé.

LNG : On vient de célébrer la journée internationale de la femme. Y a –t-il des jeunes dames qui s’enregistrent pour participer à ce programme ‘’Un jeune, un métier’’ ?

AAA : Ah Oui ! Les femmes sont d’ailleurs plus nombreuses que les hommes.

LNG : Par jour combien de jeunes enregistrez-vous ?

AAA : Cela dépend des arrondissements. Nous sommes passés dans l’arrondissement d’AKANDA. On y avait 200 et 300 personnes par jour. Ceux qui sont allés faire des enregistrements dans le cinquième arrondissement avaient 1 000 enregistrements par jour. Ici à la Mairie de Nzeng Ayong, avec l’engouement observé, la moyenne pourra être de 2 000 enregistrements par jour.

LNG : Le programme ‘’Un jeune, un métier’’ se passe uniquement à Libreville. Qu’en sera-t-il des autres villes comme Port-Gentil et les nombreuses autres localités du pays ?

AAA : C’est un projet pilote. Nous commençons à peine. Nous avons monté ce projet à la Direction de l’Insertion du ministère de la Formation professionnelle. Nous avons eu la chance que le projet retienne l’attention des autorités et nous avons été sponsorisé. Nous commençons ce projet pilote et si tout se passe bien, nous allons le poursuivre dans les autres localités du pays.

LNG : Certains jeunes désœuvrés hésitent encore à se présenter dans les caravanes d’inscription. Quel message adressez-vous aux réticents ?

AAA : En tant que professionnelle et technicienne, je leur dis essayez. Ce n’est pas parfait, mais nous ferons le maximum pour les satisfaire et pour leur permettre de trouver un métier. Le plus important pour nous c’est d’avoir une bonne partie de jeunes gabonais formés. Si on y arrive, ce sera déjà une grande satisfaction.

Propos recueillis par Beaugas-Orain Djoyum

 
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