Cemac : le Cameroun, le Gabon et le Congo en compétition pour lever jusqu’à 122 milliards FCFA, sur le marché de la Beac

Une Economie
vendredi, 10 juillet 2020 18:35
Cemac : le Cameroun, le Gabon et le Congo en compétition pour lever jusqu’à 122 milliards FCFA, sur le marché de la Beac

 La compétition pour la mobilisation des financements sur le marché des titres publics de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) sera rude le 29 avril 2020. En effet, ce jour-là, trois pays (Cameroun, Congo et Gabon) sur les six que compte la Cemac émettront des obligations (OTA) et bons (BTA) du Trésor assimilables sur ce marché, pour tenter de lever une enveloppe totale de financements comprise entre 112 et 122 milliards FCFA.

Principal animateur de ce marché depuis son lancement en 2011, le Cameroun est porteur de la plus grosse demande, avec une émission d’OTA à 2 ans de maturité, pour une enveloppe totale de 50 milliards FCFA. En proposant aux investisseurs un taux d’intérêt de 3,5% au cours de cette opération, le Trésor public camerounais espère pouvoir clôturer en beauté son programme de trois émissions de titres de longs termes sur ce marché, débuté le 8 avril 2020, et qui vise à mobiliser au total 220 milliards FCFA pour financer certains projets d’infrastructures dans le pays.

En dépit d’une signature à la fois compétitive et attractive, caractérisée par un respect sans faute des engagements pris sur ce marché depuis bientôt 10 ans, le Cameroun, locomotive économique de la zone Cemac, subira cependant la concurrence de deux autres pays. Il s’agit d’abord du Congo, qui recherche auprès des investisseurs du marché monétaire une enveloppe comprise entre 30 et 35 milliards FCFA. Pour ce faire, le pays de Denis Sassou Nguesso aguiche les investisseurs avec un taux d’intérêt de 6%, pour une émission d’OTA à 2 ans de maturité.

Ce taux d’intérêt, à priori très compétitif, révèle en lui-même la qualité peu reluisante de la signature du Congo sur le marché des capitaux. En effet, selon divers rapports officiels, ce pays brille par une certaine indiscipline budgétaire dans la gestion des revenus du pétrole brut, la principale source de recettes publiques.

Les faiblesses du Congo

Épinglé sur des dettes jugées opaques envers des géants du négoce de l’or noir, tels que Glencore et Trafigura, l’entrepreneur du BTP Mohsen Hojeij, ou encore la Chine, le Congo a eu beaucoup de mal à conclure en 2019 un accord avec le FMI dans le cadre d’un programme d’accompagnement des pays de la Cemac, décidé en 2016, au lendemain d’une crise née de l’effondrement des cours mondiaux du pétrole brut.

Les effets actuels de la crise du Coronavirus sur les économies, notamment celles déjà fragiles comme le Congo (-10,6% des revenus globaux du pétrole, du tourisme et autres produits d’exportation, selon la CEA), ne contribuent pas à rendre très attractive la signature de ce pays très dépendant de l’or noir, dont les prix piquent à nouveau du nez sur le marché international.

Ensuite, il y a le Gabon qui se lance également dans la bataille pour la mobilisation des financements sur le marché de la Beac, le 29 avril 2020. 2e animateur de ce marché, depuis sa création, cet autre pays de la Cemac se positionne en véritable concurrent du Cameroun. D’abord grâce à la diversification des titres à émettre le 29 avril prochain, ce qui offre plus de flexibilité aux investisseurs.

Le Gabon, un concurrent de taille

En effet, les opérations gabonaises sont segmentées en deux émissions d’OTA à 4 et 2 ans de maturité, respectivement pour des montants compris entre 12 et 15 milliards FCFA, puis 5 et 7 milliards FCFA, ceci à des taux d’intérêt respectifs de 6,5 et 4,75%. Le même jour, le Trésor public gabonais recherche 15 milliards FCFA par émission de BTA à 13 semaines de maturité, titres de court terme dont les intérêts sont précomptés, ce qui contribue à les rendre encore plus attractifs aux yeux des investisseurs du marché monétaire.

Au-delà de cette diversification des titres, le Gabon, contrairement au Congo, s’apprête à boucler un programme d’assistance triennal avec le FMI, qui a imposé au pays discipline et rigueur dans la gestion des finances publiques. De plus, bien que la manne pétrolière soit toujours importante pour le pays, le Gabon a, ces dernières années, lancé la diversification de son économie, au point de devenir un important fournisseur d’huile de palme au Cameroun.

Pour combattre le Coronavirus, qui devrait lui faire perdre environ 5% (contre 3,1% pour le Cameroun) des ressources financières issues du pétrole, du tourisme et autres produits d’exportation, selon la CEA, le Gabon vient d’obtenir un appui de 88,2 milliards FCFA du FMI (l’analyse du dossier du Cameroun a été renvoyée sine die), au titre de la Facilité de crédit rapide (FCR). Il s’agit là d’un détail pas peu rassurant pour les investisseurs sur les marchés des capitaux.

Brice R. Mbodiam

 
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