Calixte Mbeng : «C'est un avantage comparatif pour les industriels camerounais de s’approvisionner au Gabon.»

Agro
vendredi, 15 février 2019 16:12
Calixte Mbeng : «C'est un avantage comparatif pour les industriels camerounais de s’approvisionner au Gabon.»

(Le Nouveau Gabon) - Le coordonnateur du programme «Gabonaise de réalisations agricoles et des initiatives des nationaux engagés» (Graine), Calixte Mbeng (photo), s’est exprimé sur le dynamisme de son pays en marge d’un forum sur l’agriculture, organisé du 12 au 14 février à Brazzaville (Congo), par la Banque africaine de développement et le Bureau International du Travail.

Investir au Cameroun - Au cours du forum sur l’agriculture de Brazzaville, vous avez présenté le succès du programme « Graine ». De quoi s’agit-il ?

Calixte Mbeng : Le programme «Graine» est mis en œuvre dans le cadre d’un partenariat public-privé entre le groupe Olam, un groupe singapourien, spécialisé dans les chaînes de valeurs agricoles et l’Etat gabonais. C’est la rencontre d’un investisseur et la stratégie d’un pays qui souhaite développer un certain nombre de secteurs dont celui de l’agriculture. Le but est de régler le problème de la sécurité alimentaire et vendre à l’international.

C’est également la rencontre de ces deux volontés qui a abouti à ce partenariat public-privé (PPP) entre Olam et la République gabonaise dont les objectifs sont simples. Le programme, c’est de développer 200 000 hectares de cultures vivrières et de rente en l’accompagnant soit par des petits producteurs organisés en coopérative ou en individuel. Ces agriculteurs bénéficient d’un accès à la terre, de la facilitation de l’obtention du titre foncier, l'accompagnement dans les espaces qu’ils vont valoriser, les apports en intrants, les appuis en termes de formation, la garantie de la commercialisation de leur protection, et l'amélioration des conditions de vie grâce aux revenus et grâce à tous les investissements d’accompagnement qui sont réalisés pour améliorer les conditions socioéconomiques dans les villages; en termes d’accès à l’électricité, à l’eau potable, l’amélioration des centres de santé, des écoles, des marchés, des infrastructures routières, les entrepôts…

Quels sont les résultats obtenus ?

Les premiers succès sont les productions qui sont sorties en moins de deux ans. On a commencé a récolté du manioc. Les quantités sont estimées à peu près à 1 800 tonnes. Nous avons planté en trois ans, 7 531 hectares de palmiers à huile. Ces palmiers à huile vont entrer en production cette année. Nous sommes dans une perspective de développement.

A côté du programme Graine, il y a tous les autres investissements que le groupe Olam a réalisés en partenariat toujours avec l’Etat dans le cadre du développement des valeurs des chaines agricoles. Le PPP est centré autour d’Olam Palm Gabon. Plus de 64 000 hectares de palmiers à huile ont été plantés en moins de 10 ans. Il y a un PPP avec une entité qu’on appelle Olam avec près de 12 000 hectares qui ont été plantés. L’existence de ces deux PPP est une garantie aux populations qui bénéficient de la commercialisation de leur production.

Dans le cadre des activités d’Olam au Gabon, depuis l’année 2017, les premières productions d’huile de palme ont commencé à être exportées. Et le Cameroun, à travers ces unités industrielles de transformation d’huile de palme, est l’un des clients importants du Gabon. La commande du Cameroun au Gabon est évaluée à environ 50 000 tonnes d’huile par an.

Les industriels camerounais de la filière huile importaient une partie de l’huile brute de la Malaisie alors qu’à côté, à moins de 300 km, il y a de l’huile qui est produite. En termes de coût, c’est un avantage comparatif pour les industriels camerounais de s’approvisionner au Gabon. Et là encore c’est dans le cadre de l’intégration. Le déficit d’huile de palme au Cameroun dépasse 50 000 tonnes. Le Cameroun n’est pas le seul client. Il y a des exportations qui se font en direction du Portugal et l’Espagne.

Quelles sont les perspectives d’avenir ?

Dans nos Etats, l’agriculture a toujours été considérée comme le secteur de ceux qui n’ont pas réussi. Donc il y a nécessité de changer de paradigme, de communiquer, pour montrer aux jeunes que l’agriculture c’est un business. C’est une activité économique qui peut permettre à quelqu’un de devenir riche. Il faut promouvoir des modèles rentables, innovants et communiquer autour de ces modèles-là. C’est ça qui va attirer davantage les jeunes vers le secteur agricole.

On ne doit pas considérer l’agriculture comme une activité sociale. Ça doit être une économie à part entière. Il faut montrer aux jeunes qu’on peut gagner beaucoup d’argent au même titre que celui qui travaille au ministère des Finances, ou qui travaille dans le secteur privé. C’est possible. C’est de la responsabilité des Etats.

Propos recueillis par Sylvain Andzongo à Brazzaville

 
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