« Le Gabon dispose d’un fort potentiel de jeunes développeurs », dixit Reine Mbang Essobmadje

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vendredi, 12 octobre 2018 11:33
« Le Gabon dispose d’un fort potentiel de jeunes développeurs », dixit Reine Mbang Essobmadje

(Le Nouveau Gabon) - Au terme du Hackathon récemment organisé par le ministère gabonais de l’Economie numérique, en collaboration avec le cabinet Evolving Consulting et le projet e-Gabon, la directrice générale de Evolving Consulting, Reine Mbang Essobmadje (photo) a décliné les contours et les enjeux de cette compétition, ainsi que sa vision sur le potentiel des jeunes développeurs gabonais à notre rédaction.

Le Nouveau Gabon : Vous venez d’organiser une compétition de jeunes développeurs informatiques, en vue de la modernisation du système de santé au Gabon. Quels sont les contours, ainsi que les enjeux de ce concept ?

Reine Mbang Essobmadje : Il importe de savoir en premier lieu que ce Hackathon est une compétition, voire un marathon de développeurs dans le cadre d’un projet qui s’intitule e-Gabon. Ce projet porte sur la transformation digitale du Gabon à travers le développement du Gabon des services. Il a, entre autres missions, de développer un écosystème numérique dans lequel sont inclus les services sanitaires.

Sur quoi ont porté les épreuves ?

Cette compétition était axée sur « la modernisation des systèmes de santé au Gabon ». Mais au-delà de ce thème principal, les jeunes innovateurs ont rivalisé d’adresse sur trois sous-thèmes. Il s’agit de la santé connectée ; la santé, éducation et prévention et enfin, la santé et Fintech, qui est la contraction de finance et technologie.

Autrement dit…

Ce qu’il faut comprendre derrière cette dernière thématique, relative à la santé et Fintech, c’est qu’aujourd’hui, on peut désormais payer des soins de santé par le biais du mobile money grâce à la dématérialisation des moyens de paiements, à travers les nouvelles technologies.

S’agissant du sous-thème, santé, éducation et prévention, retenez qu’il est important d’éduquer l’ensemble des Gabonais sur un certain nombre d’interactions que l’on peut par exemple avoir entre les médicaments. Cela, en vue d’éviter un certain nombre de désagréments. On peut, par exemple, grâce à ce système, éviter qu’un hypertendu ou un diabétique ne puisse pas prendre des produits qui peuvent avoir des conséquences néfastes pour sa situation.

Quant à la santé connectée, il s’agit là de booster la télémédecine ou les technologies qui permettent de rapprocher les patients du médecin ou des centres sanitaires, quelles que soient leurs distances. L’autre volet de la santé connectée porte sur les informations que l’on peut avoir en tant que patient. Car, beaucoup de personnes succombent aujourd’hui aux accidents cardiaux vasculaires, tout simplement parce qu‘elles ne sont pas suffisamment renseignées sur les établissements sanitaires spécialisés dans le traitement de cette pathologie. Alors qu’en mettant à leur disposition la bonne information, ils peuvent ainsi s’orienter vers des établissements spécialisés pour leur pathologie. C’est là, un autre pan essentiel de la santé connectée.

Pourquoi avoir misé sur les jeunes pour développer cette nouvelle approche sanitaire, alors qu’il y a des services et autres institutions bien appropriés pour pouvoir le faire ?

Il faut comprendre que lorsqu’on organise une compétition de développeurs, on fait le plus souvent recours aux jeunes, dont la limite d’âge est à l’occurrence de 17-35 ans. Mais au-delà de cet aspect, l’écosystème des développeurs est un milieu composé majoritairement de ceux qu’on appelle les ‘’Digital Nativ’’. C’est la génération ‘’XYZ’’. Une génération de personnes ‘’nées avec un téléphone mobile à la main’’, et qui ont des aptitudes et des capacités que d’autres générations n’ont pas forcément. En clair, ce sont des choses qui sont assez intuitives pour cette génération.

Par ailleurs, lorsqu’on regarde le Plan stratégique Gabon émergent (PSGE), ou les différents plans de l’Union africaine (UA), ce sont des plans de développement inclusifs qui, en fait, vont se mettre en place lorsque la jeunesse d’aujourd’hui sera aux affaires.

Il s’avère donc hautement important de les associer dans la conception de ce programme de développement, de par leur vécu et leur expérience. En outre, étant donné que c’est le Gabon de cette jeunesse qui est en train d’être construit, il est judicieux pour nous, de les associer à la transformation digitale de leur pays.

L’autre aspect du projet e-Gabon est relatif à l’emploi des jeunes. Car, derrière ce concept, il y a une volonté de développer un écosystème de start-up et des jeunes innovateurs qui vont pouvoir développer des applications et créer des entreprises. Il est évident que tous les jeunes ne pourront pas être des fonctionnaires de l’Etat. Certains seront appelés à créer leur propre entreprise et être des patrons qui pourront employer d’autres jeunes. On se retrouve donc là, dans un cercle vertueux que l’on met en place à travers ce genre de programme.

Après ce Hackathon, que prévoit la suite du programme?

La suite du programme prévoit l’accompagnement des lauréats par la Société d’incubation numérique du Gabon (SING). Cet accompagnement vise à les amener à développer leurs idées et affiner leurs prototypes et donc à pouvoir, à court terme, être des créateurs d’entreprises.

Les résultats escomptés ont-ils été atteints ?

On a vu des jeunes qui n’avaient pas forcément des compétences en matière de codage, ou de développement informatique, encore moins de connaissances en matière de santé, se transformer en trois ou quatre jours de coaching et d’encadrement. Au terme de ce travail, ils ont acquis des aptitudes à pouvoir prendre la parole devant le public, à défendre leurs projets, à creuser, à affiner leurs idées et enfin à présenter des choses intéressantes.

C’est donc dire que vous êtes satisfaite de votre travail ?

En ce qui nous concerne, le premier point est très positif. Cette compétition nous a montré qu’en mettant les outils qu’il faut à la disposition de la jeunesse, on est capable d’en faire des leaders. Le deuxième aspect porte sur la Société d’incubation numérique du Gabon. C’est un espace absolument formidable dans lequel l’Etat a investi, pour offrir un lieu d’innovation aux jeunes. Je pense donc que c’est quelque chose qui mérite d’être salué. Parce que ce genre d’initiative ne court pas les rues en Afrique.

Et pour conclure…

Si je devais résumer ces trois jours d’activités, ce serait par : challenge, impact et innovation. Challenge, parce que la santé est un domaine très spécifique, et créer dans un domaine qu’on ne maitrise pas, tel que celui-là, nécessite beaucoup d’efforts et d’abnégation.

Impact, parce que ces jeunes ont pu créer des applications qui ont un fort impact social et sociétal dans la vie des Gabonais.

Et enfin, innovation. Car, à travers la recherche de ce facteur dans ce Hackathon, nous avons mesuré la capacité des jeunes gabonais à s’adapter et à créer des choses qui apportent de la valeur ajoutée à l’écosystème numérique du pays. Au terme de cet entretien, je dirais tout simplement que le Gabon dispose d’un fort potentiel de jeunes développeurs.

Stéphane Billé

 
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