Selon Gabriel Ntougou : « Les zones franches sont des outils de planification qui aident au développement économique des Etats »

Economie
mercredi, 03 avril 2019 09:27
Selon Gabriel Ntougou : « Les zones franches sont des outils de planification qui aident au développement économique des Etats »

(Le Nouveau Gabon) - L’expérience des zones franches en Afrique a récemment été au centre d’un atelier à Libreville, placé sous le thème : « L’impact des zones franches dans l’atteinte des objectifs de développement économique durable en Afrique.»

A la faveur de cette rencontre qui a réuni près de 40 participants issus de 25 pays du continent, l’Administrateur de la zone économique spéciale de Nkok, Gabriel Ntougou (photo), s’est exprimé sur les enjeux de ce concept économique, mais également sur les évolutions récentes de la Zone économique spéciale de Nkok.

Quels sont les enjeux de ce workshop sur les zones franches ?

Gabriel Ntougou : L’enjeu pour nous les membres de l’Association africaine des zones franches (AFZO), était de se faire connaître et d’échanger nos expériences. Il s’agissait également de faire connaître au plus grand nombre, ce que sont les zones franches.

Car, en Afrique, on en parle depuis les années 70 alors que dans les autres continents c’est depuis des siècles. Au Gabon, par exemple, la toute première zone économique a été lancée en 2011.C’est une zone très jeune. Ces échanges constituent donc une occasion pour faire connaitre au plus grand nombre ce que c’est que les zones franches, et leur contribution à l’économie nationale.

Alors, dans quelle mesure ces espaces économiques contribuent-t-ils réellement au développement du continent ?

Oui, le modèle de développement par les zones franches est salutaire en Afrique, parce qu’il y a beaucoup de complications en termes de climat des affaires. Donc, l’une des options qui s’est offerte aux Etats, c’est de développer un espace avec un cadre privilégié, une administration plus restreinte, mais dédiée à des investisseurs. Ce qui permet de sortir de toutes les tracasseries administratives. Pour prendre le cas de la Zone de Nkok, c’est 1 126 hectares, des terrains aménagés, de l’eau, l’électricité, des routes et une administration.

A Nkok par exemple, il y a la Douane, les Impôts, le Trésor, la DGCC, la CNSS, l’Environnement, toutes ces administrations facilitent et accompagnent les entreprises dans leurs démarches administratives. C’est vraiment un avantage. Dans le cas de la zone de Nkok, ce sont plus de 3 600 emplois directs et 15 000 emplois indirects qui ont été créés pour le développement de cette zone.

Autrement dit…

Cet aspect permet ainsi d’apprécier la contribution des zones économiques spéciales au développement économique. Après, il y a des défis à relever et il faut que l’Etat soit rigoureux sur certains aspects comme les conditions de travail, et qu’il suive avec minutie les exonérations pour que le développement soit optimal. A Nkok, il y a des exonérations de 25 ans pour les droits de Douane et 10 ans pour l’impôt sur les sociétés.

Pour rester sur le cas de Nkok, les consommateurs estiment que l’offre est plus dédiée à l’extérieur qu’au Gabon.

Vous savez que la croissance économique a plusieurs piliers, vous avez la consommation, l’investissement, le solde de la balance courante (Import/export). Donc, l’on peut contribuer à la croissance en développant les exportations. Ça fait entrer les devises dans le pays, ça crée des emplois, ça crée de l’argent. Pour la plupart des pays africains, il n’est pas évident de stimuler la consommation.

Les revenus sont faibles, les investissements publics sont un peu difficiles parce que les Etats ont besoin de lever des fonds. Alors qu’avec les zones économiques spéciales, c’est plus simple, parce qu’il est possible de développer plusieurs partenariats. Les entreprises privées s’installent et développent leurs activités. Or, ces entreprises ont besoin de vendre. Dans un pays comme le Gabon où la structure de marché est très faible, deux entreprises de Nkok dépassent déjà le marché du Gabon.

C’est dire que l’exportation est la meilleure option dans ce cas de figure ?

Les entreprises gagnent beaucoup plus en exportant leurs produits. Mais, l’Etat à son tour, gagne aussi en faisant entrer des devises dans le pays. C’est effectivement l’exportation qui est la meilleure option. Néanmoins, à Nkok, nous avons prévu une brèche pour le marché local. Les entreprises installées dans la zone doivent non seulement exporter au minimum 75% de leur production, mais elles peuvent verser 25% de leurs produits sur le marché local. Et là, les consommateurs locaux peuvent y avoir accès. Et c’est d’autant plus intéressant parce que c’est le bois du Gabon qui est transformé en produit fini. Il serait d’ailleurs bien que le Gabonais puisse avoir chez lui des meubles fabriqués au Gabon avec du bois du Gabon. A Nkok, c’est déjà ouvert. Il y a un showroom où les gens peuvent venir voir ce qui se fait en matière de meubles et faire des commandes.

Quelles sont les statistiques de la ZES de Nkok pour l’exercice 2018 ?

En termes de statistiques, je vais vous parler de volumes d’exportation. Avec le développement aujourd’hui de la zone de Nkok, on fait 600 containers par mois. Ça fait 34% des exportations du pays. Ce qui a complètement changé la structure des exportations de notre pays. Il y a 88 entreprises qui opèrent dans la zone, 3600 emplois, et tout dernièrement, il y a de nouvelles entreprises qui sont entrées en production, permettant 400 emplois supplémentaires. Ce qui fait environ 4000 emplois désormais.

Une estimation des retombées en termes de recettes fiscales ?

Il y a beaucoup d’exonérations. Donc on ne peut pas espérer de grosses retombées fiscales. Le but du jeu, c’est de diminuer les recettes fiscales pour attirer les investisseurs. Mais les entreprises payent la patente et plusieurs autres contributions.

En clair, les zones franches sont des outils de planification qui aident au développement économique des Etats. Il existe quatre catégories : les zones à libre échange, les zones franches industrielles d’exportation, les zones économiques spéciales et les zones industrielles.

Elles ont pour rôle d’aider à l’accroissement des exportations, leurs enclaves étant bien délimitées avec des exonérations de droits nationaux à l’importation et à l’exportation lorsqu’elles ne fonctionnent pas officiellement en dehors de l’espace douanier de leur pays d’accueil. Entre autres privilèges, on peut également citer des incitations fiscales, réglementaires, administratives et financières.

Propos recueillis par Stéphane Billé  

 
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