(Le Nouveau Gabon) - Les vicissitudes de l’année scolaire sont loin d’être achevées. Entre les revendications syndicales et le destin des élèves, le secteur éducatif se trouve prisonnier d’une situation politique explosive où compromissions et collusions font bon ménage.
Pour résoudre les problèmes du secteur éducatif, le gouvernement se doit de questionner l’ensemble du système (préscolaire, primaire, secondaire et supérieur) depuis les fondements, jusque dans les hautes sphères. Car, l’école doit continuer de remplir sa fonction éducative et instructive plutôt que de devenir le laboratoire où se sécrètent les rejetés de la société de demain, l’excroissance des joutes politiques et l’exutoire des aigris du pays.
En effet, le système scolaire et universitaire gabonais abrite aujourd’hui dans ses différents amphis et campus, des tribuns qui s’approprient l’usus, l’abusus et le fructus des tensions sociales que vit le pays. Les acteurs sociaux surfant sur la précarité de certains milieux, importent ces divergences à l’école et imposent la dictature syndicale à des élèves qui se retrouvent prisonniers de revendications dont ils ignorent les origines et les effets attendus.
Parlant des revendications, la plus récurrente qui concerne le paiement des primes, semble au fil des années, épouser le rythme d’une antienne rebattue. Car, comment expliquer qu’alors même que les salaires des enseignants sont payés à bonne date, le paiement d’une prime se transforme en condition sine qua non pour dispenser des cours. Une attitude malheureusement adoptée par les élèves qui, aujourd’hui, boudent et sèchent les cours tant que la bourse n’est pas payée.
Le temps où les revenus issus des ressources pétrolières coulaient à flots est révolu. Les primes et les bourses des élèves constituent une sérieuse ponction sur le budget de l’Etat, chaque année. Pour ce qui concerne le suivi des élèves et étudiants, à la faveur des états généraux de l’éducation, tenus en 2010, l’Etat avait revalorisé et redéfini les critères d’accès à la bourse. Depuis, le système d’octroi des bourses a été revalorisé entraînant au passage une croissance du nombre de bénéficiaires, grâce à la démocratisation de l’accès à cette facilité.
L’on est donc parti de 35 milliards de Fcfa en 2009, payés à 15 825 élèves et étudiants, à 59 milliards de Fcfa dédiés à 30 300 individus en 2015. Quant aux enseignants, les moyens supplémentaires octroyés au secteur plafonnent à 72 milliards de Fcfa par an depuis 2009. Le salaire moyen mensuel d’un enseignant est passé de 484 000 FCFA en 2009 à 637 000 FCFA en 2015, soit une hausse de 30%.
Si le nombre de salles de classe, autre revendication syndicale, doit évoluer, force est de constater que s’agissant des conditions de vie, des efforts sont réalisés.
Cependant, les bourses et les primes payées aux élèves, étudiants et enseignants continuent de bercer d’illusions la communauté éducative. L’Etat vit au-dessus de ses moyens en poursuivant cette saignée dans ses caisses et en nourrissant jusqu’à la mamelle, des acteurs qui doivent aujourd’hui apprendre à être solidaires des difficultés que traverse l’Etat, en contribuant à la formation des hommes.
Le plan d’urgence pour l’éducation devrait avoir un œil sur ces aspects qui constituent, à ce jour, la plus grande pomme de discorde entre le gouvernement et les syndicats qui chaque jour se radicalisent.
Les acteurs syndicaux devraient questionner le fond de leurs revendications et ajuster les aspects superflus. Si la volonté des uns et des autres est orientée vers l’édification d’une nation forte avec des têtes bien faites, la sagesse recommande de se tourner vers l’intérêt général, de ne pas s’abriter derrière des problèmes scolaires pour donner un coup de pouce aux tensions sociales et politiques.
Il faut aussi refonder le système d’évaluation des élèves et redonner à l’école sa place dans la vie du pays.
Auxence Mengue