Les ministres de l'économie et des finances de la CEMAC, grands absents du Caucus Africain de Cotonou

Finance
dimanche, 07 août 2016 15:20
Les ministres de l'économie et des finances de la CEMAC, grands absents du Caucus Africain de Cotonou

(Le Nouveau Gabon) - Les ministres de l'économie et des finances de la Communauté Économique et Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC), gouverneurs respectifs de leurs pays pour le Fonds Monétaire International et la Banque mondiale, n'ont pas été aperçus lors du Caucus Africain de Cotonou

Une absence remarquée et qui n'a pas enchanté les autres délégations francophones d'Afrique subsaharienne. « C'est vraiment dommage qu'on en soit là, alors qu'ici nous essayons de faire pression pour une plus grande prise en compte des priorités de nos blocs sous régionaux et surtout que cette rencontre représente un enjeu majeur, notamment pour ce qui est du choix du prochain directeur du département Afrique du FMI », a expliqué à l’agence Ecofin, un membre d'une des délégations de l'UEMOA qui était, elle, fortement représentée.

La situation a apparemment aussi surpris Pierre Moussa, le président de la Commission de la CEMAC. Dans cette rencontre où les questions de statistiques et de développement inclusif ont occupé les débats, il n’était accompagné, au plus haut niveau, que par le Directeur de l'Institut Sous Régionale des Statistiques et de l'Economie Appliquée (ISSEA) et du Vice-Président de la Banque de Développement de l'Afrique Centrale (BDEAC).

Le représentant de la délégation camerounaise n'a pas souhaité commenter la situation, d’autant que, dans les coulisses, le ministre Alamine Ousmane Mey, gouverneur de son pays pour le FMI, a été annoncé jusqu'à la dernière minute. L’absence des gouverneurs gabonais a été interprétée comme une conséquence de la campagne électorale en cours dans le pays.

La sous-région fait pourtant face à de gros défis. Alors que ses pays membres sont encore dans le cadre d'une union monétaire, économique et douanière, le Cameroun, principale économie de la zone CEMAC, est desormais tenu par l’accord de partenariat économique intérimaire avec l'Union européenne, depuis le 4 août dernier. Une situation dont les impacts sur les agrégats macroéconomiques globaux seront à suivre. La prise en compte des aspects relatifs à l'intégration sous régionale a d'ailleurs été la principale contribution de Pierre Moussa lors des discussions sur la rédaction de la déclaration de Cotonou.

Le représentant camerounais, un chef de division à la direction générale des impôts, a aussi positivement contribué aux débats. Il a notamment attiré l'attention, lors des débats en plénière, sur la nécessité de poursuivre avec le renforcement des capacités des administrations fiscales africaines, non seulement à bien collecter les données fiscales, mais aussi à bien les interpréter. Une proposition finalement retenue dans le draft du mémorandum qui sera soumis lors des rencontres d'automne en octobre prochain à Washington.

Malgré ces contributions jugées pertinentes, l'absence des ministres de la zone CEMAC aura pesé sur le groupe francophone qui continue d'être peu représentatif au sein des institutions de Bretton Woods. L’UEMOA pour sa part était solidement présente. La ministre burkinabè des finances a, par exemple, défendu l’idée, finalement retenue, d’une plus grande implication de cadres africains dans les équipes de projets financés par les bailleurs. Les ministres sénégalais et ivoiriens ont aussi fortement animé les positions du bloc francophone, à côté de leurs hôtes du Benin.

Pourtant, la CEMAC se retrouve aujourd’hui en situation de quasi fragilité. La croissance attendue à 6% par les autorités camerounaises cache un déficit extérieur cumulé de plus de 8,5 milliards $ au 31 décembre 2015. La république congolaise a reçu son premier choc lié à la baisse des prix des matières premières, en se mettant deux fois de suite en situation de défaut face à une de ses obligations internationales. Les excédents du Gabon et de la Guinée équatoriale qui soutiennent encore les réserves extérieures de la sous-région ont fortement reculé.

Dans le même temps, la sous-région fait face à un déficit important en terme d'infrastructures, tant régionales que nationales. Des projets, tant sur le plan des routes que des télécommunications, tardent encore à se matérialiser, et les investissements étrangers n’affluent qu'au compte-goutte, alors que la mobilisation des ressources fiscales internes reste assez faible (globalement moins de 16% du PIB régional).

Idriss Linge

 
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