(Le Nouveau Gabon) - Le contrat de concession qui lie le Gabon aux entreprises Egis et Aéroport de Marseille Provence pour la gestion et l’exploitation de l’aéroport de Libreville depuis 1988, arrive à expiration le 30 juin prochain à minuit. A quelques semaines de cette échéance, Daniel Lefèbvre (photo à gauche), le directeur général de la société Aéroport de Libreville (ADL), qui gère la concession que l’Etat n’a pas renouvelée, dresse le bilan des années de collaboration avec le Gabon. Il parle dans cette interview réalisée avec le concours du magazine de l’agence nationale d’aviation civile du Gabon (ANAC), des conséquences du non renouvellement de la concession sur les emplois et la société, ainsi que le positionnement de l’entreprise dans le paysage du transport aérien dans le pays pour ce qui est des années à venir.
Monsieur le directeur général, les autorités gabonaises ont décidé de ne pas renouveler le contrat de concession d’ADL datant de 1988. Un choc pour vous, ou est-ce que vous vous y attendiez ?
Depuis plus de 5 ans, ADL a anticipé cette fin de concession et a proposé plusieurs plans de continuation avec un contrat revu et amendé par rapport à celui signé, il y a 30 ans. Nous souhaitions proposer un investissement important de l’ordre de 35 milliards FCfa qui aurait permis une extension et une modernisation du terminal actuel, plus différents aménagements notamment liés à l’amélioration des normes environnementales de la plateforme. J’ajoute que nous étions prêts à la mise en œuvre d’une redevance de concession versée à l’Etat gabonais comme cela se pratique au Congo Brazzaville ou en Côte d’Ivoire où nous sommes présents. Cette redevance attendue par le Gouvernement, nous la voulions cohérente par rapport aux ressources dégagées par ADL et que l’Etat gabonais connait bien puisqu’il est présent comme actionnaire à 26 % dans le capital d’ADL. Pour répondre à votre question, les autorités gabonaises nous ont bien signifié la fin de notre contrat actuel mais rien ne dit que nous ne pouvons signer un nouveau contrat sur une base différente.
Allez-vous essayer de convaincre l’Etat gabonais à revoir cette décision ou allez-vous laisser le champ libre ? Laisser le champ libre à qui et pourquoi ?
Nous avons montré notre attachement à cette concession et au Gabon depuis plus de 30 ans ; nous avons géré le développement de cet aéroport depuis 1988 sans solliciter d’investissement de l’Etat, et nous allons prochainement certifier ADL selon les normes de l’Aviation civile internationale (OACI). Cela veut dire que nous ambitionnons de rester au Gabon pour œuvrer avec un tout nouveau porteur de projets pour le développement du transport aérien et de son impact positif sur l’économie.
Combien d’employés seraient touchés par cette mesure, et que deviendraient-ils ?
152 collaboratrices et collaborateurs travaillent pour ADL et certains parfois depuis plus de 20 ans. Les déclarations récentes de Mme la Ministre du Transport dans la presse nous rassurent sur les conditions de pérennisation des postes dont tous sont utiles pour le bon fonctionnement de l’aéroport de Libreville.
Pouvez-vous nous dresser un bref bilan des 30 ans de gestion, quelles étaient vos réalisations principales ?
Avec des investissements de plus de 60 milliards de Francs CFA en 29 ans, le tout en auto-investissement, auxquels s’ajoutent 30 milliards d’impôts et 2,6 milliards de dividendes versés à l’Etat, ADL, entreprise gabonaise rappelons-le, est un acteur économique important du Gabon. La gestion des commerces de l’aérogare et la valorisation des terrains concédés par l’Etat en début de concession est à mettre à l’actif des équipes ADL qui ont cherché à optimiser les sources de revenu afin d’augmenter la capacité d’investissement. Comme dans la parabole des talents, si le maître vous en confie 2, vous devez les faire fructifier et lui en rendre au moins 3. Dans le cas d’ADL c’est une valorisation au moins au double qui a été réalisée. Enfin précisons que les deux bases aériennes militaires gabonaises et la base aérienne française bénéficient gracieusement des installations, ce qui est peu courant, même en Afrique.
Quid de la certification de l’aéroport de Libreville ? Cela se passera avant votre départ éventuel ?
La certification OACI que nous ambitionnons d’obtenir, est décernée à ADL dans sa structure actuelle. Avec des nouveaux acteurs à la tête de l’aéroport, la question du maintien de cette certification reste posée. Mais je vous rassure, nous ne nous sentons pas vraiment sur le départ, et si cela devait arriver nous partirons, certes avec un sentiment d’inachevé, mais avec la conviction que notre action depuis 30 ans, aura été bénéfique pour le Gabon.
PcA Source : ANAC