A la surprise générale, l’opposition gabonaise, réunie au sein de la coalition Alternance 2023, plateforme créée en janvier 2023 en vue des élections générales du 26 août au Gabon, a choisi Albert Ondo Ossa comme « candidat consensuel » à l’élection présidentielle. L’annonce a été faite ce 18 août 2023 après deux jours de concertations.
La « décision prise ce jour par la plateforme de prioriser l’élection du président de la République afin de concentrer les suffrages des partisans du changement véritable autour de notre candidat consensuel, et, ainsi, déjouer le piège tendu par le pouvoir en place pour disperser nos voix à travers le jumelage des élections présidentielles et législatives », a expliqué le président de la plateforme, François Ndong Obiang. De ce fait, ce dernier a invité toute l’opposition unie au sein de la coalition alternance 2023 à voter pour leur candidat.
À sa suite, Albert Ondo Ossa a également appelé les Gabonais à se mobiliser autour de sa candidature. « Je suis particulièrement ému… Nous allons lutter avec les moyens que nous offre la constitution », a-t-il affirmé.
Le Pr Albert Ondo Ossa, enseignant d’économie à l’université Omar Bongo, a été préféré à Paulette Missambo ou Alexandre Barro Chambrier qu’on a plusieurs fois cité comme étant favoris pour représenter cette coalition à la présidentielle. La coalition Alternance 2023 regroupe d’autres candidats à la présidence tels que Mike Jocktane ou Ndong Sima.
SG
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Né le 27 février 1981 à Port-Gentil, Axel Stophène Ibinga Ibinga est l’un des 19 candidats à l’élection présidentielle du 26 aout prochain. Il se présente comme un entrepreneur gabonais qui cumule 17 années dans le milieu des affaires. Il est notamment à la tête de Ax Capital Investment Gabon, une société d’investissement créée en 2020. Son ambition, s’il est élu au soir du 26 aout prochain, est de créer de l’emploi pour les Gabonais et développer l’économie du pays. Dans cet entretien avec Le Nouveau Gabon, ce candidat indépendant à la présidentielle parle de son projet de société qui s’articule autour de neuf axes.
Le Nouveau Gabon : Vous êtes candidat à l’élection présidentielle du 26 aout prochain, et pourtant, vous êtes encore méconnu de la scène politique gabonaise. Pourquoi avoir choisi de vous porter candidat à l’élection présidentielle plutôt qu’aux locales ou aux législatives ?
Axel Ibinga Ibinga : Parce que je pense qu’on ne se lève pas un matin pour être candidat à l’élection présidentielle. Et je pense aussi que pour être candidat à une élection législative ou à une élection locale, on a un projet ou une idée. Mais, moi, pour ce qui me concerne, j’ai un programme de société. C’est la richesse de ce programme qui m’oblige naturellement à me porter candidat à la présidentielle plutôt qu’aux législatives ou aux locales.
LNG : Parlez-nous de ce programme ?
AII : Mon programme s’intitule « La République au travail ». L’esprit de mon programme est simple. Il s’agit de redonner aux Gabonais le goût de l’effort que nous ne pouvons avoir que dans le travail et non par la facilité. Aujourd’hui, nos frères et nos sœurs ont malheureusement perdu espoir en l’avenir parce qu’il n’y a pas d’emploi, il n’y a pas de travail. Et dans mon programme électoral, j’ai l’intention de ressortir le potentiel d’emploi du pays.
Mon programme comporte pour cela neuf axes qui prennent en compte l’ensemble de tous les aspects de la vie publique et de la vie citoyenne. Neuf axes qui représentent symboliquement la géographie du Gabon. Neuf axes qui représentent chacun un potentiel d’emploi. Les 9 axes concernent la famille, l’instruction morale et civique, la citoyenneté, la jeunesse, la justice, l’éthique, le système carcéral et la réinsertion sociale en milieu carcéral, l’économie, la fiscalité, la parafiscalité, la dette et la dépense publique…
Je vais très rapidement m’atteler à améliorer la fiscalité, l’économie du pays, créer des prisons séparées pour femme, enfant et homme, mais également des maisons de redressement.
LNG : Comment entendez-vous financer ce programme ?
AII : Tout va passer par un audit. La mise en œuvre de mon programme aura d’un côté un audit préalable de nos compétences au niveau national. Et ensuite, je ferai également un audit de la dette avec des experts, puis nous allons demander à nos partenaires la restructuration de cette dette. D’autre part, il y a également un préalable indispensable. C’est la réduction drastique des dépenses de fonctionnement de l’État. De cette réduction drastique, nous allons dégager assez d’argent pour pouvoir garantir le paiement de la restructuration de la dette que nous allons signer. Ensuite, nous allons trouver des partenaires pour financer des projets qui vont mettre le Gabon en chantier.
LNG : Comment comptez-vous vous prendre pour la réduction du train de vie de l’État ?
AII : Nous avons un certain nombre de postes que nous allons réduire drastiquement ou supprimer (des Hauts-commissariats, Conseil national de la démocratie). Nous envisageons aussi la réduction drastique des indemnités des hauts fonctionnaires et anciens Premiers ministres. Par ailleurs, nous prévoyons réaliser l’audit et l’encadrement des contrats des consultants au niveau de l’administration, et également l’audit de la masse salariale de l’État ainsi que de la main-d’œuvre non permanente et des personnalités hors statuts. Cette réduction va nous dégager des marges pour financer non seulement la relance de l’économie, mais aussi la dette.
NNG : Le cout de la vie est de plus en plus élevé au Gabon malgré les différentes mesures prises par les autorités pour l’atténuer. Que proposez-vous pour la lutte contre la vie chère ?
AII : C’est clair que sur ce point, il faudra agir vite et avec fermeté. Pour la réduction de la vie chère, je propose de supprimer toutes les taxes inhérentes aux importations des produits alimentaires, afin d’impacter positivement le panier de la ménagère. Mais, cette suppression va s’accompagner d’un préalable. Il y aura d’abord l’identification et le contrôle de la chaine des valeurs d’importation. Il sera question de savoir qui sont les acteurs clés, où ils prennent leurs produits, et ce que cela coute. Parce que pour accorder des faveurs fiscales à cette chaine de valeur, il faut d’abord qu’on l’identifie. Il faut aussi qu’on se rassure de la qualité des produits qu’ils importent. Là aussi, il y aura une norme qui sera validée par la corporation.
Supprimer les taxes sur les produits de première nécessité va entrainer la hausse des importations dans un contexte où le Gabon dépend encore beaucoup de l’extérieur sur le plan alimentaire. Comment comptez-vous financer l’économie du pays et la diversifier avec une telle mesure ?
Je parle uniquement des produits alimentaires et non de non de l’industrie. Donc, de la suppression totale des taxes sur les produits alimentaires qui sont aujourd’hui une nécessité pour les Gabonais. Je vais m’asseoir avec la corporation des ingénieurs agronomes, on va établir la carte agricole ainsi que la carte de l’élevage au Gabon, et pas à pas, ces importateurs vont financer ces différentes filières. Par ailleurs, je vais réduire certaines dépenses de fonctionnement de l’État, pour compenser le manque à gagner des taxes que j’aurai supprimé pour que les Gabonais mangent à moindre cout. Par exemple, nous n’allons plus acheter des véhicules de fonctions pour les fonctionnaires. Ils auront à leur disposition des bus de transport public pour aller au travail. Et l’argent économisé permettra de compenser les taxes supprimées sur les produits alimentaires.
Le Gabon est un beau pays et de par ses ressources, nous avons le droit de vivre aisément, le droit de vivre en toute quiétude. Nous n’avons plus le droit de nous inquiéter de ce que nous allons manger, de comment nous soigner, circuler… Mais pour cela, il faut des dirigeants qui comprennent ce dont le Gabonais a besoin. Ils ne veulent plus entendre de discours. Les Gabonais veulent quelqu’un de neuf, quelqu’un qui n’est pas lié à un système et qui a l’ambition de remettre la République au travail, en mettant les Gabonais au centre de son programme de développement parce qu’il veut faire d’eux des acteurs économiques dans leur pays. Parce que c’est notre pays, nous serons désormais les premiers acteurs. Nous ne serons plus des téléspectateurs. Voilà pourquoi ils voteront pour moi et pour mon programme « La République au travail ».
Propos recueillis par Sandrine Gaingne
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Alors que les Gabonais sont appelés aux urnes pour élire leur président, leurs députés et leurs conseillers départementaux et municipaux, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres (photo), a exhorté toutes les parties prenantes « à œuvrer en faveur d’un processus électoral apaisé, inclusif et crédible », a déclaré son porte-parole, Stéphane Dujarric, dans une déclaration de presse rendue publique le 14 août.
Pour la première fois de son histoire, le Gabon organise un triple scrutin présidentiel, législatif et local le 26 août prochain. Le 24 juillet dernier, le Centre gabonais des élections (CGE), chargé de l’organisation des scrutins dans le pays, a annoncé avoir validé 19 dossiers de candidature pour l’élection présidentielle, dont celle du président sortant Ali Bongo Ondimba, candidat à un troisième mandat. Mais le processus électoral est marqué par des contestations, suite notamment aux récentes modifications du code électoral. Parmi les éléments de discorde, la suppression de l’enveloppe accolée à celle servant aux électeurs à mettre les bulletins de leurs candidats, dite « enveloppe poubelle » et le bulletin unique.
L’opposition et des acteurs de la société civile dénoncent également le fait que la nouvelle loi n’autorise que deux représentants pour le parti au pouvoir, deux pour l’opposition et un pour les candidats indépendants, alors que dans le passé, chaque candidat avait un représentant dans le bureau de vote, qu’il soit d’un parti ou pas. Le 8 août, des candidats de l’opposition membres de la coalition « Alternance 2023 » ont remis un mémorandum contenant leurs doléances sur la gouvernance politique et électorale au chef du bureau de l’ONU en Afrique centrale (Unoca).
« L’ONU demande à tous les candidats de contribuer à l’intégrité du processus électoral et à résoudre tout différend par le dialogue et les voies légales », a déclaré le porte-parole d’António Guterres. « Nous appelons instamment tous les acteurs politiques à s’abstenir de tout acte ou propos incendiaire qui pourrait compromettre le processus électoral », a-t-il ajouté, alors que des violences verbales et physiques ont été constatées avant le lancement de la campagne électorale officielle le 11 août dernier. Face à ces violences préélectorales, le procureur de la République, près le tribunal de Libreville, André-Patrick Roponat, a fait une sortie pour mettre en garde la classe politique et les militants sur les peines encourues par les auteurs des actes de violence conformément au Code pénal.
Patricia Ngo Ngouem
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Dans son discours à la nation prononcé le 16 août dernier, le président de la République du Gabon, Ali Bongo Ondimba, a promis qu’il ne lésinera pas sur les moyens pour assurer la sécurité des populations pendant les élections générales prévues le 26 août prochain dans le pays. « Toutes les forces de défense et de sécurité de notre Nation seront appelées à cet effet à protéger vos voix, protéger vos choix, protéger vos maisons et vos foyers », a promis le chef de l’État dans son message à l’occasion de la commémoration du 63e anniversaire de l’indépendance du Gabon.
Pour l’instant, tout semble calme à travers le pays. Néanmoins plusieurs Gabonais craignent de revivre des troubles postélectoraux comme ce fût le cas au cours de l’élection présidentielle 2016. Raison pour laquelle, par mesure de prudence, plusieurs personnes quittent Libreville pour l’intérieur du pays ou encore pour leur pays d’origine. « C’est calme, mais on ne sait jamais. J’ai envoyé mes enfants dans mon village à Ndonguila dans la province de l’estuaire. Je vais les y rejoindre dans les prochains jours. Je vais retourner à Libreville uniquement après les élections en fonction de la tendance », a affirmé Jeanne Ekang, commerçante.
L’on se souvient en effet qu’en 2016, des troubles avaient éclaté à la suite de la proclamation des résultats du scrutin présidentiel officiellement remporté par Ali Bongo. Son principal challenger Jean Ping et ses soutiens réclamaient la victoire. Le bilan officiel de ces violences a été de 4 morts.
Mais, le chef de l’État se veut rassurant. « Soyez assurés que jamais je ne permettrai que vous et notre pays le Gabon soyez otages de tentatives de déstabilisation. Jamais », a-t-il rassuré. Le président sortant, candidat à sa propre succession, a saisi cette occasion pour inviter les populations à se « rendre aux urnes et à voter en paix et pour la paix pour aujourd’hui et pour demain ».
Sandrine Gaingne
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En lançant sa campagne électorale le 11 aout dernier dans la commune d’Owendo, Ali Bongo Ondimba, président de la République sortant, a fait plusieurs promesses à mettre en œuvre au cours des cinq prochaines années, s’il est reconduit à la tête du pays. Ces promesses sont contenues dans son projet de société pour le quinquennat à venir intituler Pacte social et républicain qui repose sur trois piliers : la solidarité entre les citoyens, la cohésion entre les territoires et le leadership du pays.
« Ce pacte social républicain devra répondre, aux premiers mois de mon mandat, à vos préoccupations en donnant la priorité à des mesures concrètes dédiées à l’amélioration de votre pouvoir d’achat et à l’emploi », soutient Ali Bongo.
Ainsi, au cours des cinq prochaines années, le candidat Ali Bongo promet, en cas de victoire, de doubler les allocations familiales de 5000 à 10 000 FCFA par mois par enfant et de tripler l’allocation rentrée de 5000 FCFA à 15 000 FCFA par an et par enfant ; puis, de réduire de 25% les frais de scolarité dans les écoles publiques dès la rentrée scolaire 2023 et de pérenniser la distribution gratuite des manuels scolaires pour les pré-primaires et primaires.
Il compte également faciliter les départs en retraite à 65 ans dès 2024, accroitre les avantages de la « carte 3e âge », étendre la gratuité des bus aux capitales des neuf provinces, lancer un Programme national d’autonomisation et de renforcement de l’employabilité (Pnare) avec des contrats d’insertion emploi pour plus de 30 000 personnes sur le prochain mandat dont 5000 sur les premiers mois du mandat et 10 000 dès la fin 2024.
Promotion de l’auto-emploi
Autres promesses, accélérer le programme de micro-crédit à 6% pour permettre un accès au financement des opérateurs économiques indispensables de la vie quotidienne, accompagner 30% des Gabonais économiquement faibles dans un programme individuel (chômeurs longue durée, filles mères,) en leur permettant d’acquérir des compétences, de bénéficier d’une expérience professionnelle et de percevoir des revenus, dans le cadre des contrats d’insertion à l’emploi longue durée. Il prévoit également de négocier le paiement de contribution spéciale de solidarité par les opérateurs pétroliers, afin de renforcer l’équilibre financier de la caisse d’assurance maladie et accompagner l’universalisation de la couverture santé, assurer la gratuité des transports en bus dans les capitales provinciales…
Pour le candidat Ali Bongo, son pacte social et républicain est un projet concret, charpenté, ambitieux et pragmatique qui s’attache à apporter des réponses aux vraies priorités des Gabonais : l’emploi, le pouvoir d’achat, la sécurité, l’éducation, la santé, les infrastructures, etc. « Ce n’est là qu’un aperçu de quelques mesures que je compte mettre en œuvre… Je sais où sont vos priorités, je sais où mettre le paquet », a déclaré Ali Bongo lors du lancement officiel de sa campagne électorale.
Avec ce projet de société, le président Ali Bongo se dit confiant d’avoir une « victoire cash » au cours des élections prévues le 26 aout prochain.
Sandrine Gaingne
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La Cour constitutionnelle a rejeté les recours formulés par des représentants de la société civile et des opposants gabonais, les 9 et 10 août derniers, pour demander l’annulation du décret instituant le bulletin de vote unique pour la présidentielle et les législatives du 26 août prochain, apprend-on d’une décision signée le 12 août 2023 par l’institution.
« Aucun des moyens invoqués par les requérants (…) n’ayant prospéré, leurs requêtes sont rejetées », lit-on à l’article 2 de la décision. En effet, selon la Cour constitutionnelle, les requérants n’ont pas indiqué la disposition du décret attaqué qui prévoit expressément que les modalités de bulletins de vote arrêtées par le Centre gabonais des élections (CGE) ne vont s’appliquer qu’à une catégorie de citoyens et non pas à tous les citoyens de la même manière. Par ailleurs, elle indique que « c’est la loi n° 07/96 du 12 mars 1996, modifiée (…) qui a donné compétence, en son article 68, au Centre gabonais des élections d’arrêter les modalités relatives au bulletin de vote, ce qu’il a fait à travers le décret querellé, pris en application des dispositions dudit article ».
Pour l’instant, le Copil citoyen ainsi que les opposants ayant introduit ce recours n’ont pas réagi à la décision de la Cour constitutionnelle. Ces derniers avaient saisi la Cour constitutionnelle pour contester le décret signé le 4 août 2023 par le président de la République. Car pour eux, en lien le choix du président de la République à celui des députés à travers le bulletin de vote unique, le texte violerait le principe de la séparation des pouvoirs, celui de l’égalité de tous les citoyens devant la loi et de la hiérarchie des normes. Leurs arguments n’ont pas convaincu la Cour constitutionnelle.
SG
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Le coup d’envoi de la campagne pour l’élection présidentielle du 26 août prochain a été donné ce 11 août 2023 comme prévu dans le calendrier du Centre gabonais des élections (CGE). À Libreville la capitale gabonaise, l’ambiance de la campagne se fait déjà sentir. Mais, ça reste encore très timide.
Pour le lancement de leur campagne, certains candidats ont choisi des lieux symboliques. Le président sortant Ali Bongo Ondimba, par exemple, a choisi l’esplanade de la Gare de Setrag-Owendo. Car, la gare d’Owendo représente à la fois le point d’arrivée et de départ du Transgabonais, la ligne de chemin de fer qui relie le pays d’Est à l’Ouest. « La commune d’Owendo, avec son port, sa gare et ses infrastructures, joue un rôle majeur dans notre économie », indique le communiqué de presse qui annonce le lancement officiel de la campagne du président sortant.
Ainsi, les 19 candidats retenus par le CGE pour cette élection ont deux semaines pour parcourir les neuf provinces du pays, afin de tenter de convaincre les électeurs. En effet, la campagne qui s’est ouverte officiellement ce 11 août 2023 prend fin le 25 août prochain à minuit. Après le démarrage de la campagne présidentielle ce jour, suivra celle des législatives et des locales le 16 août prochain.
Cette campagne est lancée dans un contexte où plusieurs candidats de l’opposition ainsi que des acteurs de la société civile contestent le bulletin de vote unique adopté par le CGE pour les élections législatives et l’élection présidentielle. Des recours ont été introduits auprès de la Cour constitutionnelle pour son annulation. La juridiction ne s’est pas encore prononcée sur cette question.
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SG
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A quelques jours des élections générales (présidentielle, législatives et locales) au Gabon, des membres de l’opposition réunis au sein de la coalition « Alternance 2023 » ont rencontré, mardi 8 août à Libreville, le chef du bureau de l’ONU en Afrique centrale (Unoca). Paulette Missambo, Alexandre Barro Chambrier, Mike Jocktane, Raymond Ndong Sima et Thérence Gnembou Moutsona (tous candidats à l’élection présidentielle), ainsi que François Ndong Obiang, sont allés faire part à Abdou Abarry de leurs préoccupations et des démarches engagées auprès des institutions compétentes pour plaider en faveur d’un processus tenant compte de leurs doléances sur la gouvernance politique et électorale.
Ces doléances sont contenues dans un mémorandum qu’ils ont remis au représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique centrale. Ces acteurs politiques doutent notamment de la capacité du Centre gabonais des élections (CGE) à organiser trois scrutins le même jour et estiment que les « 200 recours » introduits à la Cour constitutionnelle par les candidats à ces échéances ne sont pas de nature à rassurer.
Le chef de l’Unoca a indiqué qu’il jouera son rôle de « courroie de transmission », en portant leurs récriminations à la connaissance des autorités. « Les Nations unies ne déploient pas d’observateurs, mais en termes de bons offices, on doit écouter, on doit prévenir, on doit veiller à protéger un bien qui nous est fondamentalement important : celui de la stabilité, de la quiétude sociale, de la sécurité des biens et des personnes au Gabon », a toutefois précisé Abdou Abarry.
Il a réitéré sa disponibilité à offrir les « bons offices » du secrétaire général des Nations Unies afin de favoriser un climat de paix et de sécurité avant, pendant et après le scrutin du 26 août, conformément à son mandat. Celui-ci n’intègre pas un soutien quelconque au processus électoral, mais est essentiellement orienté vers la prise des mesures préventives pour garantir son caractère pacifique, rapporte l’Unoca sur son site Internet.
Assurances de la CGE
Les autorités gabonaises n’ont pas encore officiellement réagi à cette démarche de l’opposition. La Cour constitutionnelle, juridiction chargée d’assurer la primauté de la Constitution, ne s’est pas encore prononcée sur les recours introduits. Alors que des partis d’opposition et des acteurs de la société civile ont appelé à un report des élections, le CGE affirme que tout est mis en œuvre pour respecter les délais.
« Nous sommes contraints de respecter les dispositions légales. Nous avons veillé à ce que toutes les étapes soient réalisées dans les délais impartis, en l’occurrence la mise en place des commissions électorales locales, de l’assemblée plénière, la publication des candidatures… Nous travaillons d’arrache-pied pour que ce délai soit impérativement tenu », a-t-elle déclaré à RFI le 1er août dernier. Le 6 août, le CGE a invité les candidats à valider les « bons à tirer » des bulletins de vote.
Le Premier ministre, Alain Claude Bilie-By-Nze, affirme que le report des élections n’est pas envisagé, car « toutes les institutions sont en place et fonctionnent dans le respect de la Constitution et autres lois en vigueur ». En réunissant le corps diplomatique accrédité au Gabon fin juillet, le PM a signifié la détermination du gouvernement à organiser le scrutin à la date arrêtée et à garantir la tenue d’élections « démocratiques, inclusives et crédibles ».
Patricia Ngo Ngouem
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Le Copil citoyen, un regroupement des organisations de la société civile, a saisi la Cour constitutionnelle le 8 août dernier, pour demander l’annulation de certaines dispositions du décret signé le 4 août 2023 par le président de la République, Ali Bongo Ondimba. Ce texte définit les types de bulletins de vote à utiliser lors des élections présidentielle, législatives, départementales et municipales. Il institue un bulletin unique par parti et par circonscription pour l’élection du président de la République et des députés. Et un bulletin de vote distinct par liste de candidature pour les autres scrutins (conseillés départementaux et municipaux).
Le principal reproche fait à ce décret est qu’il lie le choix du président à celui des députés et vice-versa. Et pour le Copil, cela crée des inégalités entre citoyens. « Car, n’autorisant que les candidats et électeurs des partis politiques ayant présentés un candidat à la présidentielle et aux législatives de voter pour les deux élections et obligeant tous les autres de choisir de voter uniquement à une seule des élections », peut-on lire dans sa requête adressée à la Cour constitutionnelle. L’organisation de la société civile estime aussi que le texte viole le principe de séparation de pouvoir en « instituant un bulletin unique pour les deux pouvoirs (exécutif et législatifs) ».
Cohérence idéologique
Pour le Centre gabonais des élections (CGE), le bulletin unique institué pour les scrutins présidentiel et législatif se présente « comme une réelle opportunité pour les électeurs au travers de l’acquisition d’un nouvel outil de facilitation du système électoral ». Les partisans de cette option estiment aussi qu’elle favorise la cohérence idéologique du citoyen qui devrait comprendre qu’un président de la République, quel que soit son bord politique, a besoin d’une majorité à l’Assemblée nationale pour mettre en œuvre son programme politique.
En plus, selon une source officielle, ce bulletin permet une économie financière dans la mesure où il y en aura moins à imprimer et une logistique moins importante pour les acheminer. Parmi les avantages, notre source cite aussi une simplification du vote qui devrait permettre une réduction du taux d’abstention et des votes nuls, ainsi qu’un gain de temps dans le processus de dépouillement.
Absence de panacée
« La conformité d’un bulletin unique, au sens de nos textes, reviendrait à présenter un bulletin réunissant chaque candidat sur un même bulletin et par nature d’élection », soutient le Copil citoyen. Un avis partagé par l’avocat Anges Kevin Nzigou, candidat aux législatives dans le 6e arrondissement de Libreville. Ce dernier a également saisi la Cour constitutionnelle pour l’annulation du décret instituant le bulletin unique. Tous estiment, par ailleurs, que cela réduirait davantage les coûts.
La proposition du Copil a cependant souvent présenté des défis. Dans un pays comme République démocratique du Congo où cette option a été mise en œuvre, on a pu constater que la conception et l’impression des bulletins est un véritable casse-tête chinois. Car, il faut placer photos et nom des candidats, logo et nom des partis et cases à cocher sur un bulletin de vote. On a ainsi pu observer que le nombre croissant de candidats pouvait étendre le bulletin sur plusieurs pages. Ce qui complique le choix et rallonge le temps moyen de vote, surtout pour les électeurs peu instruits. On attend de voir comment la Cour constitutionnelle tranchera le débat. Mais, il faut dire que le temps presse, les élections étant prévues le 26 août.
Sandrine Gaingne
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Les Démocrates, l’un des membres les plus influents d’Alternance 2023, regroupement d’opposants créé en vue d’aboutir à une candidature unique de l’opposition à l’élection présidentielle prévue le 26 aout prochain, vient d’apporter son soutien à la candidate de l’Union nationale (UN), Paulette Missambo. L’annonce a été faite au siège du parti de Guy Nzouba Ndama.
« Hier, le Bureau exécutif national du parti Les Démocrates a tenu ses assises pour se prononcer sur la nécessité entre nos deux formations politiques d’aller ensemble à l’élection présidentielle. C’est donc à la quasi-unanimité que l’ensemble de nos responsables et de nos militants ont soutenu l’idée, que le parti Les Démocrates apporte son soutien total à madame la candidate de l’Union nationale à la présidentielle », a déclaré ce 8 aout 2023, Philippe Nzengue Mayila, Premier vice-président de Les Démocrates.
Pour formaliser ce soutien « total », les deux partis de l’opposition ont signé séance tenante un accord. « Cette alliance nous oblige chacun à donner le meilleur de nous-même pour qu’effectivement nous gagnions cette présidentielle », a affirmé Paulette Missambo qui a remercié Les Démocrates de l’avoir plébiscité.
La candidate de l’UN fait donc pas en avant en vue de sa désignation comme candidate la coalition Alternance 2023. Alexandre Barro Chambrier, dont le nom a plusieurs fois été cité comme celui qui allait représenter cette coalition à la présidentielle, n’ayant pour l’instant reçu aucun soutien public.
Comme en 2016, le parti de Guy Nzouba Ndama apporte son soutien à un autre candidat. Lors de l’élection présidentielle passée, Guy Nzouba Ndama s’était retiré en faveur de Jean Ping. À noter que le président de Les Démocrates, Guy Nzouba Ndama n’a pas pu se présenter à cette élection en raison des ennuis judiciaires auxquels il fait face depuis qu’il a été interpellé en septembre 2022, au niveau de la frontière, avec une valise contenant une somme de 1,2 milliard de FCFA. Depuis, il vit en résidence surveillée.
Sandrine Gaingne
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