(Le Nouveau Gabon) - Le gouvernement gabonais a exprimé, ce 24 juin, sa déception après la décision de l’agence Fitch Ratings de maintenir la note souveraine du pays à « CCC », synonyme de risque de crédit très élevé. Dans un communiqué officiel, le ministère de l’Économie et des Finances a dit « prendre acte » du maintien de la note, tout en regrettant que les efforts entrepris depuis plusieurs mois ne soient pas pleinement pris en compte. Parmi les éléments mis en avant : l’organisation réussie des élections d’avril 2025, jugées transparentes, qui ont mis fin à la transition politique, et un retour progressif à la stabilité institutionnelle.
Le gouvernement affirme également avoir lancé un ensemble de réformes visant à restaurer la soutenabilité budgétaire. Il table notamment sur un retour à l’équilibre budgétaire, hors investissements, d’ici 2026, et espère renforcer ses liens avec les bailleurs internationaux. Ces efforts, selon les autorités, devraient permettre une amélioration de la notation à moyen terme.
Fitch reste prudente
De son côté, l’agence de notation reste prudente. Si elle reconnaît des progrès sur le plan politique et quelques efforts de gestion de la dette, elle estime que le pays reste exposé à de nombreuses vulnérabilités : forte dépendance aux revenus pétroliers, gouvernance budgétaire encore fragile, et accès restreint aux financements extérieurs.
Fitch anticipe un ralentissement de la croissance, qui devrait passer de 3,4 % en 2024 à 2,2 % en 2025, en raison de la baisse attendue des recettes pétrolières et de la réduction des dépenses publiques. L’agence insiste sur la nécessité d’attirer des investissements dans les infrastructures pour relancer la production minière et soutenir l’activité économique.
Elle pointe aussi l’accumulation des arriérés de paiement, estimés à 2,8 % du PIB en 2024, et prévoit qu’ils continueront à croître, bien que de manière plus modérée.
Possible tournant en 2026
Fitch identifie toutefois un levier majeur d’amélioration : la perspective d’un nouveau programme avec le Fonds monétaire international (FMI) en 2026. À ses yeux, les réformes engagées en matière de transparence fiscale et de gouvernance pourraient, à terme, restaurer la confiance des investisseurs.
Le gouvernement, de son côté, espère que les signaux envoyés seront bientôt mieux intégrés dans les analyses des agences de notation. Mais pour l’instant, la défiance des marchés reste vive, et la trajectoire de redressement financier du Gabon demeure incertaine, suspendue à la capacité du pays à concrétiser ses engagements.
Sandrine Gaingne