(Le Nouveau Gabon) - A la faveur de son discours à la nation, le 16 août 2018, le chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba a dressé un diagnostic bien alarmant du système éducatif gabonais. En des termes particulièrement acerbes, il a reconnu que la situation était plus que préoccupante et qu’elle nécessitait une thérapie d’urgence.
«Au Gabon, l’Education, je n’ai pas peur de le dire, est sinistrée. Dans ce domaine, nous allons de Charybdes en Scylla ou, si vous préférez, de mal en pis. Des exemples ? Aucune mention très bien, ni aucune mention bien au baccalauréat cette année. De manière générale, les résultats 2018 du baccalauréat sont à peine moins catastrophiques que ceux de 2017.», a-t-il souligné.
Face à cette sinistrose, il a proposé une révolution de ce secteur pour inverser cette désolante tendance. «Je dois me poser la question : devons-nous continuer ainsi ? Est-ce cette éducation nationale que nous voulons ? Naturellement non. Il faut révolutionner le système. Il en va de l’avenir de nos enfants. Il en va de notre avenir à tous, en tant que Nation.», a-t-il indiqué.
Selon lui, «nous devons réfléchir aux indispensables réformes structurelles, à mettre en place pour faire en sorte que les Gabonaises et les Gabonais soient bien formés et puissent intégrer le marché de l’emploi». Avant de préciser que «c’est d’autant plus nécessaire que la bonne formation de nos élèves contribue à l’attractivité des investissements extérieurs et donc, une condition de l’accélération de la création d’emploi dans notre pays. L’éducation du primaire au supérieur en passant par la formation professionnelle constitue une priorité vitale pour notre pays».
Poursuivant son réquisitoire, il a également remis en question, l’efficacité actuelle du système des bourses. «Des sommes considérables y ont été investies avec des résultats plus que médiocres au fil des années. Rendez-vous compte c’est plus de 600 milliards de FCFA qui ont été dépensé entre 2012 et 2018 pour 800 000 bourses distribuées et pour quels résultats ? Le Gabon est l’un des pays en Afrique qui dépense le plus pour ses étudiants boursiers sans que les résultats ne soient au rendez-vous.», a-t-il déploré.
Pour Ali Bongo Ondimba, se pose également le problème d’orientation. «70 % des bourses sont octroyées dans des filières littéraires ou dans les humanités alors que nous avons davantage besoin de former les jeunes Gabonais dans les filières techniques, professionnelles ou scientifiques pour renforcer l’adéquation entre l’offre de formation et les besoins sur le marché de l’emploi.», s’est-il indigné.
La situation, pour le chef de l’Etat, devraient donc interpeller tout le monde. Et en premier lieu, les enseignants «qui font plutôt, des revendications et des augmentations de leurs salaires, leurs priorités, au lieu de se soucier d’abord de l’avenir de nos enfants».
Pour soulager le grand malade : «Nous devons le réformer. J’en appelle ici comme ailleurs à une transformation en profondeur car tout doit être remis à plat. Des mesures fortes et immédiates seront prises !», a prescrit Ali Bongo Ondimba.
Dans ce cadre, le premier antidote a été prescrit. Il s’agit de la mise en place dans les tous prochains jours d’une task force sur l’éducation. Laquelle sera chargée de faire «des propositions fortes, concrètes et d’application immédiate. L’objectif visé étant de remettre le secteur de l’éducation à flot, du primaire au supérieur, créer un lien entre système éducatif et monde de l’entreprise et revaloriser les filières professionnelles et techniques».
Stéphane Billé