Alain Bâ Oumar : « l’Aganor doit se mettre au travail pour débloquer la compétence locale »

Gestion Publique
lundi, 07 décembre 2020 05:19
Alain Bâ Oumar : « l’Aganor doit se mettre au travail pour débloquer la compétence locale »

(Le Nouveau Gabon) - Alors que le Gabon se prépare activement à l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange africaine prévue pour janvier 2021, la Confédération patronale gabonaise (CPG), principale organisation patronale du Gabon, estime que le pays n’est pas assez prêt pour le contrôle des produits qui vont entrer sur son territoire. Dans cet entretien, son président par ailleurs PDG de IG Telecom SA invite l’Agence gabonaise de normalisation (Aganor) à se mettre aux normes.  

Comme partout ailleurs, les entreprises ont été impactées par la Covid-19 au Gabon. À combien évaluez-vous les pertes subies ?

Les pertes sont surtout évaluées en termes de pertes de compétitivité, d’efficacité et de productivité. Puisque nous avons dû réduire la voilure, mettre plusieurs employés en télétravail, et avons perdu beaucoup de notre capacité de production pendant de longs mois. Donc, c’est l’activité dans son ensemble qui a été ralentie. Et c’est la trésorerie de nos entreprises qui a été touchée. Car, si vous travaillez moins, vous gagnez beaucoup moins. Et les charges elles ne bougent pas beaucoup. Donc on sort petit à petit d’une période assez difficile qui peut être quantifiée en termes de baisse de régime.

La zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) va entrer en vigueur dès janvier 2021. Les entreprises sont-elles prêtes ?

La Zlecaf entrera en vigueur en janvier pour certains secteurs d’activité. Pour notre pays, ça veut dire qu’il va falloir se préparer à être compétitifs, pas seulement recevoir les marchandises qui viendront des autres pays, mais pouvoir exporter également. Et dans le bureau exécutif de la CPG qui s’est mis en place ce 4 décembre, vous noterez que la vice-présidence est assurée par le syndicat des industriels parce que nous pensons que le futur du Gabon c’est l’industrialisation, et non les importations. Et c’est en s’industrialisant qu’on pourra produire ce qu’on proposera à cette zone de libre-échange.

À partir de janvier 2021, le Gabon va étendre les contrôles de conformité aux normes à tous les produits qui entrent et sortent du territoire. Cela ne semble pas plaire à la CPG. Qu’est-ce qui pose problème ?

La norme n’est pas le réel problème que nous avons avec l’Agence gabonaise de normalisation (Aganor). Ce qui nous pose problème c’est que l’Aganor n’a pas de laboratoires localement. Son action repose sur des mandataires internationaux, qui font des contrôles et des analyses à l’étranger. Et lorsqu’on parle de la zone de libre-échange, comment allez-vous contrôler de la marchandise qui vient par exemple du Cameroun ou du Sénégal si vous n’avez pas de laboratoires au Gabon, si vous ne faites aucun effort pour vous doter de ces laboratoires ? Donc, il faut que l’Aganor cesse de vivre sur une sorte de rente basée sur des commissions qui viennent de ces mandataires et qu’elle se mette au travail pour débloquer la compétence locale. Ce qui leur permettra de faire de vraies analyses au lieu de se reposer sur des mandataires légaux qui encaissent de l’argent et créent de l’emploi à l’étranger. Nous voulons que les employés de l’Aganor puissent être valorisés à travers la mise en place de laboratoires locaux.

Ces compétences recherchées à l’étranger, l’Aganor peut les trouver chez son propre personnel. L’Aganor dispose d’un certain nombre d’employés, à notre avis, sous-utilisés, sousvalorisés et qui gagneraient à être dotés de compétences qu’ils n’ont pas aujourd’hui pour pouvoir effectuer ces contrôles en interne. Donc, le problème avec l’Aganor est plus à ce niveau et non dans la norme.

 Il y a un deuxième volet, c’est que les normes sont reprises des normes étrangères. S’agissant des masques par exemple, les normes qui ont été arrêtées viennent de l’Afnor (Association française de normalisation). Donc, quelle est la réelle valeur ajoutée à prendre une norme étrangère, la « gaboniser » et dire qu’on va désormais faire la police pour contrôler le respect de ces normes ? Pourquoi ne pas tout simplement reconnaitre cette norme qui vient de l’Union européenne, ou d’ailleurs et ajouter à ces normes importées, des normes spécifiquement gabonaises pour les produits locaux qui sont spécifiques à notre pays. Donc, on gaspille du temps et de l’argent à copier des normes qui viennent d’ailleurs pour les faire respecter ici. Par exemple, quel est l’intérêt de contrôler un iPhone au Gabon ? Pourra-t-on mieux le contrôler que les institutions normatives européennes ou américaines ? Non, je ne pense pas.

Entretien réalisé par Sandrine Gaingne

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