Le Gabon mise sur la diversification pour doper sa croissance hors pétrole

Economie
lundi, 20 octobre 2025 12:01
Le Gabon mise sur la diversification pour doper sa croissance hors pétrole

(Le Nouveau Gabon) - Après des décennies de dépendance à l’or noir, le Gabon veut écrire une nouvelle page de son histoire économique. Le pays table sur une croissance hors pétrole de 9,2 % en 2026, soit près du triple du rythme actuel. Une performance qui propulserait la croissance globale à 7,9 %, contre 3,4 % en 2024, selon les projections officielles.

Un pari audacieux pour une économie longtemps dopée par la rente pétrolière, mais désormais rattrapée par l’épuisement de ses champs matures. Certes, le secteur pétrolier a encore progressé de 3,1 % en 2024, soutenu par quelques investissements ciblés. Mais le déclin semble inéluctable : la production devrait reculer de 3 % en 2026. D’où l’urgence de trouver de nouveaux moteurs de croissance.

Les BTP tirent la reprise

Premier levier identifié : le bâtiment et les travaux publics (BTP). Dopé par les grands projets d’infrastructures, le secteur a déjà crû de 48 % en 2024 et pourrait bondir de plus de 78 % en 2026, selon les prévisions du gouvernement. Routes, écoles, universités, hôpitaux, logements, bâtiments administratifs… la carte du Gabon se redessine au rythme des bulldozers.

Parmi les projets phares, la Cité Émeraude symbolise cette volonté de modernisation urbaine. Le gouvernement mise aussi sur la rénovation du réseau ferroviaire pour fluidifier le transport du bois, du manganèse et des produits manufacturés. L’objectif : désenclaver les zones productives et attirer de nouveaux investisseurs.

Industrialiser et transformer sur place

Au-delà des infrastructures, Libreville veut accélérer la transformation locale de ses ressources. Dans l’énergie, le chantier le plus emblématique reste l’usine de gaz naturel liquéfié (GNL) de Port-Gentil, attendue en 2026. Un investissement colossal de 560 milliards FCFA, porté par Perenco et la Gabon Oil Company (GOC).

Les mines suivent la même logique. Les premiers sites de fer de Baniaka et d’or d’Etéké devraient entrer en exploitation, tandis que la transformation du manganèse monte en puissance. L’ambition est claire : capter davantage de valeur ajoutée et réduire la dépendance aux exportations brutes.

L’agriculture et la pêche ne sont pas en reste. Ces secteurs devraient progresser de 5,9 % en 2026, portés par la relance de la production d’huile de palme et par les programmes du Fonds stratégique agricole (FSA). Objectif : renforcer la sécurité alimentaire et dynamiser les exportations non pétrolières.

Stabilité macroéconomique fragile

Sur le plan macroéconomique, le Gabon maintient une relative stabilité. En 2024, l’inflation est restée contenue à 1,2 %, tandis que la dette publique s’est établie à 56,3 % du PIB, selon le Tableau de bord de l’Économie. Des indicateurs qui respectent les critères de convergence de la Cemac.

Mais le tableau n’est pas sans ombres. Les retards de paiement persistent, tout comme la lourdeur de la masse salariale publique, qui grève les marges budgétaires. Le gouvernement devra jongler entre les ambitions d’investissement et la rigueur des finances publiques.

Selon la Direction générale de l’économie et de la politique fiscale (DGEFP), la croissance attendue en 2026 pourrait générer de nouveaux emplois, réduire la pauvreté et amorcer un développement plus inclusif. Une trajectoire que les autorités présentent comme un tournant décisif vers un modèle économique plus résilient, moins dépendant des aléas du baril.

Reste à savoir si la diversification, longtemps proclamée mais rarement concrétisée, trouvera enfin son rythme de croisière. Car pour transformer l’essai, le Gabon devra non seulement investir, mais aussi améliorer sa gouvernance économique et renforcer la confiance du secteur privé.

SG

 
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