Le gouvernement gabonais n’envisage pas de Programme d’ajustement structurel avec le FMI

Economie
mardi, 15 novembre 2016 15:13
Le gouvernement gabonais n’envisage pas de Programme d’ajustement structurel avec le FMI

(Le Nouveau Gabon) - C’est du moins l’un des principaux messages que le ministre de l’Economie, de la Prospective et de la Programmation du développement, Régis Immongault Tatagani (photo), a tenu à véhiculer, compte tenu d’un certain nombre de dires relayés par certaines sources, au cours d’un entretien récemment accordé à Directsinfosgabon.

Au cours de cet échange, le ministre de l’Economie est particulièrement revenu sur la persistante rumeur véhiculée, faisant état d’une éventuelle signature d’un Programme d’ajustement structurel (PAS) du Gabon avec le FMI. Au contraire, tout en réitérant l’excellence des rapports entre le Gabon et l’institution de Bretons Wood, Régis Immongault Tatagani a indiqué que cette option n’est pour l’instant pas à l’ordre du jour. De façon précise : « Nous n’avons aucune raison de nous passer de l’expertise du FMI, mais en ce qui concerne l’idée d’un Programme d’ajustement structurel, pour l’instant ce n’est pas envisageable pour le gouvernement.», a-t-il indiqué.

Rappel historique

En décembre 1985, la baisse conjuguée du prix du baril de pétrole et du taux de change du dollar appelée avait déjà plongé le Gabon, dans l'une des plus graves crises de son histoire, explique le Pr Zomo Yebe Gabriel, dans son essai intitulé : ‘’Comprendre la crise de l'économie gabonaise’’.

En effet, le non-respect des quotas de production de certains pays de l'OPEP en guerre (Irak, Iran) ou endettés (Nigéria...), et la lutte pour le maintien des parts de marché entre l'OPEP et les autres producteurs de pétrole ont entraîné, dès la fin de l'année 1985, la chute du prix du brut sur le marché international.

De 26 dollars le baril en janvier 1986, le prix du brut gabonais est descendu à 12 dollars et même à 9 dollars le baril, au mois d’août. Quant aux taux de change du dollar, après avoir connu une longue période de surévaluation de 1981 à 1985, il se réorienta à la baisse sous le triple effet du ralentissement économique aux USA, de la baisse des taux d'intérêt et des interventions des banques centrales des cinq pays les plus industrialisés. De 449,5 FCF A en 1985, il ne vaudra plus que 346 FCFA en moyenne en 1986, 300,5 FCFA en 1987.

Cette double baisse du prix du baril de pétrole et du taux de change du dollar s'est fait ressentir différemment dans les économies pétrolières à l’instar du Gabon, compte tenu des différences de capacité de production et de sa structure économique.

S’agissant particulièrement du Gabon, les premiers effets de cette double baisse ont été ressenties en 1986 avec notamment, une chute des recettes pétrolières de 720 milliards en 1984 contre 240 milliards en 1986. Les recettes budgétaires se sont réduites à leur tour de 630 milliards en 1986 à 267 en 1987. Le pays a également connu une forte détérioration de la balance des paiements avec un solde courant de 47,65 milliards de FCF A, et un accroissement alarmant du niveau de la dette publique et de son service.

L'ampleur prise par la crise au fil des mois de l'année 1986 a finalement contraint les autorités gabonaises à solliciter l'aide du FMI. Le 23 décembre, l’institution de Brettons Woods leur ouvre un crédit stand-by de 98,7 millions de Droits de tirages spéciaux (DTS), contre l'acceptation d'un Programme d'ajustement structurel (PAS), élaboré en collaboration avec la Banque mondiale.

Le PAS impose alors au pays d’accepter ses draconiennes initiatives de stabilisation et d’ajustements structurels devant lui permettre de rééquilibrer ses comptes intérieurs et de renouer avec une croissance plus saine et durable. Malheureusement, ces deux programmes ont connu des résultats bien mitigés.

Deux ans plus tard, en décembre 1988, le Gabon décide de suspendre les négociations avec le FMI jugeant certaines mesures du deuxième programme de redressement difficiles à mettre en œuvre en raison de leurs effets socio-politiques néfastes, non sans relancer les controverses sur la nécessité et les fondements des conditionnalités du FMI et de la Banque mondiale.

Synclair Owona   

 
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