(Le Nouveau Gabon) - Alors qu'on attend toujours le communiqué final qui sanctionne la quatrième réunion du comité de pilotage du programme des réformes économiques et financières de la CEMAC (PREF-CEMAC) qui s'est déroulée à Douala le 2 février 2018 dernier, l'Agence Ecofin a pu obtenir quelques éléments de propositions effectuées par le groupe de travail.
Pour le futur marché financier unique de la sous-région, le groupe de travail a proposé 8 mesures dont l'objectif sera de générer de la liquidité pour les investisseurs.
Ces mesures, pour être appliquées, nécessiteraient une volonté politique forte de la part des Etats membres de la CEMAC. Ils sont en effet invités à favoriser les arrivées en bourses des sociétés partiellement ou totalement contrôlées par des capitaux publics.
Il a été suggéré de mener des privatisations à travers des offres publiques initiales et de réaliser des ouvertures de capital pour des entreprises dont l’actionnariat est partagé entre le public et le privé, généralement étranger. L'application d'une telle résolution se traduirait par l'arrivée en bourse de dizaines d'entreprises, qui constituent une part importante des économies de la CEMAC.
Une autre des propositions suggère de prendre des mesures qui contraindraient des sociétés comme les banques et les assurances, qui collectent déjà de l'épargne publique, à ouvrir leur capital en bourse. Il est aussi question de fixer un seuil de capital à partir duquel les entreprises seront obligées de se lister sur le marché financier.
Le groupe de travail a aussi suggéré, que les multinationales opérant dans la sous-région soient poussées à mobiliser leurs financements sur le marché régional et que les opérateurs miniers et téléphoniques ayant nouvellement reçu leurs licences, ouvrent 10% de leurs capitaux par offre publique sur le marché financier.
L’avant dernière proposition invite les Etats à mobiliser plus de ressources financières à travers des emprunts obligataires effectués sur le marché des capitaux de la CEMAC.
Enfin, le dernier point concerne la mise en place d’un fonds de financement des introductions boursières. Il aidera à soutenir l’acquisition, par des investisseurs locaux, des actions qui auront été émises par les sociétés.
Le résultat des arbitrages effectués par les ministres de l'économie et des finances de la CEMAC, à qui ces propositions ont été faites, n’est pas connu. Mais nos sources se montrent assez dubitatives sur les possibles issues. « Les bourses sont des sociétés privées et l'idée que la construction d'un marché financier participe d'une démarche politique risque de ne pas rassurer totalement les investisseurs », nous a confié l'un de ceux ayant participé aux travaux.
De plus, ouvrir le capital des sociétés à capitaux publics sur le marché financier, implique la mise en place d’une gouvernance et d’une communication financière aux standards internationaux. Ce qui n’est sans doute pas à la portée immédiate de nombreuses entreprises publiques ou semi-publiques de la région CEMAC. C’est pourquoi, les gouvernements de nos pays préfèrent souvent négocier des privatisations avec des institutionnels étrangers.
Par ailleurs, le comité de pilotage du PREF-CEMAC n'a pas donné des détails sur la manière dont pourrait se mettre en place un fonds de soutien au financement des introductions en bourse. Les points d'ombre concernent les apports et la gestion de ce fonds, alors que plusieurs pays membres ont déjà du mal à se tenir à jour de leurs cotisations.
Les discussions sur la création d'un marché financier unique en Afrique centrale sont sans doute loin d’être achevées. Avant d'en arriver à ces aspects dynamiques, il faut déjà s'accorder sur la méthode de rapprochement. Cela implique un ensemble d'évaluations économiques, aussi bien des sociétés de marché, que des entreprises potentiellement émettrices.
Idriss Linge