A fin septembre 2023, le mobile money a continué sa croissance au Gabon avec une hausse de 15,61% de l’indice du chiffre d’affaires en glissement annuel, selon les données du ministère de l’Economie. « L’efficacité de ses services, aussi bien au niveau national qu’international, et la multitude de conventions et des partenariats entre maisons de téléphonie mobile et institutions à caractère financier expliquent cette amélioration », justifie le ministère de l’Economie, sans plus d’informations sur le montant du chiffre d’affaires enregistré dans le secteur au cours des deux périodes.
S’agissant des conventions avec les institutions financières, l’on peut par exemple citer le cas du partenariat qui lie ces opérateurs de la téléphonie mobile au Groupement interbancaire et monétique de l’Afrique centrale (Gimac), spécialisé dans l’interopérabilité et l’interbancarité des systèmes de paiements dans la zone Cemac. En effet, ce partenariat permet aux abonnés d’Airtel et Moov money, de transférer de l’argent par mobile money dans la zone Cemac (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Équatoriale et Tchad). « La plateforme Gimacpay présente pour les abonnés du mobile money des perspectives très favorables, en termes de réception de fonds aussi bien au niveau national qu’international par le biais de nouveaux partenaires tels que Western Union et Money Gram », explique le ministère de l’Economie.
Cette croissance du chiffre d’affaires a également été favorisée par l’embellie enregistrée dans les transactions chez les opérateurs du mobile money qui connaissent une forte hausse de + 38,7% au terme du troisième trimestre 2023 en glissement annuel. Un accroissement des transactions qui est la conséquence de la hausse du nombre d’abonnés mobiles money, principalement le nombre des comptes actifs. Selon le ministère de l’Economie, à la fin du troisième trimestre de l’année, on recense 3 370 655 comptes contre 3 342 731 au trimestre précédent, soit une hausse de 1%. Les comptes actifs sont quant à eux en progression de 13% en glissement annuel « Actuellement, les utilisateurs du mobile money se sont appropriés les applications et les mécanismes du système mobile money, surtout pour les populations non bancarisées qui trouvent une solution sure, accessible, pratique et rapide dans leurs transactions financières, à des coûts moins élevés que ceux des services financiers traditionnels », explique le ministère de l’Economie.
Ces bonnes performances dans le secteur du mobile money au Gabon traduisent l’essor de la finance mobile qui se positionne désormais comme une alternative au secteur bancaire traditionnel.
SG
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Au cours du troisième trimestre 2023, l’activité dans le transport ferroviaire au Gabon a enregistré une embellie par rapport aux trimestres précédents. Selon les données du ministère de l’Economie, le transport porté par le rail a bondi de 28,5% au cours de cette période, brisant ainsi un cycle de trois trimestres consécutifs d’atonie.
« Cette progression découle des performances remarquables des opérateurs miniers, malgré le fort repli du segment bois. Il est à noter que l’activité s’est déroulée sans incident majeur. Cette tendance s’est poursuivie au cumul des 9 premiers mois avec une consolidation de 15%, toujours en lien avec le rebond des évacuations des produits miniers (manganèse, notamment) », explique le ministère de l’Economie.
Une performance corrélée également à la reprise du trafic sur l’unique ligne ferroviaire du pays au mois de février 2023. Ce, après avoir été suspendu pendant plusieurs semaines en raison du glissement de terrain entre les gares d’Offoué et de Booué le 24 décembre 2022.
Au cours des prochaines années, le Gabon veut davantage améliorer les performances du transport ferroviaire et tripler d’ici 2029 les capacités du transport des marchandises. Le faisant passer de plus 10 millions de tonnes par an actuellement à 29 millions de tonnes d’ici 2029. Un objectif qui reste tout de même difficile à atteindre dans la mesure où le Transgabonais, unique ligne ferroviaire du Gabon a aujourd’hui atteint sa limite face à une demande sans cesse croissante. Et même le programme de remise à niveau en cours ne permettra pas à cette voie de satisfaire la demande des opérateurs économiques en transport de fret au cours des années à venir.
Face à cette situation, le Gabon pense déjà, non seulement à l’augmentation de la capacité de cette ligne, mais aussi, à la construction d’une nouvelle voie. « Avec la voie unique, aujourd’hui, la capacité maximale est de 29 millions de tonnes. Donc au-delà de 29 millions de tonnes, il va falloir travailler sur le dédoublement de la voie pour pouvoir absorber les pics de volume, notamment les 40, 60 millions de tonnes qui ont été exprimées par les différents clients », expliquait dans un entretien au mois de mai dernier avec Le nouveau Gabon, Christian Magni, directeur général de la Société d’exploitation du Transgabonais (Setrag), concessionnaire du Transgabonais.
SG
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Selon le classement 2023 sur la qualité de vie dans le monde publié le 11 décembre par le cabinet américain de conseil Mercer, Libreville, la capitale du Gabon est la ville qui offre la meilleure qualité de vie aux expatriés dans la zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Équatoriale, République Centrafricaine et Tchad). La principale ville gabonaise occupe la 14e place africaine sur les 47 villes du continent classées et la 177e place sur un total de 241 villes étudiées dans ce classement.
Libreville se positionne donc devant les grandes métropoles comme Yaoundé (207e) et Douala (210e) au Cameroun, Brazzaville au Congo (232e). N’djamena au Tchad (236e), et Bangui en République centrafricaine (239e) ferment ce classement dans la Cemac. Aucune ville de la Guinée équatoriale ne figurant dans ce classement de Mercer.
A l’échelle africaine, la ville de Port-Louis à Maurice est considérée comme la plus agréable où s’expatrier en Afrique devant Victoria aux Seychelles et le Cap en Afrique du Sud. La dernière marche du classement étant occupée par N’Djamena au Tchad, Bangui en Centrafrique et Khartoum au Soudan.
Et au niveau mondial, Vienne (Autriche), Zurich (Suisse), Auckland (Nouvelle-Zélande), Copenhague (Danemark) et Genève (Suisse) se positionnent comme les villes offrant la meilleure qualité de vie aux expatriés.
Le classement Quality of Living Ranking de Mercer se base sur une quarantaine de critères répartis dans 10 catégories différentes. A savoir, l'environnement politique et social, l'environnement économique, l'environnement socioculturel, les considérations médicales et sanitaires, les écoles et l'éducation, les services publics et le transport, l'infrastructure urbaine et les loisirs, les biens de consommation, les logements et, enfin, l'environnement. Des indicateurs sur lesquels s’appuient généralement les étrangers pour s’expatrier dans un pays.
SG
Classement des villes africaines où il fait bon vivre en 2023 :
1-Port-Louis/Maurice (88è)
2-Victoria/Seychelles (98è)
3-Le Cap/Afrique du Sud (102è)
4-Johannesburg /Afrique du Sud (105è)
5-Durban/Afrique du Sud (110è)
6-Rabat/Maroc (127è)
7-Tunis/Tunisie (131è)
8-Casablanca/Maroc (136è)
9-Windhoek/Namibie (139è)
10-Gaborone/Botswana (146è)
11-Lusaka/Zambie (160è)
12-Dakar/Sénégal (175è)
13-Accra/Ghana (176è)
14-Libreville/Gabon (177è)
15- Banjul/Gambie (181è)
16-Kampala/Ouganda (184è )
17-Le Caire/Egypte (185è)
18-Blantyre/Malawi (186è)
19-Nairobi/Kenya (189è)
20-Alger/Algérie (189è)
21-Maputo/Mozambique (191è)
22-Cotounou/Bénin (194è)
23-Kigali/Rwanda (195è)
24-Djibouti/ Djibouti (198è)
25-Lomé/Togo (203è)
26-Dar Es Salaam/Tanzanie (204è)
27-Luanda/Angola (205è)
28-Yaoundé/Cameroun (207è)
29-Douala/Cameroun (210è)
30-Abidjan/Côte d’Ivoire (213è)
31-Harare/Zimbabwe (218è)
32-Lagos/Nigeria (218è)
33- Antananarivo/Madagascar (220è)
34-Abuja/Nigeria (221è)
35-Bujumbura/Burundi (224è)
36-Addis-Abeba/Ethiopie (225è)
37-Nouakchott/Mauritanie (227è)
38-Bamako/Mali (228è)
39-Conakry/Guinée (229è)
40-Kinshasa/RD Congo (230è)
41-Niamey/Niger (231è)
42-Brazzaville/République du Congo (232è)
43-Tripoli/Libye (233è)
44-Ouagadougou/Burkina Faso (233è)
45-N’djamena/Tchad (236è)
46-Bangui/Centrafrique (239è)
47-Khartoum/Soudan (241è)
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Selon les données du ministère de l’Economie, l’activité des industries du bois au Gabon à l'issue du troisième trimestre 2023 a baissé de 17% en glissement trimestriel. Une situation qui « résulte globalement de la baisse des carnets de commandes, notamment celles provenant de l’Asie », où les constructions ont accusé un net recul, indique le ministère de l’Economie sans plus de précisions sur les quantités produites et exportées. A noter que l’Asie se positionne comme la principale destination du bois gabonais, apprend-on.
Cette baisse d’activité a également été provoquée par les difficultés d’évacuation liées à l’état du réseau routier et le niveau élevé des prix des carburants servis aux industriels. Des difficultés qui ont par la même occasion eu un impact sur l’approvisionnement des usines, ainsi que sur la production de bois. Par conséquent, à la fin du troisième trimestre 2023, l’indice de production du sciage a baissé de 13%, tandis que le placage a chuté de 22%, et le contreplaqué a cédé 8% de son activité par rapport au second trimestre 2023.
Cette baisse d’activité est enregistrée dans un contexte où le Gabon mise sur sa filière bois pour la diversification de son économie. Et les différentes mesures prises ces dernières années par les autorités du pays ont permis au bois de devenir le second produit d’exportation gabonais derrière le pétrole et devant le manganèse. Le pays est par ailleurs devenu le 2ème producteur africain de bois scié (10ème au monde) et le 1er pour les placages (2ème mondial).
A noter que selon des données contenues dans un récent rapport de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), le Gabon transforme jusqu’à 69% de son bois, dont seulement 31 % de la production est expédiée vers le marché international. Cela en fait le leader de ce segment dans l’espace CEMAC, devant le Cameroun qui transforme quant à lui 36% de sa production pour 64% d’exportations.
SG
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Les frais de visas pour la Chine ont été réduits pour les voyageurs de nombreux pays dont le Gabon, a annoncé l’ambassade de Chine dans un communiqué signé le 8 décembre 2023. Entrés en vigueur ce 11 décembre 2023 pour une durée d’un an (jusqu’au 31 décembre 2024), ces nouveaux tarifs sont fixés à 24 000FCFA pour le visa d’une entrée valable 3 mois, contre 32 000FCFA appliqués depuis 2013. Le visa de deux entrées valable 3 mois ou 6 mois passe de 49 000FCFA à 37 000FCFA, la multiple entrée valable 6 mois passe de 64 000FCFA à 48 000FCFA et enfin, le visa multiple entrées valable un an passe de 96 000FCFA à 72 000FCFA. Ce qui représente une réduction de 25%.
Cette mesure d’après l’ambassade de Chine est prise de manière provisoire dans le but de « promouvoir la circulation des personnes entre la Chine et les pays étrangers ». L’objectif pour la Chine étant d’attirer davantage de voyageurs et stimuler par la même occasion son économie, apprend-on.
La mission diplomatique chinoise au Gabon précise cependant que « les demandes de visa chinois acceptées avant le 11 décembre seront facturées aux tarifs normaux ».
A noter que la Chine accueille chaque année de nombreux voyageurs venant du Gabon parmi lesquels des étudiants boursiers gabonais. Ce qui contribue à renforcer les liens entre les deux pays qui partagent des liens diplomatiques depuis 1974 avec une coopération dynamique en matière politique, économique et sociale. Sur le plan économique, la Chine est le premier partenaire commercial du Gabon, selon le ministère gabonais des Affaires étrangères. D’après des données officielles, le volume des échanges commerciaux entre la Chine et le Gabon a atteint 4,55 milliards de dollars US (2739,8 milliards de FCFA) en 2022, en hausse de 50,8% en glissement annuel.
SG
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Le Gabon inaugure ce 08 décembre 2023, l’usine de production de GPL (gaz de pétrole liquéfié ou gaz butane) de Batanga, situé à 70 kilomètres au sud de Port-Gentil, dans la province de l’Ogooué-Maritime. Cette étape marque le lancement officiel de la production de cette usine construite par la société pétrolière Perenco, et dont les travaux ont démarré en 2022.
Avec une capacité prévisionnelle de 15 000 tonnes de gaz butane par an (environ 35 % de la consommation nationale), cette usine d’après les autorités gabonaises, va permettre d'accroître la production de ce produit au Gabon et réduire par la même occasion, les importations du pays. Notamment, « réduire d’1/3 les importations de GPL pour l’Etat gabonais. Et c’est une usine qui va permettre d’impacter directement les familles gabonaises », a affirmé François Perrodo, président du groupe Perenco au cours d’une audience le 7 décembre 2023 avec le président de la Transition Brice Clotaire Oligui Nguéma.
Avec cette usine de production du gaz butane, le Gabon ambitionne d’être autosuffisant en gaz domestique, mais aussi exportateur de ce produit à l'horizon 2026. Pour l’instant, le Gabon ne produit que 20 % de sa consommation nationale, et importe une quantité importante pour combler le déficit, malgré son potentiel gazier. Selon la direction générale du trésor français, le Gabon détient des réserves prouvées de gaz naturel à hauteur de 28,3 milliards de mètres cubes, essentiellement sous forme de gaz associé. Ces ressources en gaz sont actuellement exploitées par la compagnie française Perenco à partir de deux gisements que sont Ganga et Ozangue.
SG
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Pour l’année 2024, le gouvernement gabonais propose un budget équilibré en recettes et en dépenses à 4162 milliards FCFA, a-t-on appris dans le communiqué qui a sanctionné le conseil des ministres du 6 décembre 2023. Cette enveloppe est en augmentation de 559,7 milliards FCFA (+15,5%) en comparaison avec les 3 602,3 milliards de FCFA de l’année 2023.
Pour réaliser ce budget, le gouvernement compte mobiliser des recettes à 2 729,7 milliards FCFA contre 2 345,2 milliards FCFA arrêtées dans la loi de finances 2023, soit une hausse de 384,5 milliards FCFA, dont 233,4 milliards FCFA attribués aux recettes fiscales.
Quant aux ressources de trésorerie et de financement, elles se chiffreraient à 1327,1 milliards FCFA contre 1152,9 milliards FCFA arrêtées dans la loi de finances 2023, soit un accroissement de 174,2 milliards FCFA, imputable au recours à l’émission de titres publics pour un montant total de 1048,1 milliards FCFA, indique le gouvernement.
Les dépenses budgétaires, nettes des prélèvements au profit des tiers (105,2 milliards FCFA), se chiffreraient pour leur part à 2 568,8 milliards FCFA. Elles sont en hausse de 444,3 milliards FCFA par rapport au budget 2023. Elles comprennent les dépenses du budget général évaluées à 2 331,2 milliards FCFA et celles des comptes spéciaux arrêtés à 237,7 milliards FCFA, apprend-on.
Les charges de financement et de trésorerie, en hausse de 8,3%, se chiffreraient à 1 487,9 milliards FCFA contre 1 373,6 milliards FCFA dans la loi de finances 2023. L’essentiel de ces charges est consacré à l’amortissement de la dette, soit 1464,1 milliards FCFA, dont 836,5 milliards FCFA pour la dette extérieure.
Ce projet de loi sera déposé à l’Assemblée nationale pour adoption avant sa promulgation par le chef de l’État.
Sandrine Gaingne
L’activité de la caféiculture a enregistré en 2022 au Gabon des résultats négatifs, avec des volumes qui demeurent dérisoires selon les données du ministère de l’Economie contenues dans le dernier tableau de bord de l’Economie. En effet, les achats de café auprès des planteurs au cours de la période sous revue ont chuté de 36% à 16 tonnes contre 25 tonnes lors de la campagne précédente.
Ce recul d’après le ministère de l’Economie, « reste corrélé à la baisse de la subvention, destinée à accompagner l’activité par l’achat de café, l’encadrement des planteurs et le développement des plantations de la Caistab (Caisse de stabilisation et de péréquation) ». Par ailleurs, sur le plan commercial, 6 tonnes de café ont été vendues localement pour un chiffre d’affaires de 6,3 millions de FCFA.
Cette baisse d’activité est enregistrée dans un contexte où le Gabon travaille pour la relance de cette filière. Dans cette veine, le Vietnam a signé avec le Gabon en 2021, une lettre d’intention qui matérialisait le début d’une coopération technique, scientifique et commerciale pour relancer la filière café dans le pays. Les anciennes autorités gabonaises espéraient à travers ce partenariat avec ce pays d’Asie, qui est présenté comme le deuxième producteur de café dans le monde, atteindre l’objectif de produire 3 000 tonnes de café en cinq ans. Car, selon les données officielles, le Gabon en a produit 53 tonnes en 2020 contre 109 tonnes en 2019.
L’atteinte de cet objectif devait permettre au Gabon de réintégrer le top 20 des pays producteurs de café en Afrique, dominé par l’Ethiopie, l’Ouganda et la Côte d’Ivoire. Mais, avec la baisse d’activité enregistrée en 2022, cet objectif est encore loin d’être atteint.
Pourtant, la filière cacao contrairement au café semble mieux se porter avec des ventes locales de ce produit qui ont progressé de 71,3% l’année dernière. Même si là encore, l’objectif d’atteindre une production de 3 000 tonnes à l’horizon 2025 est encore loin.
SG
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A l’invitation du président Paul Biya, le président de la transition du Gabon effectue une visite officielle de 24 heures ce 6 décembre au Cameroun. C’est la première visite au Cameroun du général de brigade Oligui Nguema, l’homme fort du Gabon depuis qu’il a renversé le président Ali Bongo Ondimba en août dernier. Une rencontre au sommet est prévue entre les deux chefs d’Etat au palais de l’Unité dans l’après-midi, précisément à partir de 15 heures.
Contexte
Fidèle aux valeurs irréversibles de démocratie, de paix et de stabilité, le Cameroun a fermement condamné la dévolution anticonstitutionnelle du pouvoir politique survenue à Libreville, le 30 août 2023. « Tout en respectant sa position maintes fois affirmée de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres Etats, le Cameroun s’est aligné sur les positions des instances internationales et sous régionales, en particulier, celles de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEEAC, dans le cadre du Conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale (Copax), qui a désigné le président de la République Centrafricaine, S. E. Faustin-Archange Touadéra, par ailleurs président en exercice de la Cemac, comme Facilitateur du processus politique au Gabon. Le Cameroun est disposé à accompagner le Gabon, pays frère et ami, dans la reconstitution d’un Etat respectueux des règles démocratiques », précise la présidence camerounaise dans le dossier de presse de cette visite.
Pour plusieurs analystes, le général Brice Clotaire Oligui Nguema est en quête de soutien et de reconnaissance de la part du doyen des chefs d’Etat de l’Afrique centrale. De l'avis de Franck Ebogo, géostratège et enseignant à l’Université de Yaoundé II, le premier enjeu de cette visite est le « renforcement des liens bilatéraux entre le Cameroun et le Gabon ». D’après cet universitaire, « le Cameroun est le pays le plus important de la sous-région pour le Gabon. C’est le premier partenaire dans les échanges commerciaux ». Il rappelle qu’avant le général Oligui Nguema, les présidents gabonais ont été régulièrement reçus par le président Paul Biya.
En 2009, en effet, après son élection, le président déchu Ali Bongo Ondimba était venu en visite à Yaoundé. C’était l’un de ses premiers déplacements à l’étranger.
Soutien
L’autre raison de la visite du président de la transition du Gabon, c’est la quête du soutien Cameroun au sein des organisations sous régionales. « Le deuxième enjeu de cette visite c’est que le Gabon veut retrouver les institutions communautaires dont il a été exclu après le coup d’Etat », analyse le Pr Frank Ebogo. Selon l’expert, le général de brigade vient requérir le soutien du Cameroun pour que les sanctions imposées par la Communauté des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) et par la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) soient levées.
Un dernier enjeu, et pas des moindres, « cette visite vise surtout à rassurer le président camerounais sur les intentions du général Oligui Nguema ». Fait rare, après le coup de force de ce dernier, le gouvernement l’a condamné estimant qu’il « viole les principes fondamentaux et les valeurs de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale et de l'Union africaine ». Les autorités camerounaises ont appelé à veiller à l'intégrité physique du président gabonais Ali Bongo Ondimba et des membres de sa famille, au rétablissement rapide de l'ordre constitutionnel, et à la préservation de la paix et de la stabilité. Il s’agira pour le général de rassurer le président Biya.
L’onction de Paul Biya
En tout état de cause, le nouvel homme fort du Gabon est à Yaoundé pour demander « l’onction » de Paul Biya « son nouveau père spirituel », analyse le Dr Fabilou de l’Université de Ngaoundéré. L’enseignant-chercheur en sciences politique développe que « Oligui Nguema a été le fils spirituel du feu Omar Bongo Ondimba, puis a servi sous son fils Ali Bongo Ondimba, qui était le fils spirituel de Paul Biya. Il est donc question pour Oligui Nguema de recevoir la bénédiction de son nouveau père spirituel Paul Biya ». Pour ce politiste, la dimension socio ethnique ne doit pas être négligée dans cette visite, car ajoute-t-il, « nous sommes chez des Bantous ».
Cet universitaire souscrit également à la quête de légitimité qui accompagne cette visite. Selon lui, « le général Oligui Nguema essaye d’asseoir sa légitimité au sein de la Cemac. Le Cameroun étant la locomotive de la sous-région, le président gabonais est d’abord allé rendre visite aux autres dirigeants de la Cemac, a recueilli leurs opinions qu’il apporte aujourd’hui au doyen des chefs d’Etat de la zone ».
Defis sécuritaires
Pour le Cameroun, Dr Fabilou pense que le président Paul Biya pourrait demander des garanties de sécurité au général Oligui Nguema pour les Camerounais qui se trouvent au Gabon. « Le Cameroun n’a pas plus grand intérêt au Gabon que la sécurité de ses citoyens qui sont très souvent malmenés dans ce pays, et dans d’autres de la sous-région. Le président Paul Biya pourrait aussi insister sur la sécurité à la frontière », fait savoir Dr Fabilou. Parmi les menaces et atteintes à la sécurité à la frontière commune on peut citer le braconnage et le trafic des espèces protégées ; le trafic d’armes à feu et de munitions ; l’immigration clandestine communautaire et non communautaire ; l’exploitation illicite des ressources minières, fauniques, floristiques et halieutiques…
Démarcation frontalière
Le problème de la démarcation définitive de la frontière terrestre entre le Cameroun et le Gabon reste pendant. « Lors des travaux de la Commission ad hoc des frontières, tenus en 2021, les deux pays ont réaffirmé leur volonté commune de résoudre pacifiquement la question. Ils ont souligné l’importance de maintenir des relations de bon voisinage et de coopération, et ont convenu de poursuivre les discussions et échanges techniques sur la délimitation des frontières », rappelle la présidence camerounaise dans le dossier de presse.
Ludovic Amara
Selon le tableau de bord de l’Économie (TBE) d’octobre 2023, publié par le ministère de l’Économie, la croissance du produit intérieur brut (PIB) du Gabon atteindrait 3,1% en 2024 contre une prévision de 2,7% en 2023. Cette croissance d’après la même source devrait essentiellement être tirée par l’agriculture, le bois, les mines, les transports et les services côté offre, ainsi que la consommation et les investissements côté demande.
De manière détaillée, l’agriculture de rente devrait croitre de 5,3% en 2024 en lien avec les bons rendements des plantations d’huile de palme de Mouila et d’Awala et l’entrée en production de nouvelles plantations. D’après le TBE, l’exploitation forestière quant à elle devrait connaitre une croissance de 7,1% en 2024 consécutivement à la fermeté de la demande des industries locales et à l’exploitation de nouvelles surfaces forestières. En outre, le dynamisme de l’industrie minière serait porté par le manganèse dont l’accélération de l’exploitation (+5,6% en 2024 selon les prévisions) devrait reposer sur la montée en puissance des nouveaux gisements d’Okouma et d’Okondja et l’entrée en production du gisement de Mounana. L’embellie attendue dans les secteurs bois et mine devrait influencer le transport qui suivra également une tendance haussière.
Ces prévisions de croissance sont bien plus optimistes que celles du Fonds monétaire international (FMI) qui, pour l’année 2024, table sur une croissance de 2,6% pour le Gabon. Il faut noter que ces projections sont faites dans un contexte marqué par un affaiblissement de la croissance économique mondiale qui devrait afficher un taux de 2,8% cette année contre 3,4% en 2022, selon le FMI. Cette croissance sera essentiellement portée par les pays émergents et en développement, en particulier la Chine et l’Inde qui afficheront respectivement une croissance de 5,2% et 5,9% en 2023.
Sandrine Gaingne
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