(Le Nouveau Gabon) - La préoccupante situation financière de la Banque de l’Habitat du Gabon, placée sous administration provisoire par la COBAC, de la PostBank et de la Banque gabonaise de développement, trois des quatre banques publiques gabonaises, renvoie à une image peu reluisante et cause d’importants désagréments aux épargnants qui ont fait confiance à ces institutions. Pire, elle prive l’économie nationale et surtout les petits porteurs de projets, de crédits à long termes indispensables pour soutenir les entrepreneurs et les PME gabonaises, ainsi que les ménages de réaliser leurs ambitions.
Après avoir diagnostiquer les causes ayant conduit à cette situation qui se trouvent dans la plupart des cas, dans la mauvaise gestion des managers placés à la tête de ces banques publiques, ainsi que le déficit de contrôle et de suivi de leurs stratégies et gestion par leurs Conseils d’administration, les autorités gabonaises doivent maintenant mobiliser les ressources à long termes, indispensables au financement du développement endogène du pays afin de rebâtir un dispositif public de financement de l’économie plus efficace et plus résilient.
A propos de ces trois banques en situation de déliquescence financière, des stratégies sont actuellement menées pour une sortie de crise. A cet effet, une réforme globale du dispositif public de financement de l’économie est prévue. Cette option envisageable serait, après un audit de leur bilan, de céder l’ensemble des actifs sains des trois banques publiques en difficulté à la Caisse des dépôts et consignation, qui deviendrait de facto la principale et quasi exclusive banque publique gabonaise.
Les actifs douteux et le passif des banques en difficulté seront quant à eux placés dans une structure de défaisance, qui se chargerait de rétablir progressivement la situation. C’est ce principe qui a été retenu dans la plupart des opérations de restructuration bancaire après la crise de 2008 dans de nombreux pays.
Une attention particulière devrait être accordée au mécanisme de financement de l’habitat pour lever les contraintes d’accès des ménages au crédit immobilier, les prêts hypothécaires étant quasiment inexistants aujourd’hui. Une situation qui constitue un frein au dynamisme de la construction, qui prive les citoyens des moyens de se bâtir un logement décent, affaiblit la croissance économique et ralentit la création d’emplois dans le BTP.
Dans ce cadre, le gouvernement envisage également la réforme du Fonds national de l’habitat du Gabon, le renforcement des moyens du Compte de refinancement de l’habitat, la mobilisation d’une épargne de long terme des salariés du secteur privé et du secteur public, et enfin la mobilisation effective des banques commerciales présentes au Gabon pour développer les crédits hypothécaires, les leviers majeurs qui permettront d’investir au moins 50 milliards de FCFA par an, distribués sous formes de prêts hypothécaires de longue durée aux ménages de la classe moyenne.
En outre, l’État engagera un dialogue avec les syndicats de la fonction publique, notamment ceux de l’éducation et la santé, pour leur proposer de cotiser au Fonds national de l’habitat et, en retour, de bénéficier de facilités d’accès à des crédits immobiliers, afin que les enseignants et le personnel de santé puissent acquérir des parcelles viabilisées, et développer des projets personnels pour construire leur propre logement.
Synclair Owona