Le Nouveau Gabon

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La Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Ceeac) a désigné le 31 août 2023 le président de la République centrafricaine, Pr Faustin Archange Touadera, comme facilitateur, pour engager des pourparlers avec les militaires et tous les acteurs gabonais en vue d’un « retour rapide à l’ordre constitutionnel » dans le pays. Cette décision a été prise au cours de la 3e session extraordinaire de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Ceeac tenue par visioconférence dans le cadre du Conseil de paix et de sécurité de l'Afrique centrale (Copax) consacré à la situation politique et sécuritaire au Gabon.

Le président centrafricain qui est par ailleurs président en exercice de la Cemac, sera appuyé dans cette tâche par la ministre centrafricaine des Affaires étrangères et de la Commission de la Ceeac en qualité d’envoyés spéciaux, apprend-on dans le communiqué de la Ceeac.

Ceux-ci devront entamer un dialogue avec les acteurs de la transition au Gabon afin d’aboutir au retour à l’ordre constitutionnel dans le pays. Dans ce sens, la Ceeac a exhorté les partenaires bilatéraux et multilatéraux du Gabon en tête desquelles l’ONU, l’Union africaine, à conjuguer des efforts pour soutenir le pays dans ce processus.

Par ailleurs, face à l’empêchement d’Ali Bongo Ondimba de continuer à assurer la présidence en exercice de la Ceeac, la conférence a désigné le président de la Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, vice-président en exercice de la Ceeac, pour assurer la continuité de la présidence de la Communauté. Celui-ci présidera à Djibloho en Guinée équatoriale le 4 septembre prochain, une autre réunion extraordinaire, cette fois en présentiel. Soit le même jour où le général Brice Oligui Nguema va prêter serment devant la Cour constitutionnelle comme président de la transition au Gabon.

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Au lendemain du coup de force militaire qui a renversé le président Ali Bongo Ondimba mercredi 30 août, le président de la transition, le général Brice Oligui Nguema (photo), a annoncé une série de mesures avec « application immédiate », à l’issue d’une rencontre avec la Fédération des entreprises du Gabon (FEG), au palais présidentiel à Libreville. « Nous allons dans l’immédiat concrétiser, sous la supervision directe, le règlement de la dette intérieure par la mise en place du “Club de Libreville” », a déclaré le chef du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) face à des représentants du patronat.

Lors d’une audience avec le bureau de la FEG en décembre 2022, l’ancienne ministre du Budget, Edith Ekiri Mounombi Oyouomi, avait annoncé la mise en place, début 2023, du « Club de Libreville », un ensemble de créanciers constitués sous la forme d’un Groupement d’intérêt économique (GIE), dont le chef de file est la BGFIBank, pour restructurer la dette due par l’État aux entreprises locales. Ce mécanisme devrait permettre « de relancer l’économie nationale, redonner confiance aux entreprises nationales et préserver les emplois qui sont quelque chose de très important pour nous », se réjouissait alors Henri-Claude Oyima, le patron de la FEG. Jeudi, le chef de la junte qui a pris le pouvoir au Gabon a décidé de matérialiser cette promesse, malgré des enquêtes sur le « Club de Libreville » qui ont montré autrefois « plusieurs irrégularités », dit-il.

Le général Brice Oligui Nguema a également annoncé la « mise sous gestion du secteur privé » des deux caisses de prévoyance sociale du Gabon, à savoir : la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS) mise en place en 2007 dans le but de garantir la couverture maladie à l’ensemble de la population gabonaise et d’assurer le service des prestations familiales aux Gabonais économiquement faibles (GEF), ainsi que la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) chargée d’assurer la sécurité sociale aux travailleurs du secteur privé. En clair, la CNAMGS et la CNSS seront privatisées. Le secteur privé demande la privatisation de la CNAMGS et la CNSS depuis un moment. Au sortir avec le président Ali Bongo, en 8 décembre 2022, Henri-Claude Oyima avait indiqué que ce dernier avait annoncé cette privatisation. « Les retraités vivent mal et je veux que ce soit effectif dès maintenant », a-t-il justifié.

Le nouvel homme fort du Gabon a aussi annoncé la restauration de la Journée comptable du Trésor « pour mettre fin aux petites combines entre copains et coquins » et l’appel « systématique » au système bancaire lorsqu’il s’agira de financer les projets. « Je suis pratique et pragmatique. Par conséquent, je veillerai personnellement à ce que les propositions de ce jour soient concrétisées pour le plus grand bien de nos populations », a affirmé le président de la transition.

Ces quatre mesures font partie des 13 propositions formulées par le patronat qui ont « prioritairement » retenu l’attention du CTRI, a précisé le général Brice Oligui Nguema. À l’unisson à travers un standing ovation, les chefs d’entreprises ont accueilli favorablement ces annonces « présidentielles » avec des applaudissements nourris.

Alors que les investisseurs s’inquiètent de leurs intérêts dans le pays après le coup d’État, le chef de la junte a tenu à rassurer l’ensemble des bailleurs de fonds, les partenaires au développement ainsi que les créanciers de l’État que « toutes les dispositions seront prises afin de garantir le respect des engagements de notre pays aussi bien sur le plan intérieur qu’extérieur », a affirmé le colonel Ulrich Mafoumbi Mafoumbi, porte-parole du CTRI, dans un communiqué lu à la télévision nationale.

Patricia Ngo Ngouem

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L'Union Africaine a annoncé ce 31 août 2023 la suspension du Gabon de ses instances. Cette décision a été prise par le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA, lors de sa 1172e réunion tenue le 31 août 2023, sur la situation au Gabon.

Ainsi, la participation du Gabon à toutes les activités de l'UA et de ses organes et institutions est suspendue « immédiatement » jusqu'au rétablissement de l'ordre constitutionnel dans le pays.

L’union africaine qui avait déjà condamné le 30 aout dernier le coup d’Etat au Gabon, a par ailleurs, exigé le rétablissement immédiat de l'ordre constitutionnel par la tenue d'élections « libres, équitables, crédibles et transparentes » qui seraient observées par la mission d'observation électorale de l'UA et de la région concernée. L’institution africaine exige aussi des militaires qu'ils rendent « inconditionnellement » le pouvoir aux autorités civiles, qu'ils respectent leur mandat constitutionnel et le principe du constitutionnalisme et qu'ils s'abstiennent de toute ingérence dans le processus politique au Gabon, faute de quoi le Conseil prendra les mesures nécessaires, y compris l'imposition de sanctions ciblées à l'encontre des auteurs du coup d'État.

Aussi, en condamnant toute arrestation à motivation politique dans ces circonstances, le CPS de l’UA a demandé à la Commission de l'UA de déployer une mission de haut niveau au Gabon pour dialoguer avec les principales parties prenantes gabonaises, en collaboration avec la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Ceeac) et d'autres parties prenantes concernées sur toutes les questions essentielles, en vue de jeter les bases nécessaires au transfert immédiat du pouvoir à un gouvernement dirigé par des civils et démocratiquement élu.

C’est la première sanction internationale qui tombe sur le Gabon depuis le coup d’État du 30 août dernier.

La rédaction

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Le général Brice Oligui Nguema va prêter serment devant la cour constitutionnelle le 4 septembre prochain comme président de la transition au Gabon, a annoncé ce 31 aout 2023, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) créé à la suite du coup d’Etat militaire dans le pays.

Alors que beaucoup de Gabonais s’interrogent sur la durée de cette transition, les forces politiques du pays font déjà pression pour limiter la durée du mandat du général Brice Oligui Nguema à la tête du pays.

Dans une déclaration lue ce 31 août par Mike Jocktane, ancien candidat à la présidentielle, la plateforme Alternance 2023 à laquelle appartient Albert Ondo Ossa, le principal challenger d’Ali Bongo Ondimba au cours des élections générales du 26 aout dernier, a appelé à la poursuite du processus de centralisation des résultats desdites élections. Alternance 2023 se dit convaincue qu’«au terme de ce processus, qui devrait se poursuivre sous la supervision de nos forces armées, le Professeur Albert Ondo Ossa verra sa victoire dans les urnes officialisée ». Pour Alternance 2023, « la voie que nous indiquons est la voie de la raison et de la sagesse. C’est la voie de la démocratie et de l’État de droit. C’est la voie qui permettra au Gabon de se reconstruire ainsi que nous le souhaitons tous. C’est la voie qui épargnera à notre pays des lendemains encore plus sombres que ceux qui lui ont été épargnés », a-t-il affirmé. La plateforme de l’opposition a également invité le CTRI au dialogue afin de redéfinir les nouvelles institutions de la Transition.

Le Pr Albert Ondo Ossa, dans un entretien avec TV5 Monde est également allé dans le même sens demandant que les « véritables résultats des élections qui sont connus par toutes les missions diplomatiques » soient donnés. Il a pour cela demandé aux militaires de « revenir à l’ordre républicain… Je parie la main sur le feu qu’ils (les militaires) ne pourront pas aller loin », car, pour lui, ce ne sont pas les militaires qui pourront redresser le Gabon.

Avant Alternance 2023, Paul Marie Gondjout président de l’Union nationale initiale (UNI), a souhaité dans une déclaration, que la transition politique présidée par le général Brice Clotaire Oligui Nguema au Gabon ne soit  « ni trop courte ni trop longue pour la restauration de nouvelles institutions et la mise en place des nouvelles autorités civiles élues ».

Pour l’instant, le Parti démocratique gabonais (PDG), parti d’Ali Bongo Ondimba, ne s’est pas officiellement exprimé sur la situation actuelle du pays. Ali Bongo lui-même étant toujours détenu en résidence surveillée. Par ailleurs, rappelons que plusieurs instances internationales à l’instar de l’Union africaine ou de l’Organisation des nations Unies (ONU), ont condamné le coup d’Etat et ont appelé au retour à l’ordre constitutionnel dans le pays.

La rédaction

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Malgré le coup d’État, le Gabon, acteur majeur du marché des capitaux de la Cemac, devrait continuer à tenir ses engagements grâce aux mécanismes en place dans la zone depuis plusieurs années. Cette assurance est donnée par Harvest Asset Management, le leader de la gestion de portefeuilles en zone Cemac avec un encours sous gestion de 260 milliards de FCFA à fin juin 2023.

« Nous avons observé 0 défaut de paiement en monnaie locale sur le marché financier malgré les différents soubresauts comme ceux du Tchad (2021) ou en République centrafricaine (2020). Nous pensons que le Gabon ne dérogera pas à cette discipline de rigueur imposée par le système, sauf à décider d’en sortir, ce qui est un événement improbable », rassure l’entreprise fondée par Marc Kamgaing en 2017, dans une tribune envoyée à la presse le 30 août au soir.

Parmi les mécanismes mis en place pour garantir la confiance des investisseurs sur le marché de la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac), figure le rôle attribué aux différents acteurs. Il s’agit notamment, la Beac qui, en tant que dépositaire central des titres du marché, est le garant ultime du bon fonctionnement du marché. De plus, la banque centrale, « en charge des systèmes de paiement dans la sous-région, a signé des conventions avec les différents Trésors émetteurs de la sous-région Cemac. Ces derniers ont autorisé le débit automatique de leur compte afin de respecter le service de leur dette sur le marché financier régional », soutient Harvest Asset Management qui précise que tout État qui enregistre un défaut de paiement « ne pourra plus jamais émettre sur le marché financier local ».

Cette assurance est donnée dans un contexte politique de crise née à la suite du coup d’État militaire du 30 août dernier au Gabon. Une situation qui préoccupe les investisseurs qui craignent désormais que le pays ne soit pas d’honorer ses engagements financiers. Selon Harvest Asset Management, ce pays d’Afrique centrale occupe le deuxième rang des émetteurs avec 24,7% (1452 milliards de FCFA) de l’encours de la dette publique totale du marché des titres publics de la Beac, évalué à 5 881 milliards de FCFA à fin juillet 2023. À la bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac), le Gabon est premier émetteur avec un stock d’emprunts obligataires à 463 Milliards soit 38,6% sur l’encours de la dette totale sur le marché coté, au 25 août 2023, apprend-on. En plus, Libreville abrite le siège du régulateur du marché régional qu’est la Commission de surveillance du marché financier de l’Afrique centrale (Cosumaf) depuis la fusion des marchés financiers d’Afrique centrale.

SG

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La Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) et le Tchad ont condamné le 30 août le coup d’État militaire au Gabon et ont demandé le retour instantané et rapide à l’ordre constitutionnel.

« En se conformant aux principes fondamentaux sous-tendant le Traité de la CEEAC, la Commission de la Ceeac condamne fermement le recours à la force comme voie de résolution des conflits politiques et d'accès au pouvoir et en appelle au génie politique du peuple Gabonais pour qu'il puisse, dans un dialogue républicain, prendre toutes les dispositions pour un retour rapide à l'ordre constitutionnel », a écrit la Commission de la CEEAC dans un communiqué signé le 30 août.

Le président en exercice de la Cemac et président de la République centrafricaine, Pr Faustin Archange Touadera, a pour sa part, rappelé que tout changement anticonstitutionnel de gouvernement constitue une violation intolérable des principes fondateurs de la Communauté. Il a également a appelé « au respect physique et à la libération immédiate et sans condition » du président de la République, Ali Bongo Ondimba, et des membres de sa famille. Dans le même sens, le Tchad a demandé aux « militaires de veiller à la sécurité et à l’intégrité physique du président Ali Bongo et de sa famille ».

Par ailleurs, la Commission Ceeac comme celle de la Cemac et le Tchad, soutient qu’elle continue de suivre de près la situation dans le pays en attendant la convocation imminente d'une session extraordinaire de la Conférence des chefs d'État et de gouvernement, en format Conseil de paix et de sécurité de l'Afrique centrale (Copax), en vue d'un examen approprié de la situation politique et sécuritaire au Gabon et de la détermination de la voie à suivre.

Avant ces institutions, l’Union africaine, l’Organisation des Nations Unies (ONU), la France, les Etats-Unis… ont condamné plus tôt le 30 août le coup d’État. Mais, pour l’instant, des pays voisins au Gabon comme le Cameroun, le Congo, la Guinée équatoriale, et plusieurs autres pays de la sous-région n’ont pas réagi à ce coup d’État.

La rédaction

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La télévision nationale a annoncé, mardi 29 août, le démantèlement d’un réseau de passeurs de migrants et l’arrestation d’au moins 111 immigrants clandestins au cours d’une opération conjointe des forces de défense et de sécurité et de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) dans la zone de cap Estérias au Gabon. Les investigations sur le réseau ont commencé après l’interpellation et l'interrogatoire d’un homme par des gendarmes en détachement sur l’île de Mbanié, située dans les eaux gabonaises à une dizaine de kilomètres de la côte de la province de l’Estuaire.

Lors d’une mission de ratissage, les équipes ont mis la main sur un premier groupe de 38 personnes qui rampaient dans l’herbe non loin de la base des gendarmes « Au petit matin, vers 9h, nous avons mené une mission au large de l’île Mbanié. Nous avons pu intercepter cette embarcation avec près de 73 personnes à l’intérieur, dont 42 femmes et un enfant. Ils étaient vraiment entassés dans des conditions vraiment très déplorables », a déclaré un responsable de l’ANPN. Les migrants seraient originaires des pays de l’Afrique de l’Ouest, apprend-on.

L’embarcation dans laquelle ils se trouvaient a été détruite. Pays pétrolier, le Gabon attire chaque année des migrants à ses frontières terrestres et maritimes qui espèrent trouver dans le pays de meilleures conditions de travail et de vie. De nombreux étrangers y vivent, dont beaucoup sont des clandestins. Le pays procède régulièrement à des expulsions des étrangers séjournant irrégulièrement sur son sol.

P.N.N

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Le groupe minier français Eramet a annoncé mercredi soir la reprise progressive de ses activités au Gabon, suspendues dans la matinée après le coup d’État qui a renversé le président Ali Bongo Ondimba ce 30 août. « Compte-tenu des informations disponibles ce soir sur les évènements en cours au Gabon, le groupe a décidé du redémarrage immédiat du transport ferroviaire et la reprise des activités d’extraction dès jeudi 31 août (aujourd’hui, Ndlr) », a déclaré la société dans un communiqué.

« Au total, la production de la mine de Moanda aura été arrêtée pendant 24h et le transport ferroviaire pendant 18h », a précisé le groupe. La circulation des trains de voyageurs reste toutefois « suspendue jusqu’à nouvel ordre ». Eramet avait annoncé plus tôt mercredi avoir décidé de mettre en pause toutes ses activités au Gabon, en raison du putsch en cours dans le pays. « Dès ce matin, toutes les opérations de Comilog et Setrag ont été mises à l’arrêt et le trafic ferroviaire a été suspendu », a déclaré un porte-parole du groupe à Reuters.

Après cette annonce, Eramet a décroché de 17,7% sur la Bourse de Paris en début de matinée mercredi, avant de repartir relativement à la hausse sans vraiment retrouver les niveaux de l’ouverture des marchés. Le groupe est présent au Gabon à travers deux filiales : la Compagnie minière de l’Ogooué (Comilog) spécialisée dans l’extraction de manganèse, dont Eramet est le premier producteur de minerai de manganèse à haute teneur dans le pays, ainsi que la Société d’exploitation du Transgabonais (Setrag), une entreprise de transport ferroviaire exploitant le réseau de chemin de fer gabonais. La société affirme employer plus de 8 000 personnes au Gabon à travers ses deux filiales.

P.N.N

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Invoquant « une gouvernance irresponsable (…) risquant de conduire le pays au chaos », des militaires ont renversé, ce mercredi 30 août, le président Ali Bongo Ondimba et placé au pouvoir le général Brice Oligui Nguema, chef de la Garde républicaine (GR). Le coup d’État est condamné par plusieurs acteurs de la communauté internationale, des pays africains et des partenaires occidentaux du Gabon.

Dans un communiqué publié dans l’après-midi de mercredi, Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine (UA), « condamne fermement la tentative de coup d’État au pays comme voie de solution de sa crise postélectorale actuelle ». Il appelle par ailleurs les putschistes à « garantir l’intégrité physique » d’Ali Bongo, assigné à résidence surveillée.

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a également condamné « fermement la tentative de coup d’État en cours comme moyen de résoudre la crise post-électorale », et réaffirmé sa « ferme opposition » aux coups d’État militaires, a annoncé son porte-parole dans une déclaration à la presse. « Le secrétaire général appelle tous les acteurs concernés à faire preuve de retenue, à engager un dialogue inclusif et constructif et à veiller à ce que l’état de droit et les droits de l’Homme soient pleinement respectés », a-t-il exhorté.

Plus tôt en journée, le porte-parole du gouvernement français, Olivier Véran, a déclaré que la « France condamne le coup d’État militaire qui est en cours au Gabon ». Paris surveille avec beaucoup d’attention « l’évolution de la situation », a-t-il ajouté, alors que la France est très présente dans le pays notamment à travers ses plus de 80 filiales d’entreprises et ses soldats. Berlin a également condamné le putsch, et estime que « même s’il existe des critiques légitimes sur la transparence et la légalité des récentes élections, ce n’est pas aux militaires d’intervenir par la force dans le processus politique. Les Gabonaises et Gabonais doivent pouvoir décider librement et de manière autonome de leur avenir », a annoncé un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères.

John Kirby, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, a pour sa part déclaré que Washington suit « de très près » la situation au Gabon. Il a affirmé que les États-Unis allaient « rester concentrés sur le travail à faire avec (nos partenaires) en Afrique et toute la population du continent pour aider à soutenir la démocratie ».

De son côté, le Maroc, pays dans lequel Ali Bongo Ondimba a passé sa convalescence après son AVC, a dit « faire confiance à la sagesse de la nation gabonaise, de ses forces vives et de ses institutions nationales pour avancer vers une perspective permettant d’agir dans l’intérêt supérieur du pays ». Le Commonwealth, que le Gabon a intégré il y a un an, a tenu à rappeler au pays ses obligations en termes de respect de la démocratie. 

Patricia Ngo Ngouem

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Le général Brice Oligui Nguema a été formellement désigné « président de la transition » au Gabon, a annoncé le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) dans un communiqué lu à la télévision. La désignation de cet officier supérieur de l’armée s'est faite « à l’unanimité », à l’issue « d’une réunion à laquelle ont pris part tous les commandants en chef, les chefs d’état-major, ainsi que les généraux en deuxième section », a déclaré le colonel Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, porte-parole du CTRI qui réunit les forces de défense et de sécurité qui ont pris le pouvoir au Gabon ce mercredi 30 août, après un coup d’Etat.

Déjà, quelques heures après le putsch, le général Brice Oligui Nguema était porté en triomphe par des éléments de la Garde républicaine (GR). « Oligui, président ! », scandent les militaires, dans une vidéo diffusée en boucle sur les chaînes de télévision publique Gabon 24 et Gabon 1ère. Jusqu’à ces évènements, il est le chef de la Garde républicaine (GR), une unité chargée de la protection du président de la République. Ce fils d’officier, formé à l’Académie royale militaire de Meknès au Maroc, a pris il y a deux ans les rênes de cette unité affectée à la sécurité d’Ali Bongo Ondimba, dont il est le cousin.

Avant sa nomination à ce poste, il avait travaillé comme attaché militaire à l’ambassade du Gabon au Maroc et au Sénégal pendant une dizaine d’années. Il y avait été déployé après l’accession à la magistrature suprême de Ali Bongo Ondimba en septembre 2009. Certains voyaient dans son détachement un « exil », en raison notamment de relations tendues à ce moment-là entre lui et le président déchu.

Premières mesures

Brice Oligui Nguema est connu pour avoir travaillé avec Omar Bongo Ondimba jusqu’à sa mort en juin 2009. Il a en effet été l’un des aide-camp du défunt président gabonais et père de Ali Bongo Ondimba. Dans une interview exclusive au journal français Le Monde, l’officier supérieur confirme sa participation au coup d’État en cours. Sur les raisons qui ont motivé ce coup de force, il évoque « une grogne » au Gabon et « la maladie du chef de l’État », victime d’un AVC en octobre 2018.

« Tout le monde en parle, mais personne ne prend ses responsabilités. Il n’avait pas le droit de faire un troisième mandat. La Constitution a été bafouée, le mode d’élection lui-même n’était pas bon. Donc, l’armée a décidé de tourner la page, de prendre ses responsabilités », déclare celui qui a été désigné à la tête du CTRI pour conduire le Gabon. Jusqu’à quand ? Le communiqué des putschistes ne le précise pas. 

Mais à peine désigné président de la transition, le nouvel « homme fort » du Gabon a ordonné « la reconnexion de la fibre optique » et « le rétablissement des signaux des chaînes radio et télévisée internationales sur les différents bouquets de diffusion existant au Gabon (RFI, France 24 et TV5Monde notamment, NDLR) », deux mesures prises par le gouvernement d’Ali Bongo après le scrutin de samedi. Toutefois, le couvre-feu, effectif depuis le 27 août dernier dans le pays, « reste en vigueur de 18h à 6h du matin, jusqu’à nouvel ordre », dit-il.

Le général Brice Oligui Nguema a pris « l’engagement » de préserver l’outil économique, « garant d’une prospérité sociale », selon lui. Il est convaincu que c’est « une nouvelle ère » qui s’ouvre pour le Gabon. Il promet de garantir la paix, la stabilité et la dignité du pays, alors que les condamnations se multiplient après le coup de force contre Ali Bongo Ondimba. Ce dernier venait d’être déclaré vainqueur de l’élection présidentielle du 26 août 2023 avec 64,27% des voix contre 30,77% pour l’opposant Albert Ondo Ossa, le candidat de la coalition Alternance 2023.

Patricia Ngo Ngouem

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