Lors de l’élection présidentielle du 26 aout prochain au Gabon, Albert Ondo Ossa âgé de 69 ans, sera le porte-étendard d’Alternance 2023, plateforme fédérant les principaux partis d’opposition du pays. L’économiste a été choisi par cette coalition le 18 aout dernier à la surprise générale. Il était loin d’être le favori au sein de la plateforme face aux leaders politiques comme Alexandre Barro Chambrier, du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM), ou encore Paulette Missambo, de l’Union nationale (UN). Bien plus, il est candidat indépendant et n’a donc pas de parti politique et par ricochet, pas de candidat aux législatives.
« On a préféré prendre un candidat indépendant. Car, il a la particularité de ne pas avoir effectivement de députés. Il est alors obligé de dissoudre le parlement. C’est ça précisément qui va se passer. La dissolution du parlement. On remet tout à plat, et on repart à zéro », explique-t-il. Par ailleurs, en cas de victoire au soir du 26 aout prochain, il prévoit aussi un mode de gouvernance singulier. « Nous avons adopté une formule. Nous gouvernerons ensemble. Et les autres candidats qui sont aussi valeureux les uns que les autres ne seront pas derrière moi, mais autour de moi. Donc, le modus operandi c’est qu’ensemble nous allons gouverner parce que précisément, il s’agira de coordonner tous nos programmes. Et faire en sorte que ce programme puisse permettre au Gabon de se redresser. C’est la principale préoccupation », affirme-t-il sur les antennes de TV5Monde.
C’est peut-être pourquoi le candidat n’est pas assez loquace sur son programme de gouvernement. « L’économie, la Nation c’est d’abord l’Homme. Donc, la principale préoccupation c’est de redonner de la dignité aux Gabonais. Ensuite, il va falloir penser à l’Homme dans toute sa dimension. L’Homme c’est sa formation, l’Homme c’est sa santé, son travail, sa retraite. Il s’agit effectivement de passer en revue toutes ces dimensions pour que le Gabonais retrouve sa dignité », résume-t-il, sur les mêmes antennes. Il propose par ailleurs de créer un marché intérieur pour que les Gabonais trouvent leur compte dans le développement de l’économie du pays.
Né le 17 juillet 1954 à Minvoul dans la province du Woleu-Ntem, Albert Ondo Ossa est ancien ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur d’Omar Bongo Ondimba, ancien président de la République gabonaise. Diplômé de l’Université de Nancy II (France) et professeur agrégé en économie, il est marié et père de cinq enfants. Mais pour accéder au Palais du bord de mer, il devrait d’abord surmonter l’affaire de l’audio qui fait actuellement polémique au Gabon.
Sandrine Gaingne
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Près de 300 établissements alimentaires ont fait l’objet d’une fermeture administrative au Gabon suite à un contrôle sanitaire en 2022. Ces structures ont été fermées pour non-respect des normes de sécurité alimentaire, indique Alia Maheva Maganga-Moussavou, la directrice générale de l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (Agasa), bras séculier du ministère de l’Agriculture en charge notamment de la surveillance de l’ensemble des établissements de production, de transformation, de préparation, de restauration, de transport et de distribution des denrées alimentaires dans le pays. « Aujourd’hui, lorsqu’un consommateur va dans un magasin et constate qu’il y a un problème avec un produit, il peut appeler le 1411. Tout de suite, une mission de terrain se déploie sur le produit incriminé et cela peut aller jusqu’à la sanction et la fermeture en cas d’infraction », a-t-elle déclaré sur la chaîne de télévision publique Gabon 24.
En septembre 2021, l’Agasa a mis en place un numéro vert, le « 1411 », pour prévenir les risques sanitaires et phytosanitaires au Gabon. L’Agence explique que ce dispositif a pour objectif d’être à l’écoute permanente des consommateurs et des opérateurs économiques pour une meilleure gestion des risques sanitaires et phytosanitaires, en contribuant à l’amélioration du système de veille sanitaire. Le consommateur peut notamment utiliser ce numéro pour dénoncer la qualité d’un produit, ou alerter sur le manque d’hygiène d’un commerce ou d’un établissement alimentaire. « Au vu de nos chiffres, on constate qu’on a pu traiter 5 000 appels durant l’année 2022. C’est 5 000 urgences, 5 000 alertes qui ont entrainé des fermetures », selon Alia Maheva Maganga-Moussavou.
Créée en 2011, l’Agasa a pour vocation d’apporter des solutions concrètes aux problèmes structurels liés à la consommation des denrées alimentaires impropres qui exposent les consommateurs à des risques sanitaires. Il s’agit de protéger les populations en intervenant aussi bien sur le plan de la prévention que sur la détection et la gestion des risques d’origine animale et végétale. « L’Agasa doit gérer, prévenir et évaluer les risques liés à la consommation humaine et animale, mais surtout liés à toutes ces questions de résidus de pesticides et de métaux lourds », explique sa DG. Le but ici est de mettre sur le marché des denrées alimentaires saines, sûres, salubres et nutritives, dit-elle.
Patricia Ngo Ngouem
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Pour les 16 993 Gabonais de l’étranger inscrits sur les listes électorales, le Centre gabonais des élections (CGE) a prévu d’ouvrir 46 bureaux de vote répartis à travers les différents continents lors des élections générales du 26 août 2023, renseigne une note circulaire signée, le 22 août, par le président du CGE, Michel Stéphane Bonda. À préciser que selon le code électoral, les Gabonais de l’étranger sont autorisés à voter uniquement pour l’élection présidentielle.
Pour le continent africain, ce sont au total 21 bureaux de vote qui seront ouverts. À savoir, 5 bureaux de vote à Dakar au Sénégal, 8 à Rabat au Maroc avec juridiction sur les villes de Casablanca, Fès, Agadir, Tanger et Marrakech, 2 bureaux à Malabo en Guinée équatoriale avec juridiction sur la ville de Bata. Au Congo (2 à Brazzaville avec juridiction sur Pointe Noire), Cameroun (2 à Yaoundé avec juridiction sur Douala), Bénin (1 à Cotonou) et Togo (1 à Lomé).
Dans la zone Europe, ce sont 16 bureaux de vote qui seront implantés, dont 16 en France. Les bureaux de vote de la France comprennent 11 à Paris avec juridiction sur Rennes, Lille, Nantes et Strasbourg ; et 5 à Bordeaux avec juridiction sur Lyon, Marseille, Toulouse et Montpellier. Au Royaume-Uni, les électeurs auront un bureau de vote unique à Londres.
Les Gabonais vivant en Asie quant à eux auront trois bureaux de vote à Pékin avec juridiction sur les villes de Huhan et Shanghai. Et en Amérique, trois à Washington avec juridiction sur les villes de Los Angeles et Texas et 2 à New York avec juridiction sur la ville de New Jersey.
Cependant, dans cette liste, l’on constate que plusieurs pays n’auront pas de bureaux de vote pourtant, des Gabonais qui y résident ont été enrôlés, apprend-on. Entre autres, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Tunisie, le Canada, l’Afrique du Sud. Par ailleurs, plusieurs grandes villes dans lesquelles résident des Gabonais dans les pays retenus n’ont pas de commission consulaire électorale. Le CGE ne donne pas les raisons pour lesquels des bureaux de vote n’y ont pas été prévus.
SG
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La production de gaz naturel au premier trimestre de l’année en cours a baissé de 1,4% par rapport à la même période en 2022 selon les données de la note de conjoncture du ministère de l’Économie. Elle est passée de 102, 6 milliards de tonnes au premier trimestre 2022 à 101,1 milliards de tonnes au premier trimestre 2023 d’après la même source. À la même période en 2021, elle était à 113,1 milliards de tonnes.
D’après le ministère de l’Économie, cette baisse est justifiée par « les soucis opérationnels » enregistrés par le principal opérateur qu’est Perenco. Sans plus de précisions.
Au cours des prochaines années, le Gabon prévoit d’accroître sa production gazière en développant davantage les potentialités dont il dispose dans ce secteur. Selon des données officielles de la direction générale du Trésor français, le Gabon dispose des réserves prouvées de gaz naturel à hauteur de 28,3 milliards de mètres cubes. Malheureusement, ces ressources demeurent sous-exploitées.
S’agissant du gaz butane, le pays et Perenco travaillent pour accroître la production nationale. Dans ce cadre, une usine est actuellement en construction à Batanga, dans la province de l’Ogooué-Maritime au Gabon. Une fois en fonction, cette usine permettra d'accroître la production du gaz butane au Gabon et réduire par la même occasion, les importations du pays. Le Gabon importe environ 40 000 tonnes de gaz butane par an, et n’en produit qu’un peu plus de 10 000 à la Sogara (Société gabonaise de raffinage) actuellement.
SG
Représentant son collègue de l’Énergie et des Ressources hydrauliques, le ministre de l’Agriculture, de la Sécurité alimentaire, chargé de la Valorisation de la ruralité, Charles Mve Ellah, a procédé il y a quelques jours à la pose de la première pierre du projet de construction d’un poste de 20 kV d’interconnexion et de comptage au village Mebo’o dans la province du Woleu-Ntem, à la frontière avec la Guinée équatoriale. « Ce projet est d’une très grande importance. Non seulement il va réduire notre dépendance à l’énergie fossile (…), mais va également énormément atténuer toutes les difficultés au niveau de l’énergie que nous connaissons dans notre province », a déclaré le membre du gouvernement.
« Nous allons faire un saut qualitatif parce nous disposerons de beaucoup plus d’énergie de qualité », a-t-il ajouté, soulignant que ce projet consacre la volonté des présidents des deux pays à accélérer la mise en œuvre de l’intégration sous-régionale. Les travaux ont été confiés à la GIEEBI Gabon, une entreprise locale de BTP, comme on peut le lire sur la plaque signalétique du chantier. La durée desdits travaux est programmée pour 2,5 mois, financés par la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), maître d’ouvrage de ce chantier.
Ce projet s’inscrit dans le cadre du contrat d’achat-vente d’énergie électrique signé le 7 juillet dernier entre la SEEG et la Sociedad de Electricidad de Guinea Ecuatorial (Segesa). Ce contrat devrait permettre de renforcer l’offre d’électricité sur le Réseau interconnecté (RIC) Nord du Gabon. Selon la société de patrimoine du service public de l’énergie électrique au Gabon, l’électrification transfrontalière consistera, dans sa première phase, à alimenter la ville gabonaise de Bitam à partir de la sous-station équato-guinéenne d’Ebebiyin, à travers justement la construction de cette ligne moyenne tension de 20 kV et des équipements associés, ainsi qu’un réseau basse tension dans les villages situés sur le tracé de lignes.
L’interconnexion des réseaux électriques entre les deux pays vise à terme l’électrification des localités de Bitam, Oyem et Médouneu au Gabon à partir de Mongomo, Acurenam et Ebebiyin en Guinée équatoriale. La matérialisation de cette interconnexion devrait permettre au Gabon d’économiser 9 milliards de FCFA par an, affirme Sylvère Biteghe, le directeur général de la SEEG.
P.N.N
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Dans une vidéo rendue publique ce 23 aout 2023, Joël Tatou, correspondant depuis une dizaine d’années de l’AFP, affirme être l’auteur de l’enregistrement de la conversation entre les hommes politiques Alexandre Barro Chambrier et Albert Ondo Ossa, qui défraie la chronique au Gabon depuis deux jours. Il admet l’avoir enregistré « par inadvertance » le 17 aout dernier au siège du parti politique Réappropriation du Gabon, de son indépendance pour sa reconstruction (Reagir).
« C’est moi qui l’ai enregistré. Nous avions été invités le 17 aout au siège de Reagir, pour faire un reportage sur la désignation du candidat unique d’Alternance 2023… Nous étions dans une salle avec plusieurs journalistes et le président Jean François Obiang est arrivé avec les présidents Chambrier et Ondo Ossa et nous a demandé de sortir, pour laisser les présidents Chambrier et Ondo Ossa se concerter à huis clos », raconte-t-il. Et de poursuivre, « nous sommes sortis de manière précipitée et nous avons laissé le matériel allumé dans la salle. Et leur conversation a été enregistrée à ce moment-là ».
Le journaliste de l’AFP soutient qu’il se rend compte de l’enregistrement au moment de travailler sur les vidéos prises au cours de la journée. « Ce qui m’a heurté dans cet enregistrement, c’est que j’ai entendu la catastrophe… Cet audio, je l’ai envoyé à des confrères… et il s’est retrouvé sur les réseaux sociaux. Je l’ai envoyé aux confrères pour sauver des gens, parce que ça parlait des morts et je ne pouvais pas laisser. Parce que, si je ne l’avais pas fait, et qu’il y avait eu des morts, ça m’aurait posé un cas de conscience. Mais, je m’en excuse si ça a heurté les gens… », ajoute-t-il.
Par ce témoignage, Joël Tatou confirme l’authenticité de cet audio alors que la plateforme Alternance 2023, dont sont membres Chambrier et Ondo Ossa, a affirmé dans un communiqué signé le 21 aout 2023 que cette conversation n’avait jamais eu lieu. Et que cet audio n’était « rien d’autre qu’une utilisation infâme de l’intelligence artificielle ».
Le Procureur de la République a ouvert une enquête dans le but de faire la lumière sur cette affaire. « Dans cette conversation, il est tenu, à plusieurs reprises, des propos particulièrement graves qui laissent présager une atteinte à la sureté de l’État », indique André-Patrick Roponat. Ce qui est puni par les lois en vigueur dans le pays.
« On a déjà étudié avec d’autres personnes pour mettre en place la stratégie et Ali sait qu’en cas de…, nous pouvons avoir des alliances que ce soit au Cameroun, en Guinée équatoriale et même au Congo parce qu’il y a des frontières. C’est quelque chose qui va nécessiter que des personnes se mobilisent », entend-on notamment dans cet audio. « Moi je peux à travers Macron (président de la République de France, NDLR) avoir des appuis de Ouattara (président de la République de Côte d’Ivoire, NDLR) qui suivent le processus de prêt », poursuit la même voix.
NB : TV5Monde vient de publier un communiqué dans lequel la chaine dément avoir employé ce journaliste.
SG
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Selon la chaîne de télévision publique Gabon 24, un individu, qui se présente comme un entrepreneur et l’initiateur du mouvement « Libérez le Gabon », a été appréhendé il y a quelques jours par les forces de l’ordre gabonaises. Il est soupçonné d'avoir planifié des actes de violence dans le but de créer un « soulèvement populaire » au soir des élections générales (présidentielle, législatives et locales) prévues le 26 août prochain dans le pays, avec l’appui d’activistes de la diaspora, selon la même source.
« Notre objectif était de faire un soulèvement dans toutes les villes du Gabon. La diaspora gabonaise de l’étranger, qui était déjà dans le mouvement, voulait à tout prix voir tomber le système », a déclaré l’homme qui s’exprime à visage découvert dans un reportage diffusé sur Gabon 24 mardi 22 août. Le ministère de l’Intérieur, dont l’une des missions est de garantir la sécurité des personnes et des biens, n’a fait aucune communication officielle sur cette interpellation.
Le 25 juillet dernier, le procureur général de la République près le tribunal de Libreville, André-Patrick Roponat, a rappelé aux populations que les auteurs, complices et instigateurs d’actes repréhensibles s’exposent à des poursuites judiciaires et à de lourdes sanctions pénales, conformément à la loi. Le chef du parquet de Libreville a rappelé qu’en cas de violences et voies de faits, ainsi que de coups et blessures volontaires, la peine d’emprisonnement est de 5 à 10 ans.
« Destruction et dégradation des biens : un à 10 ans d’emprisonnement. Incendie volontaire : 20 ans de réclusion criminelle. En cas d’attroupement armé ou non armé : un à 5 ans d’emprisonnement. Provocation ou incitation directe à un attroupement non armé, soit par discours proféré publiquement, soit par écrit ou imprimé distribué : un an d’emprisonnement », a-t-il ajouté.
Des violences postélectorales ont eu lieu au Gabon en 2016, après l’annonce de la réélection du président Ali Bongo Ondimba, candidat à un 3e mandat. Pour éviter de reproduire ce scénario, le gouvernement a lancé, en fin d’année dernière, l’initiative « Zéro casse en 2023 » afin de prévenir d’éventuelles violences à l’occasion du triple scrutin que le pays organise pour la première fois samedi prochain. Le chef de l’Etat a par ailleurs promis le 16 août dernier de renforcer la sécurité pour éviter de faire revivre aux Gabonais les troubles postélectoraux du passé.
P.N.N
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Dans un communiqué rendu public ce 22 août, le procureur de la République près le tribunal de première instance de Libreville, André-Patrick Roponat (photo), annonce avoir ouvert une enquête judiciaire pour faire la lumière sur un enregistrement d’une conversation d’une vingtaine de minutes attribuée aux opposants Alexandre Barro Chambrier et Albert Ondo Ossa, tous deux membres de la plateforme Alternance 2023, créée à la faveur des élections générales du 26 août 2023.
« Dans cette conversation, il est tenu, à plusieurs reprises, des propos particulièrement graves qui laissent présager une atteinte à la sureté de l’État », indique André-Patrick Roponat. À en croire le procureur de la République, cette enquête a également été ouverte suite « à un communiqué de la plateforme Alternance 2023 daté du 21 août 2023 ».
Dans ledit communiqué, la coalition Alternance 2023 dément « catégoriquement la véracité et l’authenticité de cette conversation » et invite le « procureur de la République à se saisir de cette affaire afin que la direction générale de Gabon première et l’ensemble des personnes impliquées dans cette manipulation en répondent devant la justice ».
Des Gabonais espèrent que cette enquête permette au plus vite d’en savoir plus sur l’authenticité de cet audio.
SG
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La chaine de télévision publique, Gabon première, a diffusé, ce 21 août 2023, une conversation entre deux hommes. L’audio repris par plusieurs médias est attribué au candidat à l’élection présidentielle Albert Ondo Ossa et à l’homme politique Alexandre Barro Chambrier, tous membres de la plateforme de l’opposition Alternance 2023, créée à la faveur des élections générales du 26 août 2023, au même titre que Paulette Missambo, Mike Jocktane et Ndong Sima.
Cet audio, selon ces médias, est un échange entre les deux hommes politiques intervenu à la veille de la désignation de Albert Ondo Ossa par Alternance 2023 comme son candidat à l’élection présidentielle. D’après l’Agence gabonaise de presse, les deux hommes politiques évoquent dans cet échange « l’intérêt d’un soulèvement des populations au lendemain du 26 août prochain », tout en évoquant la stratégie à adopter pour gagner l’élection présidentielle.
« On a déjà étudié avec d’autres personnes pour mettre en place la stratégie et Ali sait qu’en cas de…, nous pouvons avoir des alliances que ce soit au Cameroun, en Guinée équatoriale et même au Congo parce qu’il y a des frontières. C’est quelque chose qui va nécessiter que des personnes se mobilisent », y en entend-on. « Moi je peux à travers Macron (président de la République de France, NDLR) avoir des appuis de Ouattara (président de la République de Côte d’Ivoire, NDLR) qui suivent le processus de prêt », poursuit la même voix. À en croire le quotidien l’Union, édition de ce 22 août, l’homme qui tient ce propos est Alexandre Barro Chambrier.
Au sein de la coalition Alternance 2023, on crie à la manipulation. « La Plateforme Alternance 2023 dément catégoriquement la véracité et l’authenticité de cette conversation qui n’a en réalité jamais eu lieu, et qui n’est rien d’autre qu’une utilisation infâme de l’intelligence artificielle dont le pouvoir est coutumier depuis bientôt cinq ans », à la réagit la plateforme dans un communiqué publié le même jour. Dans ce document, signé par son président Ndong Sima, elle invite par ailleurs le « procureur de la République à se saisir de cette affaire afin que la direction générale de Gabon première et l’ensemble des personnes impliquées dans cette manipulation en répondent devant la justice ».
SG
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Le 19 août, le ministre des Mines et de la Géologie, Chen Sylvestre Mezui M’Obiang, a mis en garde les opérateurs économiques et les exploitants de matériaux de carrière sur l’extraction illégale du sable à Port-Gentil, chef-lieu de la province de l’Ogooué-Maritime. Le membre du gouvernement a tenu à leur préciser que l’exploitation du sable n’est pas interdite au Gabon, « mais qu’elle est désormais limitée aux bancs de sable situés près de la côte, excluant toute forme d’exploitation sur la terre ferme ».
En 2015, le président Ali Bongo Ondimba avait pris un décret suspendant toute exploitation du sable sur le continent au Gabon. La même année, le 15 décembre, le ministère des Mines avait pris un arrêté portant interdiction des activités d’exploitation des matériaux de carrière dans la zone de l’île de Mandji sur laquelle est construite la ville de Port-Gentil. Le texte précisait que l’exploitation des matériaux de carrière dans cette zone est « incompatible avec la protection de l’environnement dans la province de l’Ogooué-Maritime ».
L’année suivante, le gouvernement a confirmé l’interdiction d’exploiter les matériaux de carrière (sable, latérite, grès, calcaire, etc.) dans les zones à risque, notamment dans le nord de Libreville (province de l’Estuaire) et à Port-Gentil. L’interdiction visait à protéger les littoraux, le Gabon étant présenté comme un modèle de préservation de l’environnement. Mais les pouvoirs publics reprochent aux populations d’user de stratagèmes pour exploiter le sable, alors que l’environnement n’est pas propice à cette activité.
Cas de l’île Mandji
« Malheureusement, les populations utilisent des techniques peu orthodoxes en passant par des canaux approuvés pour le curage, transformant ainsi cette activité en une exploitation illégale du sable », affirme le ministre des Mines. Selon Chen Sylvestre Mezui M’Obiang, l’exploitation « anarchique » se poursuit sur l’île de Mandji, malgré les avertissements et les alertes émis par les autorités, y compris son département ministériel. « Le canal initialement destiné au curage est devenu un lac circulaire qui pose des problèmes à l’Etat, les habitants et la science, qui plaident en faveur d’une utilisation plus responsable du sable sur l’île de Mandji », rapporte le ministère sur sa page Facebook.
Aussi, le membre du gouvernement a-t-il rappelé aux opérateurs économiques et aux exploitants de matériaux de carrière les procédures, les lois et les réglementations en vigueur en matière de gestion et d’exploitation du sable sur cette île.
Au Gabon, la forte demande en sable, ingrédient essentiel à la production du ciment pour le béton, a provoqué le développement de filières illégales d’extraction, contribuant notamment à la détérioration des écosystèmes. Le Programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP, sigle en anglais) affirme que l’extraction de sable, si elle n’est pas gérée correctement dans les zones où les écosystèmes sont fragiles, peut avoir des effets négatifs sur l’environnement.
« L’extraction de sable à partir d’une plage peut, par exemple, non seulement conduire à la destruction de la biodiversité locale, mais peut aussi réduire les possibilités de tourisme », selon cet organisme onusien. La récente descente du ministre des Mines sur des sites d’exploitation illégale de sable à Port-Gentil visait deux objectifs, apprend-on. Il était ainsi question de « résoudre non seulement le problème de l’exploitation illégale du sable, mais également trouver des zones appropriées pour l’exercice de cette activité », l'ambition du gouvernement étant de réguler cette activité.
P.N.N