Des projets financés par la dette extérieure du Gabon auraient été facturés jusqu’à 10 fois le coût normal

Gestion Publique
jeudi, 11 novembre 2021 13:47
Des projets financés par la dette extérieure du Gabon auraient été facturés jusqu’à 10 fois le coût normal

(Le Nouveau Gabon) - La task force sur la dette extérieure, mise en place en 2020, a découvert qu’une partie de l’argent réclamée au Gabon dans le cadre de sa dette extérieure n’est pas justifiée. Selon les premières informations en provenance cette task force, pilotée par l’expert judiciaire Pierre Duro, ancien responsable de la gestion du parc immobilier d’Elf au Gabon, plusieurs travaux déjà réalisés au Gabon et financés par des institutions financières extérieures auraient été surfacturés.

À titre d’exemple, la route pk5-pk12 en 2×2 voies a été facturée par Colas à 10 milliards de FCFA le kilomètre. Les 6,430 km de ce tronçon auraient coûté près de 65 milliards de FCFA. Pourtant, selon les autorités, le prix moyen d’un kilomètre à Libreville varie entre 800 millions et 1 milliard FCFA.

Des surfacturations ont également été détectées par la task force sur l’installation de 5000 lampadaires solaires à Libreville (Oloumi, Lalala à droite, Akanda, derrière la Primature, etc.) et en province. Ces lampadaires ont été facturés à 1 million de FCFA le lampadaire, pourtant, le prix d’un lampadaire solaire varie entre 250 000 et 300 000 FCFA, apprend-on. Même dans le domaine de la santé, il y a eu des surfacturations notamment lors de l’installation des cliniques mobiles. Elles ont étés facturées à 150 millions de FCFA quand ce type de projet a un coût moyen de 40 millions de FCFA, indique notre source.

2e pays le plus endetté de la Cemac

Ces surfacturations, qui ont impliqué notamment des entreprises privées, des agents publics, des cabinets d’études, ont gonflé la dette publique du pays. Selon les données du ministère de l’Économie, l’encours de la dette publique du Gabon à fin juin 2021 est estimé à 6539,9 milliards de FCFA, soit 4075,5 milliards de FCFA de dette extérieure. Actuellement le taux d’endettement du pays se situe déjà au-dessus du seuil en vigueur dans la zone Cemac (70% du PIB). Un taux qui fait du Gabon le deuxième État le plus endetté de la Cemac, selon le Fonds monétaire international (FMI).

En attendant d’avoir d’autres détails sur d’autres projets surfacturés ou non réalisés, les travaux de la task force sur la dette extérieure se poursuivent dans le but de détecter les manquements des entreprises internationales ayant des marchés publics dans le pays, apprend-on. Cet organe est aidé en cela par l’Autorité nationale de vérification et d’audit (Anavea), sous l’autorité de la présidence de la République.

Cet audit de la dette extérieure a certainement été motivé par la réussite de l’audit réalisé par la task force sur la dette intérieure. Il a permis d’annuler environ 700 milliards de fausses créances sur 1 100 milliards présentés. Cependant, s’agissant de la dette intérieure, il n’y a pas eu pour l’instant de poursuite contre ces entreprises. « L’Anavea examine les dossiers au cas par cas. Pour les entreprises dont les créances sont avérées, mais qui ont des arriérés en termes de cotisations fiscales, sociales, etc., ces dettes seront déduites de leur paiement », indique notre source.

Sandrine Gaingne

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