Le Gabon mise sur la transformation locale pour développer son potentiel minier

Une Mining
jeudi, 11 août 2016 16:07
Le Gabon mise sur la transformation locale pour développer son potentiel minier

(Le Nouveau Gabon) - Dans le cadre de sa stratégie d’industrialisation, le gouvernement gabonais a mis en œuvre, sur la base du Plan stratégique Gabon émergent (PSGE), une nouvelle politique minière qui consiste à diversifier l’exploitation des minerais en optimisant leur valeur ajoutée par la transformation locale.

L’expérience portée sur le minerai de manganèse semble conforter les autorités gabonaises dans cette vision. Malgré ses réserves estimées à 250 millions de tonnes réparties dans trois principaux gisements : Moanda (environ 150 millions de tonnes de manganèse, exploité par la Comilog, filiale du Groupe français Eramet et de l’Etat gabonais, Franceville (60 millions de tonnes) et Ndjolé (30 millions de tonnes), la production de manganèse est longtemps restée assez limitée avec près de 2 millions de tonnes en 2009 et 3,2 millions de tonnes / an en tendance moyenne sur la décennie 2000.

Autre détail regrettable, jusqu’en 2009, le secteur minier qui reposait essentiellement sur l’exploitation du manganèse, contribuait très faiblement à l’économie (4% du PIB, 1,3% des recettes budgétaires hors pétrole avec un effectif d’environ 1500 emplois formels.

Avec l’implémentation de la nouvelle politique d’industrialisation du secteur minier, la donne a pratiquement changé avec le démarrage de la transformation locale du manganèse. Car, produire plus de manganèse ne suffisait plus, tout simplement parce que le pays ne tirait pas suffisamment de valeur ajoutée, comparativement au Brésil, dont la production de minerai est 25% inférieure à celle du Gabon, qui en tirait davantage. Cela, tout simplement du fait qu’une tonne de manganèse transformée en ferromanganèse, produit une valeur ajoutée près de 3 fois supérieure à celle du minerai brut.

 993 in-1

Ainsi, en 2014, après 52 ans d’exploitation du minerai, le Gabon a démarré la transformation locale de son manganèse avec la mise service du Complexe métallurgique de Moanda CMM). L’investissement de 152 milliards FCFA a permis la construction de deux unités industrielles de transformation, approvisionnées par du manganèse extrait des gisements de Moanda.

Ce complexe intègre deux types de transformation : une transformation pyro-métallurgique dans laquelle, le métal est extrait en procédant à une fusion dans un four électrique pour la production du silicomanganèse et, une autre hydrométallurgique, dans laquelle le métal est extrait par voie chimique, c'est-à-dire, la production de manganèse métal. La première usine permettra de produire annuellement, à plein régime, près de 65 000 tonnes de silicomanganèse, tandis que la seconde unité permettra la production de 20 000 tonnes de manganèse métal.

Avec ce dispositif, la transformation locale devrait atteindre 35% de la production en 2025. Elle permettra ainsi de tripler la valeur ajoutée du secteur de 293 milliards de F CFA en 2010 à 900 milliards de F CFA en 2025.

Entre temps, Comilog qui a étendu ses capacités de production du gisement de Moanda a vu ses capacités de production doubler par rapport à 2009 : 3,7 millions de tonne en 2013, 3,5 millions en 2014 et une production record historique de 3,9 millions de tonnes en 2015.

Pour atteindre ces objectifs de production, le barrage hydroélectrique du Grand Poubara a été construit et mis en service, levant ainsi l’un des obstacles majeurs à la transformation locale qu’est l’accès à l’énergie, grâce à un investissement de 200 milliards FCFA financement de l’Etat.

993 in-2

En plus du CMM, le nouvel opérateur Noga Mining prévoit de construire une unité de production d’aggloméré de manganèse. D’autres investisseurs seront probablement attirés pour transformer localement la production nationale, et atteindre l’objectif de 35% de transformation locale du manganèse en 2025 contre 6% aujourd’hui.

L’atteinte de cet objectif a nécessité, en plus d’une promotion dynamique, la mise en place d’industries et de services de soutien, au titre desquelles, l’Ecole des mines et de la métallurgie de Moanda a été mise en place. Construite dans le cadre d’un partenariat public-privé avec la Comilog et inaugurée en juin 2016, elle permettra de renforcer les compétences nationales dans le secteur. Elle constituera, avec l’université de Masuku, un pôle de formation aux métiers des mines et de la métallurgie de référence sous-régionale et régionale.

De même, la rénovation en cours du Transgabonais permettra de disposer de l’offre logistique requise pour évacuer la production de ce nouveau pôle industriel. Viendront s’ajouter à ce dispositif, durant la période 2017-2022, la construction de la deuxième phase du Grand Poubara, le développement d’un tissu local de PME sous-traitantes et toute l’infrastructure d’un grand pôle industriel et urbain.

Tout compte fait, l’on table sur une production annuelle de manganèse dépassant les 6 millions de tonnes en 2020. Surtout, lorsque les nouvelles unités de production tourneront à plein régime. Mais en attendant, le Gabon est passé de la 4e à la 2e place du classement mondial des producteurs de manganèse à haute teneur.

Synclair Owona

 
Nos derniers articles

Pour nous contacter: c o n t a c t [@] lenouveaugabon . c o m

Please publish modules in offcanvas position.