Le Nouveau Gabon

Le Nouveau Gabon

Dimanche dernier, au terme de la célébration de la prière de l'Angelus, à la Place Saint-Pierre de Rome, le Pape François a appelé les fidèles à prier pour le Gabon et exhorté les partis rivaux au dialogue. «Je voudrais inviter à une prière spéciale pour le Gabon, qui traverse actuellement une période de grave crise politique» a déclaré le Saint-Père confiant au Seigneur «les victimes des affrontements et leurs proches».

«Je m’associe aux évêques de ce cher pays africain, a-t-il poursuivi, pour inviter les différentes parties à rejeter toute forme de violences et à avoir toujours comme objectif le bien commun».

Le Pape François a encouragé tous les acteurs de la société «en particulier les catholiques, à être des bâtisseurs de paix dans le respect de la légalité, du dialogue et dans la fraternité».

Depuis la proclamation des résultats de la présidentielle le 31 août dernier, annonçant la victoire du président sortant Ali Bongo Ondimba, le pays est plongé dans une profonde crise marquée par des manifestations, émeutes, pillages et arrestations, pertes en vie humaine blessés graves, destructions des biens publics et privés et traumatismes de toutes sortes.

Cet appel du Pape François fait donc suite, à l’appel lancé à la suite de la crise post-électorale qui a suivi cette élection présidentielle, le 2 septembre dernier par les évêques gabonais appelant les partis rivaux à œuvrer pour «une sortie imminente de la crise» en s’inspirant de la sagesse africaine.

 

Synclair Owona

A travers un communiqué du ministre d'Etat en charge des Affaires étrangères, de la Francophonie et de l'Intégration régionale, Emmanuel Issoze-Ngondet, signé ce 11 septembre 2016, le gouvernement déclare avoir pris acte « du démarrage de la phase contentieuse du processus électoral » qui s'est ouverte avec le recours introduit vendredi 9 septembre 2016, par le candidat Jean Ping auprès de la Cour constitutionnelle.

Selon les autorités gabonaises, cette évolution positive reste compatible avec la position toujours rappelée du gouvernement gabonais qui répond aux appels incessants formulés par la communauté internationale sur le sujet, en vue d'un règlement pacifique des contestations électorales par les voies du droit.

Toutefois, le ministère des Affaires étrangères tient à exprimer son étonnement face aux injonctions formulées par certains acteurs internationaux et partenaires bilatéraux à l'endroit de la haute juridiction gabonaise.

Il entend, de ce fait, rassurer les acteurs de la communauté internationale quant à l'indépendance dont la Cour constitutionnelle a toujours fait montre, à la probité de ses membres et à sa capacité à accomplir sa mission - comme elle l'a toujours fait - dans la transparence et à l'abri de toute pression politique ou diplomatique.

Enfin, le ministère des Affaires étrangères encourage la communauté internationale à continuer à œuvrer auprès des parties prenantes pour que cette phase contentieuse du processus électoral soit l'occasion de témoigner, une fois de plus, de leur engagement à aider à la préservation de l'État de droit, de la démocratie et de la paix au Gabon.

 

Synclair Owona

La diplomatie marocaine, qui avait jusqu’à ce jour observé un silence prudent, a finalement rompu le silence ce vendredi en prenant acte de la victoire du président sortant. Si Rabat ne félicite pas le gagnant, il ne demande pas non plus le recomptage des voix ou la publication des résultats par bureau de vote.

En revanche, le Maroc recommande à l’opposition davantage de modération considérant que « les appels à la violence lancés par certains candidats en vue de conditionner l’issue des recours devant la Cour Constitutionnelle n’ont pas leur place dans un processus démocratique ».

Rappelant que « le Maroc est fortement attaché à la stabilité de la République gabonaise » le communiqué ajoute que certains appels « ne sont pas compatibles avec l’expression démocratique et le respect de l’Etat de droit et témoignent d’une attitude de nervosité et de fébrilité incompatibles avec l’exercice démocratique ».

Les appels de Jean Ping à la « grève générale » et « la résistance par tous les moyens » semble l’avoir disqualifié aux yeux de Rabat.

Pour Euler Hermes, leader mondial de l’assurance-crédit, ces dernières années le Gabon a accru ses dépenses budgétaires dans le but d'accélerer la diversification de l'économie nationale, trop dépendante du pétrole. Le pays est ainsi parvenu, entre 2010 et 2015, à diviser par deux le poids des hydrocarbures dans son PIB, mais au prix d’une augmentation de son endettement : « Ainsi, la dette publique gabonaise, qui ne dépassait pas les 30% du PIB en 2013, s'élève en 2015 à 43,9% et devrait se rapprocher en 2016 des 50% », précise Stéphane Colliac, économiste Afrique chez Euler Hermes.

La chute des cours du baril a fragilisé les acquis de cette politique. Le déficit extérieur s’est creusé et les réserves de devises étrangères ont fondu, fait remarquer la compagnie. « Alors qu'elles couvraient 9 mois d'exportations en juin 2015, les réserves de change ne couvraient plus que 6 mois d'importations un an plus tard. Et avec des réserves de change qui resteront sous pression, des tensions sur la liquidité pourraient apparaître dans les semaines ou les mois qui viennent », ajoute l’économiste.

La crise post-électorale intervient donc au plus mauvais moment. Selon Euler Hermes, le tumulte politique qui agite actuellement le Gabon représente, à terme, un réel danger pour la stratégie de diversification entamée par le gouvernement. « L'incertitude politique n'est guère appréciée par les investisseurs, et joue négativement sur leur confiance. Or, sans ces investisseurs, il sera difficile pour le Gabon de financer la diversification de l'économie nationale.» avertit Stéphane Colliac.

On dirait que la crise post-électorale dans laquelle est plongée le Gabon a provoqué un coup de froid sur la capacité de mobilisation financière du pays sur le marché de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac).

Et pour cause, la direction générale de la comptabilité publique et du Trésor a procédé sur le marché de la Cemac, le mercredi 7 septembre 2016, à une émission de bons du trésor assimilables pour un montant de 6 milliards de FCFA pour un taux d'intérêt minimum proposé de 4,00% et un taux limite de 4,35%.  A la fin de l’opération, la cagnotte totale des soumissions a été de 4 milliards de FCFA. Ce qui représente un taux de couverture du montant en adjudication de 66,66%.

Pourtant, l’émission de bons du trésor du 24 août, juste avant la présidentielle du 27 août dernier avait été couronnée d’un grand succès avec un taux de couverture  du montant mis en adjudication à hauteur de 146,875%. Le Gabon cherchait alors sur le marché de la Cemac un montant de 8 milliards de FCFA. Finalement 11,750 milliards avaient été récoltés pour un taux d’intérêt minimum de 4,05%. Le taux maximum, lui était de 6,80%.

S.A

Le candidat à l’élection présidentielle Jean Ping a finalement saisi ce jeudi la Cour constitutionnelle du Gabon afin de contester les résultats officiels qui ont donné vainqueur Ali Bongo.

M. Ping s’était jusquà ce jour refusé d’emprunter la voie légale, estimant que la Cour constitutionnelle était acquise d’avance à M. Bongo. Il a fini par se ranger à l’avis de la communauté internationale qui lui recommandait cette option.

M. Ping demande le recomptage des suffrages du Haut-Oogoué qui ont donné à M. Bongo, au finish, la victoire finale avec 5000 voix d’avance sur son rival.

Le ministre de l’Intérieur, de la décentralisation, de la sécurité et de l’hygiène publique (Emmanuel Issoze-Ngondet) et ceux de la Défense (Mathias Otounga Ossibadjouo, photo) et  de la Communication (Alain-Claude Bilie By Nze), ont tenu en début de semaine une conférence de presse conjointe au cours de laquelle, ils ont indiqué qu’à ce jour, plus de 800 personnes ont été arrêtées sur l’ensemble du territoire.

« Depuis lundi [5 septembre], ces individus sont présentés devant le parquet. Toutes les procédures seront engagées pour établir clairement les responsabilités de chacun », ont indiqué les membres du gouvernement dans un communiqué conjoint.

Ils soupçonnent la plupart des prévenus de faire partie d’un plan de déstabilisation du processus démocratique des élections au Gabon, des institutions, et plus largement de la nation.

Néanmoins, ont indiqué les ministres, « le calme revient progressivement dans le pays et le travail des forces de police et de sécurité, dont 107 membres ont été blessés, doit être salué ». Le ministère de l’Intérieur et celui de la Défense ont réaffirmé conjointement tout mettre en œuvre pour assurer la sécurité des populations.

 

S.A.

Daniel Ona Ondo, le premier ministre a rendu public mercredi soir à la télévision nationale un remaniement ministériel qui touche essentiellement trois postes au sein de l’appareil gouvernemental.

Pour remplacer le démissionnaire Séraphin Moundounga, ex-ministre de la Justice et des droits de l’homme, c’est Denise Mekamne, épouse Tati, qui a été choisie. Elle était jusqu’ici ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Comme dans un jeu de chaise musicale, elle a pour remplaçant Désiré Guedon, jusque-là chef du département ministériel en charge de l’Urbanisme et du logement. Ce dernier lui-même est remplacé par Alexis Boutamba Mbina. Le reste du gouvernement reste sans changement.

Le cas M. Boutamba Mbina est particulier parce qu’il avait déjà occupé le même poste en 2009. Cet inspecteur des Finances a fait son entrée au gouvernement  pour la première fois en 2008 comme ministre délégué auprès du ministre des Petites et moyennes entreprises, de l’économie sociale et de la lutte contre la pauvreté.

Sylvain Andzongo

 

 

Le Gabon s’ouvre à nouveau au monde via Internet. La toile est de plus en plus accessible dans le pays, rapporte l’Agence France Presse (AFP) dont les journalistes sont présents au Gabon.

Au lendemain du scrutin présidentiel du 27 août 2016, la qualité de la connexion s’était progressivement dégradée, relevait l’Ong Internet sans frontières. Les communications téléphoniques internes étaient aussi très limitées. « Internet a été progressivement rétabli lundi matin (5 septembre) à Libreville, après une coupure totale de 5 jours depuis l’annonce des résultats », a confié un journaliste de l’AFP. L’accès aux réseaux sociaux a également suivi, après le black-out des jours précédents.

L’opposant Jean Ping a même pu publier sur son site web et les réseaux sociaux un communiqué par lequel il appelle les Gabonais à la mobilisation.

Toutefois, plusieurs médias sont encore fermés. Il s’agit notamment des 2 chaînes de télévision Radio Télévision Nazareth (RTN) et Télé Plus attaquées lors des émeutes de la semaine dernière. La chaîne RTN ne peut d’ailleurs plus se connecter au satellite car le câble coaxial permettant la réception du signal a été sectionné.

Selon un communiqué publié ce 7 septembre par le ministre de l’Intérieur,  Emmanuel Issoze-Ngondet, le Gabon salue la célérité avec laquelle les plus hautes autorités ivoiriennes ont procédé au règlement de l’affaire dite « Mamadi Diane », du nom du conseiller spécial du président ivoirien Ouattara, limogé par la Présidence de la République de Côte d'Ivoire le 30 août 2016.

« La révocation immédiate de ce dernier pour ingérence dans le processus électoral au Gabon est assurément le témoignage de l’attachement des plus hautes autorités ivoiriennes à l’amitié qui a toujours lié les deux chefs d’Etat, les deux pays et les deux peuples, ainsi que de leur engagement constant à toujours la préserver quelles qu’en soient les circonstances », écrit  Emmanuel Issoze-Ngondet.

Toutefois, indique le ministre de l’intérieur, le Gabon est préoccupé par les développements que cette affaire a connu par la suite. Il déplore les risques qu’elle fait peser dangereusement sur la perception que l’opinion publique, nationale ou internationale a de ses relations avec la Côte d’Ivoire. « Il a toujours rejeté toutes tentatives visant à associer l’Etat ivoirien aux actes posés par Mamadi Diane », réaffirme M. Issoze-Ngondet.

Pour rappel, Mamadi Diané a été sanctionné par les autorités de son pays pour avoir essayé de déstabiliser la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap) lors de la présidentielle gabonaise du 27 août dernier en faisant démissionner plusieurs de ses membres à quelques jours de l’annonce officielle des résultats, dans le but de discréditer les résultats et de provoquer des troubles à l’ordre public.

S.A.

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