Le ministre des Affaires étrangères, de la Francophonie et de l’Intégration régionale, Emmanuel Issoze-Ngondet (photo), s’est entretenu mardi à Libreville avec l'ambassadeur de France au Gabon, Dominique Renaux au sujet de six ressortissants gabonais, également de nationalité française, arrêtés pour avoir activement pris part aux troubles survenus suite à l’annonce des résultats provisoires de l’élection présidentielle du 27 août 2016.
Le ministre d'Etat a exprimé « la disponibilité des autorités gabonaises à explorer les possibilités de répondre positivement à la requête française » portant sur l'accès à des informations relatives à l'intégrité physique et à l'état de santé des personnes mises en cause.
M. Issoze-Ngondet a indiqué que les binationaux gabono-français établis sur le territoire gabonais sont assujettis aux lois et règlements en vigueur en République gabonaise et ne peuvent faire valoir que leur seule nationalité gabonaise.
Cet échange a eu lieu dans le cadre des rencontres régulières qui se tiennent aussi bien sur des sujets consulaires que des sujets de coopération entre la France et le Gabon.
Le contexte politique gabonais a aussi fait l’objet d’échanges, au cours desquels les deux parties ont pu exprimer leur volonté partagée « d’apaisement et de retour rapide au calme », ceci incluant notamment « le respect des voies légales et constitutionnelles.»
Sylvain Andzongo
L’Union africaine a fait part de sa disponibilité à assister les parties gabonaises dans la recherche d’un règlement rapide de la situation post-électorale qui secoue le pays depuis la réélection d’Ali Bongo au détriment de son principal challenger, Jean Ping.
Par la voie de son ministre des affaires étrangères, Jean Marc Ayrault, la France a déclaré hier qu’elle se réjouit de cette initiative et lui apporte son plein soutien. Elle souhaite que la mission des chefs d’Etat qui envisage de se rendre à Libreville prochainement soit l’occasion de trouver le chemin vers une sortie de crise. Elle encourage les autorités gabonaises à l’accueillir dans les meilleurs délais.
En effet, le président en exercice de l’Union africaine (UA), Idriss Deby Itno, a publié le 4 septembre un communiqué qui propose la médiation de l'institution continentale et a appelé les candidats à recourir aux « instruments pertinents de l'Union africaine, pour trouver une solution à la crise née du contentieux électoral ».
S.A.
Le Secrétariat général de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac) se dit « attristé par la situation née de la contestation des résultats provisoires de l’élection présidentielle en République gabonaise proclamés le 31 août 2016 et suit son évolution avec la plus grande attention ».
L’institution sous-régionale qui a participé à l’observation électorale dans la mission conjointe avec l’Union africaine, condamne dans un communiqué daté du 2 septembre « les violences ayant entraîné mort d’homme et d’importants dégâts matériels aussi bien à Libreville que dans d’autres centres du pays ». Elle appelle « le peuple gabonais au calme et à la retenue en vue du rétablissement d’un climat apaisé, condition sine qua non de la reprise des activités socio-économiques ».
La Ceeac en appelle aux acteurs politiques à gérer le contentieux électoral dans un esprit de conciliation afin de préserver et de renforcer l’Etat de droit. Elle rappelle l’appel du Conseil de sécurité des Nations Unies qui « demande à tous les candidats et leurs sympathisants, les partis politiques et tous les autres acteurs de rester calmes, de s’interdire le recours à la violence et autres provocations et de résoudre tous les différends éventuels à travers les mécanismes constitutionnels et légaux ».
Sylvain Andzongo
Le Premier ministre français Manuel Valls a exprimé son inquiétude à propos de ressortissants français disparus au Gabon lors des violences post-électorales. « Nous demandons aux autorités de tout faire pour les retrouver », a-t-il déclaré.
A cette inquiétude, le Ministère gabonais des Affaires étrangères a répondu : « À la connaissance des autorités gabonaises, après les manifestations post-électorales, des citoyens gabonais, binationaux, ont été interpellés par les forces de l’ordre ».
Le Ministère dit se tenir à la disposition des familles et des autorités françaises pour répondre à leurs questions, tout en faisant remarquer que, selon la loi gabonaise, « les citoyens binationaux établis au Gabon, ne peuvent se prévaloir d’une autre nationalité au Gabon et par conséquent, sont assujettis aux lois et règlements gabonais ».
Le deuxième vice-Premier ministre gabonais, ministre de la Justice, Séraphin Moundounga, a présenté sa démission du gouvernement.
« J'ai redouté que le Gabon puisse basculer dans la violence si les résultats étaient rendus publics sans qu'il ne soit procédé au recomptage des résultats, procès-verbal par procès-verbal de chaque bureau de vote. Ceci n'ayant pas pas eu lieu, le pays a basculé dans la violence et cette violence se poursuit de façon latente jusqu'à ce jour. »
Le ministre démissionnaire estime que la paix et la sécurité sont gravement menacés au Gabon et qu’à son inquiètude « il a été répondu que le recomptage n'était pas prévu par la loi électorale gabonaise ». M. Moundounga s’est également retiré du PDG, le parti d’Ali Bongo.
Selon le site Gabon Review, au Gabon, la loi organique de la Cour constitutionnelle permet au ministre de la Justice, entre autres, de faire annuler une élection.
Lundi à Port-Gentil, la société gabonaise de raffinage (Sogara), la seule raffinerie pétrolière du Gabon, a repris ses activités après une suspension de cinq jours. C’est ce qu’a déclaré à Reuters, Sylvain Mayabi, le secrétaire général de l'Organisation nationale des travailleurs du secteur pétrolier.
L’usine avait dû interrompre ses activités mercredi dernier après le début des troubles qui ont secoué la ville de Port-Gentil suite à l’annonce des résultats du scrutin du 27 août 2016 ayant donné vainqueur le président sortant Ali Ben Bongo.
Mais depuis lundi matin, le calme réapparait progressivement dans les grandes villes du pays d’Afrique centrale laissant place à la reprise des activités économiques.
La Sogara dans laquelle le français Total détient 43,84% des parts, produit 21 000 barils de pétrole raffiné par jour. Sa capacité nominale de raffinage est de 1200 000 tonnes et sa capacité de stockage est de 95 000 m3.
Olivier de Souza
Le choix des mots utilisés dans un communiqué publié le dimanche 4 septembre par l’Organisation des Nations Unies (ONU) n’est pas anodin. Le document onusien indique : « Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon s'est entretenu dimanche par téléphone avec le président du Gabon, Ali Bongo Ondimba, et le candidat à la présidence du parti Démocratie Nouvelle, M. Jean Ping et les a appelés à faire le nécessaire afin de mettre fin aux violences qui ont suivi l'élection présidentielle contestée gabonaise. »
Dans une note envoyée dimanche aux journalistes par le bureau de son porte-parole, M. Ban a déploré la perte de vies humaines qui a eu lieu au cours des manifestations suivant l'élection présidentielle. Il a exprimé sa préoccupation au sujet des messages inflammatoires qui continuent d'être diffusés et a appelé à la fin immédiate de tous les actes de violence dans le pays.
Le chef de l'ONU a salué la libération des 27 membres de l'opposition qui étaient détenus au siège de campagne de M. Ping. Toutefois, il a réitéré son appel au président Bongo Ondimba pour insister auprès du gouvernement sur la nécessité de faire preuve de retenue. Il a également exhorté M. Ping à émettre un message clair à ses partisans en leur demandant de s'abstenir de tout acte de violence dans l'intérêt du pays et de l'unité nationale.
Le Secrétaire général a souligné l'importance d'employer des moyens exclusivement pacifiques et légaux pour demander recours dans tout litige relatif à l'issue de l'élection présidentielle. Il a demandé à son représentant spécial pour l'Afrique centrale, Abdoulaye Bathily, de continuer à travailler avec les parties en vue de désamorcer les tensions.
A Hangzhou, où il participe au Sommet du G20, M. Ban a également rencontré le président tchadien et actuel président de l'Union africaine, Idriss Déby Itno. Le Secrétaire général se félicite de l'engagement de l'Union africaine pour faciliter une résolution pacifique de la crise actuelle au Gabon.
Sylvain Andzongo
Ali Bongo Ondimba a effectué le dimanche 4 septembre une visite à l’hôpital d’instruction des Armées pour apporter son réconfort aux personnels de défense et de sécurité blessés lors des violences post-électorales de la présidentielle du 27 août dernier.
« Nous avons plus de 100 blessés à l’hôpital militaire. J’ai rencontré des hommes vaillants qui ont fait leur travail, celui de protéger les populations, la République. Certains ont reçu des balles, d’autres ont été poignardés. Rien ne peut justifier une telle violence, rien. Surtout lorsqu’on prétend avoir à cœur la sécurité des personnes », a indiqué le chef de l’Etat réélu pour un second mandat de sept ans, selon les procès-verbaux transmis le 31 août par la Commission électorale nationale autonome et permanente au ministère de l'Intérieur. Des résultats que contestent l'opposant Jean Ping, officiellement perdant.
Pour Ali Bongo Ondimba, il convient de louer le professionnalisme de ces hommes qui, dûment commandés, placent leur action au service de la consolidation de l’Etat de droit. « Je suis venu encourager ces hommes qui ont agi avec beaucoup de souplesse et n’ont pas répondu aux provocations dont nos forces font l’objet tous les jours. N’eût été leur sang-froid, l’issue aurait été catastrophique », a-t-il déclaré.
S.A
Les 27 cadres de l’opposition qui étaient bloqués dans le quartier général de Jean Ping à Libreville ont été libérés.
« Le représentant des Nations unies à Libreville, à la demande du président Ali Bongo, s'est rendu au QG de l'opposant Jean Ping pour dire aux personnes qui y étaient bloquées qu'elles peuvent rentrer chez elles » a annoncé le porte parole du gouvernement.
Cette mesure devrait « contribuer à l’appaisement » selon le Quai d’Orsay. Dans le même esprit, le chef de l’Etat gabonais a demandé à l’opposition de lancer un appel au calme afin d’éviter de nouvelles violences, alors qu’un calme précaire semble revenu dans la capitale.
Dans son point de situation quotidien, le ministe gabonais de l’Intérieur Pacôme Moubelet Bouleya a annoncé que deux policiers ont été grièvement blessés, dont l’un serait entre le vie et la mort.
Selon le ministre, les forces de sécurité ont fait face, ce vendredi, à trois types de violences : « des groupes organisés et armés, des groupes se livrant au pillage et des groupes se livrant à la casse ».
Le Ministre réaffirme que le quartier général de l’opposant Jean Ping n’a fait l’objet d’aucun bombardement, ni de tir. Les hélicoptères déployés à Libreville « ont pour seule mission la surveillance de la zone afin de soutenir les forces de l’ordre qui assurent la sécurité des populations » assure-t-il en produisant une photo aérienne du bâtiment intact.
Alain Bilie Bi Nze, porte-parole du gouvernement, s’est par ailleurs exprimé concernant les victimes civiles : « En ce qui concerne les manifestants, les quelques autres personnes qui ont été identifiées, le bilan que nous avons aujourd’hui, il tourne entre 3 et 5 morts. Mais on n’a pas un chiffre précis parce qu’il faut identifier clairement et les morts et l’origine. »