Prenant part aux travaux de la 35e session du Comité intergouvernemental de hauts fonctionnaires et experts pour l’Afrique centrale (CIE) à Malabo en Guinée Equatoriale, le Dr Raphael Mezui Mintsa, Directeur général de la promotion de l’économie numérique au ministère de l’économie numérique du Gabon, chef du projet E-Gabon, pour le compte dudit ministère, décline les enjeux de cette rencontre ainsi que les efforts déployés par son pays dans le secteur de l’économie numérique.

Le Nouveau Gabon : Selon vous, quels sont les enjeux d’une telle rencontre pour le Gabon et partant pour la sous-région ?

Dr Raphael Mezui Mintsa : Evidement les enjeux sont énormes. Car, notre marché sous-régional a besoin d’une vision commune, de manière à ce qu’il ait une certaine convergence, à la fois dans les projets et dans les technologies, dans l’optique d’assurer et de booster la transformation numérique. Cela, afin que la sous-région puisse pleinement tirer profit des avantages du numérique sur l’ensemble de ses économies.

LNG : Quid du dispositif mis en place par le Gabon pour s’arrimer à cette mouvance ?

RMM : Je pense qu’aujourd’hui le Gabon est en bonne voie. Nous avons désormais des infrastructures de base qui permettent d’évoluer sereinement. Nous sommes engagés dans la mise en place du câble souterrain qui constitue la dorsale du projet de la fibre optique. Nous sommes également dans une phase d’implémentation des incubateurs, en vue de créer l’émulation de tout ce qui concerne le secteur de l’économie numérique en terme de développement des contenus et de création de PME tournées vers le numérique.

LNG : Avec ces investissements, à quel niveau se situe le Gabon sur l’échiquier sous-régional ?

RMM : Nous commençons à récolter les fruits de ces investissements. Ainsi, au niveau de l’Afrique centrale, le Gabon est classé en première position, dans la mise en œuvre de tout ce qui concerne la transformation de l’économie numérique.

LNG : Parlons justement du taux de pénétration de l’économie numérique de votre pays ?

RMM : Au niveau de la téléphonie, le Gabon est à plus de 112%, et pour ce qui est de l’internet, on est à près de 70%. Effectivement, beaucoup de chemin a été parcouru, mais il reste évidemment beaucoup d’efforts encore à fournir. Notamment par la capillarisation de la fibre optique, pour permettre de rallier les derniers kilomètres vers le client et l’abonné.

LNG : Quelle est la tendance envers la sous-région ?

RMM : Pour l’instant, je pense que nous sommes en train de faire une interconnexion de la fibre optique au  niveau de l’ensemble des pays de la sous-région. Ce projet est en cours, je pense d’ici deux années, il devrait être opérationnel.  

LNG : Votre opinion sur l’intégration numérique sous-régionale ?

RMM : Effectivement, l’intégration numérique se matérialise. Quand on parle d’internet aujourd’hui, il s’agit d’un réseau mondial. Si internet arrive à fonctionner au Gabon, cela signifie que le Gabon est déjà connecté au réseau sous-régional, continental et partant mondial. Par conséquent, nous pouvons affirmer que cette intégration numérique est opérationnelle. Cependant, il reste à beaucoup travailler de manière à baisser les coûts, à encourager l’utilisation de ces nouvelles technologies par les populations, mais également accélérer et densifier l’extension pour une couverture nationale et sous-régionale complète.

Propos recueillis par Stéphane Billé depuis Malabo

En poste depuis le 12 mars 2019, Gregory Laccruche Alihanga (photo), le nouvel édile de la Commune d’Akanda décline ses grandes ambitions pour cette circonscription administrative, située au nord de la ville de Libreville. Economie de cet entretien…

Le Nouveau Gabon : Monsieur le Maire, quels sont les grands axes de votre feuille de route à la Commune d’Akanda ?

Gregory Laccruche Alihanga : Merci de m’accorder cet entretien. En effet, nous allons placer notre action publique autour de la proximité. C’est-à-dire, les maires que nous sommes et le conseil municipal se doivent d’être plus proches des populations. Ils se doivent également, d’être le relais efficace de l’action gouvernementale. Pour ce faire, nous inscrivons le bien-être de nos administrés, au cœur de notre gouvernance. En outre, vous n’êtes pas sans savoir qu’une action publique correcte est celle qui est orientée avant tout vers les populations. Nous nous engageons donc pour des actions qui ont un impact direct et de manière inclusive sur les populations.

Vous avez été reçu récemment par le chef de l’Etat, au même titre que plusieurs de vos collègues à travers le pays. Est-ce qu’il vous a été prescrit une feuille de route particulière, notamment pour vous à la mairie d’Akanda ?

Effectivement, nous avons été reçus par le chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba. C’est-à-dire les maires des communes de Libreville, Owendo et d’Akanda et des neuf autres capitales provinciales du pays. Le message du chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba avait deux principales leçons. La première consistait en une orientation des politiques publiques à se servir davantage des relais sociaux que nous constitutions. Tandis que la seconde était une recommandation d’être beaucoup plus à l’écoute des populations. Ce, du fait que nous sommes dans une conjoncture économique particulièrement difficile. Et qu’en dépit de cette situation, nous puissions répondre positivement aux besoins des populations. C’est-à-dire, en posant des actes concrets pour leur bien-être.

Quels sont les principaux chantiers qui vous attendent ?

Nos engagements sont axés sur les services sociaux de base, tels que : l’accès à l’eau potable, l’accès au logement, la santé, les voiries, l’éclairages urbain et bien d’autres. Bref, c’est la fourniture de tous ces besoins de base qui doit guider notre action, à travers des solutions concrètes. Cela rejoint d’ailleurs la déclinaison faite par le chef de l’Etat l’autre jour, et qui nous incombe de traduire en actes concrets.

Au niveau d’Akanda le dispositif mis en place peut-il vous permettre d’atteindre ces objectifs ?

En ce qui nous concerne, à la mairie d’Akanda, nous sommes déjà sur cette longueur d’ondes. Car, nous avons initié un certain nombre de projets allant dans ce sens et qui sont intégrés pour certains dans le timing de nos 100 premiers jours.

Sans la mise en application de loi sur la décentralisation, pensez-vous réellement atteindre vos objectifs ?

Effectivement, la décentralisation est un problème auquel toutes les communes du pays font face. Nous souhaitons qu’elle soit être accélérée. D’ailleurs à ce propos, le chef de l’Etat, nous a rassurés sur l’aboutissement de ce processus.

Comment allez-vous financer vos projets ?

Effectivement, les budgets d’investissements sont amoindris. Mais il nous revient, en tant que managers de la cité, de trouver des mécanismes et des solutions de financement innovants. Nous envisageons à cet effet, des options telles que des Partenariats publics-privés (PPP), pour pouvoir réaliser nos investissements. Il est donc de plus que jamais question d’arrêter d’attendre tout de l’Etat central.

Avez-vous déjà initié un schéma allant dans ce cadre ?

Un exemple très concert que je m’en vais vous annoncer et qui devrait aboutir dans un avenir très proche, c’est celui d’un partenariat avec un opérateur de transport publics pour la commune d’Akanda. Sur fonds propres, une société va assurer le transport public dans notre commune. Dans ce cas précis, la mairie va jouer un rôle de régulateur, pour s’assurer que les tarifs pratiqués par l’opérateur soient accessibles à tous.

Envisagez-vous également des hypothèses de jumelage avec d’autres cités à travers le monde ?

Nous avons commencé à regarder ces hypothèses de jumelages avec d’autres cités que ce soit Sud-Sud ou Nord-Sud. En tout cas, nous ne sommes pas fermés à la discussion. Mais en réalité, le dossier est en étude, notamment pour examiner la faisabilité ainsi que les avantages à en tirer réciproquement. Mais laissez-moi vous dire que certains pays européens et même asiatiques seraient d’ores et déjà intéressés par l’initiative. Le moment venu, je vous communiquerais les conclusions finales.

Quels sont les rapports que vous entretenez avec les communes de Libreville, d’Owendo et bien d’autres grandes vile du pays ?

C’est vrai, ces communes à juste titre, ont plus d’expérience que nous. Maintenant, moi je suis un jeune maire au même titre que la commune d’Akanda, nous allons nous rapprocher de ces autres municipalités pour voir dans quelle mesure, elles peuvent nous apporter leur expertise et tabler sur un partage d’initiatives concluantes. En réalité, ce serait intéressant pour nous d’avoir une coopération entre les mairies de Libreville, d’Owendo et d’Akanda. Car, notre proximité devrait constituer un atout essentiel pour notre développement commun.

Quelle est la singularité de la commune d’Akanda par rapport aux autres communes du pays ?

Akanda, lors de sa création avait été baptisée la ‘’Ville dans le parc’’. C’est une idée du chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba qui envisage de faire de cette commune, une ville au sein du parc. Ce concept renvoie et englobe plusieurs notions de développement durable, d’écoresponsabilités qui sont hautement importants pour notre commune. Car, nous avons des zones tampons, un parc national, et bien d’autres aspects du développement durable qui nous confèrent ce statut à juste titre.

Alors, comment allez-vous mettre à profit ce riche profil ?

Sur cet aspect, nous avons plusieurs projets que nous allons engager avec les responsables et les gestionnaires de ces domaines. Mais, il convient tout de même de signaler que le parc qui constitue une économie primordiale de la commune d’Akanda devrait faire partie de l’univers des populations. A l’heure actuelle, nous avons certaines populations qui ont besoin d’accéder à ces terres et zones agricoles. Des discussions sont envisagées dans ce sens, pour que l’on puisse totalement intégrer le parc dans la cité. Dans tous les cas, le développement durable est hautement important pour nous. A cet effet, nous ambitionnons faire d’Akanda, le site pilote du développement durable du Gabon. Notamment avec le traitement et le recyclage des déchets.

Comment se passe la gestion de la cité avec les autres conseillers qui ne sont pas du même bord politique que vous ?

La stratégie est toute simple. Notre mode de gouvernance repose sur la communication et l’intégration. A partir du moment où nous discutons avec les gens, et qu’on leur explique la vision, le bien-fondé de celle-ci, au bénéfice des administrés, il n’y a pas de problèmes. En outre, toutes les personnes qui ont été élues au sein de notre conseil, représentent l’électorat local et les populations, militent pour le bien être de ces dernières.

Quel est votre rêve pour la commune d’Akanda ?

Mon rêve pour Akanda est simple. Faire de cette commune, une cité en pleine mutation et qui évolue avec son temps. Evidement pour moi, Akanda doit rester une cité dans le parc et se détacher de son image de cité dortoir. Une cité où l’on trouve de l’emploi, où l’on a une vie et un dynamisme économique, une cité cosmopolite, où chacun trouve sa place. Et enfin, une cité bannie de toute forme de clivages ethniques, sociaux ou raciaux.

Un mot à l’endroit de vos administrés

Ce que je voudrais envoyer comme message à mes administrés, c’est ce que le conseil est là pour eux. Nous sommes à leur disposition. Nous ferons tout pour mettre en œuvre, la politique du gouvernement, et accélérer la transformation de leur commune. Mais ce travail ne se fera pas seulement par nous, mais avec eux aussi. Ils doivent dans ce cadre, régulièrement se rapprocher de nous pour un dialogue permanent et constructif.

Propos recueillis par Stéphane Billé

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Dans un entretien accordé à notre rédaction au lendemain de sa participation au Forum Afrique 2019, le 8 février 2019 à Paris, le Directeur général de BGFIBank Europe, hub européen du groupe, Francesco De Musso (photo), s’exprime sur  les grands enjeux de cette rencontre ainsi que sur les mutations en cours dans le secteur bancaire en Afrique.

 

M. Francesco De Musso, quels étaient les grands enjeux du Forum Afrique 2019, organisé récemment à Paris, par « Le Moci » en partenariat avec le Conseil des investisseurs français en Afrique et la Chambre de commerce et d’industrie de Paris, auquel vous avez pris une part active ?

M. Francesco De Musso: Ce dernier Forum Afrique avait pour objectif de mieux appréhender les transformations en cours en Afrique, au-delà des évolutions conjoncturelles, tant économiques que politiques. Les 1000 participants présents ont ainsi eu l’opportunité d’échanger sur plusieurs thématiques autour des nouveaux modèles économiques et des nouvelles solutions de financement en Afrique.

 

Au terme de cette conférence, quelle situation se dégage du secteur bancaire africain aujourd’hui ?

Après une période d’émergence et de forte croissance des acteurs bancaires panafricains, on note aujourd’hui une période de stabilisation, essentiellement liée aux évolutions réglementaires. La mise en œuvre des exigences Bâle II et III impose cette phase de transition pour les différents acteurs bancaires. Cela passe entre autres par le renforcement des fonds propres, la mise en œuvre de politiques d’appétence et de gestion des risques adaptées au business model et le durcissement des politiques de provisionnement.

 

Comment le secteur bancaire peut-il réellement contribuer à la transformation de l’Afrique ?

Le secteur bancaire est l’acteur principal du financement des économies africaines. La transformation est le premier ADN d’une banque qui a vocation à collecter des dépôts pour les prêter aux acteurs économiques qui en ont besoin. Pour mieux accompagner les économies, les banques doivent étendre leur maillage et être plus proches de leur client notamment pour sortir les champions de demain de l’informel. Être proche de nos clients constitue un enjeu majeur. C’est en ce sens que les initiatives comme le digital prennent tout leur sens car elles permettent de financiariser une clientèle plus large à moindre coût.

 

On note de plus en plus en résurgence des groupes bancaires africains, contre un retrait progressif des grandes banques classiques occidentales. A quoi est due cette situation ?

L’essor des banques africaines résulte directement des limites liées au business model des banques occidentales qui n’ont pas toujours été en mesure de s’adapter aux spécificités économiques locales. Il est une évidence sur nos marchés : on ne prête pas partout, aux mêmes conditions, et encore moins aux mêmes clients. Les banques africaines ont pour la plupart émergé grâce à la connaissance de leurs marchés.

 

Vous soutenez que « la transformation du continent dépend essentiellement des financements que le secteur bancaire africain est en mesure d’octroyer ». Pourtant on reproche aux banques de ne pas soutenir le financement à long terme. Cela ne constitue-t-il pas une chose et en même temps son contraire ?

Ces deux idées sont clairement liées car elles reposent sur la capacité des banques à financer les économies. Toutes les mesures susceptibles de renforcer la solidité des banques et leur capacité à financer au plus près les besoins des particuliers et des entreprises sont à encourager.

Le long terme est un point sur lequel nos économies sont fortement pénalisées en raison notamment de la faible profondeur des marchés financiers. Pour financer à long terme, il faut surtout mobiliser des ressources à long terme. Par exemple, les marchés financiers pourraient offrir des perspectives rentables aux investisseurs, et par conséquent, permettre au secteur bancaire de lever une épargne longue capable de transformer durablement le continent.

 

Est-ce le cas avec votre Groupe BGFIBank ?

Le groupe BGFIBank est un acteur financier né sur le continent africain pour servir les acteurs économiques présents en Afrique. BGFIBank est au service du financement des économies africaines et notre approche ne peut se concevoir autrement qu’en intégrant le respect des normes internationales. Notre force repose dans la prise en compte dans notre business model, des spécificités économiques locales de chacune de nos implantations. Notre ambition est d’être un groupe financier africain pour tout le monde.

 

L’arrivée des nouveaux instruments tels que le mobile banking sur le secteur ne va-t-elle pas impacter les performances du secteur bancaire africain ?

Le mobile banking représente un canal majeur pour accroître l’inclusion financière. Il vient en complément et non en opposition au secteur bancaire car il permet de toucher une autre clientèle et de répondre à des besoins nouveaux. Toutes les banques aujourd’hui disposent de solutions de mobile banking adaptées à leur clientèle. Dans le cas de BGFIBank, notre solution BGFIMobile nous a permis de renforcer notre base clientèle et de servir au plus près, plus vite et à moindre coût nos clients. Cette offre est venue enrichir un éventail de produits que nous offrions déjà aux clients. Le mobile banking est un exemple d’innovation technologique bien adapté aux services financiers, d’où son succès.

 

Quel est votre avis sur le financement participatif ? Constitue-t-il une alternative pour le financement du développement du continent ?

 Le financement participatif ou « crowdfunding » est déjà une alternative au financement traditionnel dans nos économies. Il existe depuis fort longtemps sous forme de tontine ou de financement communautaire. Les effets du financement participatif sont remarquables pour lutter contre la pauvreté et sortir certaines communautés de l’exclusion sociale. Toutefois, il reste encore limité en termes de volume : cela représente moins de 150 millions de dollars par an, ce qui est faible en comparaison avec les financements octroyés par les banques.

 

Au sujet de la filiale que vous dirigez, que peut-on retenir de l’année 2018, et du premier trimestre en cours ?

BGFIBank Europe est un établissement de crédit spécialisé, basé à Paris. Nous sommes le hub du groupe pour ses opérations internationales. Depuis 2 ans, notre filiale est au cœur d’un processus de transformation à tous les niveaux : commercial, humain, organisationnel et prévisionnel.

2018 aura été une année record pour la filiale, tant en termes d’activité que de rentabilité, depuis sa création en 2009. Notre produit net bancaire est en croissance de 26% sur la période. Nous avons étendu notre couverture géographique sur le continent et mis l’accent sur la diversification des acteurs que nous accompagnons. Quant au premier trimestre 2019, il s’inscrit dans la continuité de l’année achevée avec une rentabilité attendue au-delà de 50%. Nous restons confiants sur les perspectives à venir.

 

Propos recueillis par Stéphane Billé

Publié dans Banque

La cérémonie de passation de charges, il y a quelques jours, entre le Directeur général de la dette sortant, Hugues Mbadinga Madiya (photo) et l’entrant, Emmanuel Berre aura été l’occasion de scruter les avancées réalisées par le pays, dans le règlement de ses créances.

Selon Hugues Mbadinga Madiya, durant les 15 derniers mois, la Direction générale de la dette a pu relever de nombreux défis attachés à ses prérogatives. Dans un premier temps, elle s’est attelée à améliorer les relations avec les investisseurs et les créanciers publics. Il en a été de même avec les institutions internationales qui, en retour, ont apporté leur caution de manière régulière, au Plan de relance de l’économie à travers des appuis budgétaires.

A ce titre, la DGD est parvenue à mettre en place le Club de Libreville qui a permis de traiter des créances intérieures d’un montant de 310 milliards de FCFA. Cette solution, a indiqué Hugues Mbadinga Madiya, «bien que partielle a constitué une première réponse d’ampleur à la question de la dette intérieure, en attendant les rapports des audits des exercices budgétaires 2015 à 2017 qui permettra de faire un point définitif et envisager des solutions complémentaires de prise en charge et de règlement de la dette ».

Les efforts entrepris pour le règlement de la dette ont également permis d’améliorer la notation du Gabon par l’agence de notation Fitch Rating. En effet, cette agence a fait passer la note du Gabon de B perspective négative, à B stable.

Dans ce registre des acquis, l’on a également relevé l’aboutissement de trois revues successives du programme avec le Fonds monétaire international (FMI). Ce qui, souligne-t-on, constitue un fait inédit dans l’histoire économique du pays, et témoigne également de l’amélioration et du renforcement des relations avec le secteur bancaire et financier international, à l’instar du Club de Paris.

Au plan intérieur, un colloque sur le développement du secteur financier a été institué comme cadre permanent d’échanges avec les banques, les assurances, le secteur financier et les régulateurs (Cosumaf, Cobac, CIMA).

Un plan stratégique 2019/2023 a été conçu comme feuille de route de la DGD, pour les cinq prochaines années. Ce dernier intègre notamment, l’objectif de réduire le taux d’endettement au niveau de 40% du PIB à l’horizon 2022, mais aussi l’impérieuse nécessité de re profiler la dette publique de manière à la rendre plus liquide.

Au plan réglementaire le Comité national de la dette publique (CNDP) a été mis en place, afin de permettre l’alignement des plans de développement avec la politique de financement. Un décret régulant les conditions d’emprunt a aussi été adopté. L’on indique d’ailleurs que ce travail de normalisation devra se poursuivre avec l’appui du Secrétariat général du gouvernement.

Stéphane Billé

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C’est à Marlène NGOYI MVIDIA que revient la délicate mission d’écrire une nouvelle page dans le développement de BGFIBank RDC. Entretien avec le nouvel Administrateur Directeur Général de la filiale du premier groupe bancaire d’Afrique centrale.

Agence Ecofin : Ces derniers mois BGFIBank RDC a fait l’objet de diverses accusations. Où en est-on à ce jour ? Existe-t-il des procédures en cours contre la banque ?

Marlène NGOYI : A l’âge de l’internet, à l’heure des médias sociaux, du cycle d’information ultra-rapide et d’un certain engouement pour ce qui relève du sensationnel, qu’il soit avéré ou pas; chaque entreprise et chacun d’entre nous individuellement est malheureusement susceptible, un jour, de faire l’objet d’allégations publiques négatives. C’est en effet un véritable challenge de notre temps dont BGFIBank RDC n’est pas exempt. Il est toujours désobligeant de voir sa réputation attaquée, d’en subir les conséquences même quand parfois les auteurs se rétractent officieusement, ou officiellement pour les plus éthiques. Si en général le consensus des experts est de ne pas porter le flanc à ces accusations, au risque de les amplifier; la diffusion de certains propos entraînent, par leur nature, un appui juridique afin d’apporter des réponses concrètes et d’ainsi rétablir la vérité, la clarté et surtout la confiance entre l’ensemble des parties prenantes.

 

AE : Quelles mesures allez-vous prendre pour prémunir votre Groupe de telles difficultés à l’avenir ?

MN : BGFIBank RDC lance en ce premier trimestre 2019 sa prochaine phase d’accélération de croissance, « AccTrans 2020 » et la Direction Générale ainsi que l’ensemble des 135 collaborateurs s’engagent à continuer de travailler en parfaite transparence avec l’ensemble de son écosystème incluant les clients, les partenaires bancaires, les régulateurs et les Etats, pour ne citer que ceux-là, dans le respect des lois et des règlementations applicables. Notre approche, en qualité de filiale, membre d’un groupe financier international de premier plan, est d’opérer sur base de normes d’excellence en ligne avec les plus strictes exigences de tous nos partenaires africains et internationaux. A ce sujet, nous avons lourdement investit dans les ressources (humaines, informatiques) et les processus adéquats et maintenons cet objectif comme une priorité absolue et partie intégrale de notre plan de développement. BGFIBank RDC prend sa responsabilité sociétale très sérieusement et souhaite à travers l’ensemble de ses activités contribuer positivement aux enjeux économiques, éthiques et environnementaux chers à l’ensemble de nos partenaires internes et externes à travers le monde.

 

AE : Partout en Afrique, les banques avancent à grand pas dans leur digitalisation. Quels sont vos projets dans ce sens ?

MN : Pour BGFIBank RDC, AccTrans 2020 inclut une transformation digitale pour offrir à notre exigeante clientèle de particuliers haut de gamme, de PMEs à haut potentiel, de Corporate de premier plan et d’institutionnels, une expérience digitale répondant à leurs besoins de rapidité et de commodité. En effet, dès le premier semestre 2019, les clients de BGFIBank RDC auront à travers BGFIonline et BGFImobile l’occasion de consulter leurs comptes, d’exécuter des transactions et d’obtenir des informations administratives 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. L’expérience humaine restera entièrement disponible également à travers notre réseau d’agence dans tout le pays afin de continuer d’offrir à nos clients, l’expérience BGFI d’un service personnalisé, offrant conseils et solutions sur mesure pour leurs besoins de placements, de financement et d’investissement.

 

AE : Envisagez vous des actions spécifiques pour accompagner les femmes et les jeunes qui souhaitent entreprendre en RDC ?

MN : Les femmes représentent 50% de la population en RDC et les jeunes ayant moins de 20 ans plus de 60%. Dans un pays émergent en quête de développement, l’entrepreneuriat offre des opportunités aux jeunes et aux femmes pour devenir créateur plutôt que demandeur d’emploi. BGFIBank RDC est soucieuse d’accompagner ce mouvement et c’est pour cela que nous travaillons en ce moment même sur plusieurs initiatives en partenariat avec des bailleurs internationaux et des entreprises locales telles que l’incubateur « Working Ladies » focalisées sur l’émancipation économique des femmes et de la jeunesse congolaise. Nous savons sur base de notre expérience que les entrepreneurs ont souvent besoin de plus que juste du capital et c’est pour cela que nous contribuons, à travers nos conseils, à des modèles de soutien qui pourront toucher le plus grand nombre et être répliqués à plus grande échelle à travers le pays pour un impact social majeur. De manière concrète, nous encourageons les partenaires multilatéraux et les investisseurs internationaux à considérer un partenariat avec BGFIBank RDC pour financer à travers notre réseau les femmes et la jeunesse, avec la satisfaction d’un retour sur investissement financier et un impact social important.

 

AE : Votre expérience particulière dans l’investment banking va-t-elle vous amener à développer davantage ce volet d’activité en RDC ?

MN : J’ai en effet commencé ma carrière il y a presque 20 ans en investment banking dans les bureaux de Merrill Lynch à New York dans le secteur energie, j’ai plus récemment été Directeur Général de BGFI Investment Banking (BIB), laquelle a énormément contribuée au financement de projets d’envergure à travers l’Afrique centrale et l’Afrique de l’ouest dans les secteurs : infrastructure, pétrolier, minier, hôteliers, emprunts obligataires des Etats etc. Cette ligne métier, aujourd’hui dirigée par mon collègue M. Léandre Bouanza Mombo, fera partie intégrale de l’offre de services de BGFIBank RDC en partenariat avec BIB. Nous souhaitons soutenir les entreprises locales mais aussi accompagner et conseiller l’Etat, les institutions parapubliques, les larges corporate, les partenariats publics-privés et les investisseurs internationaux dans la mise en œuvre de projets majeurs en RDC (énergie, infrastructure, industries extractives/mines, FMCG etc.) BIB et BGFIBank RDC interviendront en qualité d’arrangeur dans la conception, la structuration, l’exécution et le suivi de plans de financement complexes en partenariat avec nos partenaires financiers internationaux. Nous avons, dans le passé, levé plusieurs milliards de dollars dans le cadre de transactions à succès et on souhaite introduire ces solutions sur le marché congolais dès à présent.

 

AE : En 2017 toujours, la hausse des coûts d'exploitation s'est traduite par un bond du coefficient net d'exploitation à 73%, bien au dessus de la moyenne en Afrique centrale. Quelles mesures prendrez vous pour maitriser ces coûts ?

MN : Le coefficient net d’exploitation des banques en RDC est particulièrement élevé à plus de 70% pour les trois premières banques du pays. Ceci révèle de la relative faible rentabilité du secteur à ce stade de développement, mais nous restons optimistes pour une amélioration sur le moyen et le long terme. Pour atteindre des seuils acceptables de coefficient net d’exploitation, il nous faudra jouer sur deux leviers : (i) augmenter notre PNB via un renforcement de nos marges et de nos parts de marché sur base d’une offre de services supérieure et (ii) maîtriser nos coûts à travers une efficience maximale de notre chaine de valeur.

 

AE : Quels sont les autres points de la stratégie « Acc Trans 2020 » que vous projetez de mettre en œuvre ?

MN : Je suis convaincue que rien de ce que nous ferons durant le plan AccTrans2020 n’est plus important que de mettre les bonnes personnes au bon endroit et d’accentuer une culture de la performance pour que l’entreprise puisse atteindre les objectifs ambitieux fixés. Par cela, je veux dire qu’une excellente stratégie ne créée de la valeur que si elle est exécutée par des hommes et des femmes engagées à relever les challenges et capturer les opportunités. À la fin de la journée, plutôt que de parier sur des points stratégiques, on parie plutôt sur la capacité de l’équipe à exécuter la stratégie, laquelle peut être amenée à évoluer sur base d’un contexte changeant.

 

AE : La BAD a récemment annoncé le lancement du projet de pont entre Kinshasa et Brazzaville. Envisagerez vous également un « pont bancaire » entre BGFIBank Congo et BGFIBank RDC ?

MN : En effet, il existe beaucoup de synergies possibles entre BGFIBank Congo Brazzaville et BGFIBank RDC Kinshasa tant au niveau du transfert des connaissances, du capital humain et de la mutualisation de certains investissements etc.; nous prévoyons d’accroître la collaboration avec notre filiale sœur qui brille depuis presque deux décennies en qualité de première banque du Congo Brazzaville.

Propos recueillis par Dominique Flaux 

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Au seuil de la nouvelle année, Henri-Claude Oyima, PDG de BGFIBank fait le bilan de santé de son groupe et fixe ses priorités. Entretien.

Agence Ecofin : Comment se termine l’année 2018 pour BGFIBank ?

Henri-Claude OYIMA : Sur les chapeaux de roue. L’année 2018 aura été marquée par une forte croissance de nos activités avec un Total de bilan de plus de FCA 3 milliards et un résultat net qui sera supérieur à celui de l’année 2017. Ces belles performances trouvent leurs fondements dans la forte innovation en termes de produits et de services pour satisfaire toujours plus une clientèle de plus en plus exigeante. Au top de ces innovations, je peux citer la carte Motion Code dite carte à code dynamique, permettant de sécuriser les transactions, particulièrement celles effectuées sur internet, la certification PCI-DSS qui renforce la sécurité cartes bancaires, l’ouverture des nouvelles agences, le renforcement du dispositif de contrôle interne avec de nouveaux outils de lutte anti-blanchiment et de filtrage des opérations. L’objectif recherché est double pour le Groupe :

- revitaliser son offre globale tout en garantissant une meilleure sécurité ;

- se positionner sur le marché comme un leader de l’innovation digitale.

AE : Entre le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Congo, votre groupe reste très sensible à l’évolution du secteur des hydrocarbures. Quelle est aujourd’hui la part de ce secteur dans les activités bancaires du groupe ?

HCO : Il est vrai que les pays que vous citez tirent le gros de leurs ressources des matières premières dont les hydrocarbures. Le positionnement du Groupe BGFIBank dans ces pays reste conforme à sa politique de Banque des Entreprises et des Particuliers haut de gamme. Les résultats engrangés ces dernières années prouvent à suffisance que la stratégie du Groupe BGFIBank est la bonne car elle permet d’assurer un excellent niveau de performance et garantit la pérennité du Groupe BGFIBank.

AE : Justement, BGFIBank est présent dans 5 pays de la CEEAC et 3 de la CEDEAO. Selon vous, dans lequel de ces deux ensembles le climat des affaires est-il le plus favorable au secteur bancaire ?

HCO : Le Groupe BGFIBank est présent aujourd’hui dans 6 pays en zone CEEAC et dans 3 pays en zone CEDEAO. Ces deux zones présentent pour nous des avantages et le climat des affaires reste favorable pour nos activités. Dans ces deux zones, nous exerçons nos activités avec des fortunes différentes. Chaque ensemble sous régional a ses avantages et ses points d’amélioration potentiels. La politique de diversification géographique et des métiers du Groupe BGFIBank, associée à sa gestion prudentielle, lui assure constamment une maîtrise des risques qui lui garantit des performances constantes.

AE : La BEAC, au cours d'une session du comité de politique monétaire de la sous-région, a dénoncé la violation des règles prudentielles par nombre d'établissements bancaires. Quelle est la situation de BGFIBank dans ce contexte ?

HCO : Le Groupe BGFIBank entretient avec la BEAC d’excellentes relations en tant que premier Groupe Bancaire et financier de la zone CEMAC. Ce statut nous confère le respect de la règlementation dans toute sa rigueur. C’est ce que je m’efforce de porter comme engagement. Il est vrai que plusieurs établissements de crédits de notre zone ont fait l’objet d’auditions des Commissaires de la BEAC sur les problématiques des avoirs extérieurs.

AE : Toujours selon la BEAC, le système bancaire reste malgré tout globalement surliquide. Malheureusement, le ratio des crédits à l’économie reste très faible. Que faudrait-il changer pour que les banques prêtent davantage aux entreprises ?

HCO : Je vous confirme que le ratio des crédits à l’économie par rapport au PIB (Produit Intérieur Brut) est très faible dans notre zone par rapport à ce qui est observé dans les pays dits développés. Il y a des évidences que nous refusons de voir. Le crédit à l’économie tire le PIB et non le contraire et c’est le crédit à la clientèle qui crée les dépôts. Par ailleurs, il faut savoir que l’activité bancaire est la plus réglementée au monde. La rigidité de la règlementation, qui fait des établissements de crédits des assujettis, leur impose des règles auxquelles ils ne peuvent se soustraire. Tant que les choses restent en l’état, le financement de l’économie sera obéré et nous ferons des petits pas pendant que les autres ont font des grands.

AE : Avec la restructuration du marché financier de la zone CEMAC, quelle stratégie va adopter BGFI Bourse pour s’adapter à cette nouvelle donne qui s’annonce très concurrentielle ?

HCO : BGFI Bourse totalise aujourd’hui plus d’une dizaine d’opérations d’envergure, ce qui conforte sa position de Leader dans le paysage boursier régional avec un large éventail de clients privés, institutionnels et étatiques sur le plan international.

En plus des opérations déjà réalisées tant au niveau national qu’à l’international, BGFI Bourse ambitionne de renforcer sa présence dans nos zones d’implantation. Le succès rencontré en Afrique centrale a valeur d’exemple et devrait pouvoir être dupliqué dans ces régions. Ce redéploiement est la traduction concrète de la transformation et de la proximité client souhaitée par le Groupe.

AE : Vous assumez désormais vous-même la présidence du Conseil d’administration de BGFIBank RDC. Est-ce à dire que cette filiale un peu turbulente est désormais sous votre étroite surveillance ?

HCO : La RDC est un pays important pour notre groupe compte tenu de sa taille et de son potentiel économique. Ces derniers mois, nous avons normalisé la gouvernance de notre BGFIBank RDC avec la nomination d’un nouveau Directeur Général, Mme Marlène NGOYI MVIDIA, et d’un nouveau Conseil d’Administration. Lorsque les choses ne vont pas comme nous le souhaitons, il est normal que le Chef endosse la veste de « Commandant en Chef » pour donner confiance et surtout affirmer l’attachement de cette filiale au Groupe BGFBank. BGFIBank RDC est sous la surveillance étroite du Groupe. Je peux vous garantir que, comme toutes les autres filiales du Groupe, BGFIBank RDC applique les règlementations édictées à la fois par la Banque Centrale du Congo et aussi par les politiques du Groupe BGFBank. Ce mode opératoire est applicable par toutes les sociétés du Groupe et je n’hésiterais pas d’appliquer les dispositions prévues en cas de manquement.

AE : A quelle étape se trouve aujourd’hui la digitalisation de votre groupe bancaire ? Et jusqu’où souhaitez-vous aller dans ce domaine ?

HCO : BGFIBank a pris le virage de la révolution digitale depuis près de cinq ans. Cela concerne aussi bien le fonctionnement lui-même de notre Groupe, à travers la transformation de nos systèmes d’informations notamment, que de nos relations avec notre clientèle avec la mise en œuvre d’une stratégie commerciale qui le place au centre de toute la dynamique commerciale ou bien encore des produits et des services que nous leur offrons. Les performances actuelles nous confortent dans notre logique du tout numérique.

AE : Quel est votre objectif numéro 1 pour l’année 2019 ?

HCO : Accélérer encore notre dynamique de croissance impulsée depuis plusieurs années, consolider notre position de leader dans le financement de nos économies , asseoir notre statut d’institution bancaire de référence à l’échelle de l’Afrique et nous développer à l’international pour toujours mieux y accompagner nos clients, tout en garantissant à nos actionnaires un rendement toujours élevé.

Propos recueillis par Dominique Flaux

Publié dans Banque

La 34ème session du Comité intergouvernemental d'experts (CIE) de l'Afrique centrale qui se tient du 18 au 21 septembre 2018 19 à N’Djamena au Tchad, dresse un diagnostic peu reluisant du processus d’industrialisation dans la sous-région.

En effet, le 19 septembre dernier, au terme de débats intenses sur les moyens de financement de l’industrialisation pour un développement durable dans la sous-région, les experts ont convenu que plusieurs facteurs obèrent encore les flux de trésorerie nécessaires au financement durable de projets industriels en Afrique centrale, avant d’esquisser des pistes de solutions pour sortir de cet engrenage.

Parmi les obstacles au processus d’industrialisation de la sous-région, ils ont entre autres, évoqués : les charges fiscales, des conditions prohibitives d'accès aux prêts, de faibles taux d'épargne nationaux, une dette publique insoutenable, des canaux de financement restrictifs, des indices de perception politique négatifs ainsi que des environnements des affaires difficiles.

A ces entraves, s’ajoute aussi le fait que «la majorité des économies de notre sous-région suivent des programmes d’ajustement structurel en raison de la chute des prix des matières premières qui a débuté en 2014, ce qui ne laisse qu’une faible marge budgétaire pour des investissements à long terme nécessaires pour nos efforts d’industrialisation», comme l’a rappelé, le Secrétaire d’État à l’Économie et à la Planification du Tchad, Hissein Tahir Souguimi.

Nécessité de faire une bonne utilisation des ressources financières disponibles

Dans le cadre des solutions de sortie, sur la base d’une étude approfondie menée par la CEA, «les participants ont appris que l’actif financier en Afrique centrale ne représente que 16,7% du PIB de la sous-région, bien en dessous de la moyenne de l’Afrique subsaharienne (57%). Mais, chose surprenante, la sous-région laisse dormir environ 400 milliards de dollars (15% du PIB de l’Afrique) dans les fonds de pension et de sécurité sociale du continent».

Pourtant, selon Antonio Pedro, chef du Bureau de la CEA pour l’Afrique centrale «ces sources de financement innovantes qui ont fait leur preuve ailleurs peuvent être adaptées au contexte de l’Afrique centrale ». Parmi ces financements, il s’est référé à la création de fonds de garantie bien ciblés pour les PME, le recours aux importantes bourses d'investisseurs institutionnels pour la création de fonds de dépôt et d'investissement capables de financer des projets à fort impact sur le développement. Il a également mis en garde sur le fait que «la mobilisation des fonds pour l’industrialisation ne consiste pas seulement à rechercher des financements».

Car, selon lui, «cela nécessite des investissements aux niveaux macro et micro en vue d’améliorer les infrastructures matérielles et non matérielles pertinentes, notamment garantir la qualité des cadres juridiques et réglementaires et résoudre les autres défaillances du marché et contraintes qui affectent la compétitivité des entreprises».

Urgence de meilleurs écosystèmes financiers

Sur un tout autre plan, la vice-présidente de la Commission de la Cémac, Fatima Acyl, a invité les pays de la sous-région à s’orienter vers des solutions communes. «Nous ne devons pas attendre que toutes les conditions soient réunies avant de nous mettre à l’œuvre pour le financement de l’industrialisation - les pays de la sous-région doivent mettre leurs ressources en commun pour trouver des solutions.», a-t-elle indiquée.

Dans la même logique, le Dr. Rafael Nsue Tung, conseiller du président de la Guinée Equatoriale, a quant à lui souligné «qu'en raison des ressources limitées des banques de développement de la sous-région, il est nécessaire d’avoir des systèmes plus ouverts et transparents, afin de mobiliser des liquidités à travers des instruments comme les titres de créance, car l’opinion publique doit faire confiance au système pour pouvoir y investir»

Avant d’indiquer par la suite «que les prêts publics doivent être pertinents et contribuer à l’atteinte des objectifs de développement, d’où la nécessité de vérifier les engagements pris par les gouvernements lorsqu’ils empruntent des fonds pour le compte des pays dans le but de financer l’industrialisation».

En dernière analyse, le Dr Dominique Njinkeu - ancien facilitateur des échanges à la Banque mondiale, désormais négociateur des transactions pour le compte d’un fonds d'investissement privé, a fait valoir qu'il était nécessaire de créer des programmes visant à renforcer les capacités des opérateurs économiques et les soutenir dans la recherche d’instruments financiers indisponibles dans la sous-région.

Stéphane Billé

Publié dans Economie

La BEAC, la banque centrale commune aux pays membres de la Communauté Economique et Monétaire d'Afrique Centrale (CEMAC), serait en train d’examiner la possibilité d’options complémentaires à la gestion actuelle de ses réserves de change, a appris l'Agence Ecofin de sources officielles.

Aujourd’hui, dans le cadre des accords monétaires qui lient cette sous-région à la zone Euro, et donc la France, l’institution doit recevoir tous les revenus en devises générés par les activités de ses Etats membres, et en déposer une partie (50% actuellement) dans un compte des opérations (rémunéré) qui est logé au trésor public français, afin de garantir la convertibilité illimitée de sa monnaie.

Mais dans la pratique, certains Etats, notamment les gros producteurs de pétrole, n'ont pas toujours effectué un rapatriement de tous leurs revenus extérieurs, créant ainsi une distortion dans la gestion de la politique monétaire. Les raisons avancées par ce non respect des Etats sont nombreuses.

Selon le Fonds Monétaire International qui les suit de près, on relève le fait de vouloir satisfaire à l'exigence de constituer de fonds de contrepartie pour la réalisation, par des partenaires au développement, de certains travaux d'infrastructure (un cas observé surtout avec la République du Congo). D'autres souhaitent avoir plus de flexibilité en cherchant à échapper à la rigidité de la BEAC. Il y a aussi les échecs passés de l'institution et la volonté de gagner plus de ses réserves.

La BEAC veut diversifier ses partenaires dans la gestion des réserves de change. Elle pourrait ainsi travailler avec d'autres banques centrales et commerciales, susceptibles de générer de meilleurs rendements et permettre une gestion plus souple des avoirs en devises.

Mais convaincre les dirigeants à la tête des pays de la CEMAC n'est pas une mince affaire. Dans le cadre du programme des réformes économiques actuellement en cours de mise en oeuvre, l'institution d'émission de la monnaie a souhaité que soit mis à sa disposition, les contrats miniers et pétroliers qui génèrent le gros (70%) des revenus en devises de la sous-région.

Elle n'a reçu aucun refus officiel jusqu'à maintenant, mais n'a pas obtenu non plus de réponses positives. Les Etats de la CEMAC semblent s'être disciplinés avec la crise des devises qui n'est toujours pas partie de leur porte. De près de 36% en 2009, les réserves de change non rapatriées par les Etats de la CEMAC étaient estimées à environ de 22% seulement à la fin 2016. Mais ce chiffre peut être plus important si on prend en compte la faible publication des données.

Agir est d'autant plus urgent pour la banque centrale, que les résolutions prises lors de la rencontre urgente de décembre 2016 à Yaoundé au Cameroun, sont mise en oeuvre à des dégrés divers. Si le Gabon, le Cameroun et le Tchad sont parvenus à un accord avec le FMI, le Congo tarde à avancer. Or, le flou qui entoure la situation de la dette extérieure de ce pays constitue un défi pour la sous-région.

Dans le même sens, la crise n'est toujours pas passée. Malgré de gros efforts, le Cameroun qui concentre le plus gros des réserves de change, bien que n'étant que le quatrième exportateur de la CEMAC, a débuté l'année 2018 sur un creusement de sa balance commerciale.

A la fin du mois d'avril 2018 (date à laquelle les données sont disponibles), les avoirs extérieurs nets de la CEMAC se situaient à 3096 milliards de FCFA (5,43 milliards $). Ils ne représentaient que 2,5 mois des importations de la sous-région. Un niveau en dessous de la moyenne standard fixée à 3 mois par ses dirigeants, et plus faible que le niveau de référence de 6 mois requis pour les pays qui partagent le même statut monétaire.

Idriss Linge

Publié dans Economie

La situation complexe que traverse actuellement le Tchad avec Glencore Plc, le géant mondial du trading des matières premières, ne serait pas un cas isolé en zone CEMAC.

Ainsi, selon des sources auxquelles l'Agence Ecofin a eu accès, la République du Congo se trouve également en une situation délicate suite à des transactions menées avec des traders et des banques internationales.

Le pays d'Afrique centrale est aujourd'hui pointé du doigt par les agences de notation et des experts de l'économie de la sous-région au sujet de sa dette en forte hausse, et dont le montant ne serait pas très clairement défini. Selon certains commentateurs, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle des discussions pour un plan de relance avec le FMI peinent à avancer.

Bien que le pays ait obtenu le statut « conforme » dans le cadre de l'Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE), il n'a pas expliqué publiquement la situation de sa dette, que des chiffres alarmistes n'hésitent pas à présenter comme ayant atteint les 100% de son produit intérieur brut (PIB).

De sources crédibles, il ressort que le flou dans la dette congolaise, serait davantage lié à des engagements pris par sa société nationale pétrolière, la SCNP Congo, avec des traders et des banques internationales. Il se dit, que l’entité serait allée au-delà de ses pouvoirs, et aurait reçu de l’argent en avance, de la part d’un trader et de plusieurs banques internationales, pour du pétrole qui était censé être livré dans le futur, dans le cadre de ce qu’on appelle des contrats à terme.

C’est une pratique assez courante dans les transactions modernes, où deux parties peuvent convenir de la livraison d’une quantité de marchandise précise dans le futur, et le vendeur reçoit le prix convenu bien à l’avance.

Dans le cas du Congo, la Société Nationale Pétrolière devait livrer des quantités précises de pétrole. Mais elle ne dispose de ce pétrole que dans le cadre de ce qu’on appelle « un contrat de partage de production. » 

La contrainte avec ce type d’accord, c’est que lorsque les prix du baril sont élevés, la part de production en baril, affectée pour la compensation des dépenses d’exploitation et d’exploration (fixées en dollar US) est relativement faible, et les parties dégagent des cargaisons importantes. Mais lorsque les prix baissent, il faut plus de baril pour compenser les dépenses et le volume des cargaisons des associés baisse d’autant.

Nous n’avons obtenu d’indicateurs précis sur le montant de dette concernée, parce que ni le contrat à terme avec les traders, ni les contrats avec les sociétés de productions pétrolières ne sont rendus publics. Mais en 2017, le gouvernement aurait décidé de reprendre la dette de la société des hydrocarbures et de procéder à une évaluation de son poids réel dans la dette publique globale du pays.

La situation n'est pas très éloignée de celle que vit le Tchad. Le pays du président Idriss Deby pour sa part, avait obtenu un prêt formel de Glencore et de banques internationales pour acquérir des actifs pétroliers. Le remboursement de la dette était adossé sur des volumes de pétroles à transférer. Avec la baisse des prix, le gouvernement tchadien recevait moins de cargaisons et ne pouvait honorer facilement ses engagements.

Que les pays soient victimes ou coupables dans des processus parfois très complexes, la question de la relation entre les Etats et leurs partenaires dans le secteur pétrolier, fait aujourd'hui l'objet de sérieuses discussions entre la banque centrale (BEAC) et les gouvernements de la CEMAC. L'institution d'émission monétaire a souhaité recevoir les contrats miniers et pétroliers, afin d'avoir une visibilité sur le poids des deux secteurs sur les revenus en devises.

Mais de sources proches à la BEAC, si les pays membres n'ont pas formellement marqué leurs refus, aucun n’a encore communiqué ces contrats à l'institution d'émission monétaire. La question ne manquera donc pas de faire l'objet de débats lors de la quatrième rencontre du comité de pilotage du programme de réforme économique de la CEMAC, qui se tient ce 02 février 2018 à Douala au Cameroun.

Un des piliers de ce programme est justement l'amélioration des relations avec les bailleurs de fonds, afin de poursuivre avec la consolidation des réserves de change. Or le Tchad se trouve dans une situation de quasi blocage avec le FMI en raison du dossier Glencore. Il n'est pas exclu, que la république du Congo soit en train d'avancer à petit pas sur son programme économique en raison du flou qui entoure la situation de sa dette publique.

Idriss Linge

Publié dans Gouvernance

Dans le cadre de la présentation de l’édition 2018 de ses Perspectives économiques africaines (PEA 2018) le 17 janvier dernier à Abidjan, la Banque africaine de développement (BAD) a relevé un état des lieux mitigé de l’économie gabonaise. Si l’institution financière panafricaine a confirmé la résilience des économies africaines face aux chocs des dernières années, elle a, dans le cas du Gabon, indiqué que le taux de croissance ne devrait pas dépasser 1 % en 2017, malgré de nombreuses initiatives entreprises  pour faire face à la crise économique en cours.

Situation des indicateurs macroéconomiques

Selon la BAD, depuis la chute du cours du pétrole, le Gabon enregistre des pertes de recettes qui ont négativement affecté les finances de l’État, le secteur financier et le secteur productif. En dépit de ses efforts d’ajustement, l’État a accumulé d’importants déficits budgétaires, notamment pour faire face à une masse salariale importante (près de 40 % du budget), et soutenir le programme d’investissement associé à la vision d’émergence du pays. Combinée à l’accumulation d’arriérés, la baisse des investissements publics a nui à la croissance économique, à la création d’emploi et au secteur non pétrolier. Par ailleurs, la balance des paiements est déficitaire et les réserves de l’État auprès de la Banque centrale se sont fortement amoindries.

Les bons points

Le Gabon est aujourd’hui déterminé à réduire sa dépendance à l’égard des matières premières, notamment les hydrocarbures, et à transformer son économie pour devenir un pays émergent d’ici 2025. Il a mis en place une véritable politique industrielle comprenant, notamment, l’aménagement de zones économiques spéciales et l’attraction d’investissements directs étrangers.

Ces mesures se concrétisent, entre autres dans le partenariat public-privé avec la société OLAM, dont le but est de promouvoir l’agriculture de subsistance et d’exportation en tant que relai de la croissance. Pour améliorer la performance des administrations publiques, le gouvernement a lancé des réformes visant à rationaliser l’effectif des fonctionnaires, à revoir les missions de certains ministères et à réorienter les ressources publiques vers l’obligation de résultat.

Les réformes sont soutenues par la communauté internationale à travers, notamment, un accord triennal de 655 millions de dollars EU approuvé en juin 2017 par le Fonds monétaire international au titre de sa Facilité élargie de crédit, ainsi que des appuis budgétaires de la Banque africaine de développement, de la Banque mondiale et de l’Agence française de développement.

Les mauvais points

L’appartenance à une union monétaire aide le Gabon à maintenir des taux d’inflation bas, mais elle limite ses possibilités d’adaptation aux chocs et de compétitivité extérieure. La diversification économique limitée demeure une contrainte majeure et empêche le pays de tirer des gains de plus fortes exportations non pétrolières. Malgré la maitrise des dépenses de la fonction publique et le recentrage des dépenses publiques, le Gabon a accumulé, depuis trois ans, d’importants arriérés vis-à-vis du secteur privé.

Ils freinent le développement du secteur non pétrolier, pénalisent l’emploi et, à terme, risquent de fragiliser le secteur bancaire en raison de l’accumulation des prêts douteux. Le niveau de la dette publique est également préoccupant dans la mesure où il a sensiblement augmenté ces dernières années, pour atteindre près de 59 % du PIB en octobre 2017.

L’État doit également massivement continuer à investir dans les infrastructures, notamment routières, pour rester une destination attractive pour les investissements étrangers. La stratégie de financement doit toutefois préserver la soutenabilité de la dette.

Stéphane Billé

Publié dans Economie
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