Expert en sécurité financière et analyste des politiques économiques, Mays Mouissi, analyse le projet de loi des finances du Gabon pour l’année 2016 et interpelle le gouvernement sur les urgences à prendre en compte pour faire face à la chute des cours du pétrole sur le marché international et à la baisse de la production pétrolière du pays.

LNG : Le projet de loi, portant budget du Gabon, pour l’exercice 2016, est fixé à 2626 milliards de FCfa contre 2665,2 milliards de FCfa pour l’année 2015, soit une baisse de 25 milliards de FCfa. Le gouvernement explique cela par la chute des prix du baril de pétrole sur le marché international. Suffisant comme explication d’après-vous ?

MM : Le Gabon est structurellement dépendant de son secteur pétrolier dont les revenus constituent environ 50% des recettes budgétaires de l’Etat. En un an, les cours du brut à l’international ont baissé de moitié. Par ailleurs, le pétrole gabonais est vendu sur les marchés avec une décote d’environ 5 $, ce qui diminue sa part de revenus pétroliers. Dans ce contexte, il est normal que loi de finances de 2016 anticipe un recul des ressources publiques. Je suis cependant surpris que la baisse annoncée s’élève seulement 25 milliards FCFA (soit à peine -1%). Cette prévision me paraît outrageusement optimiste, ne serait-ce qu’au plan mathématique. En effet, si le pétrole qui représente 50% du budget a son prix qui baisse de moitié, la baisse sous-jacente dans la loi de finances ne peut se limiter à 1%.

LNG : Comment évaluez-vous l’impact de cette chute des cours du pétrole sur l’économie gabonaise ?

MM : La chute des cours a un impact négatif aux plans économique, social et budgétaire. Ce schéma se reproduit à chaque fois que les cours du brut baissent fortement. En 58 ans d’exploitation pétrolière, le Gabon n’a malheureusement pas mis en place des instruments de résilience efficaces susceptibles de lui permettre d’absorber les chocs pétroliers exogènes sans perturber ses équilibres macro-économiques. Certes, il y a eu la création du Fonds souverain de la République gabonaise (FSRG), mais cet instrument n’est pas dimensionné pour limiter l’impact de la baisse des cours actuelle sur l’économie du Gabon. C’est l’occasion de rappeler que le décret n°005/2012/PR en son article 3 a fixé à 500 milliards FCFA le capital minimum du FSRG. A ce jour, la constitution de ce capital n’a toujours pas été réalisée intégralement, limitant de fait la capacité d’action du FSRG.

LNG : Avec l’augmentation récente des salaires, avec les élections prévues et avec les préparatifs de la Can 2017, on se serait attendu à une hausse du budget. Est-ce un message aux opérateurs économiques que l’Etat va trouver d’autres sources de recettes comme les taxes où autres impôts divers qui peuvent s’ajouter ?

MM : Les charges de l’Etat vont effectivement s’accroitre en 2016 en raison des éléments que vous évoquez. En règle générale, lorsque les ressources de l’Etat baissent et que les emplois demeurent à un niveau constant, trois possibilités s’offrent à lui : baisser les charges, augmenter le niveau des prélèvements et/ou recourir à l’emprunt.

Le relèvement des impôts risquerait d’affecter l’activité économique. Je conseillerais à l’Etat de réduire ses charges. Cela ne passe pas nécessairement par une suppression des emplois dans l’administration publique, une reforme conduisant à la suppression de certaines institutions dont je me permets de douter de l’utilité, peut être efficace.

LNG : Parlant de suspension, quelles sont les institutions auxquelles vous pensez et pourquoi ?

MM : Je demande de trouver des solutions alternatives pour réduire les charges de l'Etat. Je propose pour cela de supprimer certaines institutions et d'engager des réformes dans l'ordonnancement des dépenses publiques. Je pense par exemple qu'il faut supprimer le Sénat. Les dispositions de l'article 36 de la Constitution du Gabon donnent à l'Assemblée nationale et au Sénat exactement les mêmes missions : Voter la loi, consentir l'impôt et contrôler l'action du gouvernement. Un parlement monocaméral pourrait valablement assurer ces missions et permettrait d'économiser 20 milliards FCFA.

La valeur ajoutée du Conseil économique et social (CES) ne me parait pas de nature à conserver cette institution, du moins pour l'instant. Au-delà, l'Etat pourrait faire auditer l'administration pour identifier les structures qui chaque année bénéficient de ressources publiques alors même qu'elles sont obsolètes ou peu efficaces. Les résultats de cet audit permettraient à l'Etat d’alléger son mille-feuilles administratif tout en réalisant des économies budgétaires.

LNG : Dans ce budget en recul, l’on constate que les dépenses d’investissement se situent à 562,8 milliards de fCFA dont 382,1 milliards de fCFA au titre des projets bénéficiant de financements extérieurs. Est-ce forcément un danger de consacrer plus de la moitié de ses dépenses d’investissement sur des prêts et financements extérieurs ?

MM : Le recours à l’endettement peut s’avérer positif dès lors que le stock de dette reste à un niveau soutenable, que l’Etat emprunte à des taux raisonnables et que les ressources d’emprunts servent à financer des projets structurants. Dans le cas du Gabon, la dette s’est fortement accrue ces six dernières années passant de 23,1% du PIB en 2009 à 38,7% du PIB en 2015. Le stock de dette s’élève désormais à environ 3260 milliards FCFA. Les autorités gabonaises doivent veiller à infléchir la progression de l’endettement du pays pour éviter que la charge de la dette redevienne le principal poste de dépenses budgétaires comme ce fut le cas avant 2008. Il faut toujours se rappeler qu’une dette trop importante a pour effet de cannibaliser les ressources publiques avec pour conséquence principale la réduction des investissements.

LNG : Ce recul budgétaire due à la baisse des revenus du pétrole est-il de nature à modifier la nouvelle donne de gouvernance établie dès le 01er janvier 2015 qui est la Budgétisation par objectifs de programme ?

MM : La budgétisation par objectif de programme consiste à affecter des ressources budgétaires par programme à l’inverse de ce qui se faisait dans les lois de finance précédentes où les ressources étaient affectées par dépenses unitaires. Le recul budgétaire enregistré n’a pas d’effet sur la façon dont est préparé et modélisé le budget.

LNG : Un an après sa mise en œuvre, pensez-vous que cette Budgétisation par objectifs de programme a conduit les managers « à mieux communiquer avec leur ministre, à tenir une gestion transparente des ressources mise à leur disposition, à rendre des comptes sur les niveaux de performance atteints et sur la façon dont la dépense a été effectuée » comme le prévoyait à l’époque le ministre Christian Magnagna ? 

MM : J’ignore si les managers communiquent mieux avec leur ministre. Je constate cependant que la transparence dans la gestion des ressources a été mise en cause par certains parlementaires appartenant pourtant au parti au pouvoir. La procédure budgétaire veut qu’une loi de règlement soit présentée au parlement l’année qui suit le vote du budget de l’Etat. Cette loi de règlement est souvent présentée tardivement, et parfois pas du tout, rendant ainsi illisible la mesure de l’effectivité et de l’efficacité de la dépense publique. Le gouvernement gagnerait à être plus transparent sur les questions budgétaires.

LNG : Avec la chute des prix du baril du pétrole sur le marché international, le Gabon a la volonté de diversifier son économie. Pensez-vous que les résultats de la diversification de l’économie avec des actions comme le programme Graine peuvent à moyen terme combler l’impact de la baisse des revenus pétroliers ?

MM : La diversification de l’économie que les autorités gabonaises tentent d’amorcer est encore très timide. Même s’il est vrai qu’au cours des quatre dernières années, le secteur hors pétrole a connu une croissance à deux chiffres tous les ans, la part des revenus pétroliers dans le budget de l’Etat reste prépondérante.

Le programme GRAINE vise à densifier la production agricole nationale tout en réduisant sa dépendance vis-à-vis de l’extérieur. Le programme est certes ambitieux, mais il doit encore faire ses preuves. Lancé le 22 décembre 2014, Graine n’est à ce jour mis en œuvre que dans quatre provinces sur les neuf que compte le Gabon. Il serait illusoire de penser que ce programme puisse à lui seul combler la baisse des revenus pétroliers à moyen terme. Sur l’agriculture, je veux rappeler qu’en 2001 à Maputo (Mozambique), le Gabon à l’instar d’autres pays d’Afrique s’est engagé à consacrer 10% de ses ressources budgétaires au secteur agricole afin de créer les conditions de l’autosuffisance alimentaire. Dans la loi de finances 2016, les ressources affectées à l’agriculture et à l’élevage peinent à atteindre 3% du budget de l’Etat. Ce manque à gagner est préjudiciable à l’éclosion du secteur.

LNG : Qu’en est-il des retombées de l’interdiction de l’exportation des grumes ?

MM : C’est l’une des mesures phares prise en vue de diversifier l’économie du Gabon : la décision d’interdiction d’exportation de bois non-transformée afin de développer un tissu industriel local et de créer de la valeur ajoutée sur le territoire national. Ce fut une mesure de bon sens, je déplore simplement que les mesures d’accompagnement prises n’aient pas été à la hauteur de l’ambition de cette décision. Entre 2009 et 2014 le volume de bois transformé n’a cru que de 15%, ça laisse penser que tous le bois coupé n’est pas transformé.

LNG : Dans une récente chronique, vous indiquiez que la production pétrolière du Gabon pourrait tomber à 100 000 barils/jour dans moins de 10 ans. Quels pourraient être les conséquences et que pourraient faire les autorités pour limiter la dépendance pétrolière et éviter les dégâts sur son budget ?

MM : En l’absence de découverte majeure et si la tendance baissière qu’on observe se poursuivait, le Gabon ne produirait plus que 100 000 barils/jour dans une dizaine d’années. Si le pays n’engage pas une réelle diversification de son économie dans l’intervalle, cette baisse de production se traduira par de grands déséquilibres macro-économiques avec pour corollaire une crise sociale majeure.

Il est donc urgent que ceux qui assurent la gestion de l’Etat en prennent conscience. La diversification de l’économie est devenue indispensable et elle doit se faire maintenant. Des mesures fortes et concrètes doivent être prises pour booster encore plus l’industrie forestière qui a le mérite d’embaucher beaucoup de main d’œuvre. Le tourisme haut de gamme, l’agriculture et les services sont autant de domaines où le Gabon peut se spécialiser et créer de la valeur ajoutée.

 

Propos recueillis par Beaugas-Orain DJOYUM

 

Publié dans Economie

Le Gabon fait partie des premiers pays de l’Afrique centrale à avoir soumis à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) ses propositions nationales pour lutter contre les changements climatiques. Décryptage.

 

Pour un bon déroulement de la 21e conférence des parties (COP21) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques qui se tient à Paris en France du 30 novembre au 15 décembre 2015, le Gabon a présenté aux Nations Unies ses solutions pour lutter contre les changements climatiques. L’objectif étant surtout de permettre aux différentes parties de parvenir à la signature d’un accord historique, global et contraignant pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et limiter la hausse des températures.

Pour éviter donc de reproduire l’échec de Copenhague en 2009, le Gabon a présenté depuis le 01er avril 2015 à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) sa contribution nationale. Il faisait ainsi partie des premiers africains à soumettre ses propositions. Ce document est le fruit des réflexions de plusieurs départements ministériels et acteurs gabonais impliqués dans les activités pouvant favoriser ou limiter les changements climatiques. A en croire le président gabonais, c’est au sortir de l’échec de Copenhague, que le Conseil climat réunissant les administrations, la société civile et les privées s’est tenu pour commencer à plancher sur la question. Principale axe de réflexion, comment se développer tout en préservant la forêt ? « Surtout ce que je ne veux pas entendre c’est qu’on me demande de choisir l’un ou l’autre. Les deux doivent marcher. Débrouillez-vous, trouvez-moi quelque chose ! », avait alors prescrit Ali Bongo. C’est au terme des différentes concertations que la proposition nationale du Gabon a été soumise, tout comme le pays mis sur pied un Plan de développement durable tenant compte des impératifs de développement et de préservation et un plan d’affectation des terres.

En général, dans la proposition nationale du Gabon soumise à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, le pays s’engage sur la période 2010 – 2025 à réduire d’au moins 50% ses émissions de gaz à effet de serre (GES) et exclut de ses prévisions la réduction à partir d'achats de crédits carbone hors Gabon.

Le Gabon rappelle dans ce document qu’il est couvert à 88% par la forêt et qu’il joue par conséquent un rôle de « puits » de carbone en absorbant plus de quatre fois plus de CO2 que ce qu’il émet. « Le Gabon ne souhaite pas limiter sa politique Climat à la simple conservation de forêts, à l’aide de mécanismes de financement internationaux. Cette logique de rente obérerait sont développement économique et social en l’asservissant à des mécanismes extérieurs, sans lien avec l’économie réelle. C’est pourquoi les engagements pris par le Gabon portent exclusivement sur ses émissions de GES hors stockage de carbone par la biomasse », précise le Gabon.

 

Propositions et engagements

Parmi les activités qui favorisent la production des gaz à effet de serre au Gabon, il y a le torchage du gaz occasionné par l’industrie pétrolière. Des mesures ont été prises pour limiter cette pollution. Représentant 23% des émissions directes en 2000, les émissions liées au torchage du gaz associé dans la production pétrolière ont fait l’objet de plusieurs mesures qui ont déjà des résultats significatifs sur la réduction des émissions de GES, précise le document soumis aux Nations unies. Parmi ces mesures on peut citer l’adhésion en 2007 à l’initiative « Global Gas Flaring Reduction » (GGFR) de la Banque mondiale, la promulgation en 2014 de la loi N° 011/2014 portant règlementation du secteur des hydrocarbures en République gabonaise interdisant le torchage en continu au Gabon et enfin la participation du Gabon en 2015 à l’initiative « Zéro Torchage de Routine d’ici 2030 » lancée par le GGFR. A travers ces mesures, le Gabon prévoit de réduire les émissions de GES de 17 341 GgCO2, soit 41% des émissions (63% en 2025) sur la période 2010-2025.

Aussi, le pays s’engage à réduire de moitié les émissions de GES liées au traitement des déchets et eaux usées à horizon 2025. Compte-tenu de l’évolution attendue de la population, cet engagement doit permettre de réduire les émissions de GES de plus de 2 000 GgCO2 sur 2015-2025, soit 16% par rapport au scénario tendanciel (50% en 2025). Il faut noter que le Gabon s’est déjà doté d’une Stratégie nationale d’adaptation du littoral face aux effets des changements climatiques. Une stratégie qui se décline au travers de mesures visant à une gestion intégrée de la zone côtière par la mise en place d’un cadre juridique approprié, l’acquisition d’outils de surveillance et enfin la formation et l’information. Aussi, le Gabon a engagé à la fois des mesures ou réglementation sectorielles comme l’institution d’un code forestier, la création de 14 parcs nationaux, la définition du plan national de réduction du torchage ou encore l’interdiction d’exportation des grumes, pour limiter le changement climatique. Toutes des mesures prises en application de la loi portant Orientation du développement durable. Côté énergie, afin de maîtriser les émissions de GES liées à la production et à la consommation d’électricité, le Gabon a développé un plan de développement de l’hydroélectricité. Le pays s’engage d’assurer à horizon 2025 une fourniture de l’électricité basée à 80% sur l’hydroélectricité et à 20% sur le gaz.

 

Un Fonds national de développement durable

Pour financer ces ambitions, la loi portant orientation du développement durable prévoit la mise en place d’un Fonds national de développement durable. Le document de contribution nationale du Gabon indique que la création de ce fonds est en l’étude et se positionnera dans la lignée des Fonds nationaux Climat qui se développent dans divers pays, en tenant compte des particularités de la stratégie gabonaise. Ce fonds permettra donc de « canaliser et stimuler une partie des flux financiers dédiés à la réduction des émissions et plus largement au développement durable : (1) budget de l’Etat, (2) investissements privés, (3) revenus des crédits du marché domestique, (4) apports ou prêts de bailleurs de fonds) ».

De même, le Gabon s’est enregistré en janvier 2015 auprès du Green Climate Fund, afin de montrer des résultats dans le domaine de la réduction des émissions, mais aussi de s’adapter à la COP 21. Les différents champs d’action à financer au Gabon en matière de réduction des émissions sont des projets relatifs aux énergies renouvelables, en particulier hydroélectrique ; au traitement des eaux usées et autres déchets; à l’efficacité énergétique ; au transfert des technologies ; à l’affectation des terres pour des projets agricoles et forestiers. Le pays précise que la stratégie climat du Gabon est propre au pays et est en même temps « construite en cohérence avec les tendances internationales, les avancées méthodologiques et les orientations des négociations climatiques et biodiversité. Dans ce cadre, le Gabon prend en charge ses propres choix et recherche en parallèle à établir des partenariats avec des programmes en accord avec la stratégie présentée dans ce document ».

Le pays compte donc bien travailler avec des partenaires internationaux pour financer ce plan. C’est ce que laissait entendre Noël Nelson Messone, du moment où il était le ministre gabonais en charge de l’Eau et des Forêts. « Il faut des financements pour cela. Il y a eu l’engagement des pays développé à fournir 100 milliards de dollars à l’horizon 2020. Aujourd’hui, on ne sait pas trop où en est cet engagement. La position du Gabon à la COP21 sera de rappeler tous ces éléments et dire que nos partenaires qui sont des pays développés qui sont le plus responsable du changement climatique assument leur part de responsabilité historique. Le Gabon ne le dit pas pour ne pas assumer la sienne.  Nous sommes le premier pays africain à soumettre notre contribution nationale. On était le premier pays africain à le faire pour dire que nous sommes prêts à assumer nos responsabilités communes et différenciées. Nous sommes un pays très faible émetteur de gaz à effet de serre et nous avons quand même voulu montrer notre contribution et notre ambition de faire notre part dans la lutte contre le changement climatique », expliquait-il.

Pour sa part, Régis Immongault, l’actuel ministre du Développement durable, de l’Economie, de la Promotion des investissements et de la Prospective, voit en ces problématiques la question du développement de l’Afrique. « En dehors des aspects financiers, le changement climatique renvoie à des enjeux de développement », a récemment déclaré Régis Immongault, dont les propos sont rapportés par l’Agence d’information d’Afrique centrale. Le ministre gabonais participait à une table ronde de la réunion de la zone franc à Bamako au Mali au début du mois d‘octobre 2015. Lors de cette table ronde, le ministre a non seulement exposé la stratégie du Gabon pour que le développement durable constitue l’un des fondements de la croissance du pays, mais également plaidé pour une position commune en Afrique lors de la COP21. En quelque sorte un rappel de la position d’Ali Bongo, qui, lors du New York Forum Africa 2015, invitait les Etats à être à la fois responsables et solidaires. « Ce que j’attends cette fois-ci à Paris, c’est de sortir de cette conférence non pas seulement avec un accord a minima qui illustrerai notre échec. Je veux qu’à Paris nous soyons à la fois responsables et solidaires. Responsable pour reconnaître que nous ne pouvons pas continuer comme cela. Ce n’est pas possible ! Nous sommes suffisamment intelligents pour comprendre que dans la vie il y a des moments où il faut prendre des décisions importantes pour le futur de nos enfants et de nos petits-enfants », avait déclaré Ali Bongo.

 

Beaugas-Orain Djoyum

Publié dans Gouvernance
dimanche, 25 octobre 2015 14:44

L’agriculture, Graine de l’émergence

Pour ne plus dépendre principalement des recettes pétrolières, le Gabon s’est engagé à diversifier son économie par le biais de l’agriculture à travers le programme Graine. Objectifs, limiter ses importations des produits agricoles, améliorer sa sécurité alimentaire, créer des emplois durables et favoriser son développement économique. Zoom sur un projet auquel les autorités accordent la plus grande importance.

Des cargaisons de produits agricoles qui débarquent en milliers de tonnes chaque semaine à Libreville au Gabon en provenance du Cameroun, on ne les verra plus dans les cinq prochaines années. Du moins, plus autant. Le Gabon a lancé le programme Graine (Gabon des réalisations agricoles et des initiatives des nationaux engagés) qui a pour objectif de lancer et moderniser la production agricole nationale dans un pays qui a longtemps consommé en grande partie les produits cultivés par ses voisins immédiats ou importés des pays occidentaux. Chaque année au Gabon, les  importations annuelles de denrées pèsent entre 250 et 300 milliards de FCFA. « Trop lourd pour le panier de la ménagère », reconnaît Ali Bongo, le président gabonais, qui a vu en cette situation une urgence : « Un changement d’approche s’impose  afin que le marché local parvienne à capter le flux de ces importants capitaux dépensés en importation », a déclaré le président lors du lancement du programme Graine en décembre 2014.

Des moyens financiers sont prévus pour en convaincre les Gabonais ! 125 000 Francs Cfa. C’est le montant mensuel que les gestionnaires du programme Graine donneront à chaque Gabonais engagé et ayant décidé de cultiver la terre. Les bénéficiaires devront justifier d’au moins 26 jours de travail. Seulement, ils devront rembourser cet argent après la récolte et la vente de leur production. Mais, avant d’arriver à cette rémunération mensuelle qui entre dans l’axe de ’’l’encadrement de la gestion de l’activité’’, il faudra traverser trois étapes que le programme s’est fixé. La première étant le regroupement des cultivateurs en coopératives, la deuxième étant la formation des superviseurs et le transfert des compétences et la troisième étape, l’attribution des surfaces de production et d’habitation ainsi que du matériel d’exploitation aux membres de la coopérative.

Avec le programme Graine donc, c’est 30 000 familles de 1600 villages qui vont s’organiser en coopératives agricoles pour exploiter plus de 200 000 ha de terre durant cinq ans. Le 01er septembre dernier déjà, dans la province de Woleu-Ntem des agréments de transformation d’associations en coopératives et des titres fonciers ont été délivrés à 95 associations. Ce sont ainsi au total 1655 membres qui ont bénéficié des premiers avantages du programme Graine. Concrètement,  comme prévu pour les 30 000 familles qui en bénéficieront, chacun des 1655 membres de ces coopératives reçoit gratuitement 7 ha de terre pour la production agricole, dont 0,5 ha réservé à un usage privé.

Formation

La province de Woleu-Ntem n’est pas la première à avoir lancé le programme Graine. En mars 2015 dans l’Ogooué-Ivindo, pour la première fois au Gabon, 105 associations ayant un total de 3650 membres avaient changé leur statut pour devenir des coopératives agricoles afin de bénéficier des avantages ci-dessus mentionnés. A toutes ces occasions, Ali Bongo s’est lui-même déplacé pour remettre lesdits documents aux populations et exhorter les jeunes à prendre le chemin des champs.

Ces coopératives seront donc appuyées dans leurs démarches pour l’obtention accélérée des permis agricoles, le préfinancement de leurs activités au sein de la coopérative ou encore l’accès de crédits à des taux préférentiels. La deuxième étape du programme est déjà lancée. C’est la formation, indispensable pour mener à bien les projets agricoles. Le  22 août dernier, un contingent de 54 Gabonais sélectionnés dans cinq provinces, s’est envolé pour la Malaisie en vue d’une formation de quatre mois aux techniques agricoles. Cette formation théorique et pratique qui se fera en partenariat avec le groupe malaisien FELDA sera sanctionnée d’un diplôme. Au-delà de ces 54 personnes actuellement en formation, le pays envisage de former 2500 Gabonais, qui, à leur tour, en tant que superviseurs terrain au sein de leur coopérative, transmettront leurs savoirs à leurs compatriotes.

Sotrader et OLAM

Autre avantage, les membres des coopératives seront couverts par la Caisse nationale d'assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS). Tous ces engagements et promesses ont été pris par le président de République, Ali Bongo, et sont mis en œuvre sur le terrain par la Société gabonaise de transformation agricole et développement rural (Sotrader). Une société conclue sous le modèle pubic-privé entre la République gabonaise (51%) et le groupe Olam International Ltd. (49%), le partenaire technique indien et acteur clé dans la transformation des produits agricoles à travers le monde.

Les responsables du programme Graine expliquent que le groupe Olam a été associé à ce vaste projet, parce qu’il a déjà développé au Gabon en trois ans près de 16 000 hectares de plantations agro-industrielles et en développe d’autres dans le monde entier, comme en Côte d’Ivoire. L’idée générale étant de soutenir les agriculteurs au lancement de leur plantation et d’acheter plus tard leurs productions. Au Gabon, les productions des membres des coopératives seront rachetées par la Sotrader qui retiendra à la source le montant qu’elle a investi dans la création de la plantation (préparation des terrains, machines, semences, fertilisant, rémunération mensuelle, etc.). En effet, des engins agricoles seront mis à la disposition des coopératives. Le 29 août dernier, la Sotrader et son partenaire technique Olam International Ltd ont signé un contrat de 140 millions US$ avec le groupe Caterpillar pour l’achat de 475 bulldozers, dont les premiers sont annoncés sur le sol gabonais dans les semaines à venir.  « Le groupe Olam a réuni de nombreux experts internationaux afin d’établir des équipes compétentes et plein d’expertise. De nombreux managers d’Olam ont travaillé au développement de programmes similaires dans des pays sud-asiatiques, tels la Malaisie, qui a connu un développement économique et rural exponentiel grâce aux retombées de son secteur agro-industriel », soutient la Sotrader sur son site web.

Principal défi, convaincre

A ce jour, 6900 adhérents de 425 coopératives sont déjà inscrits au programme Graine et son coordonnateur général, Léandre Bouloubou, ne manque pas de sillonner les provinces du pays pour expliquer à travers des séminaires et fora d’échanges le bien-fondé de ce projet aux jeunes citadins encore peu réceptifs. Le programme reste à la portée de tout Gabonais âgé de 21 ans au moins et désireux de se lancer dans un projet de coopérative agricole durable qui, d’après les pouvoirs publics, lui garantira un revenu immédiat. Les intéressés pourront aussi s’adresser aux membres des coopératives existantes. Ceux des Gabonais qui souhaitent étendre leur surface de production agricole sont également concernés. L’engouement jusqu’ici observé n’est pas encore à la hauteur des attentes de l’Etat.

Certes, le président Ali Bongo lui-même ne manque pas d’inciter les jeunes à emprunter la voix de l’agriculture quand l’occasion se présente, mais ces jeunes Gabonais, citadins pour la plupart, ont encore du mal à troquer le rêve d’un travail dans un bureau climatisé au costume d’un agriculteur. « Je dis aux jeunes en quête d’emplois, à ceux qui, fonctionnaires aujourd’hui, voudraient se consacrer à l’agriculture : saisissez cette opportunité, vous ne le regretterez pas », conseillait Ali Bongo en décembre dernier en précisant que « la terre vous rend au centuple ce que vous lui confiez ». Pas suffisant pour convaincre et mobiliser un plus grand nombre de jeunes citadins. Car, le programme vise aussi à repeupler les villages, à freiner l’exode rural à travers la création d’emplois durables.

D’où les tournées d’explication de Léandre Bouloubou et de ses équipes non seulement dans les villes, mais également dans les provinces. Léandre Bouloubou reconnaît d’ailleurs que l’un des problèmes rencontrés par ce programme est la difficulté de convaincre les jeunes déscolarisés de la tranche d’âge de 21 à 35 ans et vivant en milieu urbain à embrasser le programme Graine. Ceci contrairement aux jeunes du monde rural, plus réceptifs à ce projet. «Lors de nos rencontres, ces jeunes nous disent qu’au village, il manque d’eau potable, d’électricité, de réseau téléphonique et des chaines câblées pour suivre les matchs de football, entre autres», expliquait Léandre Bouloubou le 1er septembre dernier aux populations d’Oyem en revenant sur les projets connexes qui accompagnent ce projet.

Le programme Graine est en effet associé à un plan de développement des infrastructures. D’après les responsables du programme, 3000 km de routes non bitumées d’accès aux plantations sont prévues tout comme de nombreuses infrastructures sociales à l’instar de l’électrification rurale, l’hydraulique villageoise, la construction des écoles et centres de santé.

Il faut noter que le programme Graine s’inscrit dans le cadre du plan Gabon Vert tiré du Programme stratégique Gabon émergent élaboré par Ali Bongo en 2009 et dont l’objectif est d’assurer l’autosuffisance alimentaire du Gabon et de porter la contribution de l’agriculture de 5% à 20% du PIB d’ici 2020. Le pari n’est pas encore gagné, mais les responsables du programme s’y attèlent. Y compris le nouveau ministre de l’Agriculture Mathieu Mboumba Nziengui qui supervise désormais le programme Graine. 

Beaugas-Orain Djoyum

Publié dans Agro

Le Gabon a mis en place depuis le 27 juillet 2015 un Nouveau système de rémunération (NSR) de l’agent public. Ce qui a entraîné le passage du Smig à 150 000 francs Cfa. Pour Jean-Marie Ogandaga, le ministre gabonais de la Fonction publique, de la Réforme administrative et de la Modernisation des cadres juridiques et institutionnels, récemment reconduit dans ses fonctions dans le nouveau gouvernement gabonais, certains agents publics qui percevaient 90 000 francs Cfa ont obtenu une augmentation de 60 000 francs Cfa. Le ministre explique les fondements et les avantages de cette réforme dans les salaires de tous les agents publics gabonais.

Le Nouveau Gabon : Depuis le 27 juillet 2015, les agents publics gabonais ont observé une augmentation de leurs salaires. Mais, avant cette augmentation, de nombreux syndicats rechignaient et demandaient une plus grande revalorisation salariale et augmentation du Smig à 300 000 francs Cfa, contrairement aux 150 000 francs proposés par l’Etat. Finalement, à travers cette réforme du système de rémunération, êtes-vous parvenus à satisfaire tout le monde ?

Jean-Marie Ogandaga : Vous savez, cher ami, le principe est connu. Plus tu en donnes, plus on en demande. Le plus important c’est que la parole du chef de l’Etat ait eu de l’effet. Il a dit qu’il veut que la rémunération des agents publics de l’Etat soit revue à la hausse. Ce qui a été fait. Maintenant, tout le monde aurait souhaité avoir le double ou le triple de ce qu’il a obtenu. Ce qui est réel, c’est que tout le monde a perçu une augmentation. Maintenant, le niveau d’augmentation n’est pas uniforme. Les salaires ne sont pas uniformes. Ils sont versés en fonction du niveau d’études, en fonction du secteur d’activité, en fonction du niveau de responsabilité et en fonction de plusieurs autres éléments à prendre en compte. Vous comprenez qu’un agent de la catégorie C ne reçoive pas la même augmentation qu’un agent de la catégorie B. Le plus important c’est que chacun a eu une augmentation. C’est ce qui est communément admis. Tous les agents de l’Etat ont perçu leur augmentation. Le niveau d’augmentation est discutable, mais ce qui est vrai c’est que les choses ont bougé.

LNG : Qu’est-ce qui a motivé la décision de cette augmentation salariale ?

JMO : La première origine c’est la promesse présidentielle. Le président avait dit : « Je ne serais heureux que lorsque les Gabonais seront heureux ». Il avait mis un principe très fort, celui du partage. Qui dit partage, dit que ceux qui ont plus doivent être en mesure de donner à ceux qui ont moins. Compte tenu du fait que c’est une promesse qu’il a faite, il voulait démontrer quelque chose : l’administration gabonaise ne pouvait pas arriver à un certain niveau de performance si le niveau de rémunération restait très bas. Les rémunérations n’avaient pas bougé depuis 34 ans. C’est une vérité. Il a voulu donner un coup d’accélérateur et un signal fort pour rendre l’administration publique performante. N’oubliez pas que le chef de l’Etat a d’abord demandé une administration performante, accueillante et qui soutient la marche vers l’émergence. Et pour avoir une administration publique qui soutient le Plan stratégique Gabon émergent, il fallait des personnes motivées. Et l’une des motivations, c’est l’augmentation du niveau salarial des agents de l’Etat. C’est pour cela qu’il avait d’abord dit « qu’en attendant le Nouveau système de rémunération (NSR) qui tarde à voir le jour, je mets en place une prime »… C’était aussi une façon pour le chef de l’Etat de booster le pouvoir d’achat des populations. N’oublions pas que l’on peut aussi relancer l’économie d’un pays en augmentant les salaires. Les économistes le savent, toute offre rencontre une demande. S’il y a des produits qui sont offerts sur le marché et que les agents de l’Etat n’aient pas le pouvoir de les acquérir, qui va donc relancer l’économie ? On peut relancer l’économie par la consommation. C’est entre autres ce qui a été fait.

LNG : Quelle est la masse salariale du Gabon après l’augmentation des salaires de juillet 2015 ?

JMO : Il faut toujours comparer deux périodes. La dernière masse salariale date du mois de juin 2015. C’est celle qui était avant la mise en place du NSR. Le NSR a été mis en place au mois de juillet 2015. En comparant les deux périodes, l’on constate qu’il y a une augmentation de la masse salariale de moins dix milliards de Francs Cfa. En réalité, si on arrondi, elle augmente de huit milliards de francs Cfa. Nous avions une masse salariale de 40 milliards de francs Cfa. Et nous passons à 48 milliards de francs Cfa. Cela fait au total une augmentation de moins de 20%. Et il faut également noter que l’on atteint ce pourcentage, parce que pendant les mois de juin et de juillet, nous avons régularisé plus de 10 000 situations administratives. Cela veut dire que pour l’agent qui percevait par exemple 100 000 francs Cfa au mois de juin, s’il passait au mois de juillet sans qu’il y ait application du NSR, il devait toujours avoir une augmentation du fait de la mise à jour de sa situation. Cette mise à jour des situations administratives a entrainé une augmentation de l’ordre de 1,2 milliard de francs. En défalquant cette augmentation de la revalorisation réelle du NSR, on se retrouve avec une augmentation de moins de sept milliards de francs Cfa. Cette augmentation a donc impacté les plus de 87 000 agents de l’Etat.

LNG : Vous évoquiez tout à l’heure les primes. Il y a peu, le Gabon a annoncé que la prime d’incitation à la performance (PIP) et celle relative à l’incitation à la fonction enseignante (PIF) seront supprimées pour être refondues dans le nouveau système de rémunération des agents de l’Etat qui est entré en vigueur en juillet 2015. Pourquoi cette PIP qui a remplacé « les fonds communs » a-t-elle été supprimée ?

JMO : Je vous expliquais que le chef de l’Etat en créant la PIP avait dit que c’était dans l’attente du Nouveau système de rémunération (NSR). Les deux ne pouvaient survivre ensemble. Il ne pouvait pas augmenter les salaires qui sont de l’ordre structurel et garder un élément occasionnel. C’est comme si vous dites à votre enfant qu’en attendant que je t’achète une voiture, voici un vélo que tu peux utiliser. Le jour où le véhicule arrive, le vélo n’a plus sa raison d’être. Mais, c’est différent de la PIR, la Prime d’incitation à la recherche et de la PIF, la Prime à d’incitation à la fonction enseignante. Les deux ont tout simplement été transformées. Pourquoi ? Parce que ces deux primes sont devenues des éléments salariaux à part entière. Les agents de l’Etat du supérieur aussi bien que du secondaire percevaient ces primes à une date autre que la date de perception des salaires. A présent, ils perçoivent cette prime au même moment que le salaire. Et ces primes sont devenues des éléments à part entière du salaire avec des effets fortement bénéfiques. Cela a contribué à stabiliser le niveau salarial de ces agents.

LNG : Ces primes qui font donc à présent partie du salaire entrent-elles dans la prise en compte des cotisations de la pension retraite comme indiqué au départ ?

JMO : Absolument ! D’abord, il faut noter que ces éléments vont maintenant directement aux ayants droit et vont contribuer à augmenter la quotité bancable de ces agents. C’est un atout. Vous vous imaginez un agent qui reçoit 600 000 francs Cfa comme salaire de base voit sa quotité bancaire s’améliorer fortement. Il peut ainsi accéder à un montant de crédit qu’il ne pouvait solliciter par le passé. Ensuite, l’autre avantage se situe au niveau de sa retraite future. Ce qui était accessoire et devenu principal rentre dans l’assiette de cotisation de ces agents. Cela veut par exemple dire que si j’avais 500 000 francs Cfa comme prime et que c’est devenu un élément de mon solde de base, cela améliore le solde de ma pension future. Au Gabon, la loi dit que les cotisations de la pension retraite sont assises sur la solde du salaire de base. En améliorant la solde de base par l’introduction des éléments autrefois perçu comme accessoire (indemnités et primes), ce qui fait en sorte que les cotisations deviennent beaucoup plus importantes. Cela amène à améliorer in fine la pension retraite de l’agent.

LNG : Quel est le salaire maximal et le salaire minimal en ce moment au Gabon ?

JMO : Le Nouveau système de rémunération (NSR) s’émancipe des éléments qui étaient parasites. Notamment, le Smig. Le Smig était un élément parasite qui impactait le calcul de la solde. Désormais, cet élément est expurgé du calcul de la solde. On se réfère simplement au Smig pour ne plus payer quelqu’un en deçà de cela. En 2010, le chef de l’Etat avait octroyé une augmentation de salaire qui n’avait pas été implémenté correctement. Il avait dit qu’aucun agent public au Gabon ne devait plus gagner moins de 150 000 francs Cfa. Avec le NSR, le Gabonais ne gagne plus moins de 150 000 francs Cfa. Cette augmentation du minima salarial a également permis de changer le maxima. Avant le maxima était à 500 000 francs Cfa. Aujourd’hui, le salaire maximal est à 1 140 000 francs Cfa.   Vous comprenez qu’il y a au Gabon une augmentation des salaires de plus de 300 000 francs Cfa pour les plus hauts salariés et de 60 000 francs Cfa pour les plus bas. Quelqu’un qui percevait 90 000 passe à 150 000 francs Cfa. Il a une augmentation nette de 60 000 francs Cfa sans toute autre forme de procès.

LNG : Comment expliquez-vous cette augmentation des salaires au moment où les prix du baril du pétrole sur le marché international chutent et quand on sait que les recettes principales du Gabon proviennent des recettes pétrolières ?

JMO : Cela s’explique simplement. Notre président a été visionnaire. Il a dit qu’il ne veut plus que l’Etat du Gabon dépende uniquement du pétrole. C’est pourquoi il a mis en place une politique de diversification de l’économie. Notamment dans l’activité minière et forestière. Et cette diversification porte ses fruits.

LNG : C’est récent cette diversification. Y a-t-il déjà des retombées financières conséquentes de cette diversification de l’économie gabonaise, dans le secteur forestier par exemple ?

JMO : Le chef de l’Etat gabonais a pris il y a déjà quatre ans une mesure qui a été décriée : l’arrêt de l’exportation des grumes. Cela avait un but simple : industrialiser le secteur bois au Gabon. Vous trouvez normal qu’un pays qui produit du bois passe le temps à acheter le même bois une fois qu’il sort de l’usine ? Aujourd’hui, même lorsque le bois sort du Gabon, il subit une première transformation. Désormais, ils doivent consommer du bois gabonais. Ils doivent consommer des portes gabonaises et des meubles gabonais. Cela apporte de la valeur ajoutée et plus d’argent dans les caisses de l’Etat. C’est ce qui peut nous permettre aujourd’hui de dire que le secteur hors pétrole se porte bien et ce secteur hors pétrole soutient la rémunération de l’agent de l’Etat…

Propos recueillis par Beaugas-Orain DJOYUM, à Libreville

Publié dans Une Services publics

Le ministre gabonais de l’Eau et des Forêts, Noël Nelson Messone (photo) précise la position de son pays dans le débat sur la lutte contre déforestation et le changement climatique. Sujets qui seront sur la table lors de la prochaine conférence COP21 sur le climat en France. Par la même occasion, il rappelle la place de la forêt dans le pays et les résultats des réformes engagées par le président Ali Bongo dans ce secteur.

 

Noël Nelson Messone : Le territoire gabonais est aujourd’hui couvert à 85% par la forêt. Aujourd’hui, le débat est axé sur COP21 et le changement climatique, la préservation des forêts et la lutte contre la déforestation. Au moment où les prix du baril du pétrole chutent sur marché mondial et que l’on entend un discours sur la préservation des forêts pour sauver la planète, alors que le bois de la forêt génère d’importantes recettes pour le pays, comment entendez-vous concilier lutte contre la déforestation, exploitation forestière et développement de l’agriculture ?

Le Nouveau Gabon : La gestion durable de nos forêts est l’une des bases du Gabon vert, qui est le pilier central de la vision du président de la République, chef de l’Etat, Son Excellence Ali Bongo Ondimba, de faire de notre pays un pays émergent. Pour la promotion de la gestion durable de nos forêts, nous allons nous appuyer sur le plan d’affectation du territoire. C’est ce plan qui permettra d’affecter telle ou telle partie du territoire y compris nos forêts pour les activités spécifiques dont l’agriculture commerciale et d’autres types d’activités. C’est donc là le cadre général qui nous permettra d’équilibrer à la fois les besoins et la nécessité de la lutte contre le changement climatique et la nécessité de diversifier notre économie y compris par le développement de la productivité agricole. Vous, savez, une partie de la déforestation qu’on a observé, sachant que le Gabon à un très faible taux de déforestation, nous voulons faire en sorte que les pratiques agricoles évoluent pour que les populations rurales puissent adopter de nouvelles pratiques agricoles faibles en émission de gaz à effet de serre et qu’ils ne détruisent pas davantage la forêt.

 

LNG : Quel sera le discours du Gabon en France au prochain sommet COP 21 sur le changement climatique ?

NNM : Vous savez, le président de la République gabonaise a fait de la question du climat une priorité dès la conférence de Copenhague en 2009. Il a quasiment participé à toutes les COP tenues depuis cette époque pour porter un message. Le premier élément de ce message c’est de dire que le réchauffement de la terre est une réalité. Nos pays africains en sont déjà les premières victimes. Losrqu’on voit l’assèchement du Lac Tchad, lorsqu’on voit l’érosion côtière, les fortes précipitations avec des inondations, nous ressentons déjà les effets du changement climatique. Il faut donc que l’ensemble de la communauté internationale agisse pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il faut que la communauté internationale se préoccupe des besoins des Etats africains en matière d’adaptation. Il faut s’adapter au changement climatique. Il faut que le transfert des technologies se fasse dans notre pays pour que nous puissions nous prendre en charge pour résister au changement climatique. Et il faut des financements pour cela. Il y a eu l’engagement des pays développé à fournir 100 milliards de dollars à l’horizon 2020. Aujourd’hui, on ne sait pas trop où en est cet engagement. La position du Gabon à la COP21 sera de rappeler tous ces éléments et dire que nos partenaires qui sont des pays développés qui sont le plus responsable du changement climatique assument leur part de responsabilité historique. Le Gabon ne le dit pas pour ne pas assumer la sienne.  Nous sommes le premier pays africain à soumettre notre contribution nationale. On était le premier pays africain à le faire pour dire que nous sommes prêts à assumer nos responsabilités communes et différenciées. Nous sommes un pays très faible émetteur de gaz à effet de serre et nous avons quand même voulu montrer notre contribution et notre ambition de faire notre part dans la lutte contre le changement climatique.

 

LNG : Le président Ali Bongo a laissé entendre, lors de ce New York Forum Africa 2015 qui se tient en ce moment à Libreville, qu’il ne faut surtout pas que, dans ce débat, on demande au Gabon d’arrêter d’exploiter ses forêts…

NNM : Je pense que le président veut simplement exprimer le fait que nos forêts ont des fonctions multiples. Nos forêts sont à la fois de source de vie, nos forêts sont nécessaires pour la diversification de nos économies, pour développer l’agriculture, pour créer la sécurité alimentaire. Nous savons également que nos forêts sont importantes comme puits de carbone. Toutes ces fonctions-là doivent s’équilibrer. Il est hors de question de dire que parce que les forêts sont puits de carbone, on ne peut plus y toucher. N’est-ce pas ? Sachant que de millions de populations et de personnes vivent des ressources tirées de ces forêts. Voilà le sens de cette interpellation du président de la République.

 

LNG : Quel est aujourd’hui le poids de ressources forestières dans l’économie gabonaise ?

NNM : Vous savez que la forêt a été le premier secteur d’activité de l’économie gabonaise. Le ministère des Eaux et Forêts existe depuis 1957, bien avant l’indépendance. C’est dire l’importance de ce secteur aujourd’hui qui est le deuxième employeur après la fonction publique. Le président de la République a pris la courageuse décision d’interrompre l’exportation des grumes pour que désormais tous les bois gabonais soient transformés au Gabon avant d’être exportés.

 

LNG : Quelle est l’évaluation que vous faite des résultats de cette interdiction  d’importation des grumes ?

NNM : Résultat, plus aucune grume ne sort de l’Etat du Gabon. Plus une seule ne sort du Gabon. On a donc entamé le processus de transformation locale du bois. C’est vrai que la majorité des entreprises sont encore au niveau de la première transformation. Il y a quelques-unes qui sont au niveau de la deuxième transformation et nous voulons que cette tendance s’accélère pour qu’il y ait plus d’entreprises qui fassent de la troisième transformation qui est le dernier stade avec la fabrication des produits finis comme les meubles, les portes, etc.

 

LNG : Quelle a été la stratégie mise en place au Gabon pour cartographier les zones prioritaires à préserver et les zones où l’on pouvait exploiter les forêts ?

NNM : Nous avons d’abord commencé par la création des 14 parcs nationaux qui occupent 11% du territoire. Nous avons des espaces qui sont protégés et qu’on ne peut pas toucher aujourd’hui sans demander l’aval du parlement. Ensuite, nous avons fait un vaste travail de cartographie et de géomatique pour identifier les lots qui ont déjà été attribué comme permis forestier, ceux qui sont plus ou moins dégradés, ceux qui sont fertiles, ainsi de suite pour que nous ayons ainsi l’état réel de nos forêts. C’est à partir de cet état réel que nous allons mettre en œuvre ce qui est prévu par le Plan d’affectation des terres. A partir de là, on peut plus facilement gérer nos forêts et le développement agricole qui demande effectivement l’affectation des terres. (…) Il faut que les politiques d’affectation de nos forêts se fassent avec à l’esprit, les intérêts et les besoins de nos populations. Pour une raison très simple, parce que, en matière de développement durable et d’agriculture durable, nos populations sont des sources de savoir sur les écosystèmes locaux. Nos populations doivent être associées, parce qu’il faut qu’elles s’approprient les activités de régénération et de préservation de nos forêts. Mais aussi, parce qu’elles peuvent être des partenaires de l’agriculture commerciale, comme on le voit au Ghana avec des réseaux de petits agriculteurs de palmier à huile qui nourrissent une vraie filière commerciale d’huile de palme.

 

LNG : Dans cette volonté de préservation de vos forêts, il y a également des espèces rares à protéger dans la forêt gabonaise…

NNM : Effectivement. Nous avons déjà cinq espèces qu’on ne peut plus exploiter, parmi lesquels le Moabi qui produit des fruits dont on peut extraire des huiles. Mais, on verra. Chaque fois qu’une espèce sera surexploitée ou en voie de disparition, on prendra des mesures pour la protéger.

 

LNG : Quelles sont les incitations offertes aux investisseurs étrangers qui souhaitent investir dans l’exploitation forestière au Gabon ?

NNM : Les investisseurs qui veulent s’installer dans la filière bois peuvent faire beaucoup de choses au Gabon. Ils peuvent être de simples exploitants, c’est-à-dire couper la grume et la vendre, ils peuvent être industriels, c’est-à-dire avoir un permis forestier, couper du bois, le transformer sur place pour l’exporter. C’est à chacun sa stratégie d’investissement. Il y a un cadre juridique, il y a un code forestier qui existe, qui est peut-être en révision, mais qui fixe les paramètres de l’exploitation forestière. Bien sûr, il y a des incitations pour ceux qui veulent investir dans le secteur. Lorsque vous voulez installer une usine de transformation, vous pouvez importer des machines avec des abattements fiscalo-douaniers. Il y a des incitations de cette nature et plusieurs autres pour les investisseurs qui s’intéressent au secteur forestier gabonais.

 

Propos recueillis par Beaugas-Orain  DJOYUM, à Libreville

 

Publié dans Economie

En décidant de céder sa part d’héritage paternel aux jeunes de son pays le 17 août 2015, le président gabonais se montre généreux, quelques semaines à peine après l’augmentation des salaires dans son pays. Pourrait-il être comparé à son père Omar Bongo Ondimba ? Portrait à travers quelques actions en direction de la jeunesse que son père considérait comme pilier important.  

Comme son ami Samuel Eto’o qui se fait appeler « Papa Eto’o » quand ses frères, connaissances et fans veulent bénéficier de ses largesses, certains Gabonais pourraient bientôt commencer à appeler leur président « Papa Ali ». Tout comme, très souvent, ils appelaient le père du président actuel « Papa Omar » lorsqu’ils s’apprêtaient à solliciter sa générosité légendaire. Légendaire ? Pas vraiment ! Mais, Omar Bongo Ondimba a aidé de nombreux Gabonais de toutes les couches sociales. Il écoutait presque tous les Gabonais qui frappaient à sa porte. Ne dit-on pas qu’il connaissait la vie et les problèmes de bon nombre de Gabonais parce qu’il recevait régulièrement à son Palais du bord de mer ses compatriotes ? Très consulté en zone CEMAC et en Afrique, Omar Bongo était le médiateur par excellence de la sous-région où il était le doyen des chefs d’Etat. Son influence et sa générosité ne se limitaient pas seulement au Gabon. Elles traversaient les frontières africaines pour s’installer en Europe. Principalement en France où bon nombre de Français l’appelaient « Papa Omar » ou simplement « Papa ».

De nombreux hommes politiques français ont bénéficié des largesses et de la générosité de « Papa Omar ». Si certains Français indexés contestent avoir reçu des sommes trébuchantes de la part du défunt président, plusieurs autres affirment le contraire. Par exemple, Mike Jocktane, conseiller personnel d'Omar Bongo depuis 2005 et nommé directeur adjoint de son cabinet en janvier 2009, avait confirmé que l’ancien président du Gabon avait financé la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy (ancien président Français et actuel président des Républicains, ndlr) en 2007 et que les mallettes entre le Gabon et la France avaient continué à circuler avant et après l’élection de M. Sarkozy. L’influence d’Omar Bongo s’étendait d’ailleurs si bien sur la France que certains ministres ou secrétaire d’Etat en ont payé le prix quand leurs actions ou déclarations ne plaisaient plus à celui qui était désormais considéré comme le puissant parrain gabonais.

Miser sur les jeunes

Si sa générosité a contribué à imposer son influence au Gabon comme à l’étranger, Omar Bongo avait également compris la nécessité d’être à l’écoute des jeunes, de répondre au mieux à leurs attentes et aspirations, rapportent de nombreux observateurs politiques qui pensent qu’il puisait aussi sa force avec ses réponses aux attentes de la majorité des jeunes. Dans l’un des derniers discours qu’il a adressé à ses ministres et à l’élite gabonaise, certaines de ses paroles considérées aujourd’hui comme testamentaires intègrent à nouveau la jeunesse. « J’ai pour habitude de dire : Gabonais nous sommes, Gabonais nous resterons. Pensons à notre pays, pensons à notre jeunesse. »

Penser à la jeunesse, Ali Bongo semble avoir compris la leçon de son père au regard des actions qui s’affichent sur son compteur en faveur des jeunes gabonais depuis le 03 septembre 2009, date à laquelle il a été officiellement déclaré vainqueur de l’élection présidentielle avec 41,73% des suffrages, faisant ainsi de lui le successeur de son père. Il était suivi d’André Mba Obame, ancien ami et ancien ministre de l’Intérieur d’Omar Bongo, qui a été crédité 25,88% des voix et qui a toujours revendiqué la victoire jusqu’à son décès à Yaoundé au Cameroun le 12 avril 2015, et de l’opposant Pierre Mamboundou qui totalisa 25,22% des suffrages. Le dernier acte d’Ali Bongo à la faveur des jeunes est donc sa promesse faite le 17 août 2015 lors de son discours à la nation à l’occasion du 55ème anniversaire de l’indépendance du pays.

Le président promet alors à ses compatriotes qu’il cédera sa part d’héritage paternel aux jeunes Gabonais. «Face aux trop nombreuses difficultés, accentuées par une conjoncture économique difficile, j’ai décidé, avec le plein accord de mon épouse Sylvia Bongo Ondimba et de mes enfants, que ma part d’héritage sera partagée avec toute la jeunesse gabonaise, car, à mes yeux, tous les jeunes de ce pays sont héritiers d’Omar Bongo Ondimba. Cela veut dire concrètement, que tous les revenus tirés de la part d’héritage qui me revient, seront versés à une fondation pour la jeunesse et l’éducation, car tout le monde sait, et je le redis, que cette jeunesse était sacrée aux yeux du Président Omar Bongo Ondimba, cet illustre Bantou. », a-t-il déclaré.

 

De même, le président gabonais a annoncé, au nom des enfants d’Omar Bongo Ondimba, que la famille a décidé de céder à l’Etat, à titre gracieux, une propriété située à côté du Camp de Gaulle, dans le 1er arrondissement de Libreville. Propriété qui servira, dit-il, à la construction d’une université au profit la jeunesse gabonaise. Quand on sait par exemple que pour l’édition 2015 du Baccalauréat au Gabon, sur près de 20 000 candidats, le taux de réussite au premier tour atteignait à peine 20 %, on peut évaluer la pertinence et l’importance de cette décision. « En décidant de transformer la propriété du président Omar Bongo Ondimba en université, j’ai voulu offrir à la jeunesse gabonaise encore plus de chances pour réussir de bonnes études et se réaliser pleinement », justifie Ali Bongo.  Aussi, deux hôtels particuliers en France, situés rue de la Baume dans le 8ème arrondissement pour l’un et rue Edmond Valentin dans le 7ème arrondissement de Paris, pour l’autre, seront cédés à l’Etat et feront désormais partie du patrimoine du Gabon. Ils seront affectés à un usage diplomatique et culturel, promet le président. « Je sais que mon père, de là où il se trouve, nous regarde et nous entend. Je sais aussi qu’il approuve cette décision et qu’il nous accorde toute sa bénédiction », pense-t-il. Ce n’est probablement pas seulement son défunt père qui devrait approuver cette décision. Des jeunes aussi sans doute. Beaucoup parmi eux, voient en ces mesures l’expression de la charité et de la générosité grandissante d’Ali Bongo. Sans doute un paquet et un montant importants, au vu de l’importance des biens de son père qui n’ont pas toujours été totalement quantifiés. Du moins, officiellement. Des jeunes remercieront donc sans doute leur président, car il répond ainsi, en partie, à l’une de leur attente : celle d’avoir de bonnes écoles pour une bonne éducation.

Jeunes rappeurs

En 2009, habillé en T-shirt aux couleurs du Gabon, Ali Bongo qui participait à un concert de jeunes rappeurs gabonais, s’était lui-même transformé en rappeur d’un jour. Ce jour-là, s’il a chanté au-devant de la scène avec les artistes surchauffés, il a surtout été assommé des doléances en rimes des jeunes rappeurs, qui, avec panache, ont inséré les difficultés de leur vie dans leur chanson. « Les jeunes de l’Afrique veulent un président, un décideur, pas un dissident. Ils veulent un dirigeant, une direction. Ils veulent que le Gabon devienne une destination touristique, économique, artistique, académique. Donne à tous du travail, une rémunération digne des Gabonais. Les jeunes ont marre d’être assis. Ils veulent être utiles pour leur pays. (…) Donne-nous de bonnes écoles, le goût de l’effort et une juste récompense. C’est le cri de la jeunesse. Plus d’année blanche, plus jamais ça ! », répétaient par exemple en chœur les rappeurs à l’endroit d’Ali Bongo qui, visiblement, n’était pas resté indifférent. « Ne vous inquiétez pas, j’ai bien compris le message », leur a-t-il répondu avant de quitter la scène. La promesse du 17 août dernier peut être considérée comme un début de réponse à cet appel.

« Mais, ce ne sont que des promesses pour le moment », mettent en garde les acteurs de la société civile et certains hommes politiques de l’opposition qui voient en ces déclarations un coup politique en préparation à l’élection présidentielle de 2016. Ceux-ci attendent davantage une concrétisation de cette promesse présidentielle. Marc Ona Essangui, acteur de la société civile, lui, pense par exemple qu’il s’agit d’une tentative de restitution des biens qu’Omar Bongo avait mal acquis. Ce que contestent plusieurs pro-Bongo qui saluent au contraire la décision du président Ali Bongo.

Augmentation des salaires

Parlant de la « rémunération digne des Gabonais » demandée par les jeunes rappeurs en 2009, Ali Bongo leur a répondu récemment. Positivement. Les fonctionnaires du pays observent depuis le 28 juillet 2015, une augmentation de leur salaire. C’est le 06 octobre 2011, lors du Conseil des ministres délocalisé à Mouila dans la Province de la Ngounié qu’Ali Bongo avait instruit à son gouvernement de procéder à l’augmentation des salaires des agents publics en tenant compte des contraintes budgétaires, de la situation de crise actuelle du pétrole et des équilibres macroéconomiques. « Le 25 juillet dernier, explique Ali Bongo, notre pays s’est doté d’un système plus juste et plus équitable, qui permet désormais l’amélioration du quotidien des agents et de leurs familles. L’agent de l’Etat est également assuré de percevoir une retraite qui ne souffrira plus de l’illusion qu’offrait une rémunération faussement avantageuse, basée pour l’essentiel sur des primes et accessoires de solde jamais pris en compte dans le calcul de la pension de retraite. Dans cet esprit, le nouveau système de rémunération doit aussi nous aider à mieux faire valoir la solidarité entre les générations, et par conséquent à accompagner dignement ceux qui ont fini de servir l’Etat. » Malgré les recettes pétrolières (principales ressources du pays)  qui baissent au fil des mois du fait de la conjoncture internationale, le Gabon a donc serré la ceinture et consenti à une augmentation des salaires de ses fonctionnaires

 

CAN 2017

Autre réalité qui illustre la volonté de proximité du président Ali Bongo à sa jeunesse, les stades de football construits ou réfectionnés en faveur des jeunes. Depuis 2009, le Gabon a construit, en vue de la préparation de la Can 2012, le stade de l’Amitié sino-gabonaise. Un joyau neuf de 40 000 places à Agondjé, au  nord de Libreville. Celui de Franceville de 20 000 places avait été réfectionné pour la circonstance. Le 18 juillet 2015 à Port Gentil, capitale provinciale de l’Ogooué Maritime, Ali Bongo a posé de la première pierre du chantier de construction du stade municipal de Port Gentil. Ceci en compagnie d’un hôte de marque : l’argentin Lionel Messi consacré durant plusieurs années successives meilleur joueur du monde. Certes, sa venue au Gabon a créé une polémique tant sur l’habillement du sociétaire du Barça (débarqué à l’aéroport en culotte, reçu et conduit par Ali Bongo en personne) que sur le cachet que lui aurait donné le président, mais de nombreux jeunes ont eu le privilège et la joie de voir et discuter avec leur star du ballon rond. « Nous nous sommes rencontrés il y a maintenant quelques années à Barcelone et M. Lionel Messi m’avait alors indiqué qu’il viendrait me rendre visite à Libreville. C’est donc une promesse qu’il m’avait faite et il a tout simplement, en homme d’honneur qu’il est, tenu sa promesse. Après la Copa America, il m’a informé qu’il venait à Libreville pour nous saluer. Le calendrier fait bien les choses, puisque sa venue correspond à la pose de la première pierre du futur stade de Port-Gentil, à laquelle nous avons bien voulu l’associer », a expliqué le président gabonais démentant par-là les rumeurs de versement de sous à Lionel Messi. L’argentin lui aussi dément avoir perçu un centime lors de cette visite en terre gabonaise. Braqué sous les projecteurs des médias occidentaux, le pays en aura tout de même profité en termes de publicité.

Si le nouveau stade de Port Gentil en préparation pour la 31ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en 2017 est prêt dans 17 mois, il faut dire que le pays disposera au total de quatre stades dont ceux de Libreville (Omnisports Président Bongo) ; d’Agondjé  (Amitié) et de Franceville (Rénovation). Une aubaine pour la jeunesse sportive du pays qui dispose désormais d’infrastructures adéquates. « Accompagné par ce grand champion et exemple pour la jeunesse qu’est Lionel Messi, je souhaite que nous allions ensemble vers le même but : Faire avancer le Gabon », a écrit sur Ali Bongo le 18 juillet sur sa page Facebook.

 

High tech avec les jeunes

Facebook, Twitter, YouTube, etc, justement ne sont pas étrangers au président gabonais. Une preuve supplémentaire de sa volonté de se rapprocher davantage de la jeunesse de son pays et de la jeunesse africaine. Ali Bongo se distingue sur les réseaux sociaux par les messages personnalisés qu’il y poste. Loin du type de messages impersonnels que diffusent ou partagent souvent les comptes Facebook ou Twitter des présidents africains, il écrit lui-même les messages qu’il poste par exemple sur Facebook. Illustration, le 27 juillet 2015 à 07h30, jour de l’effectivité de la nouvelle grille salariale, Ali Bongo écrit: « Chers compatriotes, après 4 ans de travaux, je suis fier d’annoncer la mise en place d’un nouveau système de rémunération des agents de l’Etat. Cette réforme est une avancée structurante en faveur d’un Gabon des services performant et dans la lutte contre la précarité. Il était devenu urgent d’adopter un nouveau cadre de gestion de l’agent public qui se traduit par son recrutement, la gestion de sa carrière et son départ à la retraite. Dès la fin du mois de juillet 2015, 80 000 agents bénéficieront d’un système plus juste, flexible, compétitif et attractif. (…) ABO ».

Il est évident que ces quelques actions et attentions à l’endroit des jeunes Gabonais ne sont pas suffisantes pour résoudre les problèmes de la jeunesse gabonaise. Ils en demandent plus, d’ailleurs en témoigne des Gabonais dans cette vidéo sous un air comique.

 

 Ali Bongo face aux critiques et conseils du comédien Omar Defunzu

 

Certes beaucoup reste encore à faire, mais l’augmentation des salaires dans un contexte international marqué par la baisse des prix du baril sur le marché international, le choix de céder une partie de ses biens aux jeunes Gabonais et bien d’autres actions montrent à suffisance qu’en Afrique, Ali Bongo n’est pas un président ordinaire.

 

Beaugas-Orain Djoyum

 

Bio-Express : Ali Bongo

Né le 9 février 1959 à Brazzaville (Afrique Equatoriale Française) sous le nom Alain - Bernard – BONGO. Fils d’Omar Bongo Ondimba et de Patience Dabany selon le Service central de l’État civil de Nantes (information contestée par une partie de l’opposition).

1965 : quitte le Gabon pour poursuivre ses études primaires et secondaires en France. Après son Bacc, il étudie le Droit à l’Université de Paris Panthéon-Sorbonne et obtient un doctorat en Droit sur le sujet du domaine public.

1981 : élu au Comité central du Parti démocratique Gabonais (PDG)

1984 : entrée au Bureau politique en qualité de représentant du secrétaire général fondateur.

1986 : conduit l’aile réformiste du PDG et est confirmé représentant du secrétaire général fondateur

1989 à 1991 : nommé ministre des Affaires étrangères et de la Coopération.

1990 : élu député dans la province du Haut-Ogooué

1996 : réélu député de la province du Haut-Ogooué. Président Conseil supérieur des affaires islamiques du Gabon (CSAIG)

1999 à 2009 : retour au gouvernement et nommé ministre de la Défense

Juillet 2009 : désigné candidat officiel du Parti démocratique Gabonais (PDG) pour l’élection présidentielle anticipée à la suite du décès d’Omar Bongo Ondimba.

30 août 2009 : élection présidentielle au Gabon

03 septembre 2009 : déclaré officiellement vainqueur de l’élection présidentielle avec 41,73%

16 octobre 2009 : prestation de serment

 

Publié dans Gouvernance

Installé à la tête de la filiale de Maroc Telecom au Gabon en février 2015, le Marocain Abderrahim  Koumaa, directeur général de Gabon Telecom, présente les atouts de son entreprise dans les domaines de la 3G et de la 4G. Il est si sûr de la qualité de ses services qu’il ne craint pas l’audit annoncé par l’ARCEP, le régulateur télécoms, pour évaluer la conformité de la 4G offerte dans le pays.

 

Le Nouveau Gabon : Avec les technologies que Gabon Telecom met en place aujourd’hui, peut-on dire que vous êtes prêts à offrir les services pour connecter les objets ?

Abderrahim  Koumaa : Le Gabon était le premier pays à lancer les services de 4G dans la région. Et le souci des autorités gabonaises et de Gabon Telecom c’est que le maximum de populations puisse accéder aux services de l’Internet des objets. Il y a un grand effort qui a été fait pour élargir la couverture du réseau 4G, mais 45% des capitales des provinces sont desservies en 4G et le déploiement est en cours pour qu’en septembre 2015, toutes les capitales soient couvertes en 3G et 4G. Cela concerne le volet de la couverture réseau et pour que les populations puissent accéder à ces services de haut débit, il faut que les tarifs soient abordables. C’est pour cela qu’au mois de juin Gabon Telecom a baissé les tarifs de 50% pour ce qui est de la 3G et de la 4G. On a des forfaits Internet abordables. Les forfaits de 200 mégas à un giga par exemple sont en baisse de 50%. Ce qui permettra à une large portion de la population d’accéder à la connaissance et aux services de l’Internet haut débit.

 

LNG : Quelles sont les caractéristiques des infrastructures mises en place par Gabon Telecom pour offrir une meilleure qualité des services 3G et 4G ?

AK : Après l’obtention de la licence l’année dernière (2014), ce qui a été une réussite dans la région en favorisant l’investissement, parce que le prix de la licence était à un prix raisonnable, Gabon Telecom a pratiquement doublé le montant de ses investissements sur les infrastructures par rapport aux investissements de 2013 pour que l’opérateur puisse déployer la dernière technologie pour ce qui est de la 3G et 4G. Pour la 3G, on a la 3G+, la 3G+ HSDPA+ du Dual carrier qui permet d’atteindre jusqu’à 42 mégabits par cellules. C’est le dernier cri qui existe dans le monde. Sur la 4G, nous avons également déployé la dernière technologie 4G. Le régulateur pour sa part a mis à la disposition des opérateurs les fréquences en bandes 1800 MHz et en bande 800 MHz qui permettent une large couverture.

 

LNG : Le 02 juin dernier, le régulateur télécoms a annoncé un imminent audit de la qualité de services de la 4G qu’offrent les opérateurs. Craignez-vous l’annonce de cet audit ? Remplissez-vous toutes les conditions pour offrir les services 4G au Gabon ?

AK : Le travail régulateur-opérateur est un travail continu pour améliorer la qualité de service rendue au client. Lorsque le régulateur fait un audit, c’est dans l’objectif de détecter les mauvaises qualités de service observées, les signaler aux opérateurs afin que ceux-ci s’améliorent. C’est une action continue d’amélioration. L’audit n’a pas un rôle de sanction. C’est surtout pour développer secteur et pour le confort du consommateur et de l’utilisateur. Donc, nous n’avons aucunement peur des audits. Au contraire, les audits nous permettent de nous améliorer.

LNG : Vous avez sur le marché des anciennes clés Internet et de nouvelles clés Internet pour les services de la 4G. Que feront les utilisateurs des anciennes clés Internet dont ils disposent ?

AK : Il y a normalement une action continue chez les clients pour changer leurs terminaux afin de bénéficier de plus de débits. Ceci parce que les anciennes générations de terminaux ne permettent pas l’accès aux dernières normes en la matière (3G et 4G). Mais, ces nouveaux terminaux offrent les services qui étaient offerts avant. Le volume est dans la carte SIM et non dans la clé. La clé, elle, a une capacité haut-débit et tous les clients qui ont une carte SIM ont accès à tous les volumes. Ceci de 200 mégas à l’illimité. Tous les clients ont accès à tous les débits et tous les forfaits. La baisse de tarifs demandée par le régulateur est ce que nous essayons de faire, parce que 50% de baisse c’est énorme. C’est rare que l’on trouve des baisses similaires. Le dernier maillon de la baisse concerne les terminaux. Conscients que les étudiants et une large partie de la population n’ont pas accès aux smartphones pour bénéficier des services de la 4G, Gabon Telecom a négocié un contrat avec un fournisseur de premier niveau pour avoir des smartphones à des prix abordables. Gabon Telecom a donc officiellement mis sur le marché au mois de juin un smartphone 3G de haut débit qui permet l’accès à Internet et aux réseaux sociaux. Ceci à un prix de 35 000 FCfa, l’équivalent de 52 euros. C’est parmi les prix les plus bas du marché, car actuellement les prix des smartphones de qualité tournent autour de 100 000 FCfa. Avec ce smartphone-là, nous souhaitons réduire la fracture numérique et permettre à une large partie de la population d’accéder aux services Internet. L’objectif c’est que toutes les populations puissent accéder à l’Internet haut débit. Et c’est également l’objectif des autorités gabonaises que le monde de la connaissance soit ouvert à tous pour développer les compétences. Et c’est tout bénéfice pour les opérateurs dont l’objectif est aussi d’avoir plus de rentabilité, même si on a une toute petite marge. C’est une économie de marché qui est connue.

 

LNG : Quelles sont les dispositions prises par Gabon Telecom pour offrir la connexion Internet via la fibre optique aux entreprises qui se retrouvent dans les régions ?

AK : Nous avons parlé des baisses tarifaires du mobile, mais au mois de mars, il y avait également une baisse consistante des tarifs de la connexion via la fibre optique pour permettre aux entreprises et aux PME gabonaises d’être compétitives et d’avoir les mêmes services à des prix abordables. Effectivement, il y a donc un programme ambitieux pour déployer la fibre optique et la rapprocher au maximum de clients dans toutes les régions du pays.

 

LNG : La data représente-t-elle l’avenir des opérateurs de téléphonie mobile ?

AK : L’Internet est un vecteur de croissance important pour lequel il faut se préparer. En termes de bande passante, l’Internet occupe entre 70% et 80% de nos capacités même s’il ne génère même pas 80% de notre chiffre d’affaires. Mais, nous sommes conscients que c’est le cheval de bataille pour l’avenir. Pour être au même niveau des services de télécommunications que l’Internet, on doit avoir l’Internet de haut débit. C’est pour cela que Gabon Telecom a multiplié par 20 sa capacité de connexion à l’international. Il y a le câble à fibre optique ACE qui arrive pour augmenter la bande passante, mais à SAT 3, nous sommes passés à 12 giga et nous planifions de passer à 40 ou 100 giga pour permettre une meilleure fluidité.

 

LNG : Avec la percée de la data, les grands acteurs de l’économie numérique comme Viber, Skype ou encore WhatsAPP grignotent sur vos parts de marché sur les appels voix… Comment entendez-vous faire face à cette nouvelle donne ?

AK : Google et les autres n’investissent aucun sou sur le câble SAT 3, sur les BTS à Tchibanga ou à Franceville pour faire transiter leurs communications. Ce sont des infrastructures qui doivent être payées pour que l’Internet soit disponible. Il y a la voix qui transite et se vend sur Internet et à un moment, il y aura une limite et des subventions croisées. C’est une problématique qui est posée. Malgré cela, nous continuons à développer nos infrastructures pour l’Internet en attendant de régler ces grandes questions qui se posent à tous les opérateurs. C’est une grande problématique. Il y a les grands opérateurs télécoms comme Deutsche Telecom ou Orange qui ont le pouvoir de négocier et qui négocient avec ces acteurs de l’économie numérique dont le modèle économique est basé sur la publicité. Ils arrivent à gagner 20 à 30 milliards chaque année. Les grands opérateurs mobiles veulent leur imposer à présent qu’ils payent quelque chose pour transiter leurs services de voix via les infrastructures des opérateurs mobiles. Nous, nous avons une taille réduite, mais c’est un modèle qui va se dégager naturellement, parce qu’à un moment donné, il faut que quelqu’un paye la facture pour véhiculer les communications.

 

Propos recueillis par Beaugas-Orain Djoyum

Publié dans Télécom

Le Venezuela a annoncé le 29 avril dernier avoir emprunté un milliard de Dollars US auprès de Citibank en nantissant une partie de ses réserves stratégiques d’or, soit près de 44 tonnes d’or.

Cette transaction est banale car les banques centrales réalisent ce genre d’opérations très régulièrement pour le compte de leurs Etats. C’est d’ailleurs l’un des objectifs principaux de l’accumulation de réserves d’or par un Etat car celui-ci peut les céder ou les donner en garantie quand sa situation économique le nécessite.

L’étude de l’évolution des réserves stratégiques d’or selon le World Gold Council montre que les stocks d’or de nombreux pays varient ainsi très régulièrement à la hausse ou à la baisse. Cette étude révèle aussi que l’accumulation de stocks d’or par de nombreux pays a commencé depuis relativement peu, du moins par rapport aux pays développés.

Prenons l’exemple de la Malaisie qui a acheté son premier stock en 1962, soit 3 tonnes. En 1998, ce pays disposait d’un stock de 73 tonnes, soit une croissance de 9% en moyenne par an.

Autrement dit, la Malaisie n’a pas acquis ses 73 tonnes du jour au lendemain. Elle a appliqué une politique d’achats relativement modestes mais de manière systématique et continue sur le long terme. Il est intéressant de noter que, dans les cas de la Malaisie, comme des Philippines, de la Guyane ou du Venezuela, l’or acheté provient de la production locale, aussi bien des producteurs industriels que des orpailleurs.

Quelles leçons le Gabon peut-il tirer de l’expérience malaisienne ?

D’une part, une stratégie d’accumulation de réserves stratégiques d’or doit s’inscrire sur le long, voire le très long terme. Il s’agit en réalité d’épargne. Et dans cette matière, il est toujours préférable d’épargner de petites sommes régulièrement que de grosses sommes par intermittence.

D’autre part, cette stratégie peut se faire par incréments relativement modestes. Nul besoin d’y consacrer des dizaines de milliards chaque année. A condition toutefois d’être constant et systématique. C’est donc une question de discipline.

Il serait relativement aisé d’acheter des lingots d’or pur sur le marché international. Mais il est possible pour l’Etat de s’approvisionner localement. Un approvisionnement local auprès des orpailleurs aura même des effets décuplés sur la stratégie minière du pays.

En effet, les achats d’or par l’Etat injecteront alors de la liquidité au sein de communautés rurales qui vivent encore dans état de précarité. Loin d’être de l’assistanat social, ce schéma rémunèrera les orpailleurs pour leur travail tout en ayant un fort impact social.

Bien encadrés, les orpailleurs pourront ainsi améliorer leurs techniques de production, monter en gamme et en technicité. Cela contribuera à voir émerger de véritables sociétés minières locales détenues et gérées par des entrepreneurs gabonais.

C’est cette voie que le Gabon a décidé de suivre.

Selon la Stratégie Nationale d’Industrialisation définie en 2013, le potentiel aurifère du Gabon est resté quasi intact, avec une production avant l’indépendance (15 tonnes entre 1936 et 1960), qui s’est ensuite fortement ralentie : la production artisanale est estimée aujourd’hui à 300 kg par an.

Deux caractéristiques spécifiques de l’or ont cependant déterminé la nouvelle priorité accordée à cette filière : 1) L’or présente une valeur ajoutée maximale dès son extraction, 2) l’or représente un des instruments de placement financier à long terme les plus recherchés. L’objectif est donc désormais d’accélérer son extraction tout en maîtrisant le risque environnemental, pour atteindre une production cumulée de 50 tonnes d’or sur la période 2013-2025.

Pour ce faire, des projets prioritaires ont été déterminés. L’un de ses projets consiste en la mise en place d’un fonds « Or » d’un montant de 250 milliards de FCFA maximum. Ce fonds vise à capitaliser les revenus tirés de l’extraction de l’or à travers plusieurs options d’utilisation. Ces options pourront être la constitution de réserves pour les générations futures, la constitution de réserves pour couvrir les risques financiers, le financement de grands projets de l’Etat, la constitution d’un fonds de garantie pour le financement des projets de l’Etat, etc. Le fonds serait constitué grâce à la mise en place d’un mécanisme de partage de production avec les opérateurs des grandes mines ainsi qu’au rachat par l’Etat de la totalité de l’or produit par les petites mines, par les coopératives d’orpailleurs et par les orpailleurs individuels.

Le mécanisme de partage de production avec les opérateurs des grandes mines n’a pas été retenu lors de la révision du Code minier récemment publié au Journal Officiel. Il ne reste donc que l’achat par l’Etat de l’or des petites mines, des coopératives et des artisans. Cette source d’approvisionnement existe et est déjà exploitée. En effet, conformément à l’action 110 du PSGE et aux missions qui lui sont assignées dans son décret de création n° 1018/PR/MMPH du 24 août 2011, et selon lesquelles « Elle a également comme mission d’organiser la collecte et la commercialisation de l’or sur l’étendue du territoire national. », la Société Equatoriale des Mines (SEM), société d’Etat, a lancé les activités du Comptoir Gabonais de Collecte de l’Or (CGCO) en février 2013 avec l’ouverture de son premier comptoir d’achat d’or artisanal à Makokou. Depuis, le CGCO a étendu son rayonnement à Ndjolé, Mitzic, Mouila, Lastourville et Okondja.

En un peu plus de deux ans et demi, le CGCO a déjà collecté 84 kg d’or brut en poudre et en pépites. Cette production artisanale est ensuite fondue en lingots d’or brut puis revendue prioritairement à la Caisse des Dépôts et Consignations (60 kg) qui est chargée d’accumuler des réserves stratégiques d’or pour le compte de l’Etat.

Au vu du potentiel aurifère du pays, il est possible de collecter bien plus que ce qui a déjà été réalisé. Cela nécessitera toutefois quelques améliorations sur toute la chaîne. D’une part, à travers le CGCO, l’Etat se ré-implique dans une activité qu’il avait abandonnée lors d’un accident dramatique de deux collecteurs du Ministère des Mines. Entretemps, la contrebande et les réseaux illégaux ont fortement pénétré le secteur. Il faut donc réhabituer les orpailleurs à la présence de l’Etat et susciter davantage leur adhésion au projet mené.

D’autre part, le Ministère des Mines pourrait s’appuyer davantage sur le CGCO pour assurer ses missions régaliennes, notamment la distribution des autorisations d’exploitation artisanale, valable un an, dont les conditions d’établissement restent encore draconiennes pour des populations rurales. Un extrait de casier judiciaire vierge est requis. Pour l’obtenir, un acte de naissance doit être fourni. Or on constate que de nombreuses personnes dans des zones reculées n’en ont pas et ne peuvent se déplacer jusqu’au chef-lieu de province pour en demander un. Lorsque le dossier de demande est complet, l’orpailleur est confronté à une autre difficulté : le traitement et la délivrance de l’autorisation sont centralisés à Libreville. Le Ministère pourrait simplifier encore les conditions d’octroi des autorisations et déléguer ces deux tâches au CGCO qui a accès aux orpailleurs grâce à son réseau de comptoirs.

De plus, une plus grande coordination entre les différents services de sécurité nationale s’impose car le commerce illégal de l’or, comme celui de l’ivoire, finance la criminalité, notamment transfrontalière. En matière de justice, une mesure simple pourrait être mise en œuvre : chaque quantité d’or saisie par les forces de sécurité nationale devrait être reversée au CGCO pour alimenter obligatoirement le Fonds Or de la République gabonaise.

Ensuite, les Pouvoirs publics qui fixent les priorités d’investissement de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) pourraient l’autoriser à augmenter ses achats d’or auprès du CGCO. La CDC qui ne dispose pas de moyens financiers illimités doit également investir dans d’autres projets structurants. Il s’agit donc d’une décision de stratégie d’investissement que, seuls les Pouvoirs publics sont habilités à prendre.

La fiscalité peut aussi être ajustée. Aujourd’hui, hors les ventes à la CDC pour la constitution du Fonds Or, un lingot d’or brut vendu à une bijouterie comme matière première, lui coûterait plus qu’un lingot d’or pur sur le marché international, en raison de l’application de la TVA à 18% et de la taxe de commercialisation de 5%. Beaucoup de bijoutiers continuent ainsi de s’alimenter de manière informelle.

Pour sa part, le CGCO doit poursuivre le développement de son réseau de comptoirs selon deux axes. Premièrement, il doit s’implanter dans toutes les provinces aurifères du Gabon ; il n’est pas encore dans la Nyanga. Deuxièmement, dans chaque province, le maillage territorial doit se resserrer bien au-delà des principales communes.

Le CGCO produit déjà des lingots bruts. Il doit monter en gamme pour produire des lingots d’or pur à 99,99%. Cela nécessitera l’acquisition de compétences dans la chimie et des investissements supplémentaires.

Enfin, le CGCO doit améliorer sa présence sur la chaîne de valeur notamment en prenant avantage de toutes les opportunités de trading de l’or. Car la vraie valeur de l’or n’est pas physique mais immatérielle. C’est ce qui explique que l’or d’investissement représentait 26% des achats d’or dans le monde au premier trimestre 2015. A terme, le CGCO pourrait positionner Libreville comme un petit Dubaï, c’est-à-dire la plate-forme privilégiée d’importation d’or brut de la sous-région et de réexportation d’or raffiné vers le monde.

En conclusion, le Gabon recèle un potentiel aurifère important. En se focalisant seulement sur l’or produit par les petites mines et par les artisans, il est possible de créer de la richesse pour le bénéfice des populations et du pays. Certes le chemin est long. Mais cet objectif pourrait être atteint avec de la discipline, de la constance et de l’obstination de la part de tous les acteurs impliqués dans ce dessein.

 

Fabrice Nze-Bekale, DG de la Sociéte Equatoriale des Mines

Publié dans Mining

Equiper 90 millions de personnes de foyers de cuisson améliorés à l’horizon 2030, construire des barrages hydroélectriques d’une capacité totale de 15 700 MW, mettre en place des infrastructures pour récupérer le gaz naturel, etc., les chefs d’Etat de la CEEAC récemment réunis à N’Djamena ont pris des décisions remarquables.

Par Beaugas-Orain Djoyum

 

L’information est passée inaperçue. Mais, 9 chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Cééac) réunis en session ordinaire le 25 mai 2015 à N’Djamena au Tchad ont adopté une décision importante sur le développement de l’énergie dans leur zone commune. Dans le communiqué final de leur rencontre, on peut lire que la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement a, sur proposition du Conseil des ministres, adopté différentes motions, déclarations et décisions. Parmi ces décisions, « la décision N°52/CEEAC/CCEG/XVI/15  approuvant le Livre blanc Energie de la CEEAC et la CEMAC ».

Il s’agit en effet là du Livre Blanc Energie portant sur la politique régionale pour un accès universel aux services énergétiques modernes et le développement économique et social. Une initiative conjointe de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac) et la CEEAC préparée en 2014 après une réunion des experts de la sous-région et dont l’objectif est « d’assurer à l’horizon 2030, l’accès universel aux services énergétiques modernes pour les populations, en vue de l’émergence de l’Afrique centrale et le développement humain durable ».

Le 18 octobre 2014 à Yaoundé à l’issue de la réunion des ministres en charge de l’Energie de la zone Cééac, présidée par Basile Atangana Kouna, le ministre camerounais de l’Eau et de l’Energie, une déclaration commune des ministres avait été signée. Elle invitait les chefs d’Etats des deux zones à « approuver le Livre blanc de la CEEAC et de la CEMAC : Politique régionale pour un accès universel aux services énergétiques modernes et le développement économique et social ». Les ministres leur recommandaient également de « d’assurer une appropriation du Livre Blanc de la politique énergétique à l’horizon 2030 avec l’accès universel aux services énergétiques modernes de nos populations par l’ensemble des acteurs nationaux et régionaux pour sa mise en œuvre et à mettre en place les conditions nécessaires à la concrétisation des objectifs pertinents de la politique régionale ».

Livre blanc

Dans la pratique, la vision de ce Livre blanc est soutenue par trois principes directeurs : la bonne gouvernance, régionale, nationale et locale ; la sécurité énergétique et le développement des énergies renouvelables, notamment la valorisation du potentiel hydro-électrique ; l’équité, le développement inclusif et la réduction de la pauvreté. Ses concepteurs affirment que ce recueil de propositions « se positionne comme la réponse de cette communauté régionale aux besoins des populations des dix (10) États membres, en matière d’accès universel aux services énergétiques modernes, de développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique ».

Concrètement, les Etats s’engagent à équiper, à l’horizon 2030, plus de 97 millions de personnes supplémentaires en milieu urbain de foyers améliorés pour ce qui est des combustibles modernes pour la cuisson et autres usages thermiques, notamment le gaz de pétrole liquéfié (GPL) et la biomasse moderne. De même, en milieu rural, c’est 90 millions de personnes qui bénéficieront de foyers améliorés et environ cinq millions de personnes de biodigesteurs. 21 millions auront accès au GPL.

Objectif, 15 700 MW

Pour ce qui est de la production énergétique, à l’horizon 2030, la capacité installée que l’on vise est de 15 700 MW et plus. « Cette capacité va être doublée entre 2030 et 2040 pour atteindre plus de 30 000 MW », prévoient les experts. Et bien entendu, c’est l’hydroélectricité qui sera de mise avec 91% des capacités. Energie renouvelable oblige ! Le taux d’électrification de la région augmentera donc de 54%, car près de 63 millions de personnes supplémentaires seront desservies en électricité. Pour atteindre ces résultats, les experts ne comptent pas seulement l’hydro-électricité, mais également sur la biomasse moderne et les autres sources renouvelables comme le solaire. 

Par ailleurs, il est recommandé par les rédacteurs de ce manifeste, la construction des infrastructures pour récupérer le gaz naturel actuellement brûlé en torchères dans la zone CEEAC, alors qu’il est le combustible fossile le moins polluant. Ils estiment qu’environ 50 milliards de m3 de gaz naturel africain sont ainsi gaspillés du fait du manque d’infrastructure pour récupérer ce gaz naturel.

Enfin, pour éviter des coupures intempestives d’électricité, le livre blanc prescrit le renforcement des interconnexions dans la région et avec les autres régions. Ceci afin que le riche potentiel hydroélectrique de la CEEAC profite à l’ensemble des populations et des entreprises. Ce qui permettra aussi l’exportation d’une énergie propre et rentable vers les autres régions du continent. Bien entendu, il faut les financements (Voir encadré) pour concrétiser ces ambitions qui ont bénéficié de l’appui technique du PNUD. Mais déjà, en octobre dernier, les ministres en charge de l’Energie de la zone CEEAC ont recommandé à leur Etat respectif de soutenir la mise en œuvre de ce Livre blanc. Pourvu que cela soit suivi et vivement que l’approbation de ce document par les chefs d’Etats de la CEEAC ne soit pas semblable à la libre circulation dans la sous-région maintes fois décrétée par ces mêmes présidents, mais toujours un serpent de mer !

Financement : 122 milliards de dollars requis et un Fonds dédié

Pour concrétiser les ambitions de la zone Cééac et du Livre blanc Energie en matière d’installation des infrastructures pour les énergies propres, il faudrait au total 122 milliards de dollars dont environ 90% pour l’hydroélectricité.

Dans le détail, il est prévu dans le Livre blanc, 14,8 milliards de dollars d’investissements pour les l’accès aux services énergétiques fournis par l’électricité au cours de la période 2014-2040. Soit, 9,8 milliards de dollars sur la période 2014-2030 et de 5 milliards de dollars entre 2030 et 2040.

68 milliards de dollars sont requis durant la période 2014-2030 pour développement de nouvelles capacités dont plus de 91 % pour les centrales hydro-électriques. De 2030 à 2040, c’est 54 milliards de dollars qui seront utilisés pour la même cause.

Pour favoriser l’accès aux combustibles pour la cuisson et aux autres usages thermiques ainsi qu’aux foyers améliorés, c’est 2,5 milliards de dollars dont 1,36 milliard de dollars pour les zones rurales qui seront sollicitées.

Pour mobiliser ces financements, les auteurs du Livre blanc recommandent une combinaison de mécanismes incluant les aides et subventions, les crédits, la fiscalité, et la création d’un fonds spécifique au financement des Energies renouvelables. Les partenariats public-privé (PPP) sont également encouragés. Aussi, les ministres en charge de l’Energie avaient invité leurs Etats respectifs à soutenir la mise en œuvre de ce Livre blanc en engageant « le plus rapidement possible » la mobilisation des financements à travers les ressources internes ou à travers des partenariats techniques et financiers.

Publié dans Electricité

D’après le ministre gabonais de l’Economie numérique et de la Poste, le Gabon a pour ambition de positionner son incubateur de projets du secteur des TIC comme un pôle numérique de rencontre.  Entretien avec le ministre Pastor Ngoua N'Neme qui en profite pour faire le point sur l’évolution des TIC et télécommunications dans son pays, côté infrastructures notamment.

Monsieur le ministre, le projet Gabon numérique du Plan stratégique Gabon émergent (PSGE) du président Ali Bongo prévoit de faire du Gabon à l’horizon 2016 un pays disposant d’une infrastructure numérique sur l’ensemble de son territoire, permettant le développement d’une large gamme de services « favorisant un saut qualitatif majeur dans les services sociaux et l’éclosion des piliers du Gabon Émergent ».  2016, c’est dans quelques mois. Pourrait-on à ce jour dire que le Gabon dispose de la fibre optique sur l’ensemble de son territoire ?

Le projet fibre optique est un vaste projet qui vise premièrement à accroitre la capacité internationale en haut débit du pays et deuxièmement à déployer un réseau de fibre optique sur toute l’étendue du territoire national. A ce jour, le Gabon s’est doté d’une connectivité internationale importante en se connectant au câble ACE (African Coast to Europe) d’une capacité allant jusqu’à 5,6 Térabits/s. Il s’ajoute au câble SAT3 déjà en exploitation par Gabon Télécom et qui propose une capacité de 800 Mégabits/s. Ces deux câbles garantissent au Gabon une capacité internationale de premier choix.

Pour ce qui est du réseau national (Backbone national), le projet se développe de manière graduelle. Toutes les capitales provinciales sont aujourd’hui dotées d’un réseau de fibre optique reliant les principales administrations, tandis que le réseau à Libreville, la capitale, est en cours de déploiement (50%). Il reste désormais à relier toutes ces « cellules » pour réaliser le maillage total. Et pour cela, nous avons déjà connecté Libreville, la capitale politique, à Port Gentil, la capitale économique. Nous venons de lancer la construction d’une ligne reliant Libreville à Lekoko (frontière avec le Congo) en passant par Franceville (dorsale phase1 du projet CAB4). Cette phase est déjà entièrement financée et sera livrée dans 15 mois. Nous recherchons aujourd’hui des financements pour relier la ville de Bouée située au centre du pays à Meyokyé (frontière avec le Cameroun au nord) et aussi Bouée à Mayumba dans le sud-ouest (Phase2 CAB4).C’est à la suite de la réalisation de ces deux phases qu’il ne restera plus qu’à connecter les capitales à la dorsale.

Quel est à ce jour le nombre de km de fibre optique installé dans le pays ?

Nous avons installé un linéaire en fibre optique à Libreville (50%) et dans chaque capitale provinciale. Par ailleurs, nous avons initié un câblage des bâtiments administratifs en fibre optique, soit un total de  130 Km dont 93 Km à Libreville. Les 1300 Km de la phase1 du CAB4 en cours de déploiement et entièrement financés doivent venir renforcer rapidement cette capacité pour aller à plus de 1500 Km de fibre optique en fin 2016.

Le 22 janvier 2014, à l’initiative de l’Agence nationale des infrastructures numériques et des fréquences (ANINF), 14 acteurs majeurs des télécommunications se sont réunis au sein d’un groupement pour mettre en place un point d’échange Internet qui permettra la réduction des coûts de l’Internet et évitera à ce que les internautes voient leur trafic Internet transiter vers d’autres pays. Vous aviez alors déclaré : « comme vous l’avez si bien souhaité, le futur point d’échange sera géré sous forme d’un Groupement d’intérêt économique (GIE). Je me permets pour cela d’inviter tous les acteurs appelés à gérer la future structure à jouer chacun sa partition afin que nous puissions exécuter de façon coordonnée, les mesures que nous avons convenues ensemble.» Où en est-on aujourd’hui avec ce point d’échange Internet et ce GIE ?

Dans le cadre de ce projet, nous avons bénéficié du soutien de l’Union africaine à travers le projet AXIS et du prêt de la banque mondiale dans le cadre du financement de la phase 1 du CAB4. L’architecture du point d’échange comporte deux nœuds redondants à Libreville pour sécuriser l’infrastructure et garantir la continuité de service.

Après la signature de la convention cadre le 22 janvier 2014, le GIE a été enregistré au RCCM et aux Impôts et a obtenu un bloc d’adresses IP ainsi qu’un numéro de système autonome (ASN) auprès de l’AfriNIC, le registre sous-régional. Il faut noter, en amont, que l’installation des équipements fournis par l’Union africaine à la station ACE a été faite du 19 au 22 octobre 2014. Ce qui a abouti à l’interconnexion de l’ANINF et des opérateurs comme Airtel Gabon, IPI9 et Gabon Télécom SA. Tout comme le lancement officiel des activités du premier nœud a été effectué le 02 décembre 2014 en présence de la Commissaire aux Infrastructures et à l’Energie de l’Union africaine.

Lors de la deuxième assemblée générale du GIE GAB-IX du 30 avril 2015, les membres ont adopté des résolutions pour la signature d’accord de partenariat avec Google et PCH afin de dynamiser le point d’échange. Aussi, le ministère de l’Economie numérique et de la Poste, appuie la candidature de Gabon Internet Exchange (Gab-IX), à l’appel d’offre de l’Union africaine pour le développement et la transformation en Point régional d’échange Internet. En fait, la transformation de Gab-IX en nœud régional d’échange Internet contribuera grandement à l’objectif du gouvernement gabonais de construire des infrastructures numériques de rang mondial et surtout de faire du Gabon un pôle régional des services à valeur ajoutée.

A ce jour, les tarifs de l’Internet sont encore jugés élevés par les populations gabonaises. Que fait le ministère pour baisser la tendance ?

Il n’existe aucun miracle pour faire baisser les tarifs de connexion en dehors du renforcement des capacités, c'est-à-dire des infrastructures. Aujourd’hui par exemple, au Gabon, le tarif d’un appel à l’international est pratiquement égal au tarif local ! Le tarif a considérablement baissé depuis 2002. Cela s’explique par la grande capacité internationale que nous nous sommes dotés (SAT3). La connexion Internet n’échappe pas à la règle, nous venons de rendre opérationnel la connectivité internationale avec ACE, qui vient renforcer SAT3. La société Axione Bouygues a été choisie pour gérer l’exploitation de cette infrastructure. Nous devons très bientôt percevoir une baisse significative dans la région de Libreville et de Port-Gentil avant que cela ne suive à l’intérieur du pays avec la dorsale CAB4 en cours de déploiement.

Le Gabon a accueilli le colloque mondial des régulateurs télécoms (GSR15) en juin 2015. Au cours de cette rencontre, vous avez déclaré que le Gabon sera toujours prêt à accompagner l’UIT dans la marche vers la modernité et que le Gabon s’emploie à mettre en œuvre l’initiative Smart Africa lancé par les chefs d’Etat. Comment comptez-vous le faire ?

Le Gabon est un membre de l’UIT depuis plusieurs décennies, il apporte régulièrement ses contributions lors des différentes réunions organisées par cette institution. L’ambition de notre pays à se doter d’infrastructures de rang mondial et d’en faire un pôle sous régional des technologies de l’information nous oblige à travailler en étroite collaboration avec l’institution mondiale en charge des questions sur les TIC. En plus du GSR15, nous avons aussi organisé le premier Atelier national des parties prenantes pour la protection de l’enfant en ligne.

Pour sa part, l’initiative Smart Africa lancée par les chefs d’Etat est en cours de matérialisation. Un projet de décret mettant en place un comité de pilotage est en cours d’élaboration. Il se chargera d’appliquer la feuille de route mise en place par les chefs d’Etat. L’objectif étant l’accélération du développement socio-économique durable de l’Afrique à travers l’accès équitable de tous aux moyens et services TIC large bande et leur utilisation appropriée.

Parlant de ce GSR15, quels enseignements avez-vous en tirés ?

Le GSR est le colloque mondial le plus important réunissant tous les régulateurs tous les quatre ans. C’était un honneur pour Gabon d’avoir organisé cet évènement. Car, c’était l’occasion pour tous les plus grands experts mondiaux de se réunir et de proposer une série de lignes directrices visant à susciter l’inclusion numérique et par conséquent la réduction de « la fracture numérique »  entre les pays industrialisés et les pays en développement. Mais, c’était aussi pour le Gabon, l’occasion de réaffirmer son engagement à participer activement au développement du numérique qui représente aujourd’hui un véritable levier de croissance et d’intégration sociale.

Vous avez récemment reconnu que les jeunes sont au cœur de l’innovation. Quelles sont les mesures que prend le gouvernement pour soutenir les jeunes Gabonais qui ont des projets dans le secteur des TIC et des télécommunications ?

Le chef de l’Etat, Son Excellence Ali Bongo Ondimba, fait de l’investissement humain durable une priorité. Les jeunes et les femmes occupent une place de choix dans cette stratégie. De plus, le Gabon est membre de l’alliance Smart Africa et est en charge de l’innovation et du développement de l’industrie TIC. C’est dans ce cadre que le président de la République à fait la promesse de créer au Gabon des incubateurs d’entreprises du numériques. Cette promesse est actuellement en cours de matérialisation et nous comptons sélectionner les premiers porteurs de projets en août 2015. Cet incubateur va concentrer toutes les actions nécessaires au soutien des jeunes par l’accompagnement des porteurs de projets innovants en leur apportant un soutien, structuré et suivi afin de permettre ou de faciliter l’innovation et la créativité dans le secteur des TIC. Notre ambition est de positionner l’incubateur comme un pôle numérique de rencontre entre éducation, recherche et entreprenariat.

Une dernière question monsieur le ministre, concernant la régulation. Dans certains pays, des régulateurs télécoms se plaignent parfois des ministères qui font une ingérence dans leurs affaires. Au Gabon, comment travaillent l’Arcep et le ministère de l’Economie numérique que vous pilotez ?

Le ministère dont j’ai la charge entretient d’excellentes relations avec l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes. Chaque partie s’attache à accomplir les missions qui lui sont assignées dans une parfaite complémentarité.

Propos recueillis par Beaugas-Orain Djoyum

Publié dans Télécom

Pour nous contacter: c o n t a c t [@] lenouveaugabon . c o m

Please publish modules in offcanvas position.