A Brazzaville, le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies et chef de l’UNOCA, François Louncény Fall, a exprimé toute sa préoccupation quant aux fléaux du terrorisme et de l’extrémisme violent qui continuent de sévir en Afrique centrale.
Plusieurs cas ont ainsi été cités par François Louncény Fall. Il s’agit notamment de l’impact des activités de l’Armée de résistance du seigneur (LRA), sur les populations civiles et le développement de certains pays de la région. Tout comme celui de la RCA où la situation à l’Est du pays est de plus en plus inquiétante depuis le départ des partenaires militaires régionaux et internationaux, y compris la Force régionale d’intervention de l’Union africaine chargée de traquer les éléments de Joseph Kony.
Par ailleurs, le Représentant spécial est revenu sur le climat politique et la situation sécuritaire dans quelques pays couverts par l’UNOCA.
Au Burundi et en République démocratique du Congo (RDC), il a, de ce fait, invité les uns et les autres à « placer l’intérêt général au-dessus de toute autre considération et à faire le choix d’un dialogue inclusif et de bonne foi pour résoudre leurs différends et tracer une voie pacifique pour leurs nations respectives ».
Au Congo, il a noté que « le processus de paix et le retour à la sécurité dans la région du Pool […] est un développement encourageant » dont l’ONU espère « un aboutissement heureux dans les meilleurs délais ».
Quant au Cameroun, il a insisté sur la persistance des tensions et des violences dans les régions anglophones du Nord-ouest et Sud-ouest.
« Les Nations Unies exhortent tous les acteurs à s'abstenir de tout acte susceptible de contribuer à une nouvelle détérioration de la situation, y compris l'incitation à la violence sur les réseaux sociaux », a affirmé M. Fall, rappelant que « le dialogue constitue la meilleure voie pour identifier une solution durable à la crise ».
Dans ce contexte, le chef de l’UNOCA a réitéré le soutien des Nations Unies à l’initiative africaine pour la paix et la réconciliation, qui vise à trouver une solution durable à la crise qui perdure en RCA. « J’encourage les pays de la sous-région à renforcer leur engagement et leur appui au processus de paix dans le cadre de cette initiative, y compris à travers un soutien politique et financier accru », a-t-il souligné, appelant « toutes les parties prenantes à travailler étroitement à cette fin, en tenant compte de la question cruciale de la justice et de la réconciliation nationale ».
Pour faire face à ces différents cas, les ministres et chefs de délégation des Etats membres ont recommandé à la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), d’accélérer le processus de mise en œuvre de la stratégie régionale de lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes légères et de petit calibre adoptée lors de la 41e réunion de l’UNSAC en novembre 2015 à Libreville.
Selon les experts, « le prochain sommet conjoint de la CEEAC et de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) sur les questions de terrorisme et de l’extrémisme violent, prévu en juillet 2018, sera une occasion importante pour renforcer la coopération interrégionale dans ce domaine ».
Mais en attendant, rendez-vous a été pris pour la 47e réunion de l’UNSAC à Ndjamena en décembre 2018.
Stéphane Billé
En sa séance de ce jeudi 31 mai 2018, le Conseil des ministres a procédé à la nomination des dirigeants et membres de la Haute autorité de la communication (HAC). Cette nouvelle instance indépendante, chargée de la régulation du secteur de la communication, vient ainsi remplacer le Conseil national de la communication (CNC), dont la dissolution avait été annoncée lors du dialogue politique de Libreville, en 2017.
Mise sur les fonts baptismaux lors du Conseil des ministres du 23 février 2018, ce nouvel organe, jouissant d’une autonomie de gestion financière, a pour mission de veiller, en toute indépendance et impartialité, au respect de l’expression de la démocratie et la liberté de la presse sur toute l’étendue du territoire.
Il est également chargé de veiller à l’accès des citoyens à une communication libre, au traitement équitable par les médias publics de tous les partis politiques et associations politiques reconnus, ainsi que de la société civile.
Selon les textes, la Haute autorité de la communication devra avoir un regard des plus scrupuleux quant au respect par les médias publics des règles et conditions de production, de programmation et de diffusion des émissions relatives aux campagnes électorales.
Pour rappel, les membres de la HAC sont proposés par la présidence de la République, le Sénat, l’Assemblée nationale et la corporation. Leur mandat est de cinq ans, renouvelable une fois.
Le tout premier bureau de la Haute autorité de la communication se compose ainsi qu’il suit : président, Raphaël Ntoutoume Nkoghe (photo); membres, Lucie Akalane, Christian Olivier Lasseny, Guy Roger Lendira, Jean Louis Mabendi, Félicien Biviga Koumba, François Mouwaka Ngonda.
Stéphane Billé
Du 28 au 29 mai 2018, Accra, la capitale ghanéenne a abrité la quatrième réunion stratégique régionale de Cités et gouvernements locaux unis d'Afrique (CGLU Afrique).
Plusieurs sujets étaient à l’ordre du jour au cours de cette rencontre. Il s’agissait entre autres, de discuter des progrès de la décentralisation en Afrique de l'Ouest, d’élaborer des stratégies pour améliorer la mise en œuvre effective des politiques de décentralisation et de bonne gouvernance dans les gouvernements locaux, et enfin de relever les défis rencontrés dans la gestion quotidienne des communautés.
Les discussions des autorités locales et régionales d'Afrique ont aussi porté sur l'Agenda 2063 de l'Union africaine; les chartes africaines de la démocratie et des élections; des valeurs et principes de la fonction publique; sur les valeurs et principes de la décentralisation, de la gouvernance locale et du développement local; le protocole de l'Union africaine sur l'égalité des femmes; et la création du Haut conseil des autorités locales en tant qu'organe consultatif de l'Union africaine.
Au niveau de l'Afrique, les participants ont été invités à considérer l'urgence de faire signer et ratifier par leurs pays respectifs, la Charte africaine sur les valeurs et les principes de la décentralisation, de la gouvernance locale et du développement local.
Car, depuis son adoption par les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine à Malabo, en Guinée équatoriale en 2014, la charte a été signée par 13 pays mais ratifiée par seulement 3 pays (Madagascar, Burundi et Namibie).
Or, déplore le CGLU Afrique, la Charte deviendra un instrument juridique de l'Union africaine lorsqu'elle sera signée et ratifiée par 15 pays et déposée auprès de la Commission de l'Union africaine. Les participants ont dans ce cadre, décidé de créer un comité spécial qui se rendra dans les différents pays de la région pour accélérer la signature et la ratification de la charte.
Au niveau mondial, il a été pris en considération, l’Agenda de l’Action d'Addis-Abeba; le Protocole de Sendai sur la gestion des catastrophes; l’Agenda 2030 relatif aux Objectifs de développement durable; l'Accord de Paris sur le changement climatique, et le Nouvel agenda urbain.
Il a ainsi été conseillé aux gouvernements locaux et régionaux d'intervenir sur ces agendas afin d’en localiser les buts et objectifs; de planifier la voie à suivre pour leur mise en œuvre; et de mener un processus de mesure, de formulation de Rapports et de vérification de leurs actions concernant leur mise en œuvre.
Au terme de ces assises, la région Afrique de l’Ouest s’est engagée à se mobiliser pour une participation massive au prochain Sommet Africités qui se déroulera à Marrakech au Maroc, du 20 au 24 novembre 2018.
Après Nairobi au Kenya, du 10 au 11 avril 2018, pour la région de l'Afrique de l'Est; Libreville au Gabon, les 16 et 17 avril pour la région de l'Afrique centrale et Walvis-Bay en Namibie, du 7 au 8 mai pour la région de l'Afrique australe, la dernière réunion stratégique régionale de CGLU Afrique, pour la région Afrique du Nord, aura lieu à Rabat au Maroc, les 18 et 19 juin 2018.
Stéphane Billé
Pour le compte de mai, l’organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a extrait 32 millions de barils de pétrole par jour, soit une chute de 70 000 barils par jour par rapport au mois dernier où la production avait également chuté de 70 000 barils par jour.
La plus forte baisse a été enregistrée au Nigéria où la production a chuté de 1,94 million de b/j en avril à 1,85 million de b/j, notamment en raison de la fermeture non planifiée du terminal d’exportation de Forcados, pour des pipelines défaillants.
Comme le mois précédent, le Venezuela a enregistré une nouvelle chute de sa production. Celle-ci est tombée à 1,45 million b/j contre 1,50 million, le mois précédent.
Une crise économique sévère frappe actuellement l’économie et réduit ses options de financement.
Contrairement à avril, l’Arabie Saoudite et l’Iraq ont légèrement augmenté leur production en mai. L'Arabie Saoudite est restée dans les limites de son quota et sa production a atteint 10 millions de b/j parce que davantage de pétrole brut a été consommé dans le pays par les centrales électriques, selon le document.
L'Irak, quant à lui, a produit plus parce qu'il a augmenté les exportations de ses ports du sud, après une baisse signalée le mois dernier.
Tout ceci devrait permettre un nouveau bond des prix du baril dans les prochains jours.
Olivier de Souza
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01/05/2018 - En avril, la production pétrolière de l’OPEP a chuté à un niveau record
L’empire du Milieu consolide sa place de leader des partenaires commerciaux du Gabon sur les cinq dernières années. La Chine, selon le ministère de l’Economie, est demeurée au premier rang des partenaires économiques du pays avec un volume d’échanges de 1 024,7 milliards Fcfa en 2017 contre 747,1 milliards Fcfa en 2016.
Elle est suivie de la France avec 458,8 milliards Fcfa, de la Belgique, 224,6 milliards Fcfa, Trinidad et Tobago, 210,4 milliards Fcfa, et de l’Australie, 192,8 milliards Fcfa.
Pour ce qui est de la balance commerciale entre la Chine et le Gabon, elle a affiché un excédent de 762,2 milliards Fcfa, en raison de la hausse des ventes de pétrole qui ont représenté 739,2 milliards Fcfa en 2017 contre 433,3 milliards Fcfa en 2016.
A l’actif de ces performances qui progressent de 277,6 milliards Fcfa, il y a également le commerce du minerai de manganèse qui s’est établi à 47,5 milliards Fcfa contre 26,6 milliards Fcfa en 2016. Ce qui représente une progression de plus de 20 milliards Fcfa sur un an.
Quant aux ventes de bois et ouvrages, l’on observe une stagnation à 100,3 milliards Fcfa contre 100,5 milliards Fcfa en 2016.
La Chine, dans les échanges du Gabon avec ses partenaires, représente aujourd’hui 35% de parts de marché, tandis que les parts de la France s’érodent de 20%.
Par continent, la tendance observée sur les trois dernières années se confirme avec l’Asie qui a été le premier client des produits gabonais avec 54,2% des parts. Une évolution due principalement aux commandes de la Chine, de la Malaisie et de l’Indonésie, «en liaison essentiellement avec les ventes du pétrole brut et les bois sciés et ouvrages du Gabon à destination de ce continent».
L’Europe avec 23,9% des parts, l’Amérique, 10,3% des parts, et de l’Océanie, 7,5% des parts viennent loin derrière le continent asiatique.
L’Afrique occupe pour l’instant la dernière place, malgré une augmentation de ses importations sur la même période.
PcA
Malgré une hausse des achats de biens d’équipements de 21,5% et de consommation de 5,8%, les importations gabonaises ont stagné tout au long de l’exercice 2017. Cela est dû à la baisse des biens de consommation intermédiaire et d’énergie qui ont diminué respectivement de 20,9% et 35,6%.
«L’alourdissement de la facture des biens d’équipement s’explique en partie, par les achats de matériels destinés à la poursuite de l’amélioration des infrastructures du port minéralier d’Owendo ainsi qu’à ceux destinés à l’installation des nouvelles unités de production de Nkok.», précise le ministère de l’Economie.
Pour ce qui concerne le repli de la demande des biens intermédiaires, il est dû à la réduction des importations des produits des industries pétrolières. De plus, la facture énergétique, notamment les achats de gazole, butane, huiles et lubrifiants, a reculé de 35,6% à 64,5 milliards FCfa, en liaison avec la baisse des importations du secteur de la raffinerie de l’ordre de 61,7%.
L’accroissement des commandes de produits alimentaires de 7,4% à 328,4 milliards FCfa, est à l’origine de l’évolution de la facture des biens de consommation, souligne le ministère de l’Economie.
PcA
Le Gabon renoue avec l’excédent dans ses échanges commerciaux avec ses partenaires. Après une contraction de 38% en 2016 à 864 milliards Fcfa, le pays a enregistré un relèvement du volume des échanges de l’ordre de 1 204 milliards Fcfa en 2017. Soit un excédent commercial de 39,4%.
Cette forte hausse de l’excédent de sa balance commerciale est liée à l’augmentation des exportations en valeurs de l’ordre de 15,6%, malgré la légère hausse de la facture des commandes de biens importés, tirée par la remontée des importations au quatrième trimestre.
Le pays qui voyait la couverture de ses importations s’user de jour en jour, a réalisé une performance exceptionnelle en un temps record. Sur la période, les exportations ayant rattrapé 25% de retard, ont permis de couvrir les importations à hauteur de 189%.
En fait, explique la note de conjoncture du ministère de l’Economie, le pays a refait son retard de près de 30% observé en 2016 grâce à l’amélioration des ventes du secteur pétrole, mais aussi par celles du secteur hors-pétrole.
En effet, l’analyse trimestrielle des données, révèle que les exportations ont amorcé un redressement au dernier trimestre 2017 de l’ordre de 26,4% après une chute aux 2ème et 3ème trimestres de l’année sous-revue.
PcA
Le Gabon vient de recevoir un appui financier important de la part de la Grande-Bretagne, dans le cadre de la lutte contre le braconnage et la protection des éléphants.
En effet, Londres prévoit d’investir près de 20 milliards FCFA dans cette initiative. Notamment du financement d’un programme de formation devant s’étendre sur quatre ans.
A travers ce projet, il s’agira d’améliorer les compétences locales, en matière de planification des opérations, de navigation et de collecte de renseignements pour aider à lutter efficacement contre la criminalité envers les espèces sauvages. Cette formation vise aussi le renforcement de l’interdiction de la vente d’ivoire ancien, pouvant servir de couverture au blanchiment d’ivoire illégal.
Il est à noter qu’avant le Gabon, le Kenya, la Tanzanie, la RDC et le Rwanda ont également déjà bénéficié d’un programme similaire, offert par l’armée britannique, dans le cadre de la lutte contre le braconnage.
Stéphane Billé
Au lendemain de sa reconduction à la tête du gouvernement, le Premier ministre gabonais revient sur la crise qui secoue le pays, les solutions et les réformes engagées pour y faire face, et évoque les perspectives quant à la distribution des dividendes économiques aux populations gabonaises qui se montrent de plus en plus impatientes par rapport aux résultats escomptés.
Dans cet entretien dans une radio locale, Emmanuel Issoze Ngondet (photo) parle aussi de l’insalubrité dans la capitale gabonaise et de l’épineux problème de la collecte des ordures ménagères.
M. le Premier ministre, comment appréciez-vous votre reconduction au poste de Premier ministre ? Choix politique ou choix stratégique ?
Je ne peux pas me substituer au président de la République parce que c’est lui seul qui connaît les paramètres sur lesquels il s’est basé pour me reconduire. Tout ce que je peux dire à partir de ce choix, c’est que c’est une confiance renouvelée de sa part qui me conforte dans l’idée qu’il faut aller plus loin dans les réformes que nous avons déjà engagées ; et mon gouvernement va s’atteler dans les mois à venir, à accélérer la mise en œuvre de ces réformes, à appliquer la politique que le président impulse au plus haut niveau de l’Etat dans le but d’améliorer le quotidien des Gabonais.
Comment vous sentez-vous après que les gens ont vendu votre peau sur les réseaux sociaux ?
J’ai constaté comme vous, d’abord les jours qui ont précédé la démission du gouvernement, ensuite les jours qui ont suivi sa démission, que le gouvernement et moi à titre personnel, avons fait l’objet d’un tombereau d’injures et de critiques injustifiées.
Mais sachant que je m’étais fait le devoir d’agir en totale conformité avec les instructions du chef de l’Etat, je restais totalement confiant et je considérais que le chef de l’Etat était maître du jeu.
Ne pensez-vous pas que cela ait pu être le fait des frustrations de la population qui estime depuis votre arrivée que vous n’avez pas engagé le pays dans la voie d’un développement social ?
Je pense qu’en toute chose il faut rétablir les faits. Lorsque j’arrive à la tête du gouvernement en septembre 2016, nous travaillons sur un héritage. Et comme tout legs, cet héritage a un passif et un actif. La crise économique qui a frappé la sous-région y compris le Gabon, a fortement impacté cet héritage. Les éléments constitutifs du passif se sont davantage dégradés et certains éléments constitutifs de l’actif ont été négativement impactés. Donc, il fallait que mon gouvernement prenne des mesures pour rétablir les choses. Il fallait sortir de la crise, ce qui n’a pas été facile ; il fallait une stratégie et dans cette perspective, nous avons adopté le plan de relance économique (PRE) qui n’est pas un nouveau programme économique.
Parce que le programme économique sur lequel le gouvernement travaille c’est le PSGE (Plan stratégique Gabon émergent), celui sur lequel le président de la République a été élu en 2009 et qui continue de nourrir l’action du pouvoir exécutif. Alors que le PRE est une stratégie qui vise à mettre en relief un certain nombre d’axes du PSGE, pour accélérer sa mise en œuvre, rétablir rapidement la croissance, rééquilibrer les finances publiques, accélérer les filières de croissance autres que le pétrole, et lutter contre la pauvreté.
Il est évident que dans ce contexte, les attentes des populations s’expriment, mais le gouvernement, étant pris à rétablir les choses, ne pouvait pas dans l’immédiat satisfaire ces attentes légitimes. Nous comprenons l’impatience des populations, mais pour répondre à ces attentes, il fallait d’abord rétablir un certain nombre de paramètres, pour relancer l’économie afin que nous enregistrions une croissance positive à partir de laquelle on peut satisfaire les demandes de la population.
Dans votre déclaration de politique générale au Parlement, vous avez dit qu’on aurait une croissance positive mais en 2017, elle est totalement plombée. Qu’est-ce qui est à l’origine de tout cela ?
Nous partons d’une croissance presque négative qui est de l’ordre de -1% quand je prends le gouvernement ; et aujourd’hui nous avons retrouvé une croissance positive.
Parce que dans l’ensemble de la sous-région, il n’y a pas plus de deux Etats qui ont des croissances positives. Nous avons donc évité la récession. Les chiffres auxquels vous faites allusion et qui ont été annoncés lors de ma déclaration de politique générale, étaient basés sur des prévisions. Il se trouve que la réalité est beaucoup tenace que les chiffres donnés dans notre déclaration ; mais ce qu’il faut considérer c’est la trajectoire positive dans laquelle le gouvernement est lancé. Nous n’avons pas maintenu le pays dans une croissance négative bien au contraire, il y a une progression, il y a rétablissement d’une croissance positive et ça il faut le considérer, il y a encore des efforts à faire pour atteindre le chiffre de 5%.
Comment se fait-il que vous rétablissiez une croissance positive mais les populations ne la ressentent pas ?
Parce que nous ne sommes pas encore parvenus à faire une distribution maximale.
Et que faut-il pour avoir cette distribution maximale ?
Il faut avoir de l’argent pour distribuer. C’est la croissance qui permet à l’Etat d’engranger des recettes.
Mais nous sommes en bons termes avec le FMI et la Banque mondiale…
D’abord il faut dire que la conclusion d’un programme avec le FMI est la preuve que nous sommes dans la bonne direction. N’en déplaise à ce que disent les critiques.
Si le FMI a accepté de nous accompagner dans la mise en œuvre du PRE, c’est que les choix qui ont été faits, ainsi que les hypothèses qui ont été déclinées dans ce programme conduisent le gouvernement dans la bonne direction pour résoudre les problèmes des Gabonais. Et l’année dernière, nous avons reçu près de 500 milliards FCFA du FMI.
Une grande partie de cette dotation a permis au gouvernement de payer la dette extérieure parce que depuis plus de deux ans, avant mon arrivée au gouvernement, on ne payait plus la dette extérieure. Et cela a été apprécié par nos partenaires financiers internationaux.
Les efforts nationaux au titre du recouvrement des recettes fiscales et douanières nous ont permis d’apurer une partie de la dette intérieure. Ce n’est peut-être pas ce que les opérateurs économiques attendent, mais il faut quand même le souligner. Donc voyez-vous, quand je parle de la crise, ce n’est pas un leurre, ce n’est pas une échappatoire, c’est une réalité avec les effets que cela comporte sur la collecte des recettes publiques, le rendement de notre économie et sur les activités portuaires.
Ce sont là les éléments qui permettent à l’Etat de procéder à une redistribution des dividendes économiques au bénéfice des populations. Le chemin est long et les difficultés seront toujours là ; mais nous avons des atouts au Gabon.
Et quels sont les atouts du Gabon ?
D’abord économiques. En dehors du secteur pétrolier, il y a dans notre économie, plusieurs secteurs qu’il faut développer pour consolider la croissance. Nous avons retenu au niveau du PRE, une dizaine de filières comme le bois, la pêche, les infrastructures, l’énergie et l’eau, l’agriculture, le tourisme, le transport et la logistique, etc. Il faut accélérer le développement de ces filières pour engranger une croissance beaucoup plus importante. Et de cette croissance, nous tirerons les produits qui pourront être mis à la disposition des Gabonais au quotidien.
M. le Premier ministre, il est devenu difficile de respirer dans les rues de Libreville tant les poubelles jonchent les rues. Qu’entendez-vous faire pour résoudre ce problème ?
Les Gabonais qui vivent dans notre capitale, aspirent à vivre dans une ville propre, une ville sécurisée. Et le gouvernement se doit de tenir compte de cette aspiration fondamentale. Pour ce qui est de la lutte contre l’insalubrité, vous savez que le gouvernement s’est fait fort d’inscrire cette action parmi ses priorités. Mais, il se trouve que là également, comme je vous l’ai dit, mon gouvernement travaille sur un héritage.
Nous ne prenons pas une situation qui sort du paysage social ex-nihilo, nous travaillons sur un héritage. Concernant la lutte contre l’insalubrité, nous avons trois opérateurs : Averda, Clean Africa pour ce qui est de Libreville, et pour ce qui est d’Owendo, il y a Sani vite. L’Etat a passé des conventions avec ces opérateurs qui participent à la collecte des ordures ménagères et à maintenir Libreville salubre et propre. Ces conventions se trouvent aujourd’hui difficilement applicables parce que les incidences financières qui en résultent ne sont plus soutenables surtout dans la période de crise actuelle. Et il se trouve que les opérateurs économiques font en quelque sorte dans le chantage pour embrigader l’Etat et conditionner leurs activités au règlement de la dette.
Et je pèse mes mots. Nous sommes en négociation pour reconventionner le partenariat que nous avons avec ces opérateurs, apprécier l’utilité de chacun de ces opérateurs, et revenir à des dispositions beaucoup plus gérables à la fois pour l’Etat mais aussi pour les populations gabonaises.
Est-ce que ce n’est pas l’occasion pour l’Etat de déléguer ce dossier aux collectivités locales et ainsi appliquer la loi sur la décentralisation ?
J’ai tenu des réunions à plusieurs reprises et certaines de ces réunions portaient essentiellement sur les stratégies à mettre en place pour parvenir à des résultats satisfaisants en termes de lutte contre l’insalubrité à Libreville. Et à ces réunions, participaient les responsables des collectivités locales.
L’objectif aujourd’hui c’est de replacer l’Etat dans un rôle central et permettre ainsi aux autres acteurs que sont les collectivités locales, d’assumer un certain nombre de responsabilités plus élevées. Et il ne faudrait pas oublier qu’on pourrait aller vers une stratégie qui donnerait également un certain nombre de responsabilités aux citoyens.
Parce que la lutte contre l’insalubrité doit être soutenue à la fois par les acteurs publics et par les particuliers. L’objectif étant de créer un écosystème qui permette à l’Etat de soutenir le coût de la prestation des opérateurs, un écosystème qui permette aux opérateurs chargés de collecter les ordures d’être plus efficaces, et un autre où l’Etat central et les collectivités vont travailler en toute synergie.
Lorsque vous parlez de chantage des opérateurs, est-ce à dire que la dette comporte des éléments douteux ?
Il faut l’auditer en tout cas. Des instructions ont été données aux ministres du Budget et de l’Intérieur dans ce sens, afin de voir ce qui est réellement pris en compte dans ces conventions ; et au terme de cet audit, l’Etat va assumer ses obligations.
PcA avec une radio locale
Selon la Direction générale de l’Economie et de la politique fiscale (DGEPF), l’exécution de la dette publique gabonaise fait ressortir plusieurs observations à la fin de l’année 2017. Il s’agit entre autres, d’une hausse substantielle des règlements, d’un accroissement important des tirages sur financements et d’une légère augmentation du stock de la dette.
Dans ce cadre, poursuit-ton à la DGEPF, le règlement de la dette publique au cours de la période sus-évoquée, a été effectué à hauteur de 777 milliards FCFA, contre 343,1 milliards FCFA à la même période en 2016. Soit une hausse de 126,5%.
Ce niveau s’explique conjointement par les règlements de la dette extérieure qui s’est élevée à 485,3 milliards FCFA, soit une variation de 129,4% par rapport à l’année 2016. Mais également de celle intérieure, à hauteur de 291,7 milliards FCFA, avec une variation de 121,8%, toujours par rapport à 2016.
Dans ce chapitre, le règlement de la dette extérieure a représenté 62,5% du règlement total de la dette en 2017. Il a été plus consacré aux engagements des crédits commerciaux (+192,5%), envers les marchés financiers (+126,6%), les multilatéraux (108,0%), et les bilatéraux (76,6%).
S’agissant du paiement de la dette intérieure, il a connu une hausse de 121,8 % en 2017, comparativement à fin décembre 2016.
Cette augmentation s’explique par les efforts effectués par l’administration des règlements au profit de la dette moratoire (208,1%), du marché financier régional (133,2%) et du système bancaire (52,3%).
Stéphane Billé